Mais oui, mais ouiiiii, l'école est finie!
Les premiers jours des vacances d'été sont toujours pour moi très compliqués. J'ai beaucoup de mal à "me retourner", à lâcher mon boulot d'école qui fut pendant dix mois la première de mes préoccupations comme enseignant et directeur d'école. J'éprouve toujours un mal de chien à retomber sur mes pattes (oui, je suis un vieux matou au poil grisonnant et clairsemé). Tiens, l'idée est rigolote, celle d'un matou qui éprouve un mal de chien... Bon, ce sont les hasards de l'écriture, dont je dois bien admettre qu'elle est aujourd'hui un peu automatique.
Il faut dire que je dors très mal. La chaleur des premiers jours de juillet n'y est certainement pas pour rien, mais je sais par expérience -longue, l'expérience- qu'il me faut à chaque période de vacances une dizaine de jours pour me nettoyer la tête des scories scolaires. Je ne sais pas si dans d'autres métiers c'est aussi compliqué, mais j'admets volontiers qu'il me trotte dans le ciboulot des listes de gosses -nom, prénom, classe...- dont le dirlo que je suis se passerait volontiers. Le pire c'est la nuit! Je me réveille une dizaine de fois en rêvant d'un gamin quelconque (mais qu'est-ce qu'il fout dans ma tête, ce petit con?) ou en cauchemardant sur un vague incident que je croyais aux oubliettes. Le cerveau du directeur d'école n'est hélas pas une passoire qui ne retiendrait que le bon grain pour laisser passer l'ivraie. Non, tout y reste, le bon comme le moins bon, et hélas en début de congés ce sont les cochonneries qui remontent à la surface dans une mixture abominable, fangeuse et nauséabonde, principalement la nuit alors que je devrais dormir du sommeil du juste. Le juste, c'est celui qui toute l'année scolaire s'est arraché les cheveux pour faire grandir tous ses élèves, ceux qui avancent tout seuls comme ceux à qui il faut une béquille quotidienne énergivore. Quand arrive le mot de juillet, j'aimerais bien que les gosses me laissent tranquilles. Ce ne sont qu'incubes et succubes qui me tourmentent la nuit. Pitié!
J'appelle ça des "cauchemars d'école". Ne rigolez pas, ils me tiennent pendant une dizaine de nuits, j'en ai au moins pour jusqu'à la fête nationale. Ou alors ce sont les vœux de notre Président qui à cette occasion remplissent un rôle propitiatoire, qu'est-ce que j'en sais.
Tenez, je ne sais pas si je vous l'ai raconté, mais en plein milieu de cette année j'ai rêvé d'un gamin disons... compliqué (et c'est un euphémisme), et ça m'a réveillé. Pourquoi comment, je n'en ai aucune idée, mais j'avais eu ce gosse en classe au début des années 2000. Quinze ans après, il faut le faire! Je le revois parfaitement, ce petiot de cinq ans, tout, ses nom et prénom (un prénom sorti d'une série télé américaine, en -an pour les collègues qui comprennent ce que j'écris), sa tête narquoise, ses... âneries (j'écris ça pour rester poli), ses parents du même tonneau... Je ne sais pas ce qu'il est devenu, mais quand je pense à lui me reviennent les mots de Pagnol dans "La gloire de mon père":
"...
- Tu n’as donc jamais eu d’ambition ?
- Oh mais si ! dit-il, j’en ai eu ! Et je crois que j’ai bien réussi ! Pense qu’en vingt ans, mon prédécesseur a vu guillotiner six de ses élèves. Moi, en quarante ans, je n’en ai eu que deux, et un gracié de justesse. Ça valait la peine de rester là.
..."
Ce n'est peut-être pas charitable, mais c'est comme ça. Une petite recherche sur le net m'indique qu' a priori pour l'instant celui qui m'a bouffé une année scolaire et ma santé n'est pas candidat à Koh-Lanta ni soumis au régime carcéral. Tant mieux. J'ai peut-être vaguement servi à quelque chose. C'était peut-être un simple petit merdeux, un tout-petit merdeux, mais c'est fou ce qu'on peut être chiant et vicelard à cinq ans. Mais qu'est-ce que c'est que ce cerveau qui stocke inconsidérément des trucs pareils?
Un qui en parle bien, de ces "cauchemars d'école", c'est Lucien Marbœuf. Vous connaissez son blog L'instit humeurs, que j'ai souvent déjà évoqué ou cité et qui réjouit régulièrement mon esprit. Lucien fait partie de ces gens qui me soulagent tant il sait bien évoquer nos problèmes d'instit, toujours avec humour, toujours avec pertinence. J'ai eu le plaisir de recevoir par le service de presse de la maison Fayard un exemplaire du bouquin qu'il sort pour la rentrée, intitulé comme certains de ses billets qui me font toujours le plus rire "Vis ma vie d'instit". Ce cochon-là se débrouille bien avec l'informatique, tout autant qu'il sait écrire!
