samedi 29 mars 2014

Il n'y a pire sourd...


Je ne peux pas écrire un article dans lequel se trouve le sigle GDiD sans qu'aussitôt quelques gilets colorés et autres dindons à la couleur indéfinissable tombent sur l'association en question pour réclamer des têtes et menacer de la quitter... C'est ce qui se passe actuellement avec mon dernier billet qui a été repris sur le site du GDiD, et sur sa page Facebook. Je me fais donc l'ineffable plaisir de rappeler, comme je l'ai déjà pourtant fait ici mais certains ont la mémoire courte, que je ne suis inféodé à rien ni à personne, que j'ai l'esprit et la parole libres, et que je compte bien continuer à faire activement tourner le premier et fonctionner la seconde. Je suis membre du GDiD à titre personnel, mais l'association en question n'a rien à voir avec moi ni avec mes propos ni avec mes idées ni avec quoi que ce soit d'autre ici sur ce blog. Voilàààà... c'est clair maintenant? J'écris ça, moi, pour le confort des uns comme des autres, n'est-ce pas, tant il apparait qu'à notre époque il est de plus en plus difficile dans ce pays de ne pas avoir les mêmes idées stupides qu'autrui. Penser par soi-même est devenu un crime de lèse-bien-pensance. Vous me direz, c'était déjà le cas avant, avec un monde syndical enseignant particulièrement versé dans les procès d'opinion, mais aujourd'hui il me semble que nous sommes clairement tombés dans une farce assez ahurissante mais désagréable peuplée de volatiles divers à la puissance de pensée gallinacée... Cette explication était donc nécessaire.

Pas compris? Trop littéraire? Bon... disons-le autrement: GDiD et Confort Intellectuel pas pareil, non. GDiD bon, Confort Intellectuel méchant. Mais méchant réjoui.

Le GDiD va-t-il devoir tout recommencer?


Au petit jeu des conjectures quant aux suites qui seront données aux élections municipales, les directeurs d'école risquent bien d'être largement perdants.

Effectivement, de nombreux journaux et analystes donnent partant le présent Ministre de l’Éducation nationale. Largement contesté depuis un an en raison des nouveaux rythmes scolaires, devenu la tête de turc des politiques de "droite" comme des syndicats extrémistes, M. Peillon dont le moins qu'on peut penser est qu'il doit être franchement fatigué risque fort de faire les frais de la totale perte de crédibilité du premier Ministre et de Président de la République.

Le Figaro rapportait ainsi dernièrement:

"Des cartons ont déjà été commandés rue de Grenelle, les rumeurs de remaniement concernant Vincent Peillon se faisant pressantes. «L'atmosphère est électrique. On sent la fin de règne. Le dossier mal ficelé des rythmes scolaires et celui des classes préparatoires n'ont pas aidé le ministre», pronostique un haut fonctionnaire, habitué de la maison."

"Alexandre Siné devrait rejoindre son corps d'origine, l'Inspection des Finances, et Jean-Paul Delahaye a déjà annoncé son départ. Bernard Lejeune, le directeur adjoint de cabinet aurait aussi trouvé une porte de sortie. Au ministère de l'éducation, les fonctionnaires tentent de deviner qui pourrait succéder à Vincent Peillon. Tour à tour, on a entendu parler de Benoît Hamon, de Bertrand Delanoë et surtout dernièrement de Ségolène Royal, à la tête d'un grand ministère regroupant l'éducation, l'enseignement supérieur, la recherche et la culture..."

