dimanche 28 mai 2017

L'autonomie de l'école, des Free Schools à un modèle français à construire...

La question de "l'autonomie" de l'école est à la mode, suite à quelques déclarations dont n'est pas avare notre nouveau ministre de l’Éducation nationale en attendant les élections législatives. Mais soyons honnêtes, elle est de toute façon dans l'air du temps et d'une imparable logique. Face à l'excessive centralisation du système français, son paradigme injonctif et ses résultats désastreux, on a beau jeu de regarder nos voisins et de constater qu'ils ont depuis belle lurette saisi le problème à bras le corps et adopté des tactiques dont l'objectif premier est de donner aux entités locales le maximum de liberté quant à leurs choix et leurs fonctionnements.

Il faudra un jour que quelque courageux politique sache faire fi et passer outre le désastreux passif anarcho-syndicaliste des enseignants français pour imposer les mesures de liberté qui s'imposent. Quand j'entends l'ahuri gaucho-insoumis en chef, adorateur de Chavez ou de Castro, hurler à la "destruction" de l'école, je rigole après avoir eu très peur lors des présidentielles. Ouf, fini le bonhomme, vu son âge on va bientôt pouvoir le placer et libérer les lieux pour un autre qui n'alliera pas poujadisme et trotskysme.... ni surtout pour l'école un positionnement statique mortifère qui consiste à surtout ne rien faire, quels que soient les besoins d'enfants nés après l'an 2001, dans une ère informatisée en évolution rapide, et qui en rien ne sont concernés par de quelconques nostalgies tant ils ont soif d'apprendre et de devenir des adultes responsables en utilisant nos nouveaux outils extraordinaires.

On peut ne pas aller jusqu'aux "Free schools" anglaises, symboles du libéralisme le plus total mais dans le bon sens du terme à mon avis, dont le bilan reste à tirer car cela ne fait guère que six ans que le système existe. Il s'en est ouvert 250 depuis 2010, et 500 de plus sont attendues d'ici à 2020 :

" (...) Les fondateurs de ces écoles, souvent de simples parents désireux d'innover, décident eux-mêmes de leurs principes de gestion et de pédagogie, en respectant les grandes lignes définies par l'Etat sur le contenu de l'enseignement et les critères d'admission. Libres à eux d'établir le nombre d'heures de cours, de choisir les matières enseignées (la lutte gréco-romaine, le mandarin, le jardinage ou la robotique ont ainsi fait leur apparition), de recruter les enseignants qui leur semblent les mieux adaptés, indépendamment de leurs diplômes (qui peut se plaindre qu'un compositeur reconnu devienne prof de musique ?), d'introduire les MOOC et les iPad ou au contraire de revenir à la plume et à l'encrier. On peut ainsi espérer que, par expérimentation et émulation, les principes les plus efficaces soient progressivement plébiscités, tout en préservant la diversité de l'offre éducative. (...)"

Ces établissements ont une obligation absolue : n’effectuer aucune sélection à l’entrée. Les écoles publiques ont eu la possibilité de faire le même choix, et le nombre d'écoles publiques qui ont choisi de se convertir en unité indépendante - que les anglais appellent academy - est extraordinaire : 50 % des établissements secondaires et une école primaire sur cinq, soit près de 4 500 établissements ! Une révolution qui concerne quelque 3 millions d’élèves...

L'auteur de l'article clame que "(...) Comme l'ont montré plusieurs études, publiées par l'Institute of Education ou Public Exchange, elles se sont développées avant tout dans les quartiers les plus populaires et produisent des effets positifs sur l'ensemble des écoles adjacentes." Je reste dubitatif. Je ne doute pas une seconde que certaines de ces Free Schools sont des entités scolaires remarquables, mais j'ai pour ma part trouvé dans les compte-rendus anglais plus d'interrogations qu'autre chose. Il faudra encore cinq à dix ans pour espérer tirer un bilan honnête. Le temps de l'école - combien de fois cela a-t-il été dit ! - est un temps long, ce n'est qu'à moyen terme qu'on peut espérer des échos positifs ou négatifs. Les anglais auront au moins eu le culot d'essayer.

