samedi 14 juillet 2012

Concertation, piège à ...


Je tombe par hasard sur un excellent article du "Nouvel Observateur", article du 4 juillet dernier qui conforte ma position de doute -et ce n'est pas peu dire- face à la concertation voulue, initiée, lancée par M. Peillon, nouveau ministre de l’Éducation Nationale et manifestement (il n'aura fallu que deux mois à tous pour le comprendre) grand facteur d'écran de fumée devant l’Éternel!

J'en cite les bonnes lignes, fort bien écrites ma foi par Caroline Brizard, lignes que j'aurais pu pondre moi-même:

A première vue, le procédé est démocratique, et l’intention, louable. (...) Mais les limites de l’exercice surgissent vite : "La consultation risque de faire émerger les mille obstacles qui s’opposent au changement", pointe le sociologue François Dubet. "Prenez l’exemple des rythmes scolaires : on va entendre les chronobiologistes qui défendent au nom du bien de l’enfant un étalement du temps scolaire, les mairies qui disent que c’est cher d’ouvrir les écoles le mercredi, les enseignants qui sont d’accord sur le principe mais pas question qu’ils travaillent plus, les parents divorcés qui font valoir la pagaille de la garde alternée…". Et une vraie lassitude s’exprime, sous couvert d’anonymat : "A quoi bon une nième consultation ? J’ai déjà tellement donné, et j’ai tellement l’impression que ça ne sert pas à grand-chose", soupire un autre chercheur.

Car en matière d’école, tout a été dit. Nous sommes les champions de l’état des lieux. Nous croulons sous les rapports, les études, les expertises aussi variées qu’informées. Des vastes consultations comme celle lancée par Vincent Peillon, il y en a déjà eu beaucoup (...) …autant de travaux pleins de promesses, qui, chaque fois, n’ont pas débouché sur la révolution promise.

Enfin, on garde en mémoire le débat national sur l’avenir de l’école en 2003-2004, huit mois de rencontres avec tous les Français, une entreprise titanesque qui avait définitivement sorti la discussion sur l’école du face-à-face entre le ministre et les syndicats. Ses synthèses n’ont pas pris une ride, pour la bonne raison que la situation de l’école n’a pas bougé depuis. Claude Thélot qui a piloté cette enquête,  aujourd’hui conseiller-maître honoraire à la Cour de Comptes, se refuse à commenter la nouvelle consultation lancée par Vincent Peillon. Il se contente de citer Virgile :

"Qu’est-il besoin ici d’un stérile débat
Chacun sait assez les besoins de l’Etat." 

Tout le monde sait en effet ce qu’il faut faire. Il faut juste décider de le faire. Discuter, c’est reculer à nouveau le moment de trancher.

Excellent article, je vous dis! Courez le lire in extenso. Peut-être aurez-vous une meilleure idée alors de ce que je dénonce de cette pseudo-concertation dans les billets de ce blog, c'est à dire la parfaite illustration de comment une montagne peut accoucher d'une souris. Je reparlerai bientôt de ce cirque en évoquant une fois de plus dans un prochain billet la façon dont les directeurs d'école de ce pays vont se faire gracieusement couillonner par ce gouvernement dans lequel ils mettaient tant d'espoir.

Quelques chiffres...


J'ai déjà évoqué dans plusieurs billets la profonde crise de recrutement des enseignants en France, et j'ai déjà donné quelques pistes quant aux raisons profondes d'une désaffection durable.

Un article du Monde, datée du 13 juillet, enfonce le clou:

Une France sans "profs" ? L'image étonne, pour ne pas dire qu'elle révolte. Dans un pays qui depuis 1870 a très largement été fait par les enseignants du primaire et du secondaire, on ne trouverait plus de professeurs ? Dans un pays où le taux de chômage des jeunes dépasse les 22 % de la population active, on manque de candidats au métier d'enseignant ? Dans un pays où la salle de classe a été sacralisée par la littérature et la mythologie nationale, il y aurait une crise des vocations ?
Publiés cette semaine, les résultats 2012 du certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du deuxième degré, ou Capes, sont sans appel. Il y avait peu de places ouvertes cette année : 4 847 postes à pourvoir. Près de 15 % sont restés vacants. Pas de candidats. Si l'on veut être optimiste, on relèvera que 2011 a été pire : 20 % de taux de vacance.

(...)

Sans entrer dans les raisons profondes de cette évolution, on notera que le métier de professeur a perdu de son attractivité, comme diraient les économistes : statut social et rémunération effondrés. Un enseignant "bac + 5" débute sa carrière à 1 580 euros mensuels ; dix ans plus tard, il empochera à peine 1 900 euros.
Ce sont des salaires inférieurs à la moyenne de l'OCDE (Amérique du Nord, Japon, Europe). La France sous-paye ses enseignants.

Même la CGT s'y met (si on m'avait dit que je citerais un jour la CGT!), et fait au passage un constat cruel quant à la qualité de notre enseignement supérieur:

 On note, premièrement, que le nombre d'inscrits aux concours externes d'enseignants et CPE du second degré reste bien en-deçà des années précédentes : 69 000 pour la session 2012, contre plus de 115 000 en 2007 et encore 85 000 en 2010. L'introduction de la réforme du recrutement et de la formation des enseignant-e-s et CPE, couplée à une dévalorisation constante du métier, a provoqué une baisse importante du nombre de candidats.
Le nombre de candidats dans le premier degré continue lui aussi de baisser (-50 % entre 2010 et 2011 !) pour arriver à 42 000 inscrits et seulement... 18 000 présents aux épreuves pour 5 000 places aux concours.
En second lieu, et particulièrement dans le 2nd degré, on note que les jurys font le choix de laisser des postes non pourvus : alors que le nombre de postes non pourvus tournait généralement autour de 30 par an, en 2011 976 postes du 2nd degré ont été non pourvus, en 2012 pour les seuls CAPES plus de 700 le seront ! Les jurys refusent des candidats estimant qu'ils n'ont pas le niveau, alors même que ces candidats sont titulaires du Master donné par les universités qu'ils dirigent... on est donc en droit de s'interroger sur la valeur des diplômes ainsi créés dans les universités pour répondre à l'exigence d'un recrutement niveau Master (contre la licence auparavant) alors que ceux qui le délivrent considèrent ensuite que les étudiants n'ont pas le niveau !

