mercredi 12 juin 2013

Discussions...


M. le Ministre de l’Éducation nationale met en place dans la semaine du 17 juin un "groupe de travail" sur "les missions des directeurs d’école" -ce sont ses propres termes-, avec "les organisations syndicales représentatives ".

Quelle est la réelle signification des termes employés par le ministre, et quelles sont leurs incidences?

Un groupe de travail a déjà été créé au sein de la DGESCO, qui travaille depuis plusieurs mois sur la question. Je pense que la question de la direction d'école y a été épluchée en long et en travers, M. Delahaye étant un homme sérieux. Ceci signifie que le ministre ne partira pas sans billes, même s'il n'a pas forcément de grands moyens financiers à sa disposition.

La formulation du ministre n'est pas exclusive, y faire participer les "organisations syndicales représentatives" ne signifie pas qu'elles seront seules à faire partie du groupe de travail, car il s'agit bien de discussions, et non de négociations. Les négociations éventuelles auront lieu ensuite dans un cadre précis et légal avec la représentation syndicale. Ce qui signifie que le GDiD est parfaitement à sa place dans ce cadre au mois de juin, dans la mesure où il s'agit de la seule association de directeurs d'école existante qui ait une audience nationale.

Le second avantage d'un groupe de travail, c'est qu'il est possible d'y inviter les personnalités les plus diverses qui auraient leur mot à dire sur la question, en particulier certains députés par exemple qui se démènent pour certains depuis des années pour que les directeurs d'école obtiennent un statut clair, différencié, reconnu juridiquement et administrativement, qui marque enfin à quel point leur mission est aujourd'hui devenue un vrai métier qui n'a plus rien à voir avec ce qu'était la direction d'école il y a trente ans, ni avec le métier d'enseignant. Alors que la plupart des directeurs d'école cumulent les deux. J'aurais volontiers ajouté "sans défaillir", mais hélas cela ne peut plus être le cas, ceux qui affirmeront le contraire dans le meilleur des cas se trompent, dans le pire trompent autrui.

Ce qui me gêne plus dans les termes choisis par le ministre, c'est le terme "représentatives" qui qualifie les organisations syndicales qui participeront aux discussions. On peut comprendre que le ministre ne veuille pas engluer des discussions -dont je suppose qu'il les souhaite fructueuses- dans les revendications d'une myriade de syndicats aux audiences parfois fumeuses. Néanmoins, cela pourrait indiquer que seuls les représentants syndicaux du Comité Technique Ministériel (CTMEN) seraient éventuellement parties prenantes. C'est inquiétant, car le CTMEN compte une forte proportion d'adversaires farouches du statut de directeur d'école: 7 FSU (Christian Allemand, Jacques Aurigny, Nicolas Duveau, Anne Feray, Nathalie François, Frédérique Rolet, Sébastien Sihr), 3 CGT/FO/SUD (Jacques Paris, Patrick Désiré, Stéphanie Parquet-Gogos), soit 10 présumés contre, qui auront face à eux 4 UNSA (Christian Chevalier, Joël Pehau, Catherine Petitot, Jean-Yves Rocca) et 1 CFDT (Michelle Zorman).

Bref, si les discussions se font avec uniquement ces personnalités là, le SE-Unsa, le SGEN-Cfdt et le GDiD auront fort à faire. C'est d'autant plus dommage que la plupart des "petits" syndicats non représentés au CTMEN soutiennent l'action du GDiD.

Toutefois, même lorsqu'il s'agit de négociations, le CTMEN n'a qu'un rôle consultatif. Le ministre voudra-t-il néanmoins se mettre à dos les uns (le SE-Unsa pro-statut qui en posant une "alerte sociale" a déjà mis la menace d'une grève sur le tapis) ou les autres (le SNUipp et les syndicats d'extrême-gauche pour lesquels le statut pourrait être un casus belli à la rentrée)? Il me semble peu probable que M. Peillon, après les déboires de sa "refondation" et le cafouillage de l'affaire des rythmes scolaires, ait particulièrement envie d'une rentrée chaude en septembre prochain. Mais pourra-t-il en faire l'économie? Je ne pense pas que les directeurs des écoles primaires publiques françaises accepteront de se faire encore longtemps balader, sans l'assurance d'une réelle avancée de leur situation dans les mois qui viennent. Je ne pense pas non plus que l'école de la Nation puisse en faire l'économie, car en dépit des constantes dénégations des thuriféraires du statu quo elle est en train de crever du refus de certains de regarder les problèmes de l’Éducation nationale en face.

1 commentaire:

  1. Directeur depuis trois ans, je suis ce blog avec grand intérêt, sachant que ce qui y est dit correspond de très près à ce que vivent nombre de directeurs sur le terrain.
    ""sans défaillir", mais hélas cela ne peut plus être le cas, ceux qui affirmeront le contraire dans le meilleur des cas se trompent, dans le pire trompent autrui."
    Par intérêt personnel, peut-être est-on tenté de taire ce fait!
    Il faut des avancées, je suis pessimiste quand je vois que certains esprits réagiront lorsqu'ils seront mis au devant de situations que nous savons anticiper, mais qu'ils ne savent "recevoir" à ce jour!
    Un message: toute décision relatives aux rythmes scolaires, qui ne serait prises nationalement entraîneront des conséquences incalculées, mais prévisibles à nos yeux, nous sur le terrain. Jamais vu telle aberration, telle destruction de l'Education territoriale, je veux dire, nationale.

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