Le servage (du latin servus, "esclave") est défini par la convention relative à l'abolition de l'esclavage des Nations unies comme la "condition de quiconque est tenu par la loi, la coutume ou un accord, de vivre et de travailler sur une terre appartenant à une autre personne et de fournir à cette autre personne, contre rémunération ou gratuitement, certains services déterminés, sans pouvoir changer sa condition".
Les directeurs d'école sont tenus par la loi de travailler dans une école communale et de fournir contre rémunération certains services déterminés sans pouvoir changer leur condition. Seraient-ils des serfs modernes?
Même pas! La différence entre le servage et l'esclavage provient du statut juridique du serf, qui jouit d'une personnalité juridique. Le directeur d'école n'a aucune personnalité juridique. L'enseignant de primaire en a une, le directeur d'école lui n'existe pas. Ainsi l'absence de statut des directeurs d'école les apparente-t-il plus à des esclaves qu'à des serfs.
De plus, la contrepartie du servage est que le serf ne peut être chassé de sa terre, puisqu'il ne fait qu'un avec elle. Le directeur d'école, lui, peut être viré de son école comme un malpropre par le régisseur du domaine, le DASEN, s'il a déplu au représentant local de son seigneur, autrement dit l'IEN. Ce qui une fois de plus apparente plus les directeurs d'école à des esclaves qu'à des serfs, auxquels d'ailleurs le lien de servage exige normalement que le seigneur doive protection. La protection que le ministère de l’Éducation nationale accorde à ses directeurs d'école n'étant qu'une vaste fumisterie, on peut supposer que les directeurs d'école sont bel et bien des esclaves de l’État.
Résumons: les enseignants du primaire ont de nombreux droits et quelques devoirs; les directeurs d'école ont de nombreux devoirs... et pas plus de droits que les enseignants. Ceci d'ailleurs avec la bénédiction syndicale, moderne clergé se pavanant dans ses privilèges, et dans l'ignorance totale de la population qui vaque à ses occupations en imaginant que les directeurs d'école sont des potentats locaux.
La principale occupation de la direction d'école primaire en France est de battre les étangs pour en chasser les grenouilles qui pourraient gêner le sommeil de leur seigneur... Traduisez: les directeurs d'école ont pour charge principale d'étouffer dans l’œuf tout bruit ou toute revendication qui pourrait déranger l'ordre établi du ministère et ses certitudes bien ancrées de sa toute-puissance et de son omniscience. Le ministère est l'alpha et l'omega de l'école, tout vient de lui et tout y retourne, le serf ou l'esclave directorial exécute et n'a rien à dire, de toute façon on ne lui demande pas son avis, c'est le Seigneur Ministre qui sait.
Bon, j'ai conscience que ce que j'écris ici s'apparente aux théories marxistes. Avec les opinions que j'ai, c'est un comble! Mais le travail des directeurs d'école sans statut s'apparente aujourd'hui tellement à la corvée moyenâgeuse que l'analogie s'est imposée d'elle-même à mon esprit. Comment aurait-il pu en être autrement? Le directeur d'école primaire publique en France n'a pas de statut juridique, il est corvéable à merci et les tâches accumulées sur son dos depuis quinze ans en font foi, il travaille gratuitement ou presque car je ne peux pas appeler rémunération ce que le ministère nous octroie chichement chaque mois, il exécute sans pouvoir rien dire et doit des comptes à tous sans en tirer le moindre profit, et sa condition ne change pas malgré les appels au secours quotidiens, les rapports divers et variés, les questions à l'Assemblée nationale, les commissions d'enquête, les... Comment appelleriez-vous ça, vous?
Excusez ma naiveté mais comment deviens t on directeur d'école? Est on nommé d'office et on n'a pas le choix ou bien on est volontaire pour l'etre?
RépondreSupprimerOn le demande. C'est souvent à notre époque l'opportunité pour un enseignant débutant de se rapprocher de son domicile. Mais parfois on peut y être nommé un peu malgré soi si personne n'a voulu du poste...
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