jeudi 18 avril 2013

Deux poids, deux mesures...


Selon son département d'exercice, le directeur d'école sera plus ou moins bien traité par les services de son académie, et en particulier par son Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale, ou DASEN. Deux poids, deux mesures... ou plutôt autant de mesures que de DASEN!

Une partie des Inspecteurs de l’Éducation Nationale, ou IEN, vient de l'enseignement primaire. On peut donc espérer de ceux-ci une connaissance particulière des conditions de travail des directeurs d'école, connaissance souvent vérifiée, mais hélas aussi parfois infirmée lorsque l'IEN est un ancien professeur du secondaire. Notons que ces gens-là sont destinés à évaluer un travail dont ils ne connaissent rien ou pas grand chose, sinon au travers d'études diverses et fumeuses souvent internes à l’Éducation nationale, ce qui amène des situations ou des réflexions qui pourraient être cocasses si les rapports des IEN avec les enseignants des écoles n'étaient pas si faussés, les IEN traitant parfois leurs administrés avec arrogance et dédain.

En ce qui concerne les DASEN, c'est pire! Hauts fonctionnaires nommés par le Ministre, la plupart des DASEN n'ont jamais mis les pieds dans une école, sinon à l'occasion d'une inauguration quelconque ou d'une rentrée scolaire. Selon leur origine et leur cursus, nombreux sont les Directeurs Académiques qui imaginent la direction d'école comme une sinécure bien payée, accompagnée d'un secrétariat, et suffisamment éloignée des élèves pour qu'il soit envisageable de lui demander n'importe quoi.

Ne rigolez pas! Le nombre d'anecdotes sur ce sujet est étonnant, certains DASEN proférant des énormités avec une candeur désarmante.

Mais je dois être honnête: quelques Directeurs Académiques savent être des gens à l'écoute des problèmes, sincèrement intéressés, et prêts à de grands efforts pour le bien-être de leurs troupes. Ils sont hélas peu nombreux.

C'est évidemment dans des moments comme celui que nous vivons, fin d'un règne de terreur et début d'une "Refondation", que peuvent être observés les comportements les plus évocateurs. Certains DASEN zélés serviteurs du précédent gouvernement aujourd'hui se taisent avec constance, d'autres font feu de tout bois pour accompagner les réformes. C'est ainsi qu'on peut voir de façon claire qui veut améliorer le fonctionnement du système, qui préfère rester sur ses a priori, qui connait les écoles, qui n'y comprend rien. C'est ainsi que le DASEN de Haute-Savoie, loué soit-il, a décidé de dispenser les directeurs d'école d'encadrer l'an prochain les heures d'APC (Activités Pédagogiques Complémentaires, après les heures de classe). C'est ainsi que le DASEN de la Somme, lui, demande aux directeurs de transmettre aux enseignants concernés les convocations aux sessions de formation, au motif que "Cet envoi, automatisé dans l’application GAIA, fonctionne depuis plusieurs années dans le second degré."

Il serait peut-être utile d'apprendre à ce DASEN, car manifestement il l'ignore, que les directeurs d'école primaire n'ont eux, contrairement aux principaux et proviseurs, ni temps ni secrétariat. Il serait peut-être utile de l'informer que 96% des directeurs d'école ont charge de classe, et 38% à temps plein. Il n'est donc pas forcément utile de leur ajouter une tâche supplémentaire qui normalement est dévolue à un secrétariat qui ne fait pourtant pas défaut dans les Directions Académiques. Déjà Affelnet a été dévolu aux écoles primaires, au grand soulagement des Principaux des collèges qui y voient un allègement des charges de leurs secrétaires, sans imaginer une seconde que cette charge soit un poids énorme pour des directeurs d'école qui n'ont déjà pas toujours le temps d'assurer la charge de leur mission. Pourquoi ne pas continuer à charger la barque?

Il est plus que temps que M. Peillon se décide à ouvrir ce satané dossier de la direction d'école. Il l'avait promis. Mais aujourd'hui il tergiverse, repousse à plus tard, fait la sourde oreille aux réclamations qui s'élèvent de toutes parts: syndicats, députés, sénateurs, maires, sans compter les incessants rappels du GDiD qui s'immisce dans tous les comités, commissions, congrès (celui de la PEEP, bientôt)...

M. le Ministre, les directeurs d'école n'en peuvent plus, ils sont exsangues. Donnez-leur ce qu'ils attendent. Donnez-nous un statut clair et différencié, reconnu juridiquement et administrativement. Donnez-nous le temps et les moyens de notre mission. Il y va de l'avenir de l'école primaire publique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire