lundi 19 octobre 2015

Je ne crois pas au hasard...

Le ministère de l’Éducation nationale nous a gratifiés il y a quelques jours d'un compliment passé inaperçu, et pour cause! Il était bien caché dans le communiqué de presse qui a suivi les élections des représentants des parents d'élèves aux Conseils d'école.

Pour la première fois le ministère a utilisé à plein la puissance de l'internet et de l'outil ECECA mis au point l'année dernière, et a pu communiquer avec une remarquable célérité les résultats de ces élections. Il faut les en louer, la saisie effectuée en temps réel par les directeurs d'école a ainsi trouvé sa raison d'être. Sauf que... à peine ouvert le programme a été fermé, et ceux de mes collègues qui pour une raison technique insurmontable n'ont pu y accéder -panne de réseau, panne d'ordinateur, ou autre impondérable- se sont retrouvés le bec dans l'eau. C'est d'autant plus drôle que le cas n'avait pas été prévu dans les DSDEN. L'envoi des résultats par voie postale qui était de mise les précédentes années n'ayant plus lieu d'être, personne ne sait quoi faire... Bien évidemment je n'étais pas concerné, ayant la malchance de faire partie d'une Académie en "année d'archivage", et ayant donc dû faire le boulot en double, internet et voie postale. Le ministère précise tout de même que les données sont provisoires, et que 6% de celles-ci sont dans les limbes. J'ai bien peur qu'elles y restent.

Nous avons donc pu lire, en "chapeau" de ce communiqué de presse, la phrase suivante:

Les directeurs d’école et les chefs d’établissement se sont fortement investis pour la bonne organisation de ces élections et la remontée des résultats.

Je dois préciser d'emblée que je ne suis pas d'accord, car je doute fortement que les chefs d'établissement se soient tapés le boulot eux-mêmes, contrairement aux directrices et directeurs d'école qui eux n'ont pas de secrétariat. Mais admettons. Cela reste une façon détournée mais claire de nous remercier de notre investissement, et c'est si rare qu'il serait malséant de trop faire la fine bouche. J'ai cherché le communiqué de presse de 2014, et j'y ai bien constaté l'absence totale de référence à notre mission. Alors pourquoi ce soin soudain?

Je ne crois pas au hasard. Je suis persuadé que la menace que le GDiD a faite connaître au Secrétariat général de l’Éducation nationale fin septembre d' "altérer le déroulement en supprimant les bureaux de vote au profit du vote par correspondance", pour reprendre les mots d'un article haineux du "Café pédagogique", a fait un effet désagréable au ministère. Il faut dire que depuis des années le GDiD a pu prouver sa volonté d'avancer, son soutien aux réformes nécessaires et à la "rénovation", tout en marquant néanmoins ses réserves et sa singularité. Alors cette réaction soudaine a pu surprendre et inquiéter de la part de la seule association nationale de Directeurs d'école de notre pays, que l’Éducation nationale préfèrerait certainement garder "de son côté", pour peu qu'il y en ait un. D'autant que le ministère est parfaitement conscient de la lassitude des directeurs d'école de ne pas voir sur la terrain la réalisation concrète de la simplification administrative ou l'application réelle du référentiel-métier. Le GDiD veut et ne veut que la reconnaissance pleine et entière de notre mission, avec les prérogatives et les éventuels avantages que cela sous-tend, il ne serait pas souhaitable pour nos gouvernants de s'en faire un ennemi comme peuvent l'être les centrales syndicales qui par idéologie bloquent toute discussion.

D'où, à mon sens, cette petite phrase explicite que nous avons pu lire dans le communiqué de presse. Elle est pleine de sous-entendus, cette locution: "Oui, nous vous avons entendus. Oui, nous vous comprenons. Oui, nous savons les obstacles qui sont mis sur votre route, et nous faisons au mieux pour les enlever." Mais un compliment ne fait pas une action, c'est d'initiatives consistantes, tangibles, réalistes, dont nous avons besoin. Rapides aussi, car le temps est inexorable dans son déroulement. Le dégoût et la fatigue que beaucoup d'entre nous ressentons ne sont pas imaginaires, nous sommes nombreux à abandonner notre difficile mission, et je suis persuadé que le départ d'une directrice ou d'un directeur d'école chevronné est une perte cruelle pour l’École. Perte d'expérience, perte de compétence, que rien ne pourra combler. On veut que notre école fonctionne au mieux des intérêts de nos élèves, on veut des animateurs pédagogiques locaux capables de motiver et mener des équipes comme d'entraîner des municipalités dans leur action, ce n'est pas en fourguant à des enseignants débutants la charge de la direction d'une école qu'on y arrivera, quels que soient leur entregent, leur compétence ou leur implication. Pourquoi abandonner au milieu du gué des dizaines de milliers de directeurs fortement impliqués?

On ne fera pas l’École du XXIème siècle avec des phrases.

dimanche 11 octobre 2015

Simplification administrative? Mon... œil !

J'ai eu une hésitation en écrivant le titre de mon billet, j'avais envie d'écrire un autre mot qu' "œil"... Mais je me suis retenu, je trouve que ce que j'écris est trop vulgaire depuis quelques semaines. Je suppose que la fatigue et l'exaspération en sont les causes. Car je suis effectivement exaspéré. Exaspéré de constater jour après jour à quel point les corps intermédiaires de ce ministère font peu de cas des choix du Ministère ou de la DGESCO, quant à la considération qui est due aux directrices et directeurs d'école qui sont les premiers gestionnaires et responsables réels des écoles, quant au référentiel-métier paru en décembre 2014, quant à la simplification administrative qui partout devrait être en cours, quant... Je suis amer de constater qu'en cette première période d'une nouvelle année scolaire mon travail a empiré, en temps, en quantité, en responsabilité; amer de constater que ma classe, car j'ai -c'est anormal- une classe à temps plein, en souffre; amer surtout, je crois, stupéfait aussi, de l'ostensible mépris qui m'est octroyé par des fonctionnaires intermédiaires de la DSDEN ou des IEN qui pourtant devraient me soutenir, et qui au contraire persistent à tenter de m'imposer leurs vues absurdes ou de me fliquer, au mépris de mes prérogatives et de mes compétences, alors qu'eux-mêmes n'ont jamais osé ou pu assumer le difficile sacerdoce de la direction d'école. Oui, en ce 11 octobre 2015, persister dans ma mission de directeur d'école me parait vain, j'ai commencé à évoquer dans mon entourage professionnel mon possible abandon au profit de la simple et belle mission d'enseignement, qu'après toutes ces années je connais par cœur. Je tente depuis longtemps de sortir la tête de l'eau, soutenant mon école à bout de bras, je ne supporte plus que quelques ahuris qui ne me valent pas s'ingénient à m'y enfoncer, ni l'incapacité flagrante du gouvernement à se faire entendre de corps intermédiaires inutiles, sclérosés, incompétents, comme de gérer les contradictions d'une législation pléthorique et aberrante.

Tiens, cette période d'élections des représentants de parents, j'y reviens... Oui, c'était vendredi. Cher parent d'élève qui me lisez, vous avez voté? Oui, peut-être, si l'école vous intéresse, je serais surpris que vous ne l'ayez pas fait. Mais une grande partie de nos familles s'en foutent, et elles ont bien raison, même si l'écrire va m'attirer les foudres des coincés du Café Pédagogique qui n'ont que leurs pantoufles confortables en ligne de mire. J'aurai même du bol si ce billet n'est pas qualifié de "raciste" pour une raison quelconque par un quidam en mal de notoriété (je devrais peut-être utiliser une police de caractère de couleur, voire arc-en-ciel histoire de me concilier tous les lobbys parisiens). Beaucoup de nos familles n'ont rien à faire de ces élections parce qu'elles savent que l'école fonctionnera avec ou sans leurs suffrages, elles savent que dans ma petite commune leurs enfants seront accueillis, que nous ferons de notre mieux pour les accompagner sur le chemin de la maturité. Et puis, je le redis, avec une seule liste, même s'il n'y avait aucun votant... Au fait, j'en ai eu un peu plus de 60%, uniquement par correspondance bien entendu.

