samedi 13 décembre 2014

Il est né le divin enfant...

Jouez hautbois, résonnez musettes! Le référentiel-métier des directeurs d'école est enfin paru! J'avais beau savoir qu'il faudrait attendre la fin des élections professionnelles, cela fait un bien fou de le voir enfin, tendrement couché sur son lit de paille, réchauffé par le souffle du bœuf... J'exagère, mais enfin le Bulletin Officiel est là, qui définit clairement ce qu'est aujourd'hui un directeur d'école.

Une première lecture m'a fait une excellente impression, en particulier pour certaines précisions sur lesquelles je reviendrai, et également pour la partie "formation" qui inclut un tutorat bienvenu qui sera certainement apprécié par les directrices et directeurs d'école débutants. Mais j'avoue avoir les pinceaux qui se mélangent en ce moment, cette dernière semaine d'école s'annonce compliquée et fatigante, alors que déjà j'ai du mal à aligner trois mots ou deux idées sans en oublier la moitié. Alors il vaut peut-être mieux que je vous épargne pour l'instant une lecture approfondie que je réserve pour les vacances, quand j'aurai -peut-être- le cerveau moins embrumé.

Il est néanmoins un point qui m'apparait clairement, et que je veux signifier à tous les pisse-froid ou à ceux de mes collègues qui autant ou plus fatigués que moi ne comprennent plus vraiment ce que se passe: avec ce référentiel pour la première fois notre mission de direction est définie comme un métier à part au sein de l’Éducation nationale. Nous ne sommes enfin plus des maîtres et maîtresses "comme les autres" noyés au sein d'une illusoire direction d'école collégiale, notre métier de directeur est reconnu comme tel avec un référentiel spécifique opposable tout autant à une municipalité qu'à une administration proche qui voudrait en rajouter. Ce qui n'est pas dans le référentiel n'existe pas, ce qui est dedans est bien de notre ressort! Citons pour rapides exemples la gestion des personnels territoriaux dont nous sommes bien habilités à organiser et juger le travail et sa qualité, ou la répartition des classes et des moyens. Oui, c'était déjà écrit, mais très flou. Cela ne l'est plus.

Clairement, avec ce texte, mon métier est reconnu. Même si je suis en charge de classe dans ma petite école, mon métier de directeur d'école est bien considéré comme un métier différent, particulier, qui réclame un traitement différencié et des aménagements spécifiques. C'est la porte grande ouverte à  des évolutions comme le Grade à Accès Fonctionnel ou d'autres détails techniques spécifiques (point supplémentaire, VAE, etc) qui seront discutés et formalisés dans les mois qui viennent. En attendant la suite...

C'est un joli cadeau de Noël.

dimanche 7 décembre 2014

Beurk !

Et voilà, les élections professionnelles sont terminées, ouf! Finies les boîtes de courriel pleines de professions de foi absurdes, finies les boîtes aux lettres pleines de paperasses individualisées... Je vais pouvoir respirer.

Mais quand même, beurk! Je vomis le résultat de ces élections, qui malheureusement est bien conforme à ce que j'imaginais. Pour la représentativité d'abord. Je suis d'accord avec les organisations syndicales, la participation est minable, lamentable. Au même titre que la population française dans son ensemble qui ne comprend pas l'importance d'exprimer son avis dans les scrutins nationaux -ou en mars dans les prochains départementaux-, les enseignants, dont on pourrait espérer une conscience politique d'un autre niveau que celui d'une moule, n'ont pas voté pour la moitié d'entre eux. C'est désespérant. Ne pas comprendre quand on forme des citoyens qu'il est primordial de ne pas laisser le champ libre à n'importe qui, c'est à pleurer. Accuser le vote électronique est trop facile, quel prof pourrait ne pas comprendre le principe d'un log-in et d'un mot de passe quand le plus abruti d'entre nous a une page Facebook ou exprime ses rancœurs dans les forums les plus divers? Non, les enseignants s'en foutent, ils préfèrent prendre des biscuits de Noël en photo ou s'extasier sur des chats mignons que profiter des occasions qui leur sont données de s'exprimer, quitte à râler ensuite sur le net, fautes d'orthographe primaires à l'appui. Quelle époque!

C'est aussi la faute aux centrales syndicales. Depuis le temps qu'elles ne représentent plus qu'elles-mêmes, elles n'ont plus ni adhérents ni audience. Logique. Mais ce sont elles tout de même qui légalement, quelle que soit leur représentativité, discutent le bout de gras avec les instances gouvernementales, hiérarchiques, institutionnelles. Ne pas voter c'est donc ouvrir toute grande la porte aux extrêmes, qui eux savent mobiliser leurs troupes.

