samedi 2 mars 2013

Lassitude...


J'ai essayé de me reposer pendant ces deux semaines de vacances dont je vois la fin. Ce qui n'aura pas été simple, entre importants problèmes personnels et diverses sollicitations. Je suis aujourd'hui partagé entre une légère déprime (les conditions climatiques ne doivent pas y être totalement étrangères) et une certaine lassitude.

J'ai été plusieurs fois tenté d'ajouter quelques billets sur ce blog. Il faut dire que l'actualité ne manquait pas! Entre les intempestives déclarations de M. Peillon quant à la possible prochaine remise en cause des vacances d'été -dont tout le monde sait dans le milieu enseignant qu'elle est évidente mais fait semblant de l'ignorer-, les toujours intéressantes mais toujours tardives déclarations de M. Fotinos -j'y reviendrai peut-être dans un autre billet-, les rodomontades syndicales, les...

Je ne suis pas inquiet. Même si l'effarante quantité de réunions qu'il me faudra encadrer ou auxquelles il me faudra assister d'ici les prochaines vacances de printemps laisserait pantois n'importe qui. Je ne me questionne pas plus qu'avant quant à ma position de directeur d'école ou quant à mon labeur d'enseignant sur le billot pendant six heures quotidiennes. Au contraire, j'envisage avec une certaine sérénité de me pencher sur la diminution de la durée quotidienne de la journée d'école et l'organisation des futures APC. J'aurai au moins vu les prémices d'une amélioration des conditions de travail de mes élèves avant la fin de ma carrière.

Mais je suis las. Las d'entendre ou lire des collègues qui se croient investis d'une mission divine avec leur métier d'enseignant, et refusent tout changement au nom de choses auxquelles ils ne croient pourtant plus depuis longtemps. Las des sempiternels questionnements, toujours les mêmes, quant à leur place ou leur importance qu'ils surestiment largement. Las de leurs croyances absurdes -aaah, les dix mois payés sur douze!- et de leurs problèmes de communication dont ils ne voient pas qu'ils en sont les premiers responsables. Las des réclamations et déclarations syndicales incompréhensibles ou contradictoires parce qu'elles ne riment à rien, des envolées lyriques à l'emporte-pièce, des propositions de grève ou de manifestation inutiles et redondantes qui ne font qu'accentuer un peu plus chaque jour la scission entre le milieu enseignant et la population. Las des commentaires haineux dans les journaux et sur internet, dont l'intensité s'amplifie de jour en jour. Et las de lire ou entendre en permanence des constats d'experts ou de journaleux, toujours les mêmes experts et les mêmes constats et les mêmes gratte-papier, sur l'état de l'école en général ou l'état d'esprit des enseignants, alors que ces mêmes experts et ces mêmes fouille-m[...] n'ont pas fichu les pieds dans une école depuis des décennies, quand bien même ils l'ont fait un jour.

Je vais donc reprendre le boulot. J'ai intérêt à sérieusement consolider l'agenda de mars et avril des rencontres et réunions après le temps de classe si je ne veux pas m'y perdre! Et il est vrai que je serais certainement plus serein si je n'étais que l'adjoint attentionné d'une directeur d'école compétent, sans toute cette organisation à mettre en place.

Il faut bien le dire: la direction d'école, en ce moment, n'est pas à la fête. Vous qui me lisez savez depuis longtemps qu'avec abnégation nous continuons à remplir notre mission dans des conditions dont la difficulté s'amplifie. Notre rôle et notre importance sont niés, alors que tout repose sur nos épaules. Tout? Oui. Tous ces changements de rythmes devront être préparés, organisés, surveillés attentivement. Qui le fera sinon les directeurs et directrices d'écoles? Pour autant rien n'est venu pour l'instant nous affranchir de quelque responsabilité ou nous en donner le bénéfice. Pire, les discussions quant à notre statut, qui devaient se tenir ce premier trimestre 2013, sont repoussées aux calendes grecques. La direction d'école, concrètement, n'intéresse personne: les syndicats ne se sont saisis du problème que pour des raisons électoralistes, et certains sont manifestement prêts à l'abandonner à la première opportunité; les adjoints s'en foutent royalement et ne pensent qu'à leur petite personne; le ministère quant à lui "y réfléchit" et prend prétexte d'un "manque de moyens financiers dans une conjoncture difficile" pour ne pas seulement entamer la discussion ou proposer quelques mesures qui pourtant pour certaines ne coûteraient rien à l’État, mais seraient un réel gage de bonne volonté, et dès leur lancement amélioreraient grandement le quotidien des directeurs d'école. C'est même un recul qui à mon grand effarement nous est proposé avec le prétendu "allègement de service" des directeurs d'école sur les heures d'APC. Ces gens-là ignorent tout de notre mission, et se réjouissent clairement de leur geste royal qui consiste à soulager les directeurs d'un certain nombre d'heures en fonction de leur temps de décharge habituel. Alors qu'il eut été si simple de totalement exonérer la direction d'école des heures d'APC qu'ils doivent déjà organiser, et dont ils seront responsables de la sécurité car ce sera un temps scolaire. Sans compter que les directeurs d'écoles seront aussi légalement responsables de la sécurité des élèves pris par les personnels communaux intervenant sur ce temps dans les locaux scolaires, comme de celle des personnels eux-mêmes!

C'est donc ainsi que, n'étant pour ma part aucunement déchargé, on m'octroie impérialement six heures sur trente-six, j'en devrai donc trente d'encadrement -tout en veillant à ce que tout se passe bien ailleurs- que je cumulerai avec une joie ineffable à mes responsabilités habituelles. Je me promets de jolies fins de journées...

Bref, comme il était hélas prévisible et comme je l'avais prévu, dans tout ce salmigondis indigeste d'agitation médiatico-syndicale la direction d'école passe une fois de plus à la trappe. Je ne perds pas espoir, mais j'avoue que prêcher dans le désert devient laborieux, et je fatigue un peu. Je ne pense pas lâcher ma mission, qui pourtant est chaque jour un peu plus lourde et un peu plus absurde, au point d'ailleurs de parfois largement entamer celle de l'enseignant, mais combien de directeurs et directrices d'écoles vont craquer cette année et reprendre un simple poste d'adjoint? Depuis vingt ans la fonction est dévalorisée à un point tel que de nombreuses directions d'école restent vacantes et ne sont pourvues qu'à titre provisoire par de jeunes enseignants débutants. Combien y en aura-t-il cette année?

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