dimanche 29 juin 2014

Et votre adhésion ?


Le GDiD a été reçu jeudi par M. Hamon, Ministre de l’Éducation nationale. Est-ce par hasard? Non.

Le référentiel-métier des directeurs d'école est sur le billot, il sera actif à la rentrée, et le GDiD en recevra mardi la dernière mouture pour y travailler. Est-ce par hasard? Non.

Le calendrier des mesures pour les directeurs d'école a été confirmé au GDiD par Monsieur le Ministre et son cabinet. Est-ce par hasard? Non.

Depuis treize ans le GDiD se bat pour que notre métier soit reconnu, pour que nous obtenions un statut qui nous permette de travailler à la réussite de nos élèves en toute sérénité et avec les moyens nécessaires. Le GDiD au cours des années a su convaincre plusieurs syndicats et organismes qui sont devenus pour nous des partenaires précieux et sincères. Les membres actifs du GDiD sont tous des directeurs d'école en exercice. Les membres actifs du GDiD sont tous bénévoles, ils ne gagnent rien et n'ont pas de décharge pour ce travail, ils prennent sur leur temps libre pour notre bien à tous. Et ça marche! Nous sommes désormais aux prémices de ce que nous voulons, bientôt le statu quo -qui depuis des décennies est prôné par des syndicats qui veulent ignorer l'importance de notre rôle- sera balayé.

Votre soutien, votre présence, sont nécessaires. Plus nous sommes nombreux plus nous sommes forts. Et puis, monter à Paris pour une réunion au ministère, cela coûte de l'argent. Le GDiD a besoin de votre adhésion ou de votre ré-adhésion. Vous êtes déjà au GDiD, vous pouvez dès maintenant renouveler votre soutien pour l'année 2014-2015. Vous n'êtes pas au GDiD mais finalement vous vous dîtes que ce travail n'est pas vain? Alors adhérez! Cela ne vous coûtera pas grand chose (20 €), mais votre présence et votre cotisation feront le plus grand bien à l'association.

Cela se passe ICI. Et merci d'avance de venir travailler avec nous!

Globof...


samedi 28 juin 2014

Le dirlo n'a rien à dire...


Aujourd'hui le dirlo n'a rien à dire. En revanche, il lui reste encore à faire, ce qui je dois bien l'avouer me devient chaque jour plus compliqué: chacun de mes actes, chacun de mes déplacements adopte ce rythme très original que nous connaissons tous, dit de "la limace", soit une lenteur certaine, l'allure traînante, l'aspect démoralisant du mollusque en général.

La limace ne parle pas -elle n'aurait de toute façon que peu à nous raconter-, mais en ce qui me concerne l'élocution est difficile, les mots se bousculent mais ne retrouvent pas leur ordre originel, je suis proche désormais du baragouin inintelligible. Inutile de me demander un discours compréhensible. Inutile également évidemment de me demander en règle générale de penser, j'ai un mal de chien à aligner deux idées, quand bien même une seule à la fois prend des allures étranges et s'échappe souvent dans des digressions stupéfiantes qui pourraient me faire suspecter de consommation de produits herbacés illicites si j'y étais sujet.

Pour ce qui concerne mon boulot de direction, j'ai eu je crois l'intelligence de boucler à mesure les choses les plus importantes, je suis à peu près tranquille maintenant car le plus gros est fait, et ce qui reste pourra attendre des jours meilleurs, fin août par exemple, quand j'aurai remis un peu d'ordre dans la vacuité presque totale de mon esprit surchauffé. Moi qui en temps normal fonctionne plutôt en mode supra-conducteur, là... euh...

Bon, le problème, ce sont les minots. Ils sont dans le même état que moi, ils n'en peuvent plus de l'école! Ils saturent totalement, sont proches du court-circuit. Alors évidemment ce n'est pas le moment de les lâcher d'une semelle, c'est la période idéale pour les accidents idiots. Je dirige donc le peu d'énergie qui parcoure encore mes neurones vers une surveillance active. Le boulot, en revanche, il n'en est plus question, mes pitchounes et pitchounettes de cinq ans n'ont plus rien qui rentre, autant essayer de discuter avec une motte de beurre. En plus, j'en ai quelques-uns qui fichent le camp pour cette prochaine et dernière semaine, ils s'échappent heureusement vers les bords de mer avec papy et mamy. Tant mieux pour eux, ils ont beaucoup travaillé, beaucoup appris, beaucoup acquis, qu'ils en profitent! Je les embrasse.