Mais alors qu'on me rebat les oreilles depuis deux ans avec la "simplification administrative", celle-ci, manifestement, ne regarde en rien mon Académie qui s'en bat l’œil -que dis-je!-, qui s'en tamponne le nombril avec le pinceau de l'indifférence. Vas-y, petit directeur, braille, et fais ce que je te dis, sinon gare à tes fesses! C'est bien de ce niveau que sont les injonctions que je reçois, ponctuées de menaces à peine voilées réitérées par chaque strate de ma hiérarchie, ou par ceux qui y émargent sans en faire partie. On m'interpelle, on me menace, on m'admoneste par avance au cas où... Ce n'est pas une épée de Damoclès administrative que j'ai au-dessus de la tête, c'est toute une armurerie de personnels qui se "couvrent" et réclament chacun une attention que je n'ai ni le temps ni l'énergie d'accorder. Mes vingt-six loupiots, les quelques soixante-dix élèves de mon école et leurs familles la méritent largement plus, et passent certainement pour moi avant toute autre chose.

C'est ainsi qu'alors que depuis deux ans existe un programme en ligne permettant la saisie des résultats des élections au Conseil d'école -ce qui va permettre à notre ministère de faire paraître des résultats nationaux dès lundi-, on me réclame toujours de faire parvenir à mon administration une quantité invraisemblable de paperasses, en particulier le procès-verbal signé par les membres du bureau de vote qui ont participé au dépouillement. Pour quoi faire? On doute de moi? Oui, certainement, on doute de ce que je peux taper sur mon clavier, ou de mon intégrité de fonctionnaire. Mieux, nous sommes cette année dans une "année d'archivage", ce qui signifie que j'ai dû poster à ma hiérarchie les bulletins nuls et même l'enveloppe vide. Les archives vont-elles recevoir rien que pour ces élections cinq tonnes de paperasses? Après des années de déclarations ronflantes quant à un nécessaire "passage au numérique", alors même que nos impôts directs vont eux être totalement dématérialisés qu'on le veuille ou non...

J'ai donc cette année encore fait tout le boulot en double, sur le net et sur le papier, en ligne et par courrier postal. Pour une seule liste. Joli exemple de simplification administrative. Belle image de notre pays englué dans des normes et des règlements qui définitivement ne doivent servir qu'à justifier l'existence de sombres officines administratives qui n'existeraient pas autrement.

Je dois admettre que j'envisage aujourd'hui mon départ avec une certaine sérénité. Cela d'ailleurs n'a rien à voir avec le GDiD auquel j'ai de nouveau et sans d'âme fait parvenir mon écot annuel (20€, pour garder l'espoir, ce n'est pas cher payé). Si je quitte effectivement mes fonctions en fin d'année, j'aurai toujours beaucoup à raconter ici, simplement en observant la ou le collègue qui me succédera se débattre tant bien que mal avec cette mission compliquée, et je persisterai à accompagner le GDiD. Il faut que cesse définitivement la mauvaise farce que l'on nous fait jouer. Les directeurs d'école, confirmés et affirmés dans leur rôle, sauront parfaitement gérer l'école française sans l'aide imposée de personne, au mieux de l'intérêt des élèves et des familles. Je l'ai écrit plusieurs fois, c'est l'avenir de l'école primaire qui est en jeu dans cette histoire, pas mon intérêt personnel. Surtout que pour moi la retraite commence à montrer de loin ses petits petons, et se fait aguichante. Je partirai dans peu d'années sans regret, car j'aurai fait mon boulot, et j'ai la prétention de pouvoir dire que je l'aurai bien fait. Mais je ne voudrais pas qu'il me reste au cœur un sentiment d'insatisfaction de n'avoir vu enfin la mission des directeurs d'école reconnue et appréciée à sa juste valeur.

lundi 5 octobre 2015

Où va se nicher la bêtise?

Il parait que mon dernier billet, celui qui précède, est raciste... Je croyais avoir beaucoup vu et beaucoup lu, mais je suis épaté par les âneries que certains arrivent encore à proférer.
 
C'est Olivier Schneid, journaliste à la Gazette des communes, qui au lieu de lire ce qu'il fallait lire, n'a lu manifestement que ce qui l'obsède. M. Schneid a semble-t-il des convictions au travers desquelles il tamise sans réfléchir tout ce qu'il lit au risque manifestement de se planter dans les grandes largeurs. Je suppose que ça ne l'empêchera pas de dormir. Qu'il se rassure, moi non plus, j'ai toujours été imperméable à la bêtise. Quand je pense que j'ai eu dans mon école jusqu'à treize nationalités différentes! J'ai toujours bien accueilli tout le monde, c'est à désespérer des problèmes que connaissent les journalistes avec la lecture (mon Dieu, serait-ce une faillite de l'école?).
 