Mais, disent les gens qui croient tout ce qu'on leur raconte, si on paye mieux les enseignants, ça va coûter des sous! Certes, il va falloir en dépenser. Mais j'ai déjà expliqué dans un autre billet que l'argent dépensé dans l'éducation est un investissement, pas une dépense à fonds perdus, malgré tout ce que peuvent raconter certains soi-disant économistes de bas-étage à l'entendement limité. Que feraient donc nos entreprises sans le personnel formé qui sort de nos écoles? Et chacun sait que les travailleurs français sont compétents et travailleurs. L'école française serait donc t-elle plus efficace que certains veulent le faire croire?

Le Café Pédagogique nous donne encore quelques pistes de réflexion:

 La crise de recrutement est liée à la masterisation. En élevant le niveau de recrutement, on a raréfié le nombre des candidats potentiels et on a mis l'enseignement en concurrence avec d'autres métiers. A l'évidence ni en terme de salaire, ni en celui d'évolution de carrière, ni même maintenant en ce qui concerne les conditions de travail et l'autonomie, le métier d'enseignant ne peut se comparer avec les postes d'encadrement proposés par des entreprises privées ou d'autres administrations. Est-il utile de rappeler que la France est le seul pays de l'OCDE où les salaires des enseignants ont reculé durant les 10 dernières années ?  Et que, si le statut social a à voir avec l'expertise reconnue, la quasi suppression de la formation continue et initiale des enseignants n'incite pas à la reconnaissance sociale....

(...)

Comment fait-on ailleurs ? On se satisfait très souvent d'un fort turn over dans les métiers de l'enseignement. A Singapour, les futurs enseignants sont pré recrutés en université . Ils bénéficient d'un vrai salaire durant leurs études en échange d'un engagement de service de trois ans. En Angleterre, une politique identique porte ses fruits pour certains enseignants, comme en sciences physiques. Ailleurs le levier utilisé est différent. En Finlande, nous dit l'OCDE, les étudiants se ruent sur les postes d'enseignant. Ce n'est pas tant le salaire qui est attirant que le statut social du professeur. Bénéficiant d'une excellente formation, l'enseignant est traité comme un expert. Il bénéficie d'une grande liberté et de la reconnaissance de son expertise.

Je l'avais déjà écrit: le salaire est une chose -importante-, la reconnaissance sociale en est une autre. Mais elle va de pair. Il faut déjà attirer avec un salaire décent qui en lui-même porte une forte attractivité en ces périodes difficiles. A moins qu'on veuille refuser aux enseignants leurs qualités d'expertise! C'est si facile de les nier. Il faut dire que le système de l’Éducation Nationale lui-même est presque entièrement conçu aujourd'hui dans le sens de cette négation, puisqu'au lieu d'exalter le travail de terrain on ne fait depuis des lustres qu'en nier les compétences, et à tout faire venir du haut de la pyramide, du Ministre ou de la Direction des Écoles jusqu'aux Inspecteurs ou IEN de l'enseignement primaire qui ne pannent que couic à ce qui se passe dans les écoles de leur circonscription -quand ils s'y intéressent moindrement-.

"Si vous trouvez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance." disait Derek Curtis Bok (et non Abraham Lincoln, comme je lis partout). J'ai trouvé des chiffres intéressants concernant l'investissement dans l'éducation. Je vous ai fait un petit tableau dans lequel j'ai mis particulièrement en exergue les pays nordiques dont on nous rebat les oreilles depuis plusieurs années, suite à leurs résultats aux tests internationaux (PISA). Voici donc les dépenses de quelques états en 2007 et en pourcentage du PIB (je ne m'intéresse qu'à l'école primaire, maternelle et élémentaire confondus ou non):


Vous remarquerez comment en toute simplicité la Finlande investit 5,91 % de son PIB dans son éducation, la Suède 6,69 %, le Danemark 7,83 %, et la France un ridicule 5,59 %. Vous remarquerez également que nous faisons mieux que la Finlande pour l’enseignement "préprimaire" (école maternelle), mais étant donné que seuls 50 % des enfants y sont scolarisés, il est clair que là aussi la Finlande fait mieux que nous. Enfin, vous regarderez avec profit le nombre d'élèves par enseignant... Comment, seulement 12 en Suède et 15 en Finlande? Contre 19 en France...

Bref, il est clair que notre investissement dans notre école est en France devenu ridicule. Nos enseignants ne sont pas assez nombreux, ils sont les plus mal rémunérés de l'OCDE, et considérés comme des moins-que-rien parce que depuis des décennies les gouvernements successifs leurs tapent dessus et rejettent sur eux tous les maux d'une société française malade de tout sauf justement... de son enseignement. Rien n'a été fait pour les aider, pour nous aider. La France dépense de moins en moins pour son école, et la Nation finira par le payer très cher, beaucoup plus cher que ce que ça nous coûterait aujourd'hui d'y investir massivement le budget de l’État. Alors ne croyez pas tous les bobards que vous lisez sur le net ou entendez dans les médias! Ne cédez pas aux idées toutes faites et idiotes du "c'était mieux avant" qui est faux et stérile. Je laisse le mot final à l'éditorialiste qui a écrit l'article du Monde par lequel débutait ce billet:

Il faut des professeurs bien formés, payés et considérés. Cela ne relève pas de la dépense publique, mais de l'investissement dans l'avenir. C'est une question morale autant que stratégique.

vendredi 13 juillet 2012

Directeurs: le nouveau ministre s'en bat les flancs ...


La Commission des Affaires Culturelles et de l'éducation de l'Assemblée Nationale a auditionné Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale, le mercredi 11 juillet.

Le député Frédéric Reiss, auteur en 2010 d’un célèbre rapport -déjà évoqué sur ce blog- sur "le statut des directeurs et le statut des écoles", a interrogé le ministre quant au statut des directeurs d’école.

Manifestement, le nouveau ministre de l’Éducation Nationale se bat parfaitement les flancs (pour rester poli) des directeurs d'école, qui clairement l'indiffèrent au plus haut point. Voici ce qu'il dit:

"Parmi les questions qui sont plus particulières, la question des directeurs d’école reviendra sans cesse. Il y a beaucoup d’écoles en France. Nous n’avons pas aujourd’hui la possibilité de donner ce statut.
(...)
Après, si l’on veut évoluer, il faut évoluer dans une réflexion qui est une réflexion quand même de coordination, je sais que c’est très difficile, mais entre le collège et l’école primaire."