On peut simplement se pencher sur les réformes scandinaves. Notre système français est notoirement déresponsabilisant. Pourquoi diable continuer à lutter contre l'adversité quand on ne nous en donne ni les moyens, ni la récompense? Il m'est moi-même arrivé de dire "J'arrête, je ne serai pas payé moins cher." devant les obstacles posés sur ma route pour aider un enfant en difficulté : nombre d'élèves, regard institutionnel hostile, temps, énergie, formation... C'est humain. Et malheureusement très logique dans une organisation aussi pyramidale et sclérosée que la nôtre.

Beaucoup d'autres pays ont fait le choix de l'autonomie de leurs "établissements scolaires". Et si je mets des guillemets c'est bien parce que je ne m'arrête pas à ceux qui en ont officiellement en France la dénomination, soit le collège et le lycée. Encore eux-mêmes ne sont-ils autonomes que superficiellement : leurs choix sont limités, leur autonomie pédagogique reste à construire avec des chefs d'établissement pour certains éloignés du réel et du collectif, etc.

Nous ne devons pas nier l'élan qui bouscule notre vieux pays. Un sondage IFOP récent le rappelait:

* 78 % des Français interrogés se prononcent en faveur d’une plus grande autonomie laissée aux enseignants dans le suivi du programme et leur projet pédagogique;
* 71 % des Français interrogés sont favorables à ce que pouvoir soit donné aux chefs d’établissements de recruter leurs équipes enseignantes.

Les français ont soif de liberté et d'autonomie. Ils veulent avoir le choix de leur avenir, et surtout que leurs enfants aient de meilleures chances qu'eux. Ils veulent remettre en marche un ascenseur social qui a été détruit il y a quarante ans. Il est logique qu'ils fassent plus confiance aux enseignants et aux écoles qu'en un État dont ils ne voient depuis si longtemps que les faillites.... et hélas la corruption. Moi aussi je ressens la même pépie: pouvoir travailler au plus près des besoins des élèves de mon école, pouvoir assister chacun au mieux de ses besoins, les accompagner tous sur la route difficile qu'ils empruntent, sans devoir m'en justifier ni quémander ni paperasser...

Du coup moi je "roule pour le MEDEF".

Je deviens soudain un ennemi de classe. Le MEDEF a récemment fait des propositions pour l'enseignement. Je ne dirai rien de ce qui concerne le secondaire, car en toute honnêteté je ne m'y connais pas assez. Je ne voudrais pas non plus faire de procès d'intention, mais je ne doute pas une seconde que mes lecteurs y suppléeront. En revanche, j'agrée totalement et sans aucune retenue à ce qui est préconisé pour le primaire:

Donner des moyens supplémentaires à l’école primaire autour de trois axes :

Confiance envers les enseignants et autonomie des écoles : 
  • accompagner et soutenir les enseignants du primaire (formation, moyens, etc.) et autonomie de décision et d’organisation aux écoles;
  • Innovations : permettre et financer les innovations, qu’elles soient pédagogiques, organisationnelles, techniques;
  • Personnalisation : mettre l’enfant au centre des démarches et adapter les enseignements à sa situation propre.

Que voudriez-vous que j'ajoute à une telle feuille de route ? Tout le monde a beau brailler depuis des années l'importance du primaire, maternelle ou élémentaire, rien ne se passe sinon des mesurettes vite oubliées ou des "grandes réformes" absolument pas concertées ni efficaces, quand elles sont appliquées. La réforme des rythmes scolaires de Vincent Peillon restera dans les annales comme le prototype de la réforme imbécile. Les bons sentiments font les pavés de l'enfer... Allons, je vais être totalement sincère, cette réforme aura au moins eu le mérite de faire travailler ensemble, dans la plupart des communes, des enseignants et des municipalités qui parfois s'ignoraient, parce qu'il fallait bien le créer, ce PEDT. Un comble d'ailleurs, quand on sait à quel point l'intérêt de l'école et celui des élus est le même. Un comble aussi quand on veut bien se rappeler que nos écoles françaises sont des écoles communales. Mais Monsieur le Maire, pour le Directeur d'école, a souvent été "l'ennemi" au même titre il y a un siècle que Monsieur le curé. Certains en sont restés là, qu'ils s'y endorment avec leurs certitudes d'un autre âge.

Pourtant je ne veux - et je ne suis pas seul - que pouvoir travailler dans la sérénité, sans qu'une quelconque épée de Damoclès soit suspendue au-dessus de ma tête. Que connait mon administration des besoins de mes élèves ?

