Eric Debarbieux et Georges Fotinos ont présenté aujourd'hui une enquête sur le climat et la violence scolaire dans le primaire, maternelle et élémentaire confondus.
Au delà de la formule originale de leur travail, pour lequel ils ont questionné près de douze mille enseignants, ce qui est déjà remarquable, Eric Debarbieux et Georges Fotinos dressent un constat plutôt curieux mais néanmoins accablant.
Effectivement, plus de 90% des enseignants interrogés estiment le climat de leur école "bon" ou "plutôt bon", ce qui pourrait sembler inattendu si on ne connait pas de l'intérieur les efforts de la plupart des professeurs des écoles et des directeurs pour faire fonctionner la machine malgré les difficultés. Néanmoins, 8,3% se disent «victimes répétées» -de la part d'élèves, de parents ou de collègues- d'injures, de menaces, d’ostracisme ou de harcèlement. Ce chiffre est à mon avis effroyablement haut mais certainement très proche de la réalité. Il faut noter que ce sont les directeurs d'école qui sont le plus victimes des familles, et cela pèse sur leur motivation: 40% d’entre eux, d'après l'enquête, pensent à quitter leurs fonctions.
Ce chiffre vous étonne-t-il, chers collègues? Encore faudrait-il ajouter que la violence subie ou ressentie fait partie d'un tout, avec le manque de reconnaissance de l'Etat pour la qualité de notre mission et la ferveur que nous mettons à l'accomplir.
Les autres points noirs sont nombreux: beaucoup d'enseignants se disent écœurés par l’image qu’on renvoie de leur métier dans le public ou dans la presse; et surtout les rapporteurs présentent une très forte critique de la hiérarchie, notamment des IEN (inspecteurs de l'éducation nationale): les enseignants dénoncent un environnement «malsain, voire pourri», un sentiment d’infantilisation et d'être noyé sous le paperasse.
Cette dernière réponse n'étonnera personne du métier, un directeur d'école est bien placé pour le savoir, le pire étant à mon sens la fébrilité avec laquelle les DASEN (directeurs académiques) et les IEN se sont précipités ces dernières années dans la spirale inflationniste des courriers électroniques redondants, des menaces à peine voilées, des harcèlements injustifiés, des tableaux statistiques ineptes à remplir, ou de l'application bête et irréfléchie de consignes ministérielles absurdes... J'irai jusqu'à dire que le léchage de bottes était ces cinq dernières années une discipline courante dans ces étages hiérarchiques que j'ai déjà donnés dans d'autres billets pour inutiles,et dans lesquels il y aurait un sacré nettoyage à faire. Voire une éradication. Vous voulez faire des économies? Voilà une belle occasion.
Bref, chers collègues directeurs d'école, j'admets que le son de cloche porté par le vent est légèrement différent depuis quelques mois. Ceci étant, qu'attend-on en haut lieu pour affirmer haut et fort la prééminence des écoles dans leurs choix pédagogiques, et rappeler le rôle crucial de la direction d'école?
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