Voilà donc, chers collègues directeurs d'école, la réponse clairement donnée à nos attentes. Non seulement le ministre ne fera rien -on s'en doutait, depuis quand les socialistes ont-ils l'habitude de faire quelque chose?- pour soulager notre souffrance au travail, bien que chacun sache lorsqu'il le faut faire appel à nous et souligner à quel point nous sommes indispensables, mais nous finirons tous sous la coupe des collèges! Adieu, casse-pieds de directeurs, bonjour Messieurs les principaux.

Question: les municipalités suivront-elles le gouvernement dans cette machinerie abracadabrantesque? J'en doute. Question corollaire: les syndicats qui suivent les revendications des directeurs d'école quant à un statut, comme ceux qui ne nous suivent pas, daigneront-ils accepter cette guignolesque pantalonnade? J'en doute aussi.

Monsieur le Ministre, avec tout le respect que je vous dois, certains de vos prédécesseurs se sont mordus les doigts de sortir de grotesques âneries devant les commissions de l'Assemblée Nationale -un en particulier, vous vous rappelez des couches?-. On ne vous a jamais appris à tourner sept fois votre langue dans votre bouche?

Je la sens de mieux en mieux, cette prochaine rentrée. Avec comme une odeur de roussi.

Tenez, un autre -excellent- article sur le même sujet.

Vous trouverez l'audition ici.

EVS: pour quoi faire?


Les EVS sont des emplois précaires, destinés aux gens en fin de droits, et consistant en une aide aux directeurs d'école...

Pour quoi faire?

Les EVS sont incompétents, car les EVS ne sont pas formés -c'est le directeur de l'école qui doit s'en charger-... Quand vous changez d'EVS chaque année, merci, le directeur n'a que ça à faire.

Les EVS mettent trois fois plus de temps que le directeur de l'école pour faire ce que pourrait faire le directeur de l'école... s'il en avait le temps! Quand ils arrivent à le faire...

Quand son EVS fait n'importe quoi, engueule les familles ou les adjoints, ou fait peur aux enfants, le directeur ne peut rien y faire, car il n'est pas l'employeur de l'EVS (son employeur, c'est le principal d'un collège quelconque qui n'a jamais vu l'EVS)...

 ...

Je pourrais en écrire cent lignes, tellement les collègues directeurs d'école qui ont eu des EVS en ont vu avec! Bien sûr, il y a eu aussi des personnes dignes et respectables, qui dans leur école de rattachement ont été une présence inoubliable. Combien? Si peu. Trop peu.

Les EVS sont-ils donc des gens indispensables? Non, si on donne aux directeurs d'école ce qui leur manque cruellement, c'est à dire un statut. Car un statut clair signifie une mission précisément définie, des moyens précis en temps, en assistance, en salaire, ainsi qu'une reconnaissance institutionnelle qui permet des rapports construits avec les interlocuteurs privilégiés des directeurs d'école que sont les municipalités, l’État, ou autre. Bref, les EVS doivent disparaître, ils ne servent à rien, et les directeurs d'école doivent recevoir enfin ce qui leur est dû pour accomplir sereinement leur mission: un STATUT! Alors ne vous laissez pas bercer par ceux qui continuent à réclamer des EVS, qu'il s'agisse de collègues stupides ou mal-intentionnés, ou de syndicats sclérosés. Mettons fin à ces emplois précaires et à cette pseudo-assistance qui disparaîtra dans les poubelles de l’histoire de l’Éducation Nationale avec les emplois-jeunes et autres pis-allers gouvernementaux. Donnons aux directeurs d'école le minimum vital pour accomplir leur mission, et ce sera pour le plus grand bien de la Nation.

jeudi 12 juillet 2012

Recrutements: la pénurie se confirme...


J'avais évoqué il y a quelques jours les difficultés de recrutement d'enseignants. Celles-ci se confirment douloureusement. Le pire est que les solutions sont parfaitement claires et connues! Mais qui osera résoudre le problème? Le nouveau gouvernement? C'est douteux, puisqu'on persiste à confondre les dépenses d'investissement nécessaires dans l'éducation avec des dépenses à fonds perdus. Il n'est pourtant pas besoin d'avoir fait des études d'économie pour le comprendre...

On peut difficilement me faire passer pour un suppôt du syndicalisme. Mais le syndicat SE-Unsa vient de faire paraître une lettre signée de son secrétaire général qui dit peu ou prou la même chose que moi. Je pardonnerai difficilement au SE leur signature en 2006 d'un protocole qui a enfoncé l’Éducation Nationale dans le caca, en entérinant un certain nombre d'inepties, -et ils l'ont payé cher aux élections professionnelles qui ont suivi- mais je dois aujourd'hui leur reconnaître deux points forts: une assez bonne perception de problèmes des enseignants, et leur reconnaissance de la nécessité d'un statut particulier pour les directeurs d'école. Bon, ils continuent à réclamer des EVS en dépit de toutes les évidences de l'inintérêt de la fonction dans le cas d'une "statutarisation" des directeurs, mais... j'évoquerai les EVS dans un prochain billet.

La lettre de Christian Chevalier:

La totalité des chiffres concernant les admissions aux concours du CAPES externe sont désormais connus. Cette année encore, le déficit de lauréats pèse sur les résultats. Ainsi 706 postes sont restés vacants, ce qui représente 14,56 % des postes à pourvoir. Avec 298 lauréats manquants, les mathématiques se hissent au sommet du podium des disciplines déficitaires, suivies par l’anglais (-131) et les lettres classiques (-95).

Si ces chiffres sont légèrement moins élevés que ceux de l’an dernier, la situation n’en reste pas moins alarmante. La désaffection du métier de professeur s’installe durablement. Au delà du déficit des viviers en master sur la plupart des disciplines proposées au CAPES, c’est bien la question de fond de l’attractivité du métier qui est posée. Il est perçu comme anxiogène et difficile. Il est de surcroît mal payé.

Il est donc temps d’enrayer un phénomène qui pourrait s’amplifier avec les recrutements annoncés de plus de 10.000 professeurs chaque année sur le quinquennat. Pour le SE-Unsa, le débat sur la refondation de l’École de la République doit s’emparer de cette problématique. Elle doit être traitée dans sa globalité : pré-recrutements indispensables pour faciliter l’accès à l’enseignement aux étudiants d’origine modeste, parcours de formation véritablement professionnels, modalités d’affectation revues, accompagnement dès l’entrée dans le métier…

Enfin, il faudra s’attaquer à la rémunération des enseignants. A même niveau de qualification (Master 2), les étudiants se tournent à juste titre vers des métiers mieux rémunérés. L’enquête de l’OCDE pointant le faible traitement des professeurs français comparé à celui de leurs homologues est toujours d’actualité.

