vendredi 7 septembre 2012

Peut-on "refonder l'école" sans les directeurs d'école?


Vous vous doutez bien, avec l'esprit caustique qui parait-il me caractérise, que si je pose la question c'est que j'y répondrai par la négative.

C'est pourtant le tour que semble prendre la graaaande concertation voulue par M. le Président de la République et M. Peillon, Ministre de l’Éducation Nationale. Plein de grosses têtes -chenues, en plus- qui papotent et papotent et repapotent en s'imaginant sous les auspices des mânes de Diderot et d'Alembert.

Toutes les mesures qui finalement jailliront des crânes géniaux de tous ces grands penseurs devront être au final appliquées dans les écoles... Par qui? Le Ministre enverra ses instructions aux recteurs, qui enverront leurs instructions aux Directeurs Académiques, qui enverront leurs instructions aux IEN... Les IEN? Ah ah ah. Nous sommes surpris quand nous en voyons un dans notre école: "Bonjour Madame, qui êtes-vous? L'inspectrice? Oh, je suis charmé de vous rencontrer! Désolé, madame, j'aimerais bien discuter le bout de gras avec vous, mais j'ai une classe de 30 loupiots sur le feu, ils sont en train de s'entretuer à coups de crayons, alors quand j'aurai le temps peut-être... Après la classe? Ah, mais j'ai deux rendez-vous avec des parents d'élèves, une réunion à la Mairie, et je dois faire en même temps l'aide personnalisée. Un jour, peut-être, au revoir Madame, bien le bonjour à Monsieur le DASEN!"

On l'a bien vu ces dernières années: faute de temps et de disponibilités, les directeurs d'école étaient bien incapables de faire respecter seulement la moitié des instructions émanant  des portes de Saint Pierre, ce qui n'était d'ailleurs pas plus mal quand on y pense étant donnée la bêtise de la plupart d'entre elles. Les rapports officiels du ministère ne disent pas aujourd'hui autre chose.

Qu'elles arrivent par courrier électronique ou par les mains du facteur, les instructions qui nous viennent du Ciel sont données aux enseignants, éventuellement appliquées ou surveillées, par les directeurs d'école... quand ils le peuvent, car ils n'ont pour cela ni autorité, ni temps.

Bref, on demande à cul-de-jatte de courir un 5000 m steeple.

Alors, il me parait fort curieux que quelques beaux esprits puissent seulement une seconde imaginer que l'école de la Nation pourra être réformée, ou refondée, ou ce que vous voulez, sans que les simples mots "directeurs d'école" aient seulement été évoqués par qui que ce soit. Ah, désolé, je me trompe, notre Ministre a déclaré récemment qu'il ne pouvait rien faire.

Je crains que que moi non plus, je ne pourrai rien faire. Et ce n'est pas forcément une menace, non, c'est un simple état de fait. Refondons, refondons.

1 commentaire:

  1. "Refonder" l'école ? Vaste programme, eût dit certain Général !
    Les premiers échos qui nous en parviennent (en attendant des conclusions plus officielles) font douter que l'école ne change d'un iota et dans ses structures et dans sa vocation.
    Ainsi, une "Journée de concertation" aux dates diverses selon les Académies est programmée... ou doit l'être : les thèmes retenus pour cette "prise de tête" laissent mal augurer de la suite.
    Quelques exemples :
    - l'accompagnement des elèves en situation de
    handicap ;
    - le renforcement de l'éducation artistique, culturelle et scientifique ;
    - la mise en réseau des établissements : une stratégie de territoires...
    Hormis ce dernier thème qui peut effectivement entrer dans une réflexion "globale" sur l'école, sa structure, on voit mal en particulier dans les deux premiers où va se nicher la "refondation" de l'école.
    Mais peut-être sommes nous ou médisants ou trop précautionneux...

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