C'est même physiquement que je ressens durement cette fin d'année scolaire. Si j'osais je ne mettrais même pas mes lunettes pour me raser chaque matin tant la vision d’apocalypse qui s'inscrit dans le miroir matinal me fiche les jetons. Mais je me couperais de partout, alors je me rase sans vraiment me regarder. L'exercice est possible, j'en ai la preuve chaque jour.

Par chance je dors correctement. Enfin, quand j'écris "je dors"... je m’anéantis plutôt, je sombre dans un zéro absolu. J'adopte certainement aussi la position dite du "crapaud sur la table de dissection", ou du "bébé qui en écrase", poings fermés et membres écartés. Le schéma ci-dessous vous en dira plus:

Je précise que ma libido est totalement inexistante. Heureusement, je ne sais de toute façon pas vraiment ce que donnerait dans mon état un effort dans cette direction. Certainement pas grand chose, du moins pas grand chose de probant. J'ai une épouse compréhensive...

Chers collègues directrices et directeurs d'école, il nous reste encore quelques jours à tenir, mais j'espère peu à faire. J'admire sincèrement et profondément mes collègues du GDiD qui vont dans quelques jours retourner au ministère discuter le bout de gras pour notre avenir, je ne sais pas vraiment où ils trouvent la force de le faire. Je ne l'aurais pour ma part certainement pas. Félicitations messieurs, et surtout merci: vous bossez pour nous tous sans état d'âme ni discrimination, c'est fort appréciable. J'espère que tous vos efforts porteront effectivement leurs premiers fruits dès septembre, avec ce £$%@µ¤ de référentiel-métier que nous attendons avec impatience. Hop! Courage! J'espère vous croiser un jour pour le plaisir de vous payer un coup à boire.

Je ne sais si j'aurai des choses à vous raconter d'ici le 5 juillet. Alors je vous souhaite dès maintenant de bonnes et reposantes vacances d'été. Les miennes le seront forcément, c'est peut-être l'âge mais je n'ai plus vraiment le choix. Des bises à tous.

dimanche 22 juin 2014

Arc-en-ciel...


Alea jacta est...


La menace a payé. Il est regrettable d'avoir dû en arriver là. Pour la première fois de son histoire le GDiD a utilisé pour se faire entendre une arme en général syndicale, celle de la menace de ne pas communiquer aux familles la lettre du ministre aux parents. Cette mesure n'a plus lieu d'être, et la demande de M. Hamon peut aujourd'hui être suivie d'effet car les directeurs d'école ont été entendus.

Le GDiD nous informe sur son site que le ministre nous a enfin donné le calendrier des premières mesures concernant la direction d'école, et respecte donc son engagement de continuer le travail engagé par son prédécesseur. Le référentiel-métier sera bien applicable à la rentrée de septembre 2014!

C'est pour moi bizarre à écrire, mais je dois reconnaître et souligner dans cette histoire l'engagement sincère et honnête du SE-Unsa et en particulier de son secrétaire général Christian Chevalier (avec un seul "L", ne pas confondre avec le musicien), qui avait récemment rendez-vous avec le ministre et a maintenu son discours et ses engagements sur les directeurs d'école. Ce sont des choses qu'on n'oublie pas. Je ne l'oublierai pas, pour moi le protocole de 2006 est cette fois définitivement enterré. Je salue donc, et je donne rendez-vous aux prochaines élections professionnelles.

Concrètement, cela signifie donc que le référentiel-métier est pour septembre prochain, de même que la révision de la formation des nouveaux directeurs et la création d'un tutorat pour les aider à débuter sainement leur mission; en septembre prochain aussi certainement les premières mesures de simplification des tâches, mais le chantier prendra encore du temps; en septembre prochain l'augmentation de l'ISS, dérisoire certes mais c'est déjà un effort vues les conditions budgétaires du moment; en septembre prochain l'exonération totale ou partielle des APC, qui ne sera pas la panacée mais encore une fois il faut un début à tout... etc, etc, vous trouverez le calendrier du GDiD ici.