Il serait pour le moins paradoxal, à l’heure où se prépare une loi d’orientation ambitieuse pour l’École, que la nation ne se donnât pas les moyens nécessaires pour recruter ceux qui en seront les acteurs majeurs. C’est un véritable défi et le SE-Unsa portera toutes ces questions dans le débat qui vient de s’ouvrir.

mercredi 11 juillet 2012

Directrice, plus directrice...


J'ai trouvé un blog très sympa, très agréable à lire et fort drôle, celui d'une collègue directrice... qui lâche ses fonctions de direction -rien d'original là-dedans, hélas!-. Mais sa vie d'instit', sa vie de directrice et sa vie tout court méritent le détour et la lecture... Le blog s'appelle "Nan mais je rêve... !".

Juste un extrait d'un commentaire, par elle-même, de son dernier billet et de son renoncement à notre si convoitée -oui, c'est ironique- fonction:

Je rends mon tablier, mouhahahaha !!!
Terminé le pigeonnage des heures sup' encore encore encore et encore, en plus de la classe.
Dans la majorité des métiers, les heures sup' donnent droit à une majoration de salaire digne de ce nom, OU à une compensation de repos.
En bref, de temps pour faire le travail qu'il y a à faire !
MAIS dans les écoles de moins de 4 classes, non, les directeurs doivent faire leur taff administratif en + de leur journée de préparation/classe/corrections etc.
Je ne suis pas d'accord avec le système... gérer la direction d'école et administrer l'équipe et les projets, prendre des rv, remplir des papiers, avoir l'oeil tout le temps, ça prend du temps. Beaucoup de temps. Qu'il faut faire chaque soir pour se maintenir à flot.
Gérer une classe de 26 enfants sur 2 niveaux, dont 2 enfants non francophones, et un enfant scolarisé pour la première fois à 8 ans et qui doit tout rattraper, ça prend bôôôcoup de temps aussi. Tout adapter à leur niveau pour qu'ils puissent progresser eux aussi...
Et on ne m'a pas accordé de journées de + de 48h, dis donc !
Cette année j'ai vraiment eu l'impression de négliger un peu ma classe. Et encore heureux que je n'ai pas de famille à charge, parce que enfants et mari ne m'auraient pas vus beaucoup cette année !
Donc, je rends mon tablier, je transmets le flambeau, avec un soulagement immense, c'est clair !

Vous voyez le ton? Allez, remontez les pages, vous verrez comme c'est bien...

mardi 10 juillet 2012

Concertation: il n'y a pas que moi qui doute...


Je viens de dénicher sur "le blog de la présidente" de l'association "Reconstruire l'école" un excellent billet qui couvre bien mes propres doutes. Une lecture ironique et salutaire, pour qui veut garder un peu de conscience entre les oreilles!

Un petit extrait:

Tout dépend des réponses qui seront données – et c’est là que  la situation  se corse : en effet,  les autres «questions décisives » sont  «l'amélioration des rythmes scolaires » (en clair, comment faire travailler plus les personnels en ne les payant pas davantage,  tout en  leur demandant de participer eux-mêmes à la destruction de leurs propres statuts) et « le recours à des méthodes de travail renouvelées et aux outils numériques », qui ouvre peu ou prou sur une didactisation gadgétique à l’efficacité aussi mousseuse qu’aléatoire. 

Un autre:

En ce qui concerne les quatre groupes de travail, il est parfois permis de s’interroger sur les critères de choix des personnalités qui les pilotent.  Rien d’étonnant, a priori, à ce que le premier, « la réussite scolaire pour tous », soit présidé par Nicole Belloubet, vice-présidente de la région Midi-Pyrénées, ancienne rectrice de Limoges et Toulouse,  et présidente d'une association nationale d'éducation populaire, la FOEVEN. En revanche, j'ai du mal à saisir au nom de quelle logique Agnès Buzyn, présidente de l'Institut national du cancer, présidente du conseil d'administration de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire et membre du Comité à l'énergie atomique, va présider le second,  « les élèves au cœur de la refondation », sauf à en déduire que le sujet est particulièrement explosif, naturellement (OK, je sors cinq minutes). Le troisième, « un système éducatif juste et efficace », sera chapeauté  par un certain Francois Momboisse, président de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance, ce qui plonge la Présidente dans un abîme de perplexité…  J’aimerais, en toute bonne foi, moi qui ai toujours pensé que l’Ecole n’est pas une entreprise, que l’on m’explique en quoi la VPC peut servir de modèle d’efficacité scolaire. Mais je dois avoir mauvais esprit, je le crains, ou alors je suis déjà blonde (voir plus loin).

Bref, voilà un saine lecture que je recommande chaudement, si les extraits que j'ai mis ne vous ont pas déjà mis l'eau à la bouche (et la puce à l'oreille).

lundi 9 juillet 2012

Un mot du SNE quant à la "concertation"...


J'ai déjà évoqué ici mes doutes quant à la "concertation" proposée par M. Peillon. Or je découvre aujourd'hui une "lettre de démotivation" datée du 27 juin du SNE-FGAF, syndicat dont j'ignorais totalement l'existence, lettre dont j'aurais quasiment pu écrire chaque mot.

Je ne suis pas syndiqué, ne l'ai jamais été et ne le serai a priori jamais -j'écris a priori parce que je n'aurai pas l'outrecuidance de penser que je sais de quoi l'avenir sera fait-. Mais lorsqu'un syndicat répond à mes voeux je peux difficilement faire l'impasse.

Je vous donne in extenso la teneur de cette lettre:

Le SNE-FGAF a pris connaissance de la lettre de Vincent Peillon aux enseignants.
À des heures où les médias ne cessent d’insister sur les faveurs accordées au Ministère de l’Education en matière de budget et de priorités, le SNE-FGAF n’hésitera cependant pas à se montrer partagé, réservé et dans certaines circonstances inquiet, sceptique voire indigné par la lettre du Ministre de l’Education.

