mercredi 12 février 2014

Expectare necessitatem...


"Ô temps ! Suspends ton vol"...

Si j'appelle Lamartine à mon aide, c'est pour souligner à quel point enseignants du primaire comme directeurs d'école sommes présentement dans une totale expectative.

Beaucoup de choses ont été dites sur l'école depuis deux ans et les élections présidentielles. Beaucoup d'absurdités, de cafouillages et d'erreurs ont été dénoncés par les uns comme par les autres, sur le terrain comme par M. Peillon ministre de l’Éducation nationale. Certains changements nécessaires ont été lancés comme celui des rythmes scolaires, qui ne sont pas faits sans quelque douleur parfois. D'autres sont en gestation ou en discussion, qui laissent les enseignants, les directeurs d'école, les familles, dans l'attente ou le doute.

Je suis humain, j'ai comme vous tous du mal à attendre. Il faut dire que le temps de nos élèves n'est pas le nôtre, encore moins celui du ministère, ni celui des familles. Mes propres disciples de quatre et cinq ans vivent à cent à l'heure, grandissent à une vitesse qui après trente-cinq années de carrière m'épate encore! Alors il est vrai qu'à côté, le temps du ministère...

Expectare necessitatem... La nécessité d'attendre s'est rarement autant qu'aujourd'hui faite sentir, car tout est en chemin pour ce qui nous concerne: la fonction publique dans son ensemble est discutée, le statut des enseignants est sur le grill, celui des directeurs d'école en gestation. Comme des saucisses ou des jambons tout est suspendu à sécher dans le grenier, attendant les décisions et les arbitrages, avec les trois vents parfois contraires d'un budget national étriqué voire en berne -ce que payant des impôts élevés nous sommes à même de comprendre-, de freins syndicaux pour quelques-uns puissants -même s'ils sont en fin de compte moins costauds qu'ils souhaiteraient s'en donner l'air-, et de l'intérêt primordial des élèves et de leur réussite.

Il en est fait état sur le forum public du GDiD, où le secrétaire de l'association fait part du même sentiment:

"Tout semble en suspens… quelles économies à l'EN? l'école toujours prioritaire? remaniement imminent? Peillon encore ministre?
Nous avons activé nos relais syndicaux (merci le SE) et ministériel… 
le MEN doit terminer les discussions prévues dans l'agenda social et beaucoup de textes réglementaire sont en préparation (on se rappelle que la stratégie de Peillon était de faire voter une loi de programmation et d'agir ensuite par décrets et circulaires) pour une mise en œuvre à la rentrée prochaine. Les services du ministère ont pratiquement bouclé les docs de travail et doivent formaliser le calendrier (après les vacances d'hiver pour nous).
Voilà ce qui vient percuter une réalité du terrain où sœur Anne n'a même plus le temps de surveiller...
Attendre?"

Le Café Pédagogique, dont je ne peux pas dire qu'il soit pourtant ma tasse de thé, ressent la même chose:

Avec ce mois de février commence une curieuse étape du cheminement de l'Ecole. On entre dans un moment où elle semble en suspension, soumise à des éléments qui lui échappent.

Car il est vrai que la décision de M. Peillon, en dépit de ses déclarations de volonté de rester à la tête de ce ministère, laisse malgré tout traîner un doute désagréable. Comme quoi la gestion politicienne n'a que peu à faire avec la politique au sens noble d'un terme galvaudé.

La question de la direction d'école reste évidemment pour moi d'une importance cruciale, je suis intimement persuadé -et je ne suis pas le seul, lisez ce blog, tous les rapports divers et variés en soulignent l'importance- qu'elle est une des premières qu'il faille résoudre. Les choses sont en cours, nous sommes tous attentifs, nous ne devons pas nous laisser glisser dans un doute déprimant ou une impatience insconstructive. De toute façon, ce qui sera décidé ne sera qu'une première étape, certainement peu satisfaisante, mais quoi qu'il advienne par la suite une étape décisive. car ce sera la première fois depuis la faillite des "maîtres-directeurs" -dont il est vrai l'esprit était différent- que le métier de directeur d'école sera considéré comme une mission à part qui mérite considération et intérêt pour l'avenir de l'école. Si la question vient à son terme, il faudra bien évidemment savoir rendre à César ce qui sera à César, soit rendre à M. Peillon le bénéfice de ce qu'il aura malgré toutes les difficultés -et même ses premières réticences- su malgré tout prendre en compte. Et savoir aussi lui rendre compte d'une part de son honnêteté intellectuelle, d'autre part de son courage pour aller à contre-courant, enfin d'avoir compris que ce qui motive les directeurs d'école et le GDiD qui nous accompagne n'est en fin de compte que la réussite de nos élèves, de TOUS nos élèves.

Expectare necessitatem... Soyez -soyons- courageux et patients. Il sera toujours temps de prendre des décisions. Comment disent les anglais? Ah oui, Wait and see.

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