Il y a chaque année scolaire au moins une "sale semaine" pour les directeurs d'école. C'est la semaine où tout va mal, où rien ne fonctionne, où tout vous claque entre les doigts, où vous êtes au four et au moulin et que courir dans tous les sens n'amène rien de bon.
Pour moi, cette année, c'est cette semaine ci. J'appréhendais un peu par avance, car les hasards du calendrier ont fait que se sont accumulées une ou deux réunions quotidiennes, en plus bien entendu de mes six heures de classes. Je l'ai senti dès lundi matin: réveil à cinq heures avec fièvre, toux... Bon, on y va quand même, hein. Vous connaissez: vous avez beau être malade, c'est LA semaine où vous ne pouvez pas vous le permettre.
Faire classe avec de la fièvre, ce n'est pas extra, mais les Grandes sections à cette époque de l'année ont bien grandi, et savent ce que travailler veut dire, ce qui vous libère un peu. Si seulement mes Moyennes sections ne se tapaient, griffaient, pinçaient pas, ce serait drôlement bien!
Réunion entre midi et deux après un repas rapide, pour intégrer une future élève handicapée. Pas une réunion à rater, ça. J'ai le nez qui coule et je tousse mais ça fonctionne quand même. C'est tant mieux, la gamine qui a été pré-scolarisée est une bonne gosse, intelligente et maligne.
Puis en début d'après-midi mon ATSEM me lâche et s'absente pour deux jours. Oh, je vous rassure, l'absence est largement justifiée, mais travailler en ateliers avec trente gosses sans aide... Tout était installé et organisé, pas le choix, je changerai demain. Alors je galope entre mes groupes.
C'est le jour que deux de mes élèves, parfaitement propres, choisissent pour consciencieusement et entièrement maculer leurs vêtements d'urine. En bref, ils pissent dans leur culotte. Mais bien, ça coule jusque dans les chaussures. L'ATSEM des petits qui court aussi dans tous les sens est mise à contribution. Les changes commencent à manquer. Je ne me plains pas, l'épidémie de gastro est ses embellissements vomitifs et diarrhéiques semble être passée.
Après la classe, réunion pour rapidement donner son dernier vernis à une animation pédagogique le mercredi qui suit, et que j'aide à encadrer, d'autant qu'elle se passe dans mon école. Bon, c'est rapide et efficace, je peux rentrer à la maison, la tête dans le... Je m'endors dans le canapé.
Je me réveille et me lève le mardi matin de nouveau fiévreux. Vous vous doutez bien que j'ai changé tout le travail de mes élèves que j'avais prévu pour ce jour, en allégeant au maximum les contraintes matérielles. Je reprendrai jeudi ce que je dois terminer, en particulier le cadeau de Pâques que la moitié de mes élèves n'ont pas terminé! Tout ce découpage, assemblage, collage... je ne me serais pas lancé là-dedans sans la certitude d'avoir de l'aide.
Mardi plus léger donc. Et aussi heureusement élèves plus calmes. Le lundi, ce sont de petits monstres. Le mardi, ils ont repris le rythme, ils sont calmes, souriants et travailleurs. Si seulement ma commune avait décidé de passer aux nouveaux rythmes scolaires en 2013, cela m'aurait peut-être à l'avenir épargné les grognements du jeudi matin similaires à ceux du lundi... Pas de bol, ce sera 2014. C'est justifié du point de vue municipal, mais ça ne m'arrange pas, d'autant qu'il me faudra caler les Activités Pédagogiques Complémentaires (APC) après les six heures de classe. On verra ça plus tard, ce n'est pas la semaine pour y penser.
A midi, quand je prends mon pain, la boulangère me trouve une sale tête et me le dit. Je confirme, madame.
Une réunion rapide sans complication en fin d'après-midi, puis des courses personnelles (oui, je mange) accompagnées d'achats d’œufs de Pâques pour emplir les cadeaux en cours de réalisation. J'achète aussi ce qui manque pour mes gâteaux de jeudi; nous fêtons les anniversaires du mois de mars, c'est prévu à cette date avec mes élèves depuis le début du mois, et ce sont les trois concernés qui nous font les trois gâteaux aux pommes nécessaires pour satisfaire mes trente affamés. C'est une excellente activité culinaire, les enfants aiment ça... j'espère simplement que mon ATSEM sera revenue.
Je tape ce billet le mercredi matin. Je me suis réveillé en sueur à trois heures du matin après un cauchemar scolaire. Vous ne connaissez pas? Vous êtes à l'école et tout fonctionne de travers. Comme dans la vraie vie, quoi. Sauf que le directeur d'école se passerait volontiers de rêver de ce qu'il vit quotidiennement. Je me rendors, me réveille à cinq heures le nez bouché, toussant et pleurnichant. Inutile de tenter de me rendormir, à mon âge cela ne se passe plus comme ça.
A 8h30 je serai dans mon école pour aider à installer l'animation pédagogique, en espérant qu'elle se passe bien. Après-midi libre, ou du moins personnelle, en espérant ne pas recevoir dans la boîte aux lettres une joyeuseté comme les deux reçues mardi: charges trimestrielles (ouille!), et avis négatif du tribunal de proximité pour une plainte envers un commerçant peu scrupuleux.
Jeudi, j'aurai donc en plus de mon temps de classe les gâteaux à faire, les cadeaux à terminer, une réunion avec la mairie à 17h30 pour d'importants travaux à venir... Vendredi... j'ai oublié, je regarderai ça cet après-midi. De toute façon, j'ai mal à la tête. Et je préfère ne pas envisager ce qui peut encore me tomber sur le dos.
Quelle vie!
Quelle vie!
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