Le SNE-FGAF ne discute ni la nécessité ni l’urgence d’entreprendre de grandes réformes pour rendre à l’école son rôle d’ascenseur social dans le cadre d’un enseignement exigeant dans ses priorités et ses qualités. La priorité à l’école primaire est une philosophie qui ne peut être discutée dans les circonstances actuelles. Le SNE-FGAF conteste en revanche formellement l’absence d’ordres clairs à donner pour la priorité aux fondamentaux, les réponses « low cost » apportées au traitement des situations de handicap. Les AVSi doivent être considérées comme des rustines et des pansements là où les dispositifs des RASED sont à reconstituer et à redistribuer.
Le SNE-FGAF reste également défavorable, dans le cadre des priorités à donner, à la scolarisation des enfants de moins de trois ans. (A moins bien entendu qu’il ne s’agisse d’une alternative à la rue, mais est-on ici dans le domaine de l’école et de l’instruction ?)
Le chapitre de la formation des maîtres est ambitieux mais on ne peut qu’attendre pour voir : le spectre des IUFM est là et bien là, le SNE-FGAF n’y croit plus après l’échec cuisant de ces instituts de formation.
Pour le reste, on n’est pas couché à examiner chaque travail de recherche et on peut craindre le fameux « faire toujours plus de ce qui ne marche pas » pour l’évolution des pratiques !
Le SNE-FGAF ne note aucune velléité d’augmenter les performances des élèves mais davantage une volonté de niveler par le bas au nom de l’égalité facilement soluble dans l’égalitarisme de rigueur pour bien pensants.
Et toujours pas un mot sur la direction d’école !
Mais que saura-t-on de l’état d’avancement des processus mis en place si aucune évaluation ne doit remonter ? Que tout aille mieux ou plus mal, on ne le saura ou ne le devinera que par la bande ! Le pacte éducatif proposé n’est-il pas fondamentalement vide ?
 
Mais c’est dans le ton général que le SNE-FGAF trouvera matière à s’indigner : avec des formulations dans l’air du temps comme « donner le meilleur de soi, force de dévouement, République, humanité, corps collectif, se rassembler … », on ne trouve qu’une invitation à renoncer à ses intérêts en appuyant violemment sur le levier de la culpabilité. Dans une profession infantilisée et caporalisée au-delà de l’admissible et du compréhensible, cela peut faire des ravages. On voudrait décourager les rares jeunes encore prêts à se lancer dans ce métier difficile et à risques qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Quant aux personnels en place, le SNE-FGAF doute fort qu’ils ne soient pas las et déjà suffisamment blessés par ce genre de discours pour qu’ils ne trouvent pas dans ces assertions une nouvelle sorte de « prise en otage » par les sentiments.
Après trois décennies de perte de pouvoir d’achat, d’autorité et de reconnaissance de toutes sortes alors même que les tâches s’empilaient jusqu’à l’engorgement, on pouvait attendre mieux et plus, beaucoup mieux et beaucoup plus.
 
Le SNE-FGAF participera aux concertations annoncées et ne manquera pas de défendre les valeurs qui sont les siennes : la transmission des savoirs, le respect des personnels, la liberté pédagogique dans le cadre des programmes nationaux, la restitution des moyens humains pour les enfants en difficulté et pour les situations de handicap, un statut pour tous les directeurs d’école et une revalorisation sans condition pour rattraper trente ans de chute et de dégradation des conditions salariales.

Mieux définir le métier de directeur d’école...


Comme nous l’avons mis en évidence, la qualité de l’action du directeur d’école est déterminante pour le climat de l’établissement. Le très fort impact sur ce dernier des variables composant cette action le mesure et le confirme, qu’il s’agisse du dynamisme, de l’organisation des conditions de travail ou de la qualité de vie professionnelle.

(...)

... un préalable s’impose : mieux définir le métier de directeur d’école, ses missions, ses responsabilités. En effet, au regard des résultats de cette étude – portant il faut le rappeler ici sur 822 directeurs d’école – ces personnels vivent actuellement un certain malaise, se montrent insatisfaits, démobilisés et pessimistes dans leur majorité. Une des explications déjà mise en évidence par plusieurs enquêtes, études et recherches est la forte distorsion existant entre les objectifs assignés à l’exercice de l’activité des directeurs d’école et le peu de moyens mis à leur disposition pour les réaliser , associé à un manque de reconnaissance sociale.

La sociologie, et particulièrement celle du travail, nous montre que toute organisation sociale, petite ou grande, nécessite pour fonctionner harmonieusement la désignation d’un « leader » capable d’assurer le bon fonctionnement, de mobiliser les énergies et de conduire le changement. L’évolution actuelle de la fonction de directeur d’école : extension de ses champs d’intervention, multiplicité et complexification de ses responsabilités, importance fortement accrue de la gestion des ressources humaines, des relations partenariales, de l’organisation pédagogique et éducative, conduit à penser qu’une réflexion plus approfondie sur ce sujet serait est opportune.

Ce texte fait partie d'un vaste document sur "Le climat des écoles primaires" élaboré par Georges Fotinos en 2006 pour la Mutuelle Générale de l’Éducation Nationale (MGEN). Ce constat toujours d'actualité est partagé, je l'écris et le réécris, par tous ceux qui s'intéressent en tant soit peu à la question. Pire : la situation s'est tellement dégradée depuis l'année de parution du rapport qu'il est à craindre qu'aujourd'hui le même bilan de M. Fotinos serait catastrophique. Alors ? On fait quoi ? On laisse la question de côté au nom de la "paix sociale" chère à nos syndicats d'enseignants pour la plupart desquels ne pas bouger et ne rien faire est une preuve d'évolution ? Courage, M. Peillon !

Directeur: un métier à part entière...


Le directeur d’école n’occupe pas simplement une fonction : il exerce un métier à part entière. Il endosse des responsabilités d’ordre pédagogique, relationnel, administratif et managérial. Après sa mission première de fédérer autour du contrat éducatif, le directeur est l’interlocuteur privilégié des élus locaux et des parents d’élèves. Il devrait être recruté parmi les enseignants chevronnés ayant au moins trois ans d’ancienneté dans le premier degré.
Le directeur devrait pouvoir procéder lui-même à des recrutements de type emplois vie scolaire (EVS) et avoir des marges de manœuvre en matière de formation continue pour lui-même et pour ses adjoints.
Le directeur devrait être le représentant de l’État dans l’école et représenterait l’école en toutes circonstances.
Le caractère spécifique des fonctions exercées implique un plan de carrière et une nette revalorisation de la rémunération indemnitaire.

Ce n'est pas moi qui l'écrit, c'est un député, M. Frédéric Reiss, dans le rapport "Quelle direction pour l'école du XXIe siècle ?" remis au Premier Ministre le 29 Septembre 2010. Rapport qui restera lettre morte, bien entendu et hélas. Ce qui ne signifie pas qu'il doive être oublié.

Que faudra-t-il pour que nos élus entendent l'évidence ?


dimanche 8 juillet 2012

Et l'aide personnalisée ?


