samedi 29 mars 2014

Le GDiD va-t-il devoir tout recommencer?


Au petit jeu des conjectures quant aux suites qui seront données aux élections municipales, les directeurs d'école risquent bien d'être largement perdants.

Effectivement, de nombreux journaux et analystes donnent partant le présent Ministre de l’Éducation nationale. Largement contesté depuis un an en raison des nouveaux rythmes scolaires, devenu la tête de turc des politiques de "droite" comme des syndicats extrémistes, M. Peillon dont le moins qu'on peut penser est qu'il doit être franchement fatigué risque fort de faire les frais de la totale perte de crédibilité du premier Ministre et de Président de la République.

Le Figaro rapportait ainsi dernièrement:

"Des cartons ont déjà été commandés rue de Grenelle, les rumeurs de remaniement concernant Vincent Peillon se faisant pressantes. «L'atmosphère est électrique. On sent la fin de règne. Le dossier mal ficelé des rythmes scolaires et celui des classes préparatoires n'ont pas aidé le ministre», pronostique un haut fonctionnaire, habitué de la maison."

"Alexandre Siné devrait rejoindre son corps d'origine, l'Inspection des Finances, et Jean-Paul Delahaye a déjà annoncé son départ. Bernard Lejeune, le directeur adjoint de cabinet aurait aussi trouvé une porte de sortie. Au ministère de l'éducation, les fonctionnaires tentent de deviner qui pourrait succéder à Vincent Peillon. Tour à tour, on a entendu parler de Benoît Hamon, de Bertrand Delanoë et surtout dernièrement de Ségolène Royal, à la tête d'un grand ministère regroupant l'éducation, l'enseignement supérieur, la recherche et la culture..."

Cet éventuel départ ne ferait pas les affaires du GDiD. Depuis deux ans l'association se décarcasse pour enfin faire sortir le dossier de la direction d'école du néant dans lequel il s'enlisait. Avec succès! Jamais depuis les années 80 -et l'abandon du décret des "maîtres-directeurs"- les directeurs d'école n'avait été aussi près d'obtenir sinon un statut clair mais au moins les prémices d'une reconnaissance institutionnelle et des difficultés de leur mission. Cela n'a pas été sans mal, le GDiD ayant depuis 2012 accumulé nombre de réunions, consultations, rencontres plus ou moins formelles... avec un cabinet ministériel aujourd'hui aux abois et en lutte féroce avec la DGESCO:

"Le 18 février, Jean-Paul Delahaye, directeur général de l'enseignement scolaire s'étonnait de la tonalité d'une séance de travail pilotée par le directeur de cabinet, Alexandre Siné qui semble s'être mis à dos l'ensemble de ses collaborateurs. «Ci-dessous le compte rendu que me font mes collaborateurs de la séance de travail que tu as tenue. J'y observe une fois de plus l'élégance de tes propos à mon égard quand je ne suis pas là. Il se trouve qu'aujourd'hui j'ai vu une équipe à Nantes qui fait un travail formidable avec ce dispositif et qui remercie chaleureusement le ministre. Je n'ai pas eu le sentiment qu'ils me prenaient pour un amateur. Je vais te faire un immense plaisir, j'ai annoncé au ministre que je ne veux plus travailler dans une telle ambiance et que je vais partir».
Le 19 février, Jean-Paul Delahaye envoyait son mail à l'ensemble du cabinet. «À plusieurs reprises ces dernières semaines, des collaborateurs de la direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO) ont été pris à partie lors de réunions se déroulant hors de ma présence par le directeur de cabinet du ministre. Ils ont été l'objet d'accusations en «amateurisme», en «incompétence», la DGESCO ne serait «pas dirigée», les dispositifs voulus par le ministre ne seraient pas «pilotés», nos textes seraient «indigents», etc. Ces mises en cause ont profondément touché des fonctionnaires exemplaires et fortement investis dans leurs missions. En tant que directeur général je me dois de protéger les personnels de la DGESCO. C'est pourquoi, plus personne de la DGESCO ne participera à des réunions présidées par le directeur de cabinet hors de ma présence. C'est une décision qui prend effet immédiatement.»
Les protagonistes de cette affaire sont d'ores et déjà sur le départ."

Tout le travail du GDiD va-t-il être jeté aux orties? Les textes promis par M. Peillon sont parait-il prêts, les propositions définies. Mais en cas de départ du Ministre que fera son successeur? Se risquera-t-il à prendre à sa charge ce qui a pourtant demandé une longue gestation? En ce sens, on pourrait a posteriori reprocher à M. Peillon d'avoir beaucoup traîné sur la question des directeurs d'école, lui qui dès la consultation de l'été 2012 avait déclaré qu'il n'y pourrait rien faire. Si les textes étaient sortis à l'heure il ne serait actuellement pas besoin de se poser la question de ce qu'ils vont devenir.

Si l'éventuel nouveau Ministre de l’Éducation nationale prend en compte le travail déjà longuement élaboré et discuté, alors on pourra avoir l'espoir d'une première reconnaissance. Et le GDiD n'aura pas longuement et difficilement travaillé pour rien. Mais si le successeur de M. Peillon décide de surtout ne rien décider -on a connu deux fois le cas avec Jack Lang comme Ministre-, alors il faudra peut-être tout recommencer, de nouveau s'échiner à convaincre, multiplier nouvelles rencontres et nouvelles réunions... alors que sur le fond tout le monde est d'accord pour dire que le dossier de la direction d'école ne peut pas rester en l'état!

Il restera tout de même dans toute cette affaire et après ces deux années de labeur deux points largement positifs: le GDiD marche désormais main dans la main avec les deux grands syndicats du primaire que sont le SGEN-CFDT et le SE-UNSA, du moins sur la question de la direction d'école; les démarches effectuées depuis deux ans montrent largement le consensus autour de la nécessité de changer le leadership des écoles.

Alors? Alors attendons lundi, ou mardi, pour savoir à quelle sauce nous allons être mangés. Mais je ne suis pas foncièrement optimiste.

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