L'autonomie des écoles françaises reste un modèle à construire, loin des vieilles peurs ou des velléités extrémistes. La nécessité est réelle d'objectifs et de contrôle - le mot "évaluation" m'insupporte - car comme je l'ai déjà écrit l'autonomie n'est pas l'indépendance. Le besoin de faire évoluer la notion "d'équipe pédagogique" aussi est une nécessité, on ne peut concevoir un établissement autonome sans que chacun de ceux qui y travaillent élabore et participe au projet commun. Qui voudrait d'une gouvernance incompétente et aveugle ? Comme le dit le chef de tribu dans "La forêt d'émeraude" de John Boorman : "Si moi chef j'exige d'un homme qu'il fasse ce qu'il ne veut pas faire, alors je ne suis plus le chef !".

Mais nous ne pouvons plus désormais nous contenter d'un strict minimum syndical... L'avenir des enfants qui nous sont confiés est trop important pour en faire un enjeu personnel ou politique.

samedi 20 mai 2017

La classe exceptionnelle des PE, la simulation...

Le texte encadrant la Classe exceptionnelle étant paru récemment, il me semble opportun de rappeler ce que pourraient donner les promotions dès cette année. Effectivement il appartiendra aux Recteurs de faire appliquer le texte lorsqu'il auront reçu quelques précisions supplémentaires dont les chiffres exacts du nombre de promotions possibles. Je suppose qu'en ce qui concerne les PE ce seront les DASEN qui s'y colleront. Techniquement, ces promotions devaient être décidées en fin d'année civile 2017, soit au premier trimestre de la prochaine année scolaire, avec effet rétroactif au 1er septembre 2017. Et n'oublions pas que la liste des promouvables sera soumise à une commission paritaire (les erreurs sont toujours possibles).

Qui cela concerne-t-il ? Voici le texte :

Peuvent être promus au grade de professeur des écoles de classe exceptionnelle, au choix, par voie d'inscription (...), les professeurs des écoles qui (...) ont atteint au moins le 3e échelon de la hors-classe et justifient de 8 années de fonctions accomplies dans des conditions d'exercice difficiles ou sur des fonctions particulières (...).

(...) le nombre de promotions au grade de professeur des écoles de classe exceptionnelle est contingenté dans la limite d'un pourcentage appliqué à l'effectif du corps des professeurs des écoles considérés au 31 août de l'année au titre de laquelle sont prononcées les promotions.

(...) Dans la limite de 20 % du nombre des promotions annuelles (...) peuvent également être promus (...), par voie d'inscription au tableau annuel d'avancement, les professeurs des écoles qui, ayant atteint au moins le 6e échelon de la hors-classe, ont fait preuve d'une valeur professionnelle exceptionnelle au regard de l'ensemble de leur carrière.

Nous avons donc 20% de promouvables au titre d'une "valeur professionnelle exceptionnelle" et 80% au titre des fonctions, dont celle de Directeur d'école.

Il est absolument nécessaire de rappeler qu'il sera nécessaire de postuler! Ce sera un arrêté du ministre qui nous en donnera les modalités.

Combien feront partie des élus ? Malheureusement nous n'avons pas les chiffres pour 2017, la DEPP ne les a pas encore fournis. Le nombre total des PE conditionne par exemple le nombre de promus, puisque le pourcentage de promus pour 2017 a été fixé à 1,43 % du total du corps des PE. Je suis donc contraint de vous fournir une simulation avec les chiffres de 2016 qui ont d'ailleurs servi aux discussions du PPCR avec les syndicats. La voici, et vous pouvez cliquer dessus pour l'agrandir :


Comme vous le constatez, ce ne sont pas moins de 4000 PE qui seront promus au titre des fonctions, soit tout de même 25 % des promouvables, et près de 1000 au titre du parcours soit 80 % des éligibles, donc en tout près de 5000 PE qui quitteront la hors-classe pour la classe exceptionnelle. Je trouve ce chiffre assez remarquable.

Bien entendu les chiffres réels de 2017 ne seront pas les mêmes, mais l'ordre d'idée devrait être similaire.

jeudi 18 mai 2017

Souhaits de bienvenue et PDMQDC...

