mercredi 5 juin 2013

EVS: attention danger !


Le syndicat SE-Unsa vient donc de poser une "alerte sociale", préalable légal à tout appel à la grève, sur la question cruciale pour l'école de la République des directeurs d'école, dont je décris assez ici à longueur de billet la situation absurde et la profonde lassitude pour m'appesantir encore une fois dessus. L'abandon dans lequel nous laisse l’État depuis des lustres augure mal de la réelle volonté des gouvernements qui se succèdent dans ce pays de sauvegarder notre école publique, dont pourtant plusieurs rapports récents rapportent -contrairement aux idées reçues et propagées- l'efficience face à l'école privée.

Je précise que je considère pour ma part l'école privée comme un maillon indispensable de la chaîne de liberté qui unit la Nation. Il ne s'agit pas pour moi de m'en faire le chantre, mais bien de reconnaître le rôle important qu'elle joue en France. Ce qui n'interdit pas non plus d'admettre que notre école primaire publique, qui continue à fonctionner malgré les obstacles qu'on ne cesse de poser devant sa route, reste pour la majorité des enfants de ce pays le lieu privilégié des premiers pas vers la connaissance, la compétence, et la socialisation.

L' "alerte sociale" du SE-Unsa, si elle est importante, montre tout de même les limites de ce genre de revendication. Effectivement, un des points cruciaux relevé par ce syndicat est celui des "Emplois Vie Scolaire", ou EVS, que depuis des années on nous décrit comme la panacée pour la direction d'école. Je m'élève vigoureusement contre cette idée!

Les EVS sont des emplois précaires, que le directeur d'école doit lui-même former (sur quel temps? avec quelles compétences?), et qui ne font que conforter la situation présente. De plus, ils ne sont pas généralisés, et les petites écoles n'en voient pas la couleur alors que leurs directeurs n'ont même pas le plus minime temps de décharge nécessaire à leur mission (12000 EVS annoncés par le ministre, pour plus de 45000 écoles!). Enfin, quand dans un organisme quelconque on recherche un(e) secrétaire de direction, on recherche une personne qui saura être efficace dès le premier jour. et soulagera réellement la charge de travail de celle ou celui qu'elle assiste. On ne recherche pas l'inverse sous des prétextes sociaux.

Pas étonnant que les syndicats d'extrême-gauche soutiennent parfaitement l'emploi et le ré-emploi des EVS dans les écoles. Pour Sud, FO ou la CGT, pour également le SNUipp, le directeur d'école n'existe pas, et ne doit surtout pas exister! Ces gens-là refusent d'admettre qu'en 2013 la direction d'école soit un métier à part entière. Et ils préfèrent réclamer la création et la titularisation d'un nouveau corps d'EVS plutôt que la création d'un statut spécifique pour les directeurs d'école.

Chers collègues, ne vous trompez pas de combat! Notre pays ne peut pas faire l'économie d'un statut pour la direction d'école. Et celui-ci ne peut pas passer par les EVS. Pourquoi dépenser autant d'argent dans un dispositif de ce genre? Alors que les directeurs d'école pourraient bénéficier de nombreux jours de décharge supplémentaires, en particulier dans les petites écoles dont les responsables se désespèrent quotidiennement d'avoir à se partager entre leur classe et leur mission.

Bref, ne mettons cette question en préalable à toute discussion. Si un secrétariat peut être intéressant dans les écoles de taille importante, les premières revendications de la grande majorité des directeurs d'école sont bien d'avoir du temps pour leur mission, et les moyens pour l'exercer. Ce temps doit passer par une reconnaissance institutionnelle, autrement dit un statut clair et différencié, une reconnaissance juridique et institutionnelle. Pas par des pis-allers qui n'arrangent que des syndicats qui voudraient bien voir l'école publique s'enfoncer encore un peu plus dans la fange.

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