Les dés sont jetés. Il y a encore du travail. Pour ces débuts le GDiD est de nouveau convié au travail début juillet, et continuera à être associé au chantier complet. Évidemment ce n'est pas le statut tant convoité, mais cette distinction des autres métiers de l'enseignement qu'est le référentiel-métier commence à y ressembler. Le GDiD a toujours souligné qu'avant l' "avoir" il fallait définir l' "être". Ce fut une tactique raisonnable et logique qui aujourd'hui commence à porter ses fruits.

Il faudra aussi inverser la logique ministérielle, qui donne moins à ceux qui déjà ont le moins, et oblige par exemple les directeurs d'école sans décharge à totalement encadrer les APC, ce qui est le comble de l'absurdité. Allons, on peut imaginer que la raison finira par vaincre, raison qui voudrait d'ailleurs que ces APC qui ne servent pas à grand chose soient soit totalement supprimées soit laissées à la disposition des directeurs d'école et gérées par eux pour les besoins de l'école qui ne sont pas toujours ce que le ministère peut imaginer. Espérons.

Enfin il reste le chantier du GRAF, qui demande encore du travail. Tant mieux dans un sens, mieux vaut un grade bien construit qui saura perdurer qu'un bidule ridicule pondu à la va-vite.

Bref, finalement, les vacances qui arrivent s'annoncent meilleures que je le craignais. Je partirai l'esprit plus léger que lorsque j'ai entamé cette année qui me fut personnellement difficile et fatigante. Je suis naze, raide, rectifié, bon à jeter, incapable d'aligner trois mots sans bafouiller, et pourtant je me couche tôt malgré la Copa del Mondo et boucle des nuits de huit heures, mais je me réveille comme si je n'avais pas dormi. J'entame le capital, là... Allez, deux semaines.

lundi 16 juin 2014

Bravo le GDiD !


Le GDiD voit rouge aussi, et appelle à ne pas diffuser la fameuse "lettre aux parents d'élèves" de M Hamon! C'est ici. Bravo!

Monsieur le Ministre,

Les directrices et les directeurs d'école, déçus par le traitement du dossier qui les concerne, ne diffuseront pas votre lettre aux parents sur la réforme des rythmes scolaires jusqu'à ce qu'un calendrier précis programme la mise en œuvre des mesures décidées pour reconnaître notre métier, en commençant par la pierre angulaire de l'édifice soit l'écriture d'un référentiel-métier.

Depuis plus de 13 ans Le GDiD n'a de cesse de faire reconnaître le métier directeur d'école. Présents dans les nombreuses concertations liées à la refondation de l'école nous avions alors pu percevoir à la fois la prise en compte générale de cette réalité, mais également la volonté politique affirmée de vouloir refonder l'école et cela en commençant par le premier degré.

Notre enthousiasme naturel de directeurs d'école, de militants associatifs, de citoyens tout simplement, nous a conduits à participer à de nombreuses réunions en vue de construire cette reconnaissance. A l'issue de négociations M. Vincent PEILLON avait annoncé certaines mesures utiles et surtout un calendrier des textes à venir qui mettait en avant la rédaction du référentiel métier, ce qui pour nous était enfin l'expression de la reconnaissance de la spécificité et de notre métier.

Ce texte qui doit préciser nos missions, mais surtout l'encadrement de ces missions, s'appuiera nous l'espérons sur l'expertise des directrices et directeurs d'écoles qui au travers de nos d'instances associatives et syndicales font remonter la réalité de leur activité.

Aujourd'hui il semblerait que ce texte fondamental ne soit plus la priorité et que le ministère cherche en premier lieu à travailler sur la simplification des tâches. S'il est vrai qu'aujourd'hui les directrices et directeurs d'école ont besoin de temps, d'outils de simplification, ont besoin de confiance, il nous paraît préoccupant de travailler sur les tâches avant d'avoir réglé le cadre des missions. Il serait dommage et dommageable de ne pas s'interroger sur le fond si l'on cherche à améliorer la forme.

L'investissement sans limite qu'a eu, qu'a et qu'aura notre association ne peut qu'être lié au sens logique que nous imaginons pour cette évolution:
-un référentiel métier clair
-un cadre légal dans lequel exercer
-une perspective de développement professionnel
-un temps de travail qui tient compte des trois éléments précédents.