J'ai trouvé deux références pour ce livre qui paraitra à la rentrée, avec le bon visuel: à la FNAC et chez... Leclerc. Comme quoi question librairie la grande distribution fait son boulot! Ils sont le cul dans l'eau chez Amazon, ce qui n'est pas pour me déplaire.
J'aurais bien aimé citer Lucien -j'aurais en plus certainement été le premier!- mais je ne sais plus où sont dans le bouquin ses lignes sur notre sommeil parfois compliqué; je viens de le feuilleter rapidement, mais bernique. Bon, de toute façon c'eut été injuste de le limiter à ça, tant j'ai pris du plaisir à sa lecture, tant je l'ai lu rapidement, tant je m'y suis retrouvé. Car évidemment je sens et je sais que ce qu'il raconte a été vécu. Après, la liberté de l'écrivain permet de résumer, de simplifier, de rendre lisibles nos émotions, nos doutes, nos plaisirs ou nos peines d'enseignants du primaire. Mais tel quel c'est d'une traite que j'ai lu ce livre qui ne pourra que conforter dans son travail n'importe quel instit. Et puis Lucien a des mots qui me parlent très fort, sur la bienveillance par exemple.
Ce serait injuste de s'arrêter là. Je parlerai plus précisément du livre de Lucien Marbœuf quand il sera sur point de paraitre à la fin août, je lui consacrerai un billet. Et puis je serai certainement reposé. Pas moins usé, non. Mais l'âge, que voulez-vous, la lassitude...
- Oh mais si ! dit-il, j’en ai eu ! Et je crois que j’ai bien réussi ! Pense qu’en vingt ans, mon prédécesseur a vu guillotiner six de ses élèves. Moi, en quarante ans, je n’en ai eu que deux, et un gracié de justesse. Ça valait la peine de rester là.
..."
Ce n'est peut-être pas charitable, mais c'est comme ça. Une petite recherche sur le net m'indique qu' a priori pour l'instant celui qui m'a bouffé une année scolaire et ma santé n'est pas candidat à Koh-Lanta ni soumis au régime carcéral. Tant mieux. J'ai peut-être vaguement servi à quelque chose. C'était peut-être un simple petit merdeux, un tout-petit merdeux, mais c'est fou ce qu'on peut être chiant et vicelard à cinq ans. Mais qu'est-ce que c'est que ce cerveau qui stocke inconsidérément des trucs pareils?
Un qui en parle bien, de ces "cauchemars d'école", c'est Lucien Marbœuf. Vous connaissez son blog L'instit humeurs, que j'ai souvent déjà évoqué ou cité et qui réjouit régulièrement mon esprit. Lucien fait partie de ces gens qui me soulagent tant il sait bien évoquer nos problèmes d'instit, toujours avec humour, toujours avec pertinence. J'ai eu le plaisir de recevoir par le service de presse de la maison Fayard un exemplaire du bouquin qu'il sort pour la rentrée, intitulé comme certains de ses billets qui me font toujours le plus rire "Vis ma vie d'instit". Ce cochon-là se débrouille bien avec l'informatique, tout autant qu'il sait écrire!
J'ai trouvé deux références pour ce livre qui paraitra à la rentrée, avec le bon visuel: à la FNAC et chez... Leclerc. Comme quoi question librairie la grande distribution fait son boulot! Ils sont le cul dans l'eau chez Amazon, ce qui n'est pas pour me déplaire.
J'aurais bien aimé citer Lucien -j'aurais en plus certainement été le premier!- mais je ne sais plus où sont dans le bouquin ses lignes sur notre sommeil parfois compliqué; je viens de le feuilleter rapidement, mais bernique. Bon, de toute façon c'eut été injuste de le limiter à ça, tant j'ai pris du plaisir à sa lecture, tant je l'ai lu rapidement, tant je m'y suis retrouvé. Car évidemment je sens et je sais que ce qu'il raconte a été vécu. Après, la liberté de l'écrivain permet de résumer, de simplifier, de rendre lisibles nos émotions, nos doutes, nos plaisirs ou nos peines d'enseignants du primaire. Mais tel quel c'est d'une traite que j'ai lu ce livre qui ne pourra que conforter dans son travail n'importe quel instit. Et puis Lucien a des mots qui me parlent très fort, sur la bienveillance par exemple.
Ce serait injuste de s'arrêter là. Je parlerai plus précisément du livre de Lucien Marbœuf quand il sera sur point de paraitre à la fin août, je lui consacrerai un billet. Et puis je serai certainement reposé. Pas moins usé, non. Mais l'âge, que voulez-vous, la lassitude...
C'est drôle comme je me reconnais dans cet article...pas au niveau des cauchemars..mais il est sûr que ma tête n'est pas en vacances...10 jours pour se déconnecter, 10 jours pour arrêter de penser école...et tout le monde"alors?? on est en vacances?? "..ben..oui..presque..
RépondreSupprimerDrôle de boulot quand même...