Il y a quelques années, M. Darcos, ministre de l’Éducation Nationale de sinistre mémoire, et qui d'ailleurs aujourd'hui n'est plus rien, décide tout de go de supprimer l'école le samedi matin, sans doute pour répondre aux vœux des professionnels du tourisme et des commerçants... ou d'autres lobbys dont le parisianisme et la puissance ont parfois tendance à m'inquiéter quelque peu.

Mais cela pose un problème: les enseignants du primaire doivent 26 heures devant les élèves à leur employeur (car les heures des enseignants ne sont pas annualisées, elles sont comptées hebdomadairement). Quatre journées de classe de 6 heures nous donnent 24 heures d'enseignement: que faire des deux dernières?

Alors vient à M. le Ministre une idée de génie: ces heures seront consacrées aux élèves en difficulté! Double avantage aux yeux du séide de M. Sarkozy:

1) on flatte l'électorat qui n'y panne que couic et croit que ça va être utile et efficace, et qu'enfin un gouvernement responsable se penche sur ces malheureux enfants;
2) cela va permettre de supprimer les autres aides existantes, en particulier les réseaux d'aide (ou RASED, dont certes je suis le premier à souligner la relative inefficacité, mais qui ont le mérite d'exister) et de récupérer subrepticement les postes concernés.

Tout le monde sait, depuis des lustres, que les journées de classe des petits Français sont longues et mal foutues, mais après avoir largement alourdi les programmes scolaires de billevesées à la mode M. Darcos n'en est plus à ça près: allonger la journée de classe des enfants les plus fragiles de 30 ou 40 minutes quotidiennes... Comme s'ils avaient besoin de ça, les pauvres!

Alors, quatre ans après, que reste-t-il  de cette "aide personnalisée" ? Un machin lourdingue, épuisant pour les élèves et les enseignants, et d'une rare inefficacité: les RASED n'arrivent pas à grand chose, l'aide personnalisée y arrive encore moins. Mais M. Darcos croit sans doute à la pensée magique. Comme d'ailleurs tous les Inspecteurs départementaux, ou IEN, qui se sont jetés sur le dispositif comme des mort-de-faim, croyant sans doute se faire bien voir de leur ministre de tutelle en harcelant professeurs et élèves (qu'ils ne s'inquiètent pas, les enseignants de terrain n'ont pas forcément tous la mémoire courte). Sans parler des multiples bilans de l'aide en question, sous forme de tableaux Excel divers, servant sans doute à justifier l'existence des nombreux fonctionnaires qui s'ennuyant dans leur bureau s'amusent à pondre les statistiques les plus absurdes -et dans ce domaine les précédent gouvernement faisait fort!-. Signalons d'ailleurs que ces bilans sont certainement à 95% parfaitement fantaisistes, mais quand un supérieur hiérarchique demande, on fait, n'est-ce pas? Quitte à écrire n'importe quoi, et les écoles ne s'en sont pas privées.

Bref, j'attends avec impatience de pouvoir travailler le mercredi ou le samedi matin avec des programmes décents et raisonnables, et d'ainsi libérer les malheureux gamins qui s'en porteront bien mieux.

L'éducation est un investissement...


J'entends depuis des années les chantres du libéralisme, et malheureusement à leur suite tous ceux que cette rhétorique arrange, y compris les gens les plus inattendus, gémir sur les dépenses publiques de notre Nation, et particulièrement sur les dépenses d'éducation.

S'il est vrai que le budget de l’Éducation Nationale est le premier du pays en volume, peut-être est-il utile de rappeler que les dépenses d'éducation sont un investissement, à long terme certes, mais un investissement quand même, et encore le plus utile qu'une nation puisse faire.

L'OCDE le résumait fort bien dans un rapport de 2002:

Il est maintenant clair que le niveau d’éducation est non seulement essentiel au bien-être économique des individus, mais aussi à celui des nations. L’accès à l’éducation allié à la réussite scolaire est un facteur-clef de l’accumulation de capital  humain  et  de  la  croissance  économique. Les  bienfaits  de  l’éducation s’étendent aussi au-delà de l’individu et du revenu national. L’éducation est en effet une force qui fait des citoyens épanouis et intégrés et construit des sociétés plus cohésives et participatives.

(...)

Il  est  maintenant  prouvé  que  le  capital  humain  est  un  facteur-clef  de  la croissance économique et de nouvelles données indiquent qu’il est aussi associé à toute une série d’avantages non-économiques comme l’amélioration de la santé  et  celle  du  bien-être. L’investissement  dans  le  capital  humain  et l'implication dans l’éducation a ainsi pris le devant de la scène dans les stratégies visant à promouvoir la prospérité économique, un meilleur taux d’emploi et la cohésion  sociale. En  conséquence, on  considère  de  plus  en  plus  l’éducation comme un investissement dans l’avenir collectif des sociétés et des nations et non simplement dans la future réussite d’individus.

Les propos ci-dessus sont une évidence pour qui sait réfléchir un minimum. Alors qui cela arrange-t-il de faire croire aux Français que cette dépense peut être facilement réduite, et que faire des économies dans ce domaine est forcément un bien pour la Nation? Qui sera arrange-t-il de paupériser massivement ses enseignants et de les maltraiter au point qu'aujourd'hui le marasme, le stress et le mal-être sont pour eux des maux quotidiens? Qui cela arrange-t-il de faire croire qu'il est impossible de former correctement les professeurs? Quel sera le fruit des cinq dernières années de casse de ce service public? Et surtout... quel projet sortira de cette grande "concertation" qui vient de débuter et au sujet de laquelle je suis on ne peut plus dubitatif?

Les économies, s'il faut en faire, sont simples. Arrêtons de subventionner à qui mieux mieux les centaines de milliers d'associations qui émargent au budget de l’État. Nettoyons les écuries d'Augias, soit les bureaux de nos multiples ministères dont les fonctionnaires s'auto-reproduisent et surtout ne créent que pour justifier leur propre inanité -combien de circulaires n'ont pour objectif que de faire travailler certains bureaux?-. Tiens, dans l’Éducation Nationale même... pourquoi n'y a-t-il que 700000 enseignants sur 1 million de fonctionnaires? Et encore faut-il compter dans ces 700000 un certain nombre de personnels "détachés" à droite et à gauche ou dispensés d'enseigner pour diverses raisons.

