Cela fait plus de trente ans que je suis entré dans la carrière, comme on dit, dont un tiers comme "remplaçant" et un autre tiers comme directeur d'école. Autant dire que j'ai vu passer du monde! Des élèves en veux-tu en voilà, des collègues à la pelle, cinq présidents de la République, dont Mitterrand deux fois et Chirac deux fois, quinze ministres de l' Éducation nationale -dont Jack "je ne fais rien" Lang deux fois-, et tout autant de réformes de ce fameux ministère du type "vous allez voir ce que vous allez voir".
J'ai vu... ce que j'ai vu.
J'ai le grand bonheur de vous faire savoir qu'heureusement, quasiment inamovible dans mes convictions, je continue à travailler avec mes élèves -expérience mise à part- comme au premier jour. J'écris "heureusement", car s'il m'avait fallu suivre toutes les circonvolutions absurdes ou simplement illogiques des directives concoctées par la Direction des écoles -ou DGESCO, Direction Générale de l'Enseignement SCOlaire-, j'aurais certainement transformé mes petits élèves (j'ai quasiment toujours travaillé en maternelle) en zombies irresponsables et incompétents. Certes j'ai abandonné au cours des ans certaines pratiques inutiles, comme j'ai aujourd'hui à mon âge du mal à jouer avec eux à quatre pattes en salle de jeux -j'ai joué aux écureuils avec eux hier, je ne vous dis pas l'état de mon dos ce matin-. Mais le fond de mon enseignement est quasiment resté le même, qui vise à faire de mes élèves des enfants heureux de venir à l'école, fiers de leurs progrès, et autonomes dans leur travail quotidien.
Autant vous dire qu'échaudé comme je le suis, les rodomontades ministérielles me laissent froid. Après la fameuse "concertation" dont tout le monde cause depuis deux mois, voir les syndicats exulter -on se demande bien pourquoi- et les médias jubiler -on se demande bien pourquoi aussi-, alors que les mesures annoncées frôlent le néant absolu, j'aurais tendance à rigoler.
Mais rigoler jaune.
Je rejoins Emmanuel Davidenkoff dans cet excellent billet que j'ai découvert ce matin: l' Education nationale n'est pas réformable. Je l'écris d'ailleurs depuis pas mal de temps: ce n'est même plus un coup de balai qui est nécessaire pour nettoyer les écuries d'Augias qu'est devenu ce ministère, il va falloir détourner le cours des fleuves Alphée et Pénée pour décrasser le haut fonctionnariat sclérosé et sûr de lui qui mène la barque.
Seulement, j'ai un doute: est-il opportun de comparer Vincent Peillon avec Hercule?
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