Le GDiD l'ayant fait ce matin, je ne peux me soustraire à une obligation somme toute agréable, celle de souhaiter la bienvenue à notre nouveau ministre. Je lui ferai d'emblée un compliment, et aussi un reproche.

Tout d'abord nous avons pour une fois - enfin ! - la chance de voir nommé à ce poste important un vrai connaisseur de l'école, qui fut Directeur adjoint du cabinet de Gilles de Robien, recteur, Dgesco sous Chatel. C'est assez exceptionnel de voir à la tête de ce ministère quelqu'un qui en connait les soubassements, les caves et les greniers, comme aussi les défauts de structure. Je me joins au GDiD dans l'espoir de voir prochainement aboutir d'une façon ou d'une autre le dossier des Directeurs d'école.

Mais je peux aussi reprocher à M. Blanquer d'avoir été Directeur de cabinet, recteur, Dgesco... On ne peut pas dire ni écrire qu'il nous ait laissé le meilleur souvenir de ses passages. La fâcheuse période Sarkozy a laissé dans ma mémoire quelques épisodes nauséabonds qui nous ont marqués au fer rouge. Il va falloir à notre ministre un joli talent pour nous convaincre aujourd'hui de sa bonne volonté comme de sa bonne foi. Si j'ajoute une certaine manie "évaluationniste" (et pan dans ton "pédagogisme") chronophage, énergivore, dispendieuse et surtout parfaitement inutile, qu'on veut nous faire passer comme une avancée scientifique majeure, je trouve hélas d'emblée le portrait peu flatteur.

D'autant que les prémices de sa nomination n'augurent pas forcément un avenir radieux. Tiens, ne serait-ce que si je prends le dispositif "Plus de maîtres que de classes." qui a peine débuté devrait se voir éradiqué pour mettre en place l'idée idiote de dédoubler les classes de CP et CE1 dans "les secteurs difficiles" (cet aphorisme me fait toujours rigoler). Il serait séant d'expliquer à Messieurs Macron et Blanquer que si effectivement travailler avec un nombre restreint d'enfants en lecture et en maths est un bienfait, cela n'a pas en revanche beaucoup de sens pour le reste du temps scolaire... Allez faire de l'EPS avec douze gosses, tiens, ce sera certainement passionnant. Une bonne sieste, peut-être... Il serait infiniment plus profitable à l'école d'en laisser les Directeurs gérer un dispositif PDMQDC renforcé, qui pourrait utilement profiter aux élèves d'autres niveaux, et ne dédoubler les classes qu'à certains moments judicieusement choisis par le compétent Directeur d'école.

Ceci d'ailleurs apporte de l'eau à mon moulin: il serait temps que ce ministère et que l’État laisse des Directeurs d'école reconnus gérer ce genre de chose à leur place, sans injonction superflue ni contrôle institutionnel castrateur. Pour cela, bien entendu, il faut de vrais Directeurs chefs de leur établissement, libres d'en répartir au plus grand bénéfice de leurs élèves les moyens adaptés aux conditions territoriales qu'ils connaissent, avec un pilotage administratif léger. Oui, c'est mon laïus habituel, mais c'est pour ça que j'écris ici!

Bref, Monsieur le Ministre, soyez le bienvenu. Mais croyez bien que même si nous avons un certain espoir nous serons pour le moins tout de même attentifs. Car nous avons trop subi pour oublier si facilement...

vendredi 12 mai 2017

Emmanuel Macron, fruit de l'internet ?

Je vais pour une fois sortir de mon laïus habituel sur les Directeurs d'école pour partager avec vous une interrogation qui m'est venue: l'élection d'Emmanuel Macron à la magistrature suprême de notre pays n'est-elle pas le fruit de l'internet?

Nos politiciens habituels sont dépassés par les évènements, et ne comprennent pas ce qui s'est passé. Les médias non plus d'ailleurs. On évoque le rejet des vieilles habitudes, le dégoût de la corruption... mais personne n'évoque le fait que pour la première fois dans notre histoire une élection majeure s'est déroulée sur le réseau.

