mercredi 15 août 2012

Purgon et Diafoirus ...



M. le président: - La parole est à M. Pierre-Christophe Baguet, pour soutenir l’amendement n°226. 

M. Pierre-Christophe Baguet: - Cet amendement est très important. Aujourd’hui, 4 000 postes de directeur d’école élémentaire sur 60 000, soit 15 %, ne sont pas pourvus. Cette situation résulte non d’un manque de volonté ou de motivation des enseignants, mais de la complexité de la charge, qui s’est amplifiée année après année. On demande en effet aux directeurs d’école d’assurer le suivi de travaux administratifs de plus en plus lourds, de s’occuper des relations avec les collectivités territoriales ou avec la hiérarchie, de répondre aux problèmes de sécurité, qu’elle soit physique, morale ou alimentaire, de prévoir des exceptions dans l’alimentation... Bref, ils sont en permanence au four et au moulin, sans même bénéficier en retour d’une reconnaissance de leur métier ni recevoir une formation adaptée. En outre, les décharges d’enseignement qui leur sont accordées sont trop peu nombreuses pour leur permettre de devenir de véritables animateurs de leur école, c’est-à-dire lui donner de la vie. Un directeur plus souvent déchargé de ses tâches administratives pourrait très bien aider un jeune instituteur nouvellement arrivé, soutenir un collègue traversant une période difficile, se former et s’informer de ce qui se passe à l’extérieur. Il pourrait indiquer à ses collègues l’intérêt de telle exposition ou de tel livre.Je propose donc que le Gouvernement s’engage à élaborer, avant le 31 décembre 2005, par des décrets en Conseil d’État, un statut pour les directeurs d’école. Ces décrets définiront en particulier le statut, la formation, les missions, les responsabilités et la protection juridique des directeurs d’école et prévoiront la mise en place d’un nouveau système de décharge d’enseignement pour les directeurs. Ils s’appliqueront également aux instituteurs et aux professeurs des écoles exerçant les fonctions de directeur d’école au sein d’écoles à classe unique. Un tel statut, outre qu’il serait une façon de reconnaître le travail de ses bénéficiaires, faciliterait les relations de ces derniers avec les parents d’élèves ou avec les autres institutions.

M. le président: - Quel est l’avis de la commission ?

M. Frédéric Reiss, rapporteur: - M. Baguet a résumé clairement et avec passion la difficile mission des directeurs d’école. On ne peut que souscrire à ses arguments. De nombreux députés ont d’ailleurs travaillé sur ce problème, dont notre collège Guy Teissier. Mais la commission a repoussé l’amendement, sachant qu’une autre proposition, allant dans le même sens, viendra après l’article 19.

M. Guy Geoffroy: - Tout à fait !

M. le président: - Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche: - Il s’agit d’une question très importante, que le Gouvernement, comme M. Baguet, est attaché à résoudre. Certains de ses aspects peuvent trouver leur place dans ce texte, mais elle est surtout l’objet d’une négociation en cours avec les représentants des directeurs d’école. Or cette négociation doit aller à son terme. Quoi qu’il en soit, monsieur Baguet, votre amendement ne trouve pas sa place dans cette partie du texte. Il conviendrait d’en discuter en même temps que de celui de M. Teissier, après l’article 19, qui traite de l’organisation des écoles.

M. le président: - La parole est à M. Guy Geoffroy.

M. Guy Geoffroy: - La question de la direction d’école revêt une grande importance pour le groupe de l’UMP. Pierre-Christophe Baguet a souligné le nombre trop important de postes non pourvus, ce qui est déjà un problème en soi. L’administration académique a en effet beaucoup de mal à trouver des candidats prêts à s’investir durablement dans ce rôle, surtout en l’absence de garanties et de certitudes sur la manière dont ils pourront valoriser leur emploi. Par ailleurs, les directeurs d’école poursuivent leur grève administrative. Cela pose un problème à l’institution et aux intéressés eux-mêmes, qui souhaitent ardemment -nous le savons pour les avoir régulièrement rencontrés– sortir de cette situation « par le haut ». Les négociations dont parlait à l’instant M. le ministre sont porteuses d’espoir. Je forme le vœu que tout soit fait –et je sais que le Gouvernement s’y attache – afin que soient trouvées des solutions solides, équilibrées et respectueuses de nos écoles et de leurs directeurs. Je pense que nous n’éprouverons aucune difficulté à nous entendre sur les amendements déposés à ce sujet par certains de nos collègues et qui vont tous dans le même sens.

M. André Schneider: - Très bien !

M. le président: - Je mets aux voix l’amendement n°226.

(L’amendement n’est pas adopté.)

Moralité? Les négociations eurent lieu, pour donner naissance à un protocole monstrueux d'ambiguïté et porteur des dérives que l'on sait. De statut, point. Comme quoi les beaux discours, comme les promesses de campagne, n'engagent que ceux qui y croient. Que voit-on aujourd'hui? Les mêmes problèmes, qui se sont encore amplifiés, les mêmes questions... et la même absence de réponse. Droite ou Gauche, c'est le même combat, le même désintérêt du fonctionnement sur le terrain au profit de billevesées ministérielles ou des lubies de la Direction des Écoles. Ah, que de braves gens qui ne veulent que notre bien, et s'ingénient en toute quiétude à enterrer chaque jour un peu plus l'école de la République, au détriment du bien-être de millions d'élèves et de centaines de milliers d'enseignants exsangues. Une concertation? Ben voyons! Ne connait-on pas déjà le mal? Faut-il encore que tous ces Purgon et Diafoirus persistent à discuter du diagnostic au chevet du malade, au risque de le voir crever? Qu'attend-on pour administrer à l'école son remède, celui du statut des directeurs d'école?

2 commentaires:

  1. "(...)Certains de ses aspects peuvent trouver leur place dans ce texte, mais elle est surtout l’objet d’une négociation en cours avec les représentants des directeurs d’école.(...)"
    Je serais curieux et vivement intéressé de savoir ce que notre actuel Ministre de l'Éducation Nationale entend par "les représentants des directeurs d’école" sachant que, hormis l'association nationale G. D. I. D., aucune organisation en place ne "représente" les directeurs d'école !
    Et pour cause : ceux-ci ne constituant pas une catégorie à part, n'ayant pas de spécificité propre (tout ceci dans le discours officiel, bien entendu) il semble difficile de penser que une organisation (ou des) s'en fait le porte-parole.
    Si donc, par cette expression, le Ministre songe aux organisations syndicales, il y a donc fort à craindre que le dossier des directeurs d'école ne reste enfoui et pour longtemps sous des dossiers plus "urgents", les dites organisations ayant(à quelques encablures près)des positions identiques sur le sujet !
    Purgare ! Purgare !

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  2. En février 2005, le ministre était François Fillon... Depuis, nous avons eu de Robien, Darcos, Chatel, et maintenant Peillon.

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