dimanche 9 octobre 2016

Futilités et coups bas...

On me rebat les oreilles avec l' "école" depuis des mois. D'enjeu politique en marronnier médiatique, mon métier n'est pas l'objet de toutes les attentions mais un punching-ball fort pratique: voilà untel qui dévoile son programme pour l'école (comme si c'était indispensable) en proférant les pires âneries inspirées par d'anciens gauchistes fort opportunément passés à l'extrême-droite, et bien évidemment en nous promettant - car ils le font tous - un "retour aux fondamentaux" ou celui d'un uniforme qui pourtant n'a chez nous jamais été porté; voilà unetelle qui nous pond un bouquin nauséeux aux propos et au titre infamants, racontant les mensonges les plus éculés d'un ton d'autorité, ou nous vantant les mérites d'une "nouvelle" méthode d'éducation - pourtant élaborée il y a plus d'un siècle - qui je vous l'assure fait des étincelles; même le Pape s'y met, qui colporte les rumeurs les plus absurdes avec un sourire réjoui et certainement la menace d'une excommunication qui ne saurait tarder.

Il y a des claques qui se perdent.

Pendant ce temps le petit directeur d'école fort fatigué n'a même plus le temps d'écrire un mot pour les lecteurs de son blog favori. La rentrée à peine faite, il lui aura fallu cumuler tant de tâches inutiles mais fastidieuses que l'énergie qui lui reste suffit à peine à vivre une pleine vie privée. Il aura couru, ce petit directeur d'école, d'un PPMS stérile à des élections soviétiformes - une liste unique, parodie de démocratie chronophage -, d'un projet d'école emberlificoté et aux thèmes quasiment imposés à un exercice d'évacuation inexplicable pour ses tout-petits de deux ans. J'en oublie certainement, des listes à qui mieux mieux pour tout le monde, des courriels redondants, futiles et parasites, et autres scories habituelles d'une direction d'école qui ne s'y retrouve plus tant ce métier est devenu une corvée.

Rien n'a changé, en fait, rien si ce n'est en pire. Mon bureau est un empilage branlant d'inepties, un World Trade Center de tracasseries byzantines qui une fois résolues ne laisseront qu'une trace infinitésimale dans un quelconque bureau, comme dans une cuvette de WC mal nettoyée... Dans mon département la "simplification administrative" a consisté à m'envoyer un courriel listant les réclamations que me ferait dans l'année mon administration! Difficile de faire plus puéril. Ce qui ne l'est pas en revanche c'est le nombre d'agressions sur mes collègues directeurs qui enfle chaque année dangereusement, pour un oui, pour un non, pour n'importe quoi parce que l'école est devenue le bouc émissaire de toutes les avanies et de toutes les frustrations, grâce à l'image désastreuse colportée par des médias putassiers. C'est facile, des écoles, il y en a partout. Des directrices ou des directeurs aussi, du coup. Voilà un représentant de l’État fort pratique pour passer ses humeurs. Je ne me réjouis pas plus de ce qui arrive quotidiennement maintenant à d'autres fonctionnaires ou assimilés, aux forces de l'ordre, aux pompiers, aux services de secours... Tabasser un fonctionnaire est devenu un sport très couru, merci aux politiques de nous avoir à ce point enfoncés.

Bon, j'y retourne, avec tout ça je n'ai pas préparé ma journée de demain.

1 commentaire:

  1. Magnifique article qui transcrit tellement bien le quotidien. Bravo. Je rentre à l'instant d'une journée de paperasseries inutiles et absurdes alors qu'il y a tant à faire ! Et ma journée de demain n'est pas prête non plus.

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