Nos élus et gouvernants ont tous élaboré leur cursus politique d'une façon simple et fort traditionnelle: grandes écoles qui permettent de se constituer un premier réseau de connaissance et d'influence, emplois subalternes auprès d'anciens chevronnés qui à leur tour introduisent les impétrants dans une nuée de nouvelles relations, etc. Ce système millénaire n'a jamais pu que constituer une caste réduite d'hommes - et quelques femmes - dont le destin était de prendre un jour les rênes du pouvoir.

Emmanuel Macron a suivi ce même cursus. Mais sa jeunesse lui a également permis de prendre à bras-le-corps tout ce que la technique nous a offert ces dernières années comme outils extraordinaires de communication, pour mobiliser à travers tout le pays une armée de petites mains convaincues qu'il est aujourd'hui facile de briefer et d'informer en temps réel. Tout a été mis à contribution: courrier électronique, réseaux sociaux, téléphonie, SMS... de manière totalement maîtrisée.

Il est de même aujourd'hui aisé pour un citoyen lambda de comparer programmes, discours, de regarder la prestation de l'un sur Youtube, les bourdes d'un autre ailleurs, et d'en discuter avec autrui. Parfois sans bienveillance, car les approximations et les mensonges qui autrefois passaient comme une lettre à la poste sont aujourd'hui scrutés, dénoncés, vilipendés. Avec vigueur voire avec colère. La vitesse à laquelle les histoires d'emploi parlementaire fictif et de costume à six mille euros se sont propagées en sont un bon exemple.

Je crois que c'est une démarche différente et nouvelle dont les "ténors" plus âgés de gauche comme de droite n'ont pas su comprendre l'importance, sauf peut-être Jean-Luc Mélenchon qui lui doit à mon sens une bonne partie de son électorat. Nous observons certainement une extinction massive de dinosaures politiques, et l'apparition d'une nouvelle espèce dominante: l'homo communicatus.

L'élection d'Emmanuel Macron comme Président de la République est-elle donc un premier fruit de l'internet? Je le pense. Comme je pense que l'âge de l'intelligence artificielle dans lequel nous sommes récemment entrés n'a pas fini de changer notre perception du monde comme notre façon de vivre.

jeudi 11 mai 2017

Supputations...

Le dirlo s'est bousillé un genou, du coup il est devant son écran au lieu d'être à la piscine avec ses élèves... Bon, ce sont des choses qui arrivent, mais cela fait bizarre, moi qui n'ai pas été absent depuis des années. Ceci écrit, je n'ai jamais pensé que j'étais indispensable, loi de là. Et l'école tourne très bien sans ma présence.

Du coup je faisais ce matin la tournée des Grands Ducs : journaux, magazines, sites web, blogs, Facebook, Twitter... Quel carnaval! A peine sommes-nous - enfin - libérés des agressions, exagérations, aberrations ou "fake news" en tous genres liées aux élections présidentielles que ça suppute à-tout-va sur ce que va faire notre nouveau Président de la République. Bien sûr il avait un programme, une plateforme électorale sur laquelle il a appuyé ses discours et ses réunions publiques, bien sûr il n'a pas changé ses propos d'un iota ni fait non plus de promesse inopinée désastreuse ou idiote (et pour le coup là c'est bien la première fois que je vois ça depuis quarante ans que je vote!), mais néanmoins je rappelle que M. Macron parait avoir fait de la consultation d'autrui son leitmotiv, et qu'il semble vouloir en tirer profit. Nous verrons.

Dans le domaine éducatif, il a des idées qui font jaser. Où va-t-il trouver les milliers d'enseignants nécessaires pour dédoubler les classes de CP et CE1 en REP? Va-t-il les prendre dans le vivier des PDMQDC (Plus De Maîtres Que De Classes) ? Pourquoi alléger les rythmes scolaires, ce n'est pas bien (après avoir braillé depuis des années contre, mais les enseignants ne sont pas à une contradiction près...) ! Etc.

Je rappelle que le premier travail d'un nouveau Président est de nommer un Premier ministre, qui lui-même constitue un gouvernement qui comprend - ô surprise! - un Ministre de l’Éducation nationale. Et que c'est le Ministre qui en accord avec ses chefs définit la politique éducative. Alors à quoi sert-il de supputer, sinon pour faire "du papier", ce que font avec allégresse les médias qui tous à longueur de journée nous racontent les mêmes âneries. Ne pouvons-nous patienter? D'autant que petit-fils d'instit, mari de prof, le Président de la République aura certainement à cœur dans ce domaine de ne pas refaire les erreurs d'un système de gouvernance qu'il a connu et dont il a eu le temps de contempler les velléités malheureuses, en commençant par celles de Vincent Peillon qui avait des idées et ne voulait pas en démordre.