Payez donc mieux vos enseignants, qui sont les plus mal payés de tous les grands pays industrialisés. Apprenez à les respecter, car leur mission est grande, et importante pour tous. Donnez un statut digne de ce nom et approprié aux directeurs d'école, qui gèrent tout avec les moyens du bord et sans en être justement rémunérés. Et cessez de croire et faire croire qu'on gère le budget d'une nation comme celui d'un ménage, c'est faux et c'est idiot.

samedi 7 juillet 2012

GDID: "C'est nous qui Peillon !"


Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale consulte à tout va cet été pour "refonder" l'école... Veut-il la "refonder" sans les directeurs d'école? Parce que si on regarde la liste des syndicats, associations et autres organes consultés, que voici: 

AFPAD
Association française pour le développement de l'enseignement technique (AFDET)
AGEEM
Agir pour l'école
ANDEV
Association des conseillers médicaux de l'éducation nationale (ASCOMED)
Association des paralysés de France (APF)
Association française des psychologues de l'éducation nationale (AFPEN)
ATD Quart Monde
Autisme France
Cahiers pédagogiques
CAPE
CRAN Défense des enfants
Droit au savoir
Education et devenir
Fédération des APAJH
Fédération Léo Lagrange
Les Céméas
Les Francas
Ni putes ni soumises
Observatoire des ZEP OCCE
Parlement européen des jeunes PEP Peuple et culture PRISME
Retravailler
Secours catholique
Secours populaire
Fédération des AROEVERN
Fédération des espaces jeunes santé
Fédération française des DYS
Femmes solidaires
FNASEPH
GFEN
Handicap international
I=mc2
ICEM
La CDIUFM
La Fespi
La Ligue de l'Enseignement
La Société des agrégés
L'Appel de Bobigny
Le collectif "Stagiaire impossible"
Le laboratoire de l'égalité
Le mouvement de lutte contre la constante macabre
Le planning familial
SOS Racisme
UMIH
UNAF
UNAPEI
Union nationale des maisons familiales rurales
CSEN
FERC-CGT
FO
FSU
SGEN-CFDT
SUD
Éducation Syndicat indépendance et direction
UNSA Éducation
(toute la liste ici)

... on peut constater avec une certaine surprise l'absence remarquable et remarquée du GDID, ou Groupement de Défense des Idées des Directeurs d'école, seule organisme réellement représentatif des forçats de l’Éducation Nationale. Absence surprenante, à moins qu'il s'agisse -déjà!- d'un symbole d'allégeance du récent ministre envers la FSU. Car il faut savoir que la FSU nie l'existence des directeurs d'école, et ignore en conséquence royalement l'existence du GDID. Notre ministre est-il déjà à la botte? C'est d'autant plus étrange que les autres grandes centrales syndicales considèrent le GDID comme un interlocuteur parfaitement valable et digne de foi, et soutiennent pour la plupart d'entre elles les revendications de l'association.

Certes il semblerait que le GDID ait d'ores et déjà pris date avec Bruno Julliard, ancien président de l'UNEF et conseiller de Vincent Peillon. Mais cette réception par la bande ressemble fâcheusement à un hochet dédaigneusement consenti. Alors que tous les gens sérieux savent et disent aujourd'hui que les directeurs d'école sont le maillon indispensable de la réussite des élèves, et que rien ne peut se faire sans eux, voilà qui est léger. Très léger. Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale entame auprès des directeurs d'école sa cote de popularité alors même que Mme Lebranchu, Ministre de la Fonction publique, annonce aux fonctionnaires une rentrée difficile. Celle-ci sera peut-être houleuse...

Le site du GDID.

mercredi 4 juillet 2012

Désaffection...


Nous allons embaucher des enseignants, nous dit le nouveau gouvernement, un certain nombre dans l'urgence dès la rentrée 2012, et soixante-mille à terme d'ici cinq ans.

Belle affaire. Surtout quand on sait que s'il veut rester à effectifs constants de fonctionnaires d'état, voire même continuer à en diminuer le nombre -ce qui personnellement me satisfait pleinement-, le gouvernement devra en transférer depuis les autres ministères, et donc profiter des départs en retraite et autres départs volontaires. Très bien, partons donc sur cette base hypothétique.

Le souci, c'est que des enseignants... eh bien il sera difficile d'en trouver. On le constate chaque année, le nombre de candidats diminue dramatiquement, au point que dans certaines matières dans le secondaire il est proposé plus de postes qu'il n'y a de candidatures. Disons-le, ça coince.

Pourquoi une telle désaffection? Oh, les causes sont faciles à trouver:

1) le métier a mauvaise réputation, et effectivement c'est une mission souvent difficile, dans le primaire comme dans le secondaire; au fait, quel est le taux de suicide dans l’Éducation Nationale? Si vous trouvez un chiffre, faites-moi signe, c'est le genre de statistique que l’État aime garder sous le coude...

2) le métier en France est mal rémunéré, toutes les études publiées depuis des années, qu'elles soient nationales ou internationales, le soulignent; et à force d'en raboter les derniers avantages (les vacances, par exemple), il devient presque un apostolat;

3) il faut désormais Bac+5 pour devenir enseignant, ce qui est une imbécillité: qui voudrait se tuer à enseigner et gagner des clopinettes avec un tel niveau d'études?

4) le métier a mauvaise réputation: les médias français n'ont que le mot "école" à la bouche, pour nous dénigrer à longueur de temps; il suffit de lire ce que la population pense de son école dans les courriers des magazines, journaux, sur internet ou ailleurs pour se voir traité de feignant, d'incompétent, de nanti, de profiteur, de... j'en passe et des plus sinistres. Tout le malheur de notre pays vient de l'école, semble-t-il. Puisqu'il plait aux français de le croire...

Depuis des décennies il y avait un signe qui ne trompait pas, c'était la féminisation galopante du métier d'enseignant. On sait depuis longtemps ce que la raréfaction du sexe masculin signifie dans une branche professionnelle. D'ailleurs, moi qui suis un homme, j'appelle à la parité! Parce que 80% de femmes, c'est quand même trop.

Tout ça pour dire qu'il va être difficile de trouver des enseignants à embaucher. A moins... d'augmenter notre traitement, de nous considérer mieux que nous ne le sommes, de dire la vérité quant à la qualité de notre travail -et de ce point de vue la désinformation et la haine déversées sur nous les cinq dernières années vont être dures à contrer-.