Le groupe premier des discussions pour donner la priorité au primaire était celui qui concernait les directeurs d'école. L'année scolaire s'achève sans qu'aucune des mesures obtenues pour les directeurs ne soit rentrée dans sa phase opérationnelle et cela nous inquiète. La déception risque d'être profonde et le GDiD risque de payer cher son investissement dans l'élaboration des fiches techniques qui devaient « pleinement reconnaître le métier de directeur d'école » .

Monsieur le Ministre, les mots que vous adressez aux directeurs d'école dans votre lettre aux enseignants pourraient nous rassurer :
« Je veux enfin remercier les directeurs pour leur engagement dans le fonctionnement de chaque école, dans l'animation des équipes pédagogiques et dans la relation avec les parents. Sans eux, la nouvelle organisation du temps scolaire ne pourra pas se mettre en place dans de bonnes conditions. »

En effet, comme toujours, les directeurs étaient au rendez-vous de ce changement. Ils n'ont ménagé ni leurs temps ni leur énergie.

Vous l'aurez compris, M. le ministre, nous sommes dans l'attente de la confirmation du calendrier concernant ces différents points évoqués. Nous ne saurions terminer l'année scolaire sans communiquer à toutes les directrices et directeurs d'école de ce pays l'état d'avancement de ce dossier, l'organisation de la rentrée scolaire ne pourra se faire sereinement sans ces informations.

Le temps presse, Monsieur le Ministre, c'est maintenant que nous attendons une réponse. En ces moments pour nous d'intense activité, le ressentiment et la désillusion grandissent chez les directrices et directeurs d'école. Le GDiD leur demande donc de ne pas pour l'instant transmettre aux familles la lettre dont vous nous avez chargés de la communication.

Une audience de notre association serait bienvenue pour que nous puissions vous présenter, Monsieur le Ministre, la situation des directrices et directeurs d'école et leur grande motivation malgré une lassitude qui ne cesse de croitre.

Dans l'attente de votre réponse, en espérant que notre demande pourra être prise en considération, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Ministre de l'Éducation nationale, l'expression de notre très haute considération.

Pour le GDID son président.

Alain REI.

dimanche 15 juin 2014

Mémé dans les orties...


Notre nouveau ministre de l’Éducation nationale avait promis au GDiD qu'il respecterait le calendrier élaboré par son prédécesseur pour ce qui concerne l'évolution nécessaire du métier de directeur d'école.

Ce n'est pas le cas. Le travail de fond du GDiD semble avoir été vain puisqu'au lieu de nous sortir enfin le "référentiel-métier" qui était sur le billot et sur lequel le GDiD a longuement travaillé, voilà que le ministère semble -à la demande de la FSU et des syndicats non-réformistes- s'orienter vers une simplification des tâches.

Certes elle est peut-être nécessaire. Mais "alléger" quelque chose qui n'est pas défini, voilà qui parait curieux, et certainement léger. Le ministre veut-il donner des gages à la FSU avant les élections professionnelles? Car il faut être clair: d'une région à l'autre, d'une commune à l'autre, d'une circonscription à l'autre la mission des directeurs d'école varie en responsabilité, en charges, en temps, au gré des lubies d'un DASEN ou d'un IEN. Aucun directeur d'école ne sait précisément ce qu'il doit faire ou ne pas faire en dehors de ses devoirs de base comme la tenue du registre-matricule et de deux ou trois autres billevesées. C'était pour cela que le référentiel était nécessaire. Alors que va donc "simplifier" notre ministre? Nous enlever des tâches inexistantes pour certains d'entre nous? Ce qui signifierait concrètement qu'il nous en ajouterait quelques-unes... Ce n'est pas sérieux, c'est ridicule.

Ce qui motive aussi ma colère, c'est le peu de considération que montre M. Hamon pour le travail effectué par le GDiD, qui a été convié à de nombreuses séances de travail par l'équipe de M. Peillon. Enfin on allait savoir ce que signifie être directeur d'école! Plouf! A l'eau!

Pour parfaire le tout, voilà que M. Hamon nous écrit: « Je veux enfin remercier les directeurs pour leur engagement dans le fonctionnement de chaque école, dans l’animation des équipes pédagogiques et dans la relation avec les parents.
 Sans eux, la nouvelle organisation du temps scolaire ne pourra pas se mettre en place dans de bonnes conditions. »



Ben voyons. Cela s'appelle pousser mémé dans les orties. Des remerciements, cela ne coûte pas cher, cela n'engage à rien. Mais cela surtout ressemble furieusement à une fin de non-recevoir. Circulez, y'a rien à voir! J'irai même jusqu'à dire que si ce n'est de la provocation, c'est au moins d'une telle ironie que je ne peux pas y voir une maladresse mais une volonté de mettre un point final aux revendications des directeurs d'école.