En revanche apparait le terme "autonomie" pour évoquer l'école... Oh, c'est timide, c'est peu explicite. Mais cela réjouit le vieux militant que je suis de l'autonomie de l'école primaire dans ses choix et ses projets. Nous allons peut-être avancer, n'en déplaise aux conservateurs invétérés des syndicats meurtris par la disparition d'une insoumission qui m'aura beaucoup fait rire. Et puis cette autonomie, qui fait pour moi partie d'une reconnaissance du singulier métier de Directeur d'école, fait suite à la création effective de la classe exceptionnelle, dernier acte - avec le changement de l'évaluation des enseignants - de Mme Vallaud-Belkacem que décidément je regretterai quand même.


J'espère grandement que le GDiD va prendre le taureau par les cornes. Je sais que l'association a connu quelques difficultés ces deux dernières années (soucis familiaux, charge de travail accrue, pour ses membres qui tous sont sont bénévoles), mais il est résolument nécessaire de profiter de l'opportunité qui nous est offerte. Je leur fais confiance pour ne pas louper le coche.

lundi 8 mai 2017

La classe exceptionnelle est arrivée !

C'est comme le beaujolais nouveau, mais au printemps... J'avoue qu'avec ces satanées élections présidentielles et son cortège d'insultes venant des extrêmes (ce que j'ai pu me faire dire, c'est pas croyable!), j'avais laissé passer l'info, et c'est le GDiD qui nous en informe ce matin. Ils sont réactifs en ce moment...

La classe exceptionnelle est donc actée, j'étais mauvaise langue moi qui me demandais pas plus tard que samedi si le décret allait ou non être signé rapidement. Finalement il l'a été au dernier carat, soit le 5 mai pour paraître au Journal Officiel le 7. Mais il l'a été, notre ministre et le gouvernement partant ont tenu leur parole, je salue sans ironie le dernier coup d'archet de Mme Vallaud-Belkacem.

Maintenant deux - mauvaises - nouvelles:

1) le ministère malgré la profusion de corps intermédiaires et de fonctionnaires hébétés qui le gèrent, est incapable de dresser une liste des personnels concernés par la mesure; il faudra donc faire acte de candidature si on rentre dans les critères énoncés... et la liste des fonctions concernées! Autant dire qu'il ne faudra pas louper le coche, je vous tiendrai au courant...

2) tous les Directeurs et Directrices d'école hélas ne sont pas concernés; nous le savions évidemment, mais quand même... Les huit années d'exercice de ce métier si bizarre qui sont réclamées pour l'accès à la CE, comme la nécessité d'être à la hors-classe, limitent sérieusement les possibilités. Mais ce pis-aller devrait quand même permettre aux plus âgés d'entre nous d'y accéder en priorité, avant que le vivier s'épuise faute de combattants fatigués. On peut imaginer qu'à terme les conditions d'accès soient élargies, dans quelques années. Mais en attendant...

... il reste du boulot pour une reconnaissance pleine et entière de TOUS les Directeurs d'école.

samedi 6 mai 2017

Le Changement, c'est maintenant...

A la veille de connaître le nom de mon 18ème ministre depuis mon entrée dans le métier (oui, quand même, je me sens un peu vieux, là), ainsi que celui d'un éventuel ministre de la Fonction publique, je ressens le besoin de faire le point. Nous ne savons pas vraiment ce qui va nous tomber dessus, les préoccupations politiciennes ayant pris le pas sur les projets de toute manière absurdes ou inapplicables de ceux qui furent candidats à cette élection présidentielle. Chez nos actuels gouvernants clairement depuis quelques mois un attentisme désabusé semble la règle. Il faut dire que la prévisible déculottée du parti au pouvoir ne pouvait pas soulever leur enthousiasme, et que notre actuelle ministre dont je pense beaucoup de bien va payer cher sa fidélité à sa parole. Dommage, j'aurais bien aimé pour une fois ne pas changer et assurer la continuité de la politique éducative actuelle... C'est un avis personnel, bien entendu, que vous êtes parfaitement libres de ne pas partager.