Dois-je évoquer les directeurs d'école? Cela me semble nécessaire. Tous ceux qui travaillent et ont travaillé sérieusement sur le fonctionnement de l'école en France, et particulièrement de l'école primaire -soit maternelle et élémentaire- soulignent l'importance du directeur d'école dans le fonctionnement de celle-ci.Le rôle du directeur est fondamental pour la réussite des élèves, le constat en est unanime. Ou presque unanime, puisqu'il reste encore un ou deux syndicats d'enseignants arc-boutés sur la conception rigolote, illusoire et clairement ridicule d'une école dont l'équipe d'enseignants à la science infuse lui permettrait de fonctionner de façon autogérée. Ah ah ah. Je ris jaune quand je constate que des gens qui se proclament représentants des personnels persistent à ne représenter qu'eux-mêmes -les dernières élections professionnelles ont été frappantes, avec une abstention massive-. Bref, ces gens-là nient l'existence du directeur d'école. Ils sont les seuls. Le souci, c'est que si la mission d'enseignement connait aujourd'hui une certaine désaffection, celle de la direction d'école est devenue une telle horreur que les professeurs des écoles s'en éloignent à grands pas. Combien de directions d'école ne sont pas pourvues dans le pays? Encore un chiffre quasiment impossible à obtenir. Cette mission de direction qui devrait être un choix raisonné et un engagement puissant au service de la Nation et des élèves est devenue un pis-aller qui échoit aujourd'hui à des enseignants débutants qui essayent ainsi de se rapprocher de leur domicile, ou nommés à leur corps défendant par une administration aveugle. Pourquoi un tel état de fait? La mission d'un directeur d'école est difficile: il est seul et sans aide pour gérer, sans en avoir ni le temps ni les moyens -et pour une indemnité humiliante-, des élèves à profusion et leurs parents pas toujours complices, des professeurs des écoles méprisants et égoïstes, des situations compliquées avec une administration courtelinesque ou une municipalité parfois ennemie... Il gère. L'inspecteur de sa circonscription, son supérieur hiérarchique, en général ne lui apporte aucune aide, l'enfonce même souvent pour ne pas faire de vagues et se protéger lâchement. Bref, le directeur d'école est seul. La mission, elle, s'est infiniment compliquée. Demandez à la "maîtresse" de votre enfant si elle serait intéressée de devenir directrice: soit elle vous éclatera de rire au nez, soit elle s'effondrera en larmes car elle l'était et fut obligée de quitter cette fonction qu'elle aimait parce qu'un enseignant de son école l'avait dans le nez...

Il est donc difficile, et il le sera de plus en plus, de trouver des enseignants. Alors que la mission d’enseignement, si elle est difficile, peut procurer de rares satisfactions. Il est également difficile de trouver des directeurs d'école. Alors que la mission de direction, si elle est bien exercée, peut procurer d'ineffables bonheurs.

Tirez de tout cela les conclusions que vous voulez.

mardi 3 juillet 2012

Une absence de statut difficile à assumer...


Dans le contexte français, le directeur d’école primaire, contrairement à ses homologues du secondaire, n’a aucun pouvoir hiérarchique dans l’établissement et il ne peut en principe imposer une quelconque décision. Hormis les décharges horaires dont il peut bénéficier en fonction de la taille de l’école pour assurer les tâches administratives, sa charge d’enseignement est identique à celle de ses collègues. Ce statut, manifestement difficile à assumer, a été l’objet ces dernières années de nombreuses revendications et de « grèves administratives », bloquant la remontée des informations réclamées par l’administration centrale. Si l’augmentation de la prime et l’élargissement des décharges de classe liées à la fonction sont clairement réclamés par les syndicats, la question de la création d’un véritable corps des directeurs d’école reste en suspens, depuis longtemps d’ailleurs puisque dès 1987, la création d’un corps de « maître directeur » par René Monory avait engendré une levée de boucliers. 

 in "Les classes à plusieurs cours - Principes de constitution, affectation des élèves et effets pédagogiques" IREDU 2007

Un métier sous tensions...


Dans de nombreux pays, les chefs d’établissement jouent un rôle important dans l’évolution des systèmes éducatifs. Plusieurs études ont montré, aussi bien en France qu’à l’étranger, comment les rôles se déterminent à partir à la fois de prescriptions institutionnelles mais aussi de la lecture que les acteurs eux-mêmes en font. Se positionner comme supérieur hiérarchique et envisager ses missions uniquement comme administrateur est une figure, aussi bien que celle d’animateur pédagogique. La fonction offre un large spectre de possible quant à la manière de diriger un établissement. On pourrait imaginer que cette latitude importante conduise nombre d’enseignants à vouloir faire évoluer leur carrière en prenant plus de responsabilités et en s’engageant dans cette voie, particulièrement dans le premier degré qui offre peu de perspectives (Larivain, 2006). Pourtant il n’en est rien, les postes ne sont pas si convoités, et quand ils sont obtenus, les démissions ne sont pas rares.


I had a dream...


Le directeur d’une école est incontestablement un acteur majeur dans le système éducatif.

Au quotidien, le directeur (...) est la cheville ouvrière du fonctionnement et du dynamisme d’un établissement scolaire.

La direction d’une école n’est certainement pas un métier d’exécution.

Il s’agit au contraire d’une fonction à hautes responsabilités. Responsabilités vis-à-vis des élèves, des parents, de l’ensemble de l’équipe éducative, vis-à-vis de la Communauté française et, de manière plus générale, de l’ensemble de la société.

Bien sûr le fonctionnement d’une école est dû à l’action complémentaire de l’ensemble de ces acteurs. Mais le directeur, assisté des membres du personnel exerçant une autre fonction de promotion ou de sélection, joue parmi eux un rôle majeur en veillant à la bonne interaction de leurs diverses interventions.

La corrélation entre le dynamisme du directeur et la santé d’un établissement scolaire ne fait aucun doute.

La mission du directeur revêt des facettes multiples : elle comporte à la fois des aspects pédagogiques, relationnels, et administratifs. Assurer la bonne « marche » d’une école, c’est bien entendu gérer les aspects matériels de l’établissement, mais c’est surtout animer une équipe, régler des conflits (qui surgissent immanquablement dans un groupe), transmettre l’impulsion des réformes, garantir un climat positif qui offrira aux élèves les conditions de la meilleure formation possible.

La tâche est donc importante et complexe. Le directeur, en règle générale, est un ancien enseignant qui a une connaissance concrète des réalités auxquelles sont confrontés les membres de son équipe éducative. Et c’est là sans doute la qualité première pour permettre une bonne gestion des ressources humaines. 

Un rêve? C'est chez nos camarades belges...