Dans ces conditions, je ne marche pas. Le temps est peut-être venu de mettre les points sur les i. Les directeurs d'école de notre pays, Monsieur le Ministre, font tourner la machine. Elle est facile à gripper. Voulez-vous donc déclencher une grève des directeurs d'école? J'y suis prêt, parce que j'en ai marre qu'on se foute de ma poire. On me balade depuis 2012, stop j'arrête les dégâts. Attendez-vous déjà à ce que votre fameuse lettre aux familles reste dans les classeurs virtuels de ma boîte de courriel.

mercredi 11 juin 2014

Les boulets...


Dans un article récent de L'Express.fr sur l’Éducation nationale et son récent ministre, Caroline Missir s'interrogeait "sur la capacité de ce ministère à produire du consensus, et à se défaire des pesanteurs de toutes sortes, administratives, syndicales ou politiques."

Mme Missir est bien gentille lorsqu'elle parle de "pesanteurs". Ce sont de véritables boulets, attachés avec force chaînes aux pieds de l’Éducation nationale, qui en entravent la marche. Au point qu'on peut légitimement aujourd'hui se demander s'il sera un jour possible de repartir de l'avant.

Les boulets administratifs sont la pléthore d'organes, bureaux, directions et conseils divers qui prétendent tous mener la danse sans connaître la cadence. Ces braves gens qui ne veulent que le bien d'autrui sont fort éloignés des préoccupations réelles du terrain, quand ils les ont seulement un jour connues. Pire, tous ces gens là imbus de leur compétence méprisent les autres et n'ont de cesse de se tirer dans les pattes, jusqu'à une mort virtuelle qui fait de nombreuses victimes: Bruno Julliard, Jean-Paul Delahaye, Alain Boissinot... Nous sommes au nirvana de la gestion sociale-démocrate d'un État, quand seul l'immobilisme et le statu-quo restent possibles. On ne peut pas dire que M. Hamon ait la tâche facile, mais on peut supposer également que de toute façon c'est son propre CV qui motive notre ministre, car que serait une carrière politique sans l'ombre d'un portefeuille ministériel? Bref, dans un tel contexte, pour espérer une nouveauté il faut avoir l'optimisme chevillé au corps.

Les boulets syndicaux sont bien connus, je n'ai de cesse ici de les dénoncer. Pour deux centrales réformatrices comme le SE ou le SGEN qui ne peuvent se satisfaire de la déliquescence du système, nous avons un SNUipp qui tente maladroitement quelques entrechats, et des syndicats que je préfère m'abstenir de nommer, arc-boutés sur un "non" définitif et péremptoire quoi qu'on leur propose, décidés à rester dans le refus total de tout tant ils n'ont rien à proposer sinon la conservation de leurs privilèges et la conservation de leurs illusions post-communistes. Je n'évoque bien entendu ici que les syndicats du primaire, ceux du secondaire vivant dans un monde fantasmé et ignorant superbement ce qui peut bien se passer dans le bas-monde des écoles.

Les boulets politiques sont ceux des illusions, du bien-être collectif imposé, de la bien-pensance programmée, de la morale janséniste étriquée, qui se heurtent quotidiennement à la réalité. Nos gouvernants s'étonnent d'être si peu considérés, alors qu'ils ne savent que faire l'inverse de ce qu'ils devraient faire, avec en plus une lenteur exaspérante ponctuée de discours sans queue ni tête. Nous avons élu à la tête de l’État un petit fonctionnaire, nous réglons aujourd'hui la facture. Mais les autres n'auraient pas fait mieux, n'ont auparavant pas fait mieux. Et puis toutes ces petites gens sont enlisées dans leurs ambitions démesurées, leur volonté exacerbée de pouvoir, leur besoin de forniquer à droite et à gauche sans mesure comme de compléter leur fortune personnelle à grands coups de fausses factures et de piochages dans les caisses. Bref, encore une fois je l'écris, la 5ème république a vécu, elle vit ses derniers instants dans une agonie douloureuse dont chaque français paye le prix.