Nous avons donc une prime aux présents, ceux qui localement ou nationalement se bougent le cul, ou ceux qui agitent encore leur petites mains rougies par le froid.

Celui qui continue à gigoter c'est le SNU -ou la FSU si vous préférez-, leader historique, qui à défaut d'agir ou de proposer cause beaucoup et continue à faire parler de lui... Le nombre, ça compte, la présence du SNU sur le net est frappante à ce titre. Ils ne font rien, mais sont là, la force de l'immobilisme. Et puis les journaleux ne connaissent que lui, ils se précipitent chez le triste Sihr pour lui demander son avis sur tout et rien, et comme il le donne... Le SNU reste donc en tête de course, il perd des points mais s'accroche avec ses petits poings. Dur de le faire lâcher, cet enragé.

Ceux qui disparaissent ce sont d'abord la CGT et SUD, qui sont en perte de vitesse partout parce que la radicalité idiote ça ne paye plus. On a voulu son beurre, l'argent du beurre, mais la crémière se révolte parce qu'elle ne veut plus donner son cul. Elle a bien raison, cette brave fille, elle a déjà été bien sympa jusqu'ici mais il ne faut pas pousser mémé dans les orties.

Un autre qui disparait c'est le SGEN-CFDT. Les Rois du silence. Combien de fois j'ai gueulé parce qu'on ne savait pas ce qu'ils pensaient? Ils ont aujourd'hui la monnaie de leur pièce, dommage, leur projet est intéressant. Je suppose que les quelques sièges qui leurs restent leur permettront de soutenir le SE-UNSA, qui à défaut d'être un allié historique est aujourd'hui un allié objectif dans le réformisme. Car le SGEN et le SE sont des réformateurs, c'est bien pour ça que j'avais appelé à voter pour eux lors de ces scrutins professionnels.

Le SE a gagné. Un peu. Peu hélas, trop peu à mon goût. L'avancée est claire, certaine, mais tout de même le SNUipp reste dans le primaire le premier syndicat enseignant.  Brrr, j'en frémis. Allié à FO qui est le second grand gagnant de ces élections, le SNU constitue encore une forte majorité de blocage, au national comme localement.  Espérons que ces deux-là sauront copieusement s'engueuler... Il va y avoir de la tractation! Le SNALC aussi a gagné, encore un extrême qu'il aurait mieux valu ignorer, mais la porte était grande ouverte comme je l'ai écrit plus haut, alors ils sont entrés sans même s'essuyer les pieds sur le paillasson. Ah les cochons!

Le SE avance parce que depuis trois ans il a su rester droit dans ses bottes. Le SE a élaboré un projet clair et constructif, il a montré se réelle volonté d'avancer et de réformer une institution éducative qui n'en peut plus de s'effondrer sous son propre poids. Le SE a su passer des alliances objectives, avec le GDiD par exemple, et a démontré plusieurs fois sa sincérité et son honnêteté. Un projet clair, aucun atermoiement, constance et lucidité, il n'en fallait pas plus pour gagner en audience. Tant mieux pour eux, et pour nous directeurs d'école qui nous savons désormais mieux soutenus dans notre volonté de faire changer l'école, et notre désir profond d'un statut.

Hélas comme je l'ai dit FO aussi a gagné en partie ces élections. Hélas parce que FO reste le grand ennemi du changement pourtant nécessaire. FO c'est non non non quand il faudrait dire oui oui oui. Pour FO il faut que rien ne bouge et que rien ne change, quitte à crever sur pied. Mais FO a pris de l'importance parce qu'il faut bien admettre, et je l'ai fait ici plusieurs fois, sa présence forte et souvent estimable sur le terrain local. Moi-même pendant mes longues années de direction je n'ai jamais vu qu'eux dans mon école. Et puis leur réactivité est réelle et louable. Je ne les aime pas mais je le reconnais. Je les estime roublards et intéressés mais ils sont vraiment présents. Alors forcément...

Le Ministère attendait le résultat de ces élections pour reprendre le travail. Ce qu'il nie, mais il ne faut pas me prendre pour une andouille. On peut donc espérer voir bientôt arriver notre fameux "référentiel-métier" tant attendu. Ainsi qu'un calendrier des  prochaines discussions. Parce qu'il y a d'autres choses derrière: formation, avancement, cellules juridiques, GRAF... Les choses vont pouvoir -enfin!- reprendre leur cours normal. Le SE au moins sera présent pour que la gestation aille heureusement à son terme, le GDiD suivra attentivement mais ne pourra être que consulté. On peut maintenant espérer, peut-être plus fortement...