Il semble que mon exemple du Sénégal ne lui ait pas plu, à ce monsieur. Or il m'est arrivé d'envoyer un bulletin de vote... dans un pays frontalier du Sénégal (j'avais préféré changer en tapant mon texte). Comme acte raciste, on fait pire, certainement, que de demander à plusieurs milliers de kilomètres de distance son suffrage à cet homme charmant, mon avocat de père d'élève qui était retourné dans son pays de naissance pour quelques mois afin de régler une question familiale, mais est revenu ensuite. Il n'a jamais reçu la lettre, et ça l'avait bien fait rire quand je lui en avais parlé. Pour autant je devais l'envoyer, et je ne me souviens plus -c'était il y a de nombreuses années- du prix que j'avais dû payer à la poste.
 
Je précise pour le mauvais coucheur dont je préfère m'abstenir de répéter le nom, que M. XXX était devenu un ami, que j'ai hélas perdu de vue ensuite, et que j'ai revu récemment avec un plaisir qui fut partagé à l'occasion d'un pot quelconque.
 
Bref, tout ça pour dire que certaines personnes ne savent lire dans un texte que ce qui les arrange ou ce qui les dérange, mais se désintéressent totalement du fond. Quand j'écris "totalement", j'ai une idée assez claire du néant. Nous en avons eu ce matin un autre exemple avec le célèbre Café pédagogique toujours inféodé à sa pensée unique, dont on se demande bien quand il aura l'idée de consulter des directeurs d'école de province pour connaître la réalité de notre boulot.

Mais baste! Le site du GDiD, qui souvent passe mes billets, du moins lorsque j'évoque la question des directeurs d'école, a cru bon de caviarder cette partie de mon texte, ou du moins de la remplacer par un lien. Cela les regarde, ils ont raison, mais je suis persuadé qu'eux non plus n'auraient pas une seconde anticipé une réaction aussi ridicule. Comme vous autres, directrices et directeurs d'école qui me lisez régulièrement, et qui j'en suis certain n'imagineriez pas une seconde chez moi un quelconque accès de xénophobie.

Il faut décidément de tout pour faire un monde.

dimanche 4 octobre 2015

Élections, pièges à bons cons...

Aaaah oui, les élections des représentants des parents d'élèves au Conseil d'école... Pensum annuel, qui consomme son pesant de grattons en énergie, en temps, en argent. Simulacre de démocratie dont la seule utilité est de donner bonne conscience à l’État, qui peut de cette façon faire croire aux familles françaises qu'elles sont parties prenantes du fonctionnement de l'école. Piège à gogos. Piège pour les directeurs d'école, qui sont encore une fois les bons cons de la démarche...

Du temps, il en faut. Le directeur réunit une "commission électorale" destinée parait-il à organiser les détails d'un scrutin dont les dates et les modalités sont imposées nationalement.

Puis il est nécessaire de mettre les documents électoraux sous enveloppe. Avec un peu de chance, un ou deux parents candidats pourront se libérer pour donner un coup de main: à quelle heure? Pas avant dix-huit heures, oui bien sûr vous travaillez... Mais vous pouvez venir le samedi matin? C'est que du bol pour moi alors. Cette année, je l'ai fait tout seul, au moins il n'y aura pas d'oubli dans certaines des enveloppes kraft qui contiennent le tout.

Du temps, et de l'énergie. Photocopier les bulletins de vote, les modalités -texte imposé-, le courrier A4 que notre DASEN a cru bon cette année d'ajouter la veille de la remise du matériel de vote aux familles (merci Madame), les étiquettes avec les noms et adresses des parents... Qui c'est celui-là? Famille séparée, Abdoulaye XXX, au Sénégal. Il faut que j'envoie ça au Sénégal par courrier, je suis sûr qu'il va voter, s'il reçoit la lettre à Ourossogui à temps pour répondre. Imprimer autant d'enveloppes recto-verso que de votants, et ça coince dans mon imprimante au-delà de dix enveloppes dans le bac. Je ne compte pas celles qui tire-bouchonnent dedans. Allez, courage, vous avez 220 élèves dans l'école, ça ne fait que 440 enveloppes! Oui, n'oublions pas que les deux parents votent, au cas où ils ne penseraient pas la même chose.