Ce qui semble se profiler à l'horizon aurait plutôt tendance à me rassurer, dans le sens où j'imagine difficilement notre président putatif faire feu de tout bois pour foutre en l'air ce que nous avons à peine eu le temps de débuter de nos nouveaux programmes, carnets de suivi et livrets, etc. Il y a peu de risque que je fasse imposer godillots, blouse grise et férule...

Néanmoins je ne suis pas enthousiaste. Si je vois plutôt les choses du bon côté en tant qu'enseignant, le Directeur d'école en revanche se sent comme sœur Anne et ne voit pas venir grand chose à part la route qui poudroie et l'herbe qui verdoie. Mais je suis optimiste, pour deux raisons:

1) le travail ininterrompu et régulier du GDiD depuis quinze ans a finalement payé. Aujourd'hui plus personne ne nie la nécessité de rénover la gouvernance des écoles, sauf peut-être quelques ultimes réfractaires dans les rangs des syndicats qui attendent toujours "le grand soir" (il faudra leur expliquer un jour que Lev Davidovitch Bronstein est mort depuis 75 ans). Syndicats réformistes et politiques de tous bords sont désormais conscients que le système de pilotage des écoles est devenu inopérant malgré la bonne volonté des personnels qui en ont la charge - et le mot "charge" est exactement le terme qui convient -.

2) la création de la "classe exceptionnelle" qui traîne un peu - promise pour avril, puis mai, et juin aux dernières nouvelles qui me sont parvenues aux oreilles - pourra difficilement être remise en cause, car elle procède de longues discussions avec les grandes centrales syndicales qui toutes aujourd'hui l'ont actée. Les accords PPCR dans la Fonction publique ont été un remarquable travail de longue haleine et ne seront pas renégociés. Même si cette "classe exceptionnelle" ne concernera que peu d'élus au cours de sa première année d'existence, je rappelle qu'elle a été inventée pour reconnaître l'investissement de plusieurs métiers particuliers de l’Éducation nationale dont prioritairement les Directrices et Directeurs d'école. Bien sûr ce n'est pas la panacée, mais c'est une preuve de bonne volonté...

Notre éventuel statut, je l'ai déjà écrit ici, ne pourra passer que par une redéfinition de celui de l'école. La création d'établissements du premier degré amènera celle d'un statut pour les Directeurs. C'est d'ailleurs aussi ce que pensent les deux alliés syndicaux du GDiD, soit le SE-Unsa et le SGEN-Cfdt. La "refondation" dont Vincent Peillon nous a rebattu les oreilles sera à ce moment-là vraiment effective.

Dans cette optique syndicale, le SE reste pour l'instant en retrait. Christian Chevalier a quitté ses fonctions après huit ans d'investissement et de discussions franches avec le GDiD, je suppose qu'il faut aux nouveaux dirigeants le temps de reprendre les rênes, et la période y est peu propice.

En revanche le SGEN a pris le taureau par les cornes, et investit avec vigueur le terrain de la rénovation de la gouvernance des écoles: ici, et puis , et puis... Je les en remercie, c'est l'heure de pousser à la roue. Car il est clair à mes yeux que si le GDiD doit continuer son travail de lobbying et faire connaître nos positions, c'est désormais sur le plan syndical, face à face avec nos prochains gouvernants, que les choses vont se jouer. Si nous devons obtenir un statut de Directeur d'école, c'est maintenant.

Et j'y crois.

lundi 1 mai 2017

Le GDiD change d'adresse !

Il se passe des choses en ce moment au GDiD. Ménage de printemps ou autre, toujours est-il que les adresses de l'association ont changé. Désormais vous trouverez la page Facebook ici, et puis un nouveau blog fait son apparition que vous trouverez là.

En fin de compte, j'espère que bientôt le travail du GDiD portera ses fruits. Il est clair qu'aujourd'hui ministère comme syndicats sont conscients que la gouvernance des écoles primaires pose problème, le SE comme le SGEN ou d'autres poussent à la roue pour que les choses évoluent, mais pour autant en cette période de changement majeur il serait vain, en dépit des promesses et des projets des uns ou des autres, de conjecturer notre avenir proche.

Espérons seulement que nous ne retournerons pas dans un passé illusoire, ni ne resterons dans notre fange présente.