Si Mme Vallaud-Belkacem a récemment décidé de donner une conférence de presse pour décliner "seize engagements pour simplifier les tâches des directeurs d'école", ce n'est pas un hasard. Ces engagements sont en fait le prolongement logique de deux choses, d'une part le "référentiel-métier" des Directeurs d'école, d'autre part la "Charte fonctionnelle de confiance" qui avait été élaborée et signée conjointement par le GDiD, le SI.EN-UNSA, le SE-UNSA et le SGEN-CFDT.
Hélas, référentiel comme charte sont passés à la trappe, handicapés par un silence syndical et médiatique ahurissants. Alors que pour la première fois on définissait la Direction d'école comme un métier spécifique distinct de celui d'enseignant, alors que pour la première fois on nous donnait un texte opposable aux tartufferies ou revendications hiérarchiques illégales, les Directeurs eux-mêmes ont pour la plupart ignoré la parution de ces documents innovants... et les ignorent encore! De là à penser que certains ont mis de la mauvaise volonté à faire connaître ces textes, je ne fais qu'un pas facile à franchir. Dans ces "certains" j'inclus prioritairement une hiérarchie intermédiaire qui ne veut pas céder un pouce de terrain face aux écoles et pour laquelle la sclérose du système semble extrêmement confortable, quitte à laisser de côté la réussite des élèves.
C'est bien le sens de la conférence de presse de Madame la Ministre: rappeler aux Directeurs Académiques et aux IEN une vérité qu'il ont préféré ignorer jusqu'à présent, malgré les efforts du ministère. Effectivement très peu d'académies ont réellement mis en place un allègement des tâches des Directeurs d'école, très peu ont cherché à améliorer leur formation - et ne parlons pas de formation continue ! -, très peu ont tenté d'apporter une aide concrète au terrain en nommant par exemple des "Directeurs de vie scolaire" qui peuvent apporter aux Directeurs en difficulté l'aide d'un collègue chevronné.
J'entends de ci de là quelques Directeurs qui n'ont pas appréhendé le sens de ce message de Mme Vallaud-Belkacem, et s'écrient "Tout ça pour ça !". Je les comprends, évidemment. D'autant que l'ambiance délétère du moment, avec les élections qui approchent, n'est pas propice aux analyses construites mais plutôt à l'invective et au doute quant aux intentions d'autrui. Néanmoins il faut admettre que le chemin parcouru depuis quelques années, même si nous n'en sommes pas tous conscients, est énorme. C'est un statut que nous voulons? Soit, tout est prêt désormais pour que nous l'obtenions.
Sauf que nous devons nous rendre à l'évidence: donner un statut spécifique à 50 000 Directeurs n'est pas possible, pour la simple raison que l'école n'en a pas. Nous voulons comme les chefs d'établissement du secondaire avoir le choix et temps de notre action, sa maîtrise financière, au mieux des besoins de nos élèves. Nous voulons avoir le temps d'exercer notre rôle pédagogique au sein de nos écoles, pouvoir exercer notre rôle naturel de leader, accompagner nos équipes. Pour cela il n'est qu'une seule solution, celle de transformer nos écoles en établissements, soit ces fameux EPEP ou Établissements Publics d'Enseignement Primaire. Quand nos écoles auront un statut, leurs Directrices et Directeurs en auront un aussi. Et ce qui l'accompagne, entre autres un indispensable secrétariat.
Vous comprenez bien que cette transformation impliquera quelques efforts. Inutile d'espérer des EPEP de trois classes... Le regroupement des écoles devient une nécessité, comme d'ailleurs il l'est déjà en termes de synergie favorable aux élèves, nous ne pouvons pas continuer à travailler chacun dans notre coin. Combien d'écoles élémentaires par exemple auraient intérêt à choisir d'autres méthodes, comme l'accompagnement individuel des élèves que souvent l'école maternelle pratique avec bonheur? Les écoles dites "primaires", qui comprennent maternelle et élémentaire, fonctionnent bien sans que quiconque y trouve à redire. Je connais bien des instits de CP qui seraient heureux de pouvoir parfois compter sur l'aide d'une ATSEM...
Et puis on peut aller plus loin, et envisager des établissements du socle, allant de la Petite Section jusqu'en 3ème. Pourquoi pas, si les méthodes d'accompagnement individuel - c'est une obsession chez moi - étaient partout pratiquées pour que chacun de nos élèves réussisse? Il faudrait que le collège abandonne certainement de nombreuses pratiques et s'intéresse plus à ce qui se passe avant la 6ème, et ce n'est pas pour demain, du moins tant que les Principaux de collège ne viennent pas du primaire...
En attendant, il est clair que la création des EPEP sera une mission prioritaire pour notre prochain Ministre, qui qu'il soit. C'est peut-être ce que certains candidats nomment "autonomie" dans leur programme. Je ne suis pas sûr qu'eux-mêmes aient une idée bien claire. Mais nous sommes nombreux à pouvoir la leur faire comprendre. Comme il faudra leur faire comprendre la nécessité de ne pas créer des EPEP avec un "minimum" de classes, mais plutôt des entités logiques territorialement, au sein de bassins d'enseignement particuliers, et surtout des établissements libérés des contraintes absurdes ou disproportionnées ou hors-sol d'une administration pléthorique aux exigences jacobines castratrices.
