J'entends depuis des années les chantres du libéralisme, et malheureusement à leur suite tous ceux que cette rhétorique arrange, y compris les gens les plus inattendus, gémir sur les dépenses publiques de notre Nation, et particulièrement sur les dépenses d'éducation.
S'il est vrai que le budget de l’Éducation Nationale est le premier du pays en volume, peut-être est-il utile de rappeler que les dépenses d'éducation sont un investissement, à long terme certes, mais un investissement quand même, et encore le plus utile qu'une nation puisse faire.
L'OCDE le résumait fort bien dans un rapport de 2002:
Il est maintenant clair que le niveau d’éducation est non seulement essentiel au bien-être économique des individus, mais aussi à celui des nations. L’accès à l’éducation allié à la réussite scolaire est un facteur-clef de l’accumulation de capital humain et de la croissance économique. Les bienfaits de l’éducation s’étendent aussi au-delà de l’individu et du revenu national. L’éducation est en effet une force qui fait des citoyens épanouis et intégrés et construit des sociétés plus cohésives et participatives.
(...)
Il est maintenant prouvé que le capital humain est un facteur-clef de la croissance économique et de nouvelles données indiquent qu’il est aussi associé à toute une série d’avantages non-économiques comme l’amélioration de la santé et celle du bien-être. L’investissement dans le capital humain et l'implication dans l’éducation a ainsi pris le devant de la scène dans les stratégies visant à promouvoir la prospérité économique, un meilleur taux d’emploi et la cohésion sociale. En conséquence, on considère de plus en plus l’éducation comme un investissement dans l’avenir collectif des sociétés et des nations et non simplement dans la future réussite d’individus.
Les propos ci-dessus sont une évidence pour qui sait réfléchir un minimum. Alors qui cela arrange-t-il de faire croire aux Français que cette dépense peut être facilement réduite, et que faire des économies dans ce domaine est forcément un bien pour la Nation? Qui sera arrange-t-il de paupériser massivement ses enseignants et de les maltraiter au point qu'aujourd'hui le marasme, le stress et le mal-être sont pour eux des maux quotidiens? Qui cela arrange-t-il de faire croire qu'il est impossible de former correctement les professeurs? Quel sera le fruit des cinq dernières années de casse de ce service public? Et surtout... quel projet sortira de cette grande "concertation" qui vient de débuter et au sujet de laquelle je suis on ne peut plus dubitatif?
Les économies, s'il faut en faire, sont simples. Arrêtons de subventionner à qui mieux mieux les centaines de milliers d'associations qui émargent au budget de l’État. Nettoyons les écuries d'Augias, soit les bureaux de nos multiples ministères dont les fonctionnaires s'auto-reproduisent et surtout ne créent que pour justifier leur propre inanité -combien de circulaires n'ont pour objectif que de faire travailler certains bureaux?-. Tiens, dans l’Éducation Nationale même... pourquoi n'y a-t-il que 700000 enseignants sur 1 million de fonctionnaires? Et encore faut-il compter dans ces 700000 un certain nombre de personnels "détachés" à droite et à gauche ou dispensés d'enseigner pour diverses raisons.
Payez donc mieux vos enseignants, qui sont les plus mal payés de tous les grands pays industrialisés. Apprenez à les respecter, car leur mission est grande, et importante pour tous. Donnez un statut digne de ce nom et approprié aux directeurs d'école, qui gèrent tout avec les moyens du bord et sans en être justement rémunérés. Et cessez de croire et faire croire qu'on gère le budget d'une nation comme celui d'un ménage, c'est faux et c'est idiot.
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