Cet éventuel départ ne ferait pas les affaires du GDiD. Depuis deux ans l'association se décarcasse pour enfin faire sortir le dossier de la direction d'école du néant dans lequel il s'enlisait. Avec succès! Jamais depuis les années 80 -et l'abandon du décret des "maîtres-directeurs"- les directeurs d'école n'avait été aussi près d'obtenir sinon un statut clair mais au moins les prémices d'une reconnaissance institutionnelle et des difficultés de leur mission. Cela n'a pas été sans mal, le GDiD ayant depuis 2012 accumulé nombre de réunions, consultations, rencontres plus ou moins formelles... avec un cabinet ministériel aujourd'hui aux abois et en lutte féroce avec la DGESCO:

"Le 18 février, Jean-Paul Delahaye, directeur général de l'enseignement scolaire s'étonnait de la tonalité d'une séance de travail pilotée par le directeur de cabinet, Alexandre Siné qui semble s'être mis à dos l'ensemble de ses collaborateurs. «Ci-dessous le compte rendu que me font mes collaborateurs de la séance de travail que tu as tenue. J'y observe une fois de plus l'élégance de tes propos à mon égard quand je ne suis pas là. Il se trouve qu'aujourd'hui j'ai vu une équipe à Nantes qui fait un travail formidable avec ce dispositif et qui remercie chaleureusement le ministre. Je n'ai pas eu le sentiment qu'ils me prenaient pour un amateur. Je vais te faire un immense plaisir, j'ai annoncé au ministre que je ne veux plus travailler dans une telle ambiance et que je vais partir».
Le 19 février, Jean-Paul Delahaye envoyait son mail à l'ensemble du cabinet. «À plusieurs reprises ces dernières semaines, des collaborateurs de la direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO) ont été pris à partie lors de réunions se déroulant hors de ma présence par le directeur de cabinet du ministre. Ils ont été l'objet d'accusations en «amateurisme», en «incompétence», la DGESCO ne serait «pas dirigée», les dispositifs voulus par le ministre ne seraient pas «pilotés», nos textes seraient «indigents», etc. Ces mises en cause ont profondément touché des fonctionnaires exemplaires et fortement investis dans leurs missions. En tant que directeur général je me dois de protéger les personnels de la DGESCO. C'est pourquoi, plus personne de la DGESCO ne participera à des réunions présidées par le directeur de cabinet hors de ma présence. C'est une décision qui prend effet immédiatement.»
Les protagonistes de cette affaire sont d'ores et déjà sur le départ."

Tout le travail du GDiD va-t-il être jeté aux orties? Les textes promis par M. Peillon sont parait-il prêts, les propositions définies. Mais en cas de départ du Ministre que fera son successeur? Se risquera-t-il à prendre à sa charge ce qui a pourtant demandé une longue gestation? En ce sens, on pourrait a posteriori reprocher à M. Peillon d'avoir beaucoup traîné sur la question des directeurs d'école, lui qui dès la consultation de l'été 2012 avait déclaré qu'il n'y pourrait rien faire. Si les textes étaient sortis à l'heure il ne serait actuellement pas besoin de se poser la question de ce qu'ils vont devenir.

Si l'éventuel nouveau Ministre de l’Éducation nationale prend en compte le travail déjà longuement élaboré et discuté, alors on pourra avoir l'espoir d'une première reconnaissance. Et le GDiD n'aura pas longuement et difficilement travaillé pour rien. Mais si le successeur de M. Peillon décide de surtout ne rien décider -on a connu deux fois le cas avec Jack Lang comme Ministre-, alors il faudra peut-être tout recommencer, de nouveau s'échiner à convaincre, multiplier nouvelles rencontres et nouvelles réunions... alors que sur le fond tout le monde est d'accord pour dire que le dossier de la direction d'école ne peut pas rester en l'état!

Il restera tout de même dans toute cette affaire et après ces deux années de labeur deux points largement positifs: le GDiD marche désormais main dans la main avec les deux grands syndicats du primaire que sont le SGEN-CFDT et le SE-UNSA, du moins sur la question de la direction d'école; les démarches effectuées depuis deux ans montrent largement le consensus autour de la nécessité de changer le leadership des écoles.

Alors? Alors attendons lundi, ou mardi, pour savoir à quelle sauce nous allons être mangés. Mais je ne suis pas foncièrement optimiste.

dimanche 23 mars 2014

Télégramme...