C'est évidemment sur le terrain que nous autres enseignants subissons les contrecoups de l'enchaînement du néant. Notre école reste absurde, et malgré tous nos efforts pour épargner nos élèves elle reste aussi voire devient chaque jour plus porteuse d’inéquité. Depuis des lustres nos gouvernements successifs proclament lutter contre ce qu'ils appellent "l'inégalité" à grand renfort de discours enflammés qui pour nous se traduisent par plus de boulot encore plus de boulot toujours plus de boulot. Pour un résultat toujours plus négatif aussi. C'est fou à quel point une administratisation plus poussée peut produire l'effet inverse de ce qu'elle est sensée faire!

Un collègue directeur d'école vient sur Facebook de faire le compte des pages inutiles qu'il a à remplir pour ses CM2 (et pour le bien-être de ses élèves si on en croit la pyramide institutionnelle), c'est édifiant. Je le cite:

Résumons : 
LPC 8 pages
B2i 2 pages
APS 1 page
APER 1 page
Natation 1 page
Niveau A1 2 pages
Soit un total de 15 pages par minot x 33 gamins = 495 pages J'espère que nos syndicats vont militer pour une brouette de fonction...

Tout ça, comme le rappelle une collègue dans les commentaires, pour "finir dans la poubelle du collège". C'est-y pas mignon? Et M. L*** n'évoque pas le pur bonheur que fut pour lui de remplir Affelnet pour le passage en 6ème de ses minots, longues heures évanouies au plus grand profit de principaux de collège équipés eux d'un secrétariat, longues heures perdues quand on sait que les principaux de toute façon n'en ont rien à taper et n'auront de cesse de mettre en doute le professionnalisme des directeurs du primaire (j'ai des exemples précis de ce rapport à Affelnet, je les garde sous le coude pour ne gêner personne).

Que de temps perdu...Que d'énergie gâchée... Que d'efforts inutiles... Nos élèves ne méritent pas ça, nous préfèrerions tous, directeurs ou enseignants, pouvoir consacrer plus à leur réussite. Mais comment faire? Ce ne sont plus des bâtons que tous nous mettent dans les roues, ce sont des troncs d'arbres! Et en plus ils s'entretuent. Allons Mesdames, Messieurs, un peu de tenue! Je vous rappelle que douze millions d'élèves et huit cent mille enseignants espèrent un peu plus que vous en l'avenir de l'école, qui reste pour chacun le moyen de s'élever, de gagner sa vie, de devenir un citoyen responsable. Si vous regrettez les bulletins qu'aujourd'hui les français mettent dans les urnes, c'est à vous-mêmes que vous devez le reprocher. Alors allez-y, réformez l'école, n'attendez ni espérez aucune reconnaissance, faites-le pour le bien public et celui de la Nation, l'histoire saura vous le reconnaître. Et commencez donc par les directeurs d'école, tiens, laissez-les donc choisir ce qui convient le mieux à leur école et surtout à leurs élèves, dont nous n'avons en tête concrètement qu'une chose: leur réussite scolaire et leur avenir d'adulte. Que nous aimions nos élèves devrait-il tant vous étonner?

mercredi 4 juin 2014

Tombés au champ d'honneur...


C'est l'hécatombe.

Parmi les chiffres que nous communique annuellement le ministère de l’Éducation nationale, il y en a un que nous n'aurons jamais, c'est celui du taux de renouvellement des directions d'école. Combien de directrices, de directeurs, abandonnent chaque année leur mission? Considérés comme des sous-fifres gestionnaires par notre administration qui n'a aucune idée de l'importance de notre rôle, nous sommes également semble-t-il facilement remplaçables, il y aura toujours un tâcheron qu'on mettra à notre place, contraint et forcé si nécessaire.

Je ne vois autour de moi en ce moment, période de "mouvement" (soit le choix que les enseignants peuvent faire de travailler dans telle ou telle école), que départs plus ou moins volontaires. Une multitude de départs! A un point que rarement je pense je n'avais observé. Pour plusieurs raisons.