La même chose? C'est dans le cas où vous auriez deux listes dans l'école, en général deux associations de parents d'élèves qui ne peuvent pas se voir, ou deux listes indépendantes non affiliées parce que le papa du petit Charles n'a qu'une envie, celle de faire ch[...] la maman de la petite Céline. Cela concerne peut-être 10% des écoles, mais ce n'est alors que du bonheur pour le directeur d'école qui est au milieu. Pour les autres 90% d'écoles, il n'y a qu'une liste, qui sera élue quoi qu'il advienne (ouragan, attentat...). Cela s'appelle un scrutin à la soviétique. J'ai écrit le mot "démocratie" quelque part? Je ris ou je pleure? Mais la quantité de boulot est la même, ou presque.

Vous avez contacté la Mairie? Ben oui, il vous faut une urne et un isoloir. L'isoloir, c'est si quelqu'un venait voter en personne. Dans la plupart des écoles françaises ce n'est plus le cas depuis longtemps, les parents votent tous par correspondance. Mais il faut tout de même tenir un bureau de vote! C'est le directeur qui s'y colle, pendant quatre heures, avec quelques pauvres candidats qui se morfondent pendant ce temps jusqu'au dépouillement avec un roman pour ceux qui savent lire, ou un iPod scotché aux oreilles.

Dans ma toute petite école, ce n'est que du bonheur. Que faire de mes élèves? Les coller aux collègues? J'en connais deux qui vont être contentes de choper chacune treize petits monstres de plus... J'ai depuis longtemps choisi de laisser le bureau de vote sans surveillance tout en gardant un œil distrait dessus, de toute manière en dix ans que je suis là jamais personne n'est jamais venu. Et puis mes trois candidats ne sont de toute façon pas disponibles. Le GDiD nous suggère cette année de ne pas tenir de bureau du tout, bonne idée. C'est de toute façon de la poudre aux yeux.

Mais au fait, combien ça coûte, toute cette ânerie pseudo-démocratique, ce faux-semblant de consultation? J'ai fait des calculs, pour voir, un petit tableau Excel pour avoir une idée. Allez, à la louche!

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Dans ma petite école, sans compter le temps ni l'énergie que j'y dépense, ce simulacre de scrutin nous coûte un peu plus de trente-cinq euros. Ce n'est pas la mer à boire? Trente-cinq euros sur mon petit budget, ce sont sept paquets de feutres fins de qualité, ou une grande boîte de 144 crayons de couleur haut-de-gamme, ou... Bref pour moi c'est du fric jeté par la fenêtre. Pour moi, pour l'école, et pour la commune qui paye, car au final c'est bien de l'argent municipal.

Je chiffre au total en France sept millions d'écoliers et donc quatorze millions de parents. Oui, je vous l'ai écrit, c'est à la louche, je ne tiens pas compte des enfants issus de parthénogenèse ou d'immaculées conceptions, ni des familles brisées dont un parent n'aurait pas la responsabilité parentale. Pour les autres (séparés, divorcés...) nous devons faire parvenir aux deux parents les documents de vote, même si l'un d'eux habite le Sénégal ou le fin fond de la Yakoutie. D'où mon choix d'envisager le prix de revient avec ou sans envoi postal... Dans mon école les envois postaux représentent à peu près 5% des parents d'élèves, j'ai donc grossièrement appliqué ce pourcentage à toutes le pays.

Bref, si j'estime à 10% -c'est totalement gratuit, et je pense être largement au-dessus- le nombre de parents concernés par un scrutin à plusieurs listes, ce sont près de trois millions et demi d'euros qui partent en fumée chaque année rien que dans le primaire.

Je ne tiens pas compte, je le rappelle, du temps phénoménal ni de la quantité effarante d'énergie gaspillés par les directeurs d'école dans cette histoire. Il est bien connu que nous n'avons que ça à faire, surtout à la rentrée, surtout quand on a charge de classe à temps plein, et même sans.

Si le législateur tient tant aux Conseils d'école, et à la représentation parentale, il lui suffirait pourtant de préciser une petite chose:

"Si, après la date limite de dépôt des listes de candidats, il n'y a qu'une seule liste en présence, alors le scrutin est annulé et la liste unique est déclarée élue."

Compliqué? Anti-démocratique? Plutôt une piste supplémentaire pour la Cour des Comptes... Et que de temps et d'énergie sauvegardés pour les directeurs d'école! Voilà qui serait une vraie simplification administrative.