mercredi 5 février 2014

Il y a un an...


Il y a un an, presque jour pour jour, j'écrivais sur ce blog deux articles, l'un pour dénoncer le centralisme outrancier et le parisianisme de l’Éducation nationale, l'autre pour exprimer ma déprime face à une manifestation contre le changement des rythmes scolaires.

En un an, rien n'a changé. RIEN. Le ministère veut toujours depuis Paris imposer une façon de voir les choses inspirées par quelques lobbys puissants dans la capitale dont le reste du pays en grande partie ne veut pas, et flanque dans la rue des gens qui tiennent à conserver intactes leurs convictions et leurs prérogatives de parents. Ce qui me rappelle d'ailleurs curieusement 1984, quand des causes similaires avaient fait tomber le gouvernement Mauroy.

Sur le terrain, peut-être y a-t-il tout de même eu quelques changements? Non. Rien n'a changé non plus, RIEN. Nous avons eu des promesses, qui n'engagent comme chacun sait que ceux qui y croient, et qui tardent évidemment à se concrétiser. Ah si, j'allais oublier que les professeurs des écoles perçoivent désormais une prime annuelle de 400,00 € "bruts"... sur laquelle notre ministre s'est largement étendu à longueur d'entrevues journalistiques diverses. Mais comme parallèlement nos cotisations de retraite ont augmenté d'autant, voilà une "prime" bien incolore, inodore et sans saveur. Une opération blanche qui a fait croire à la population française que ses instits étaient bien pris en compte. Médiatiquement, c'est costaud, je tire mon chapeau. Pour conserver les suffrages du métier en revanche, je doute.

Les méthodes d'enseignement? Les programmes? Pour l'instant c'est peau de zébie. Certes la rentrée scolaire de septembre prochain apportera à l'école maternelle -rien pour l'élémentaire- de "nouveaux" programmes et certainement des "nouvelles" instructions officielles, mais je suis à leur sujet fort dubitatif étant donnés ceux qui les conçoivent. Notons d'ailleurs le ministère a installé plusieurs commissions rigolotes -on trouve toujours de l'argent pour les commissions rigolotes- et parait-il indépendantes (ah ah ah!) qui vont m'expliquer chaleureusement pourquoi je dois continuer à être bouffé et avec quelle nouvelle sauce qui ne pourra guère être à mon idée qu'un sauce traditionnelle un peu resucée. Oui, même l'image est dégoûtante.

Le statut des directeurs d'école? Rien, que dalle, niente, le néant. On me dit d'attendre. Pourquoi? Pourquoi l'indispensable, soit la gestion locale des écoles, est-il laissé de côté? Gestion locale qu'en revanche notre ministre sait fort bien monopoliser pour éteindre un certain nombre d'incendies locaux allumés depuis Paris. Et avec une rapidité qui me laisse pantois quand on sait à quel point il est compliqué quand on est parent ou enseignant de se faire entendre par les échelons même immédiats d'une pyramide institutionnelle inébranlable. Manifestement les communautés territoriales sont plus réactives puisqu'en une année seulement elles sont aujourd'hui toutes prêtes à changer les rythmes scolaires pour celles qui ne l'ont pas encore fait. Les communes ont trouvé le temps de discuter, elles ont trouvé l'argent nécessaire... L'état jacobin, lui, reste jacobin. Inébranlable, je vous dis.

La question se pose donc cruellement de la force d'action d'un ministre. Comme d'ailleurs de sa conviction au service de la Nation. Car au lieu de vouloir supplanter les familles dans l'éducation de leurs enfants, ou se faire le relais de lobbys bien-pensants qui conduisent le pays sur une voie étrange que refuse une grande partie de sa population, il serait bienséant de d'abord balayer devant sa porte et réformer -c'est urgent!- un État de hauts fonctionnaires fort éloignés des réalités quotidiennes des français comme de ceux qu'ils administrent directement. Mes préoccupations sur le terrain sont autrement plus importantes pour les familles de ma commune d'exercice que les élucubrations imaginées dans les salons feutrés de la rue de Grenelle.

Il serait pour moi de bon ton de conserver l'optimisme légendaire et la bienveillance qui me font généralement apprécier. J'attends donc avec impatience l'écho post-municipales et post-européennes des consultations et autres auditions que le GDiD cumule depuis des années avec courage, bénévolat et abnégation. J'attends donc pour les directeurs d'école un VRAI changement, de ceux qui nous feront dire et écrire plus tard que les choses ont commencé à vraiment bouger avec M. Peillon. Mais je dois avouer que pour l'instant l'attente me semble inutilement longue, et surtout vaine.

Alors chiche? Les choses vont changer? La direction d'école sera enfin perçue et considérée à l'aune de sa véritable importance? La balle est dans votre camp depuis de très longs mois, monsieur le Ministre, et malgré votre engagement dans les élections européennes je veux bien croire encore à votre sincérité et votre pérennité à votre poste, qui je vous le rappelle engage pour au moins deux décennies chaque année l'avenir de la Nation à travers la première admission à l'école maternelle des enfants de trois ans. Oubliez la politique, monsieur le Ministre, pensez à nos élèves, que de notre côté nous tâchons laborieusement d'accompagner et en l'avenir radieux desquels nous persistons à croire. Vous vouliez "refonder" l'école... Faites-le.

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