jeudi 5 décembre 2013

Et Jacques, alors ?


Avec tous les présents soubresauts de l’Éducation nationale et les négociations qui me concernent au premier chef, comme professeur des écoles et directeur d'école, il ne faudrait tout de même pas oublier certaines choses plus importantes que d'autres. Un collègue du Vaucluse, ce cher Jacques Risso qui avec ses petits dessins a égayé beaucoup de mes longues veillées à préparer ma classe du lendemain, est toujours suspendu de son poste de directeur d'école, comme de sa fonction d'enseignement, depuis la fin août. Plus de trois mois d'un procès à charge qui n'en finit pas, plus de trois mois d'un salmigondis indigeste qui empêche un collègue, un ami, de faire son travail. Plus de trois mois de tergiversations, de racontars, de rumeurs, de pièces à charge qui disparaissent et réapparaissent au gré du vent. Plus de trois mois de méchanceté et de bêtise qui bouffent un honnête homme qu'une administration aveugle a voulu étouffer. Il serait peut être temps d'y mettre fin. Même si je sais que jamais Jacques Risso ne pourra oublier ce qu'on a voulu lui faire, même si je sais que jamais Jacques Risso ne pourra oublier ce qu'on a voulu faire de lui.

Oui, Jacques a reçu du soutien. Oui, Jacques n'a pas été abandonné. Heureusement. Que resterait-il de lui aujourd'hui si la profession, et au-delà, ne s'était pas levée pour l'accompagner sur ce chemin ô combien difficile? Depuis que cette suspension a été si légèrement prononcée je n'ai cessé de me mettre à sa place. Impossible évidemment. Mais simplement l'imaginer a été déjà une épreuve. Quand on a donné sa vie à son métier, et ceux qui comme moi depuis longtemps enseignent à des enfants entre trois et dix ans savent ce que je veux dire, une suspicion devient un supplice. Je ne veux pas faire de Jacques un martyr. Je veux tout bonnement exprimer qu'on a voulu, par méchanceté, par rancœur, par orgueil, abattre un honnête homme.

Une forte mobilisation a eu lieu. Des femmes et des hommes se sont levés, ont voulu accompagner Jacques dans cette épreuve. Certains pouvaient s'investir plus que d'autres, chacun l'a fait à sa mesure. Merci.

Le web s'est levé aussi: blogs, forums, sites professionnels, ont relayé le scandale. Merci.

Parmi les soutiens que Jacques a reçu, il y a les soutiens syndicaux de FO, que je souligne avec d'autant plus de facilité que j'ai su dire ailleurs ce que pour d'autres raisons je pense de ce syndicat. Pour Jacques, cette centrale a été, est exemplaire, et digne du mandat que les enseignants lui ont donné. Merci.

Le GDiD a aussi beaucoup travaillé pour Jacques, plus secrètement, et à d'autres niveaux. Il n'est certainement pas étranger à l'intervention de l'IGEN. Merci.

Car l'IGEN est intervenu. Ce dossier, devenu trop "chaud" pour la DSDEN du Vaucluse suite à la forte mobilisation qui a suivi la suspension de Jacques, a été finalement pris en main directement par le ministère. Une enquête a été menée, dont à défaut d'en connaître les détails, qui doivent heureusement rester secrets pour respecter les personnes, nous connaîtrons bientôt les résultats. Je ne souhaite qu'une chose: la réintégration inconditionnelle et rapide de Jacques Risso dans ses fonctions d'enseignant et de directeur d'école, qu'il n'a jamais cessé d'être en son fors intérieur. Et j'aimerais tellement que Jacques passe Noël rasséréné, conforté. Jacques, nous sommes, nous restons avec toi, de tout cœur. Et nous avons confiance.

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