Salut vieille branche. STOP. Ici c'est le néant. STOP. Pas de nouvelle de quoi que ce soit. STOP. État de la France zéro. STOP. Statut des directeurs d'école zéro. STOP. Trois causes. STOP. Première cause élections alors pays bloqué. STOP. Deuxième cause Peillon sur la corde raide. STOP. Troisième cause lutte à mort cabinet du ministre contre DGESCO. STOP. Bref on est bien dans la merde. STOP. Manquerait plus que Royal au ministère pour couler le bateau définitivement. STOP. Courage! STOP.

mercredi 19 mars 2014

Le dirlo est sur un nuage...


Le titre de mon billet m'amuse (oui, il m'en faut peu). Parce que je veux signifier par là, dit plus vulgairement, que j'ai la tête dans le [...].

Entre ESS (équipe de suivi de scolarisation), réunions de l'équipe éducative, réunions sur tout et n'importe quoi institutionnelle ou scolaire ou municipale ou je ne sais quoi d'autre, la classe la classe la classe et encore la classe avec mes trente morveux, la direction d'école que plus ça va plus j'ai envie de jeter ça par-dessus l'épaule... et je ne cause pas des désopilantes animations pédagogiques dans lesquelles à mon âge je me demande vraiment ce que j'y fais j'en avais une ce matin franchement...

Bref, je suis sur un nuage, je préfère cette image-là autrement plus réjouissante que celle de ma tête [...].

En ce moment, la direction d'école ma parait une totale absurdité. Je ne suis pas inconscient, je sais pertinemment que si mon école "roule toute seule" c'est bien parce que depuis des années j'ai fait ce qu'il fallait pour. Mais quand même. La médiocrité ahurissante de ma situation de directeur d'école face aux tâches qui sont les miennes me font largement hésiter entre effondrement larmoyant ou hilarité sans retenue.

Du coup, je le dis sans honte, ma mission de direction d'école, ben en ce moment je m'en tape comme de l'an 40. J'assure le nécessaire, je prépare les mois qui viennent avec leur cortège de réjouissances (admissions, passages, livrets, fin d'année...), mais sans aucun enthousiasme ni aucun investissement énergétique ou autre. Concrètement, le système est tel que mon dégoût de la considération qui est portée à mon travail comme à propre personne font que je vis sur mes acquis et me désintéresse totalement de tout.

Merci l’Éducation nationale. Quand je pense à mon investissement ces dernières années, je commence sérieusement à considérer que je devais être un peu con, quand même, d'en faire autant.

C'est quand le mouvement? Quoique... J'ai une bonne école, peinarde, une super collègue pour encore un an (elle va prendre sa retraite, elle peut, elle le fait, elle a raison, je l'envie), une Mairie sympa, des parents vachement agréables, des gosses... ben des gosses, quoi, ils sont mignons, chiants parfois mais mignons, et puis ces sourires... Bon, d'accord, y'a du handicap à gérer, moi qui ai toujours tout fait depuis plusieurs décennies pour l'accueillir sans sourciller et même par conviction, j'aurais tendance aujourd'hui à penser que la façon dont notre institution gère ce qu'elle considère pour nous comme un "allègement de charge" du fait de la gestion par la MDPH n'a concrètement que largement allourdi notre bât. Ouais, ce qu'en j'en dis...

Bon, je fais quoi? Je laisse tout à vau-l'eau jusqu'à la retraite?

dimanche 16 mars 2014

Calculez votre indemnité GIPA 2014...


Un collègue que je remercie m'a envoyé un petit fichier Excel destiné au calcul de l'indemnité de Garantie Individuelle du Pouvoir d'Achat pour 2014. Quand sera--elle versée? Aaaah là, c'est un mystère... Mais faites le calcul, cela vous remontera peut-être un petit coup le moral en ce dimanche ensoleillé! ... ou le fera s'effondrer, c'est selon.

Inscrivez simplement dans la feuille votre indice au 31 décembre 2009, puis votre indice au 31 décembre 2013, la calcul est fait automatiquement (attention, montant brut! Pensez à la CSG, la retraite...).

Il fait beau, je suis sec...


Je l'avoue: je suis sec. Depuis deux ans que sur ce blog je dénonce l'absence de statut des directeurs d'école primaire français, j'en ai tellement dit que je ne peux plus rien écrire sans avoir la cruelle impression de me répéter.

