mercredi 26 septembre 2012

Flac! Une couche pour cacher la misère...


L' Union des cadres de la CGT a rendu public un sondage qu'ils avaient confié à OpinionWay, sondage sur "l'état d'esprit des enseignants" dont les réponses n'étonneront personne dans le milieu, mais qui présente de façon intéressante certains points de vue.

On constate depuis quelques semaines une avalanche de rapports allant dans le même sens, mais dont les répercussions à venir semblent douteuses aux yeux des enseignants eux-mêmes; c'est ce que pointe ce dernier sondage, comme d'ailleurs le dernier et pertinent billet de Directeurs en lutte si on ne tient compte que de la situation particulière des directeurs d'école.

J'ai par exemple lu le rapport sur "les composantes de l'activité professionnelle des enseignants", paru en juillet dernier, dans son intégralité. Il est extrêmement intéressant quant aux constats effectués, froids et distanciés, complets me semble-t-il. Mais hélas on ne trouve à la fin que quelques pauvres préconisations parfaitement idiotes, dont on se demande bien à quel usage elles sont destinées, et en particulier une pure imbécillité de "coordo-coordi-nateur de cycles".

Non, il ne s'agit pas de faire réparer les vélos dont seront bientôt équipés des enseignants appauvris afin d'aller à leur travail, mais d'ajouter une couche supplémentaire de fonctionnaires inutiles, certainement pratiques pour cacher la misère. Le gouvernement actuel semble disposé à badigeonner l' État de multiple façon pour mieux nous pigeonner. Je pense ainsi à la récente déclaration roucoulante de M. Peillon quant à la création d'un organe dédié à la surveillance des faits de violence dans les écoles, organe qui existe déjà en double exemplaire et dont tout le monde se demande bien à quoi ils peuvent bien servir sinon encore une fois à fournir des statistiques inutiles, sauf peut-être pour faire survivre divers médias qui font leur beurre des marronniers de ce genre. L'image de M. Peillon roucoulant perché sur un marronnier me plait, même si elle m'indispose -je pourrai toujours utiliser les feuilles d'automne emportées par le vent pour nettoyer mes coliques-...

Nous avons déjà des DASEN, des IEN, des CPC, des RASED, qui tous tentent de justifier ou préserver leur existence en couvrant les écoles de recommandations, de courriels, d'exigences et de conseils superfétatoires, alors que les écoles en général se suffisent à elles-mêmes, même s'ils elles ont bien du mal à assumer correctement leur mission avec des effectifs par classe surchargés, des élèves difficiles, des complications multiples et quotidiennes. L'idée d'en ajouter une couche ne peut survenir que dans un esprit malade de fonctionnaire parfaitement détaché des réalités du terrain.

Qui fait travailler les élèves? Les enseignants. Qui fait tourner les écoles? Les directeurs. Est-ce donc une réalité si difficile à appréhender? DASEN, IEN, CPC, sont des maillons parfaitement inutiles, dont les missions importantes seraient fort judicieusement remplies sans difficulté sur le terrain par des directeurs d'écoles reconnus, statutaires, et déchargés d'enseignement. Faut-il avoir fait l'ENA pour le comprendre? Alors tant mieux, puisque les anciens élèves de cet établissement pullulent dans les ministères de notre nouveau gouvernement.

Malheureusement, je crains que cette idée de donner un statut clair aux directeurs d'école ne soit pas dans les plans de notre ministre. Concertons-nous, dit-il, ceci me donnera l'onction du peuple pour mon action, qui consistera bien entendu à ne rien faire, ou du moins pas grand chose, à grandes enjambées de coups médiatiques adaptés aux circonstances -comme le prétendument honni précédent gouvernement soit dit en passant- et de "y'a pas d'sous!". Chers collègues directeurs d'école, nous vivons sous une dictature télévisuelle qui prône la présence à l'écran plutôt que l'efficacité, il faut nous y faire! Le pays crève, l'école de France crève, nos gouvernements successifs s'en foutent, tant compte la pérennité de leurs privilèges. J'ai envie de rappeler que ceux-ci ont été abolis en août 1789, soit il y a maintenant 223 ans... Il faut croire que les élites se perpétuent, se reproduisent entre elles, jusqu'à parfaitement ignorer qu'il existe des gens du commun. J'en fais partie. Et certains ont été guillotinés pour moins que ce que nous subissons aujourd'hui.

M. Peillon, il est de votre intérêt de prendre très rapidement, demain, ou la semaine prochaine, un certain nombre de mesures qui nous rassureront un peu quant à votre action, et qui coûtent "peau de zébie" -entendez par là, cher agrégé de philo, "qui ne coûtent rien" : supprimez l'aide personnalisée pour les directeurs d'école -ou pour tout le monde, ce serait aussi simple vue sa nocivité-; citez-nous au moins une fois dans un de vos beaux discours pipeauesques en vantant notre efficacité et la pertinence de notre action; exigez des rectorats le point supplémentaire accordé aux directeurs d'école pour l'accès à la hors-classe (ce point existe dans certains départements, mais pas dans d'autres, ce qui est un comble pour une école publique qu'on prétend "nationale"); et envoyez un courrier à vos lécheurs de bottes d' IEN et de DASEN pour leur rappeler que les maillons indispensables de ce système ce ne sont pas eux mais les directeurs d'école, et pour leur demander de respecter et de valoriser l'autonomie des écoles dans leurs projets et leurs pratiques pédagogique.

Je crains bien que sans tout ça, Monsieur le Ministre, votre action dans l' Éducation Nationale ne laisse que la même trace que celles de vos prédécesseurs, soir une légère et dispensable ligne jaunâtre et légèrement aigre d'odeur. Tenez-vous donc, Monsieur le Ministre, à n'être qu'un nom de plus dans la longue litanie des potiches ridicules du ministériat de l'école de la Nation française?

2 commentaires:

  1. peut-être qu'il serait temps de trouver un moyen pour que les dirlos se fassent entendre par leur Ministre...
    Pierrot

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  2. DASEN, IEN, CPC, sont des maillons parfaitement inutiles, dont les missions importantes seraient fort judicieusement remplies sans difficulté sur le terrain par des directeurs d'écoles reconnus, statutaires, et déchargés d'enseignement.

    En effet ! je souscris totalement à cette partie (entre autres) du commentaire du blog ! Même sans autonomie (fortement et justement revendiquée par des directeurs d'école), on s'aperçoit parfaitement que les directeurs d'école fort de manière professionnelle correctement (et parfois plus) "tourner" leur établissement SANS L'AIDE DE QUICONQUE, et sans l'aide en particulier de tous ceux qui avancent bardées de sigles (cf. ci-dessus)
    J'en suis à ce jour bien convaincu : le mammouth est peuplé d'inutiles, de parasites qui ne doivent leur survie qu'à la parcellisation à outrance des tâches mais dont leur tâche en propre se réduit à une portion complètement congrue !
    On pourrait se plaire à imaginer que le sort dévolu aux RASED advienne un jour à une peuplade de bureaucrates dont l'inutilité est patente aux yeux de tous ceux qui œuvrent et s'échinent au quotidien sur le terrain...

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