D'abord les départs en retraite, dont je sais -j'en ai déjà parlé ici- qu'ils vont se multiplier ces deux ou trois prochaines années. Les conditions de retraite se sont durcies au point que de nombreux collègues, pour ne pas subir une décote énorme, ont repoussé la leur de plusieurs années. Entre 2003 et 2013 l'effet en a été phénoménal. Et cela se paye aujourd'hui. Je leur souhaite une retraite longue et heureuse. Mais ne nous leurrons pas; quand un vieil enseignant s'en va, quand un vieux directeur quitte sa direction, c'est une perte gigantesque d'expérience pour notre profession. On sait les effets dévastateurs que cela a eu dans les entreprises il y a une trentaine d'années quand celles-ci ont commencé à licencier leurs employés les plus anciens qui leur coûtaient disaient-elles trop cher, avant de réaliser que c'était la culture d'entreprise et une expérience irremplaçable qui fichaient le camp. Cela aura le même effet dans l'éducation, et nous n'allons pas tarder à en payer le prix. Le ministère du moins, moi je m'en fous. Mais quand on a comme moi passé trente-cinq ans dans le métier et qu'on aime l'école publique, l'idée fait mal quand même.

Il y a ensuite ceux qui prennent la fuite. En ce moment les mauvaises nouvelles tombent comme feuilles en automne. Ils sont nombreux les collègues estimables dégoûtés qui préfèrent se replier dans d'autres sphères, redeviennent adjoints -plus de bureau, plus d'injonctions idiotes, plus d'Affelnet ou de d'' "Arc-en-ciel", plus de paperasse, que les gosses!- ou embrayent sur d'autres missions mieux considérées en passant par exemple les concours internes de "chef d'établissement", ou partent enseigner au collège ou en SEGPA. C'est souvent à la suite d'une histoire déplorable qu'ils préfèrent abandonner, quand leur intégrité ou leur responsabilité a été mise en doute par leur propre administration, leur municipalité, leur soi-disant "équipe", ou encore des parents d'élèves qui depuis qu'ils sont entrés dans les écoles en 1977 -année de création des Conseil d'école- y ont peu à peu pris le pouvoir pour y faire entrer leurs diverses idéologies, part-pris, obsessions, égoïsmes...  L'enfant est devenu le centre de la vie familiale, tout doit lui être soumis, y compris les structures sociales. C'est la voix de l'enfant qui est prise en compte, y compris par l’État, et les familles sont prêtes à tous les bras de fer avec l'école jusqu'à obtenir gain de cause contre des directeurs et des enseignants que l'institution méprise et refuse de soutenir, souvent par lâcheté. Et quand ce n'est pas le fonctionnaire lui-même qui pour sa santé morale et physique préfère s'échapper, c'est l’État qui se charge d'abattre l'élément qui trouble sa longue sieste, comme il a pu le faire pour Jacques Risso que les rodomontades syndicales, si elles lui ont soutenu le moral, n'ont finalement pas aidé du tout puisqu'il a pris tous les coups au point d'avoir été démis de ses fonctions et viré de son école. Triste constat que ces départs, ces fuites au sens propre du terme, car qui directrice ou directeur pourrait se targuer d'être à l'abri de la moindre agression -institutionnelle, parentale, municipale...-, jusqu'à l'agression physique?

Quand les directeurs d'école ne partent pas suite à une injuste remise en cause, c'est le dégoût qui les fait abandonner leur pourtant si belle mission. Dégoût face à une administration qui malgré les beaux discours n'a pas changé d'un iota la charge de travail: paperasserie diverse et inutile qui double tableaux multiples et redondants à remplir "en ligne", courriels continuels et comminatoires, injonctions et menaces, surveillance policière, qui s'ajoute à une charge de travail local de gestion d'école qui a cru de façon exponentielle avec l'arrivée des PEDT et des "nouveaux" rythmes scolaires, et qui s'ajoute aussi pour la plupart des directeurs d'école à la charge d'une classe, souvent à plein temps. Comment ne pas jeter l'éponge? Avec l'âge, avec l'expérience, on peut parfois s'en sortir -pas par le haut-, en se concentrant sur l'essentiel. Mais payés et considérés comme le sont les directeurs d'école, je comprends qu'on préfère foutre le camp. Pour moi que de regrets! Pour ceux qui partent, comme pour l'expérience qui disparait.

J'entends le ministre qui nous parle de "lutter contre les inégalités sociales à l'école"... J'entends tous ceux qui par conviction ou par intérêt nous vantent les mérites du "numérique" à l'école... Mais qui va encadrer et organiser cette "lutte", gérer, entretenir ces fameux ordinateurs en espérant avoir un minimum de formation? Qui va devoir ajouter tout ça à la somme inflationniste de ses devoirs? Sans être reconnu, sans seulement avoir un statut, sans être honnêtement rémunéré, sans seulement exister administrativement, institutionnellement, juridiquement...