Ce n'est pas qu'une impression, d'ailleurs. Mes derniers billets m'ont amené à relire certains écrits plus anciens où j'exprimais la même idée sous des formes différentes. Pour en revenir à un simple et unique constat: les directeurs d'école ont besoin d'un statut, et ils ne l'ont pas. Les pesanteurs sont diverses: freins syndicaux, trouilles gouvernementales, budget de l’État en berne... Je sais bien, je l'ai moi-même écrit, que le projet Peillon nous concernant serait un pas en avant, mais avant de danser une bourrée détendue je dois bien reconnaître que pour l'instant ce projet est dans les limbes.

Pourquoi un statut? Parce qu'actuellement les directeurs d'école surchargés de tâches diverses et variées n'ont ni le temps ni les moyens ni la possibilité de toutes les mener correctement à bien. Ce qui en pâtit le plus est évidemment hélas la réussite des élèves, car même si nous nous décarcassons pour la placer en tête de nos préoccupations, il faut s’appeler Parvati ou Shiva Nataraja et avoir au moins quatre bras pour correctement assumer tant de rôles simultanés. Or je ne suis pas un dieu hindou! Chargé de classe à plein temps, comment voulez-vous que j'assume en parallèle un second métier? Surtout qu'en ce retour de vacances j'ai l'impression que les Men in Black ont fait un tour chez tous mes élèves...


Pour l'instant, sans statut et sans existence, sans reconnaissance juridique ou institutionnelle, je ne suis rien. Un directeur d'école n'est rien, c'est un enseignant chargé d'une mission supplémentaire -parfois à son corps défendant- qui souvent s'avère extrêmement ingrate. Pour quelques sourires, quelques remerciements, combien d'agressions ou d'insultes, de regards chargés de haine, de moqueries de collègues qui nous envoient promener alors que vainement on tente de leur rappeler les textes qui régissent leur fonction? Il suffit de parcourir les forums d'enseignants pour avoir une claire idée de ce qui attend un directeur d'école lorsqu'un de ses "adjoints" pète les plombs et n'en fait qu'à sa tête, quitte à bafouer les règles les plus élémentaires de la bienséance, du simple bon sens, de la bienveillance due à leurs élèves et leurs familles... Et le directeur d'école n'y peut rien faire, il n'a souvent comme ultime possibilité d'action que celle de se retourner vers son IEN, ce que d'ailleurs n'hésiteront pas à faire eux-mêmes parents d'élèves ou collègues. Vous savez quoi? Dans 90% des cas c'est le directeur qui prendra tout dans les dents, même s'il n'a fait que ce qu'il devait faire, simplement parce que l'IEN a sous la main un fusible facile qui ne peut pas se défendre; par principe, le directeur d'école est responsable de tout, y compris de ce qu'il n'a pas fait ni dit. Et voilà une ânerie ou une histoire stupide de plus qui va faire le tour de l'institution de l’Éducation nationale, démoraliser encore un peu plus un directeur désarmé, alors que tout se serait réglé simplement s'il n'avait que l'ombre d'une existence légale reconnue par tous. Aujourd'hui le directeur d'école n'a que des devoirs et des responsabilités, mais aucun droit ni le moindre pouvoir de coercition. Bon courage, amis directeurs d'école débutants. N'oubliez pas le clorazépate.

Alors je vais le redire, le répéter une fois de plus: les directeurs d'école ont besoin d'un statut clair et définitif. L'objectif en est simple: la réussite des élèves. Lorsque le directeur aura les moyens de son action, il pourra y consacrer le plus clair de son temps. Nous sommes des professionnels, beaucoup d'entre nous ont eu des carrières longues et variées, nous avons déjà rencontré tant d'enfants que nous avons souvent pu accompagner au bout de leurs études primaires, quitte parfois à tirer très fort pour les amener à mieux avancer. Nous savons quoi faire et comment le faire, chacun d'entre nous, localement, pour que chacun de nos élèves réussisse avec bonheur. Pourquoi le leur refuser?