Ne vous trompez pas, ce n'est pas pour après-demain, c'est pour demain. Car désormais tout est prêt. Il ne manque plus qu'une volonté forte prête à se confronter aux conservatismes, qu'ils soient administratifs ou syndicaux. Le temps presse, sur le terrain nous le sentons bien, nous savons aussi que l'état de choc ou de grâce consécutif à des élections ne dure pas. Aujourd'hui que s'effondre un système politique exsangue, dans un fascinant suicide collectif, il est l'heure de procéder - enfin ! - aux changements de fond que l'école réclame.
C'est bien le sens de la conférence de presse de Madame la Ministre: rappeler aux Directeurs Académiques et aux IEN une vérité qu'il ont préféré ignorer jusqu'à présent, malgré les efforts du ministère. Effectivement très peu d'académies ont réellement mis en place un allègement des tâches des Directeurs d'école, très peu ont cherché à améliorer leur formation - et ne parlons pas de formation continue ! -, très peu ont tenté d'apporter une aide concrète au terrain en nommant par exemple des "Directeurs de vie scolaire" qui peuvent apporter aux Directeurs en difficulté l'aide d'un collègue chevronné.
J'entends de ci de là quelques Directeurs qui n'ont pas appréhendé le sens de ce message de Mme Vallaud-Belkacem, et s'écrient "Tout ça pour ça !". Je les comprends, évidemment. D'autant que l'ambiance délétère du moment, avec les élections qui approchent, n'est pas propice aux analyses construites mais plutôt à l'invective et au doute quant aux intentions d'autrui. Néanmoins il faut admettre que le chemin parcouru depuis quelques années, même si nous n'en sommes pas tous conscients, est énorme. C'est un statut que nous voulons? Soit, tout est prêt désormais pour que nous l'obtenions.
Sauf que nous devons nous rendre à l'évidence: donner un statut spécifique à 50 000 Directeurs n'est pas possible, pour la simple raison que l'école n'en a pas. Nous voulons comme les chefs d'établissement du secondaire avoir le choix et temps de notre action, sa maîtrise financière, au mieux des besoins de nos élèves. Nous voulons avoir le temps d'exercer notre rôle pédagogique au sein de nos écoles, pouvoir exercer notre rôle naturel de leader, accompagner nos équipes. Pour cela il n'est qu'une seule solution, celle de transformer nos écoles en établissements, soit ces fameux EPEP ou Établissements Publics d'Enseignement Primaire. Quand nos écoles auront un statut, leurs Directrices et Directeurs en auront un aussi. Et ce qui l'accompagne, entre autres un indispensable secrétariat.
Vous comprenez bien que cette transformation impliquera quelques efforts. Inutile d'espérer des EPEP de trois classes... Le regroupement des écoles devient une nécessité, comme d'ailleurs il l'est déjà en termes de synergie favorable aux élèves, nous ne pouvons pas continuer à travailler chacun dans notre coin. Combien d'écoles élémentaires par exemple auraient intérêt à choisir d'autres méthodes, comme l'accompagnement individuel des élèves que souvent l'école maternelle pratique avec bonheur? Les écoles dites "primaires", qui comprennent maternelle et élémentaire, fonctionnent bien sans que quiconque y trouve à redire. Je connais bien des instits de CP qui seraient heureux de pouvoir parfois compter sur l'aide d'une ATSEM...
Et puis on peut aller plus loin, et envisager des établissements du socle, allant de la Petite Section jusqu'en 3ème. Pourquoi pas, si les méthodes d'accompagnement individuel - c'est une obsession chez moi - étaient partout pratiquées pour que chacun de nos élèves réussisse? Il faudrait que le collège abandonne certainement de nombreuses pratiques et s'intéresse plus à ce qui se passe avant la 6ème, et ce n'est pas pour demain, du moins tant que les Principaux de collège ne viennent pas du primaire...
En attendant, il est clair que la création des EPEP sera une mission prioritaire pour notre prochain Ministre, qui qu'il soit. C'est peut-être ce que certains candidats nomment "autonomie" dans leur programme. Je ne suis pas sûr qu'eux-mêmes aient une idée bien claire. Mais nous sommes nombreux à pouvoir la leur faire comprendre. Comme il faudra leur faire comprendre la nécessité de ne pas créer des EPEP avec un "minimum" de classes, mais plutôt des entités logiques territorialement, au sein de bassins d'enseignement particuliers, et surtout des établissements libérés des contraintes absurdes ou disproportionnées ou hors-sol d'une administration pléthorique aux exigences jacobines castratrices.
Ne vous trompez pas, ce n'est pas pour après-demain, c'est pour demain. Car désormais tout est prêt. Il ne manque plus qu'une volonté forte prête à se confronter aux conservatismes, qu'ils soient administratifs ou syndicaux. Le temps presse, sur le terrain nous le sentons bien, nous savons aussi que l'état de choc ou de grâce consécutif à des élections ne dure pas. Aujourd'hui que s'effondre un système politique exsangue, dans un fascinant suicide collectif, il est l'heure de procéder - enfin ! - aux changements de fond que l'école réclame.