Les directeurs d'école sont au bout du rouleau. Merci à tous ceux qui ont tenu jusque là, merci à tous ceux qui aujourd'hui tombent au champ d'honneur. Moi je ne vous oublierai pas.

dimanche 1 juin 2014

Ceux qui marchent sur la tête...


Je suis un peu en colère ce matin après mon tour quotidien sur l'internet des articles qui concernent le métier d'enseignant. On nous ressort en ce moment un certain nombre de vieilles barbes qui s'ils ne sont pas en retraite n'ont de toute façon pas vu un enfant depuis des lustres.

http://vidberg.blog.lemonde.fr/

Et les pseudo-querelles reprennent de plus belle entre anti et"pédagogistes", avec les tenants du numérique à tout crin qui veulent abandonner l'écriture manuscrite et ceux qui restent conscients de l'importance du corps dans les acquisitions, avec... On nous ressort des histoires d'école bienveillante, d'abandon de la notation, de... Ras-le-bol!

Ras-le-bol parce que ce dont l'école a besoin n'est pas d'être assistée par des barbons enlisés dans leurs obsessions ou des médecins de Molière, ni de conseils plus ou moins avisés sur les méthodes d'enseignement, mais de mesures techniques concrètes et immédiates. Ce dont l'école a besoin c'est qu'on mette fin à la centralisation excessive et jacobine d'un système hérité de la IIIème république. Ce dont l'école a besoin c'est que les fonctionnements du ministère soient pulvérisés pour donner enfin aux agents de terrain la confiance et l'autonomie qui leurs sont nécessaires pour travailler correctement à la réussite de leurs élèves. Ce dont l'école a besoin c'est que la pyramide institutionnelle de l’Éducation nationale soit rasée pour faire place à une relation directe entre le ministère et les enseignants. Ce dont l'école a besoin c'est de directeurs statutaires aux compétences enfin reconnues, celles qu'ils exercent déjà mais que leur pléthorique administration s'ingénie à nier pour mieux les contrarier et continuer à enliser chaque jour un peu plus la machine. Ce dont l'école a besoin c'est de décideurs locaux aptes à appréhender immédiatement chaque question et chaque problème, et à y réagir et répondre sans délai. Ce dont l'école a besoin c'est qu'on la laisse travailler sereinement à la réussite des élèves sans contrainte absurde chronophage et énergivore venue d'on ne sait où et on ne sait qui. Ce dont l'école a besoin c'est que son organisation soit décidée localement au sein d'équipes coachées par des directeurs d'autant plus responsables qu'ils sont déjà les premiers garants de l'efficacité de leur école. Ce dont l'école a besoin, c'est qu'on lui fasse confiance, bon sang!

Combien d'entre nous nous ingénions quotidiennement à imaginer des solutions aux problèmes qui nous arrivent inopinément? Tous, ou presque. Combien d'entre nous avons réussi au cours du temps à construire des relation sereines et confiantes avec notre municipalité? Tous, ou quasiment. Combien d'entre nous faisons le maximum en permanence pour que CHACUN de nos élèves se sente bien dans son école et y réussisse? Tous, certainement. Alors d'où viennent les obstacles, d'où viennent les atermoiements, d'où viennent les erreurs, les changements de cap, les changements de calendrier permanents, les réunions inutiles à des heures où nous aurions des questions plus importantes à traiter? Alors d'où viennent toutes ces contraintes administratives et policières qui contrarient le bon fonctionnement de l'école? D'où vient -qui en est la première cause?- l'image désastreuse de l'école dans l'opinion publique et les médias, alors que nombre de familles viennent chaque jour nous serrer la main en souriant avec confiance et tranquillité?

Il est largement temps que s'accélère le mouvement de reconnaissance des directrices et directeurs des écoles publiques de France. Le référentiel-métier, c'est tout de suite! Pas dans six mois, c'est aujourd'hui que nous commençons la préparation de la rentrée de septembre prochain. Et pour le reste... c'est pour quand? Nous ne sommes plus dans le besoin, nous sommes dans l'urgence, avant l'effondrement définitif.