jeudi 11 octobre 2012

Une épine dans le pied...


Les vestes se porteront retournées cet automne. Si vous voulez être à la mode...

Le SE-Unsa, qui jusqu'à présent semblait plutôt d'accord avec l'idée portée par le GDID d'un statut particulier pour les directeurs d'école, retourne sa veste avec allégresse dans son dernier supplément concernant la direction d'école, et n'évoque plus ce statut pourtant nécessaire que pour dire que les avis à son sujet sont partagés. Partagés au sein de la centrale syndicale, je n'en doute pas. Partagés parmi les directeurs d'école qui n'en peuvent plus, certainement pas! Le SE admet tout de même que la direction d'école est devenu un métier à part entière. Grâce lui en soit rendue. Mais je ne peux me contenter de ça ni d'un vague "il faut en discuter".

Je subodorais récemment cette forfaiture suite à la signature conjointe avec le SGEN-Cfdt d'une tribune dans laquelle les deux centrales vantaient "l'école du socle", quitte à mettre l'école primaire à la merci des collèges. Je ne suis pas persuadé que la tactique adoptée par le SGEN et le SE leur soit pleinement profitable. Mais le SE en a l'habitude. Avoir signé en 2006 avec de Robien le fameux protocole qui a été ressenti par toute la profession comme une trahison lui aura finalement coûté très cher lors des élections professionnelles suivantes. Croire que les enseignants ont la mémoire si courte que ça, c'est les prendre pour ce qu'ils ne sont pas. Si le SE et le SGEN tiennent tant que ça à tresser les cordes avec lesquelles ils seront pendus, cela les regarde, après tout.

A l'inverse, et c'est bien le plus étonnant, c'est le SNUipp qui aujourd'hui pourrait s'avérer un précieux allié pour les directeurs d'école. Bien sûr, tout n'est pas encore très clair, mais les signes sont là qui ne trompent pas. J'avais il y a quelques semaines senti que le vent faisait mine de tourner en notre faveur, mais une méfiance atavique réfrénait mon enthousiasme. Il y a une dizaine de jours encore, un texte du SNUipp attirait mon attention, qui requérait pour le direction d'école un statut. Pas pour les directeurs, notez bien, mais pour la direction d'école, ce qui est déjà un phénoménal progrès quand on se rappelle comment cette importante centrale syndicale snobait le GDID il y a encore quelques semaines. Y aura-t-il un jour une rencontre officielle? J'en doute. Mais le soutien du SNUipp, syndicat puissant et redouté, ne peut que nous être favorable, surtout face au dégonflage minable du SGEN et du SE.

A propos de ce dernier texte, j'ai peut-être compris pourquoi le SNUipp réclame un statut pour la direction et non pour les directeurs. Cela permettrait de ne pas avoir à créer de corps spécifique, et autoriserait un directeur d'école à retourner s'il le souhaitait à des fonctions d'adjoint. L'idée est simple, intéressante, et demande à être creusée pour ne pas avoir un statut au rabais, simple rustine sur notre inexistence administrative et sociale présente.

Je suis d'autant plus content de ce que considère comme un revirement du SNUipp que je considère cette centrale comme politiquement plus intelligente que le SE ou le SGEN. Il ne faut pas que nous nous fassions d'illusion: le GDID doit rencontrer M. Peillon, Ministre de l'Education nationale, le 30 octobre prochain. Mais ce ne sera que pour s'entendre dire ce que M. Peillon a déjà dit en juillet dernier, soit qu'actuellement il est budgétairement impossible de donner un statut aux directeurs d'école. Nous devrons déjà nous estimer heureux si dans la loi d'orientation qui doit être prochainement pondue les mots "directeurs d'école" apparaissent quelque part. Le SNUipp lui-même évoque la question dans un rapide compte-rendu de la réunion du 11 octobre de M. Peillon avec le Conseil Supérieur de l’Éducation, où il est écrit:

Certaines préconisations posent problème, que ce soit sur le statut pour les directrices et directeurs d’école ou l’obligation des Projets Éducatifs Locaux par exemple. 

J'ai comme l'impression que les directeurs d'école, dont le rapport de la Commission pour la refondation de l'école soulignait clairement l'importance et la nécessité de leur accorder "enfin" un statut, sont une épine gênante dans le pied du ministre. Dans cette optique, la tactique du SNUipp est la bonne, puisqu'ils ne risquent rien à soutenir une proposition qui ne pourrait être mise en place. Il leur sera éventuellement possible au moment opportun de changer leur fusil d'épaule. Mais pour l’instant cela leur permettra -peut-être- de se mettre un certain nombre de directeurs dans la poche (il sera toujours temps pour nous d'en sortir, les poches du SNUipp sont largement trouées), et pour l'instant cela fait bien aussi mon affaire.

Bref, ne nous leurrons pas sur les intentions des uns ou des autres. Mais sachons rester vigilants. Et surtout n'abandonnons pas: accorder aux directeurs des écoles publiques de France un statut clair leur permettant d'exercer leur mission sereinement est une nécessité urgente. Nous le savons, ils le savent. Alors pourquoi ne pas le faire?

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