lundi 20 octobre 2014

Appel à la résistance...

Je parcours quasi quotidiennement le net à la recherche de ce qui concerne les directrices et directeurs d'école, que ce soit en France ou ailleurs. De nombreux forums ou sites personnels foisonnent de témoignages, et ce que j'y lis m'effare.

Le directeur d'école m'apparait clairement comme la cible numéro un de l'école, tenu pour coupable de tous les défauts du système scolaire français, qu'il s'agisse des parents d'élèves qui persistent à croire que le directeur est responsable de tout ce qui se passe dans son école -pédagogie et comportement de ses adjoints compris-, ou qu'il s'agisse de l'administration qui le considère comme une vache à lait corvéable à merci. Il faut dire que l'institution de l’Éducation nationale s'ingénie à brouiller le message, en refusant de nous donner une définition claire de nos missions, soit le fameux "référentiel-métier" qui joue l'arlésienne. Cette absence de précision autorise bien entendu tout un chacun, IEN en tête, à réclamer au directeur les rapports et documents les plus ahurissants -sans bien entendu aucune coordination départementale, académique ou nationale-, ou à lui reprocher avec allégresse tout et n'importe quoi.

Je rappelle à mes lecteurs qu'un directeur d'école n'est rien sinon un chargé de mission sans pouvoir, mais avec des devoirs. Le seul et unique supérieur hiérarchique des enseignants comme du directeur est le Directeur Académique ou DASEN, qui délègue aux IEN.

C'est ainsi que le directeur prend les coups sur le terrain, au propre comme au figuré, et se voit réclamer comptes-rendus, enquêtes, rapports, qui ne seront jamais lus mais permettront à un IEN de se couvrir "au cas où". Il faut aussi réaliser que depuis quelques années l'inflation des demandes est constante et favorisée par l'invention maudite du courrier électronique, les dernières réclamations en date concernant par exemple la fréquentation du mercredi matin ou diverses enquêtes de présence pour les remplaçants, les EVS et les AVS... N'importe quoi.

Il est donc largement temps de faire un appel à la résistance, et surtout de prioriser les besoins. Quels sont ces derniers, et dans quel ordre?

1) La majorité d'entre nous sommes chargés de classe, et comme la première mission d'un enseignant est bien de s'occuper de ses élèves, le boulot de classe passe donc en premier.

2) Le directeur d'école a pour devoir de veiller à la sécurité de son établissement. Ce n'est pas forcément la mission la plus simple, mais elle est primordiale.

3) Le directeur d'école veille à la répartition des moyens, et au confort de travail de ses adjoints.

4) Quelques documents sont indispensables légalement: registre matricule, cahiers d'appel, Base-Élèves.

Le reste des sollicitations sera dépendant des points ci-dessus: pour le premier vient évidemment en complément le rapport avec les familles, pour les deux suivants les rapports avec les partenaires de l'école et en premier lieu la municipalité, etc.

Le reste?

Ne renvoyez plus rien à votre IEN. C'est inutile, souvent redondant, ce ne sera jamais lu, c'est chronophage et énergivore, et vous n'y gagnerez rien de plus. Croyez-vous vraiment que votre IEN vous sera reconnaissant de lui renvoyer recta tout ce qu'il réclame? Le jour où vous aurez besoin de lui il sera aux abonnés absents, ou incapable de vous répondre. J'exagère? Non, cela se vérifie dans 90% des cas, rares sont les IEN qui se mouillent pour leurs dirlos... quand ils ne leurs tombent pas sur le dos par opportunisme, lâcheté, ou frustration.

Soyez donc vous aussi aux abonnés absents. Ne répondez pas au téléphone pendant que vous êtes avec vos élèves et surtout enlevez-le de votre classe -c'est mon cas, je n'ai aucune décharge, et mes interlocuteurs ont appris à s'en accommoder-, éteignez votre répondeur. Un courriel vous emm[...]? Poubelle! Si par la suite on vous contacte en vous demandant quelque chose dites que vous n'avez pas reçu la demande, que votre ordinateur est en panne, que votre connexion internet a joué les filles de l'air, ou simplement que vous n'avez pas le temps. En ce qui me concerne personne ne pense ou n'ose me réclamer ce que je n'envoie pas (il faut dire qu'avec ma grande gueule...). Vous l'avouerai-je? Je ne renvoie plus rien. Si, j'ai renvoyé la synthèse de la consultation sur les programmes de maternelle, faite en "live", puisqu'on m'en avait pour le coup donné le temps.

C'est donc bien un appel à la résistance que je lance. Tant que la mission de directeur d'école n'aura pas été clairement définie par un texte opposable ("Vous me réclamez ça? Ce n'est pas dans le référentiel." Fermez le ban.), tant que la mission de directeur d'école ne sera pas mieux considérée institutionnellement ("Non Monsieur l'IEN, je ne suis pas votre esclave."), tant que le directeur d'école ne sera pas considéré statutairement et reconnu par ses pairs, sa hiérarchie et ses partenaires, tant que le directeur d'école ne sera pas payé à la hauteur de son travail et de ses responsabilités, je ne vois pas l'intérêt de faire quelque effort superflu, dans la mesure où mon école "tourne", fonctionne bien, que les enfants y sont heureux et y réussissent dans la sérénité.

Point barre.

8 commentaires:

  1. Tout à fait d'accord pour la charge de travail inutile. Par contre, je me rends compte qu'on a beaucoup de chance avec nos IEN successifs qui sont joignables et de bon conseil et soutien. Dans notre circo de campagne, ça existe! mais c'est triste si c'est si exceptionnel.

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    1. Je suis malheureusement au courant de trop de faits avérés pour croire que tous les IEN sont de cette trempe. Hélas.

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  2. Je ne suis qu'adjointe, mais je soutiens ceci à 100% ! Bravo et merci pour ce que vous faites

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  3. Pourquoi "que" adjointe? Une équipe, c'est tout le monde dans le même bateau. Sauf que souvent les dirlos essayent de vous épargner au mieux, ce qui n'est pas forcément simple.

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  4. Le "que" n'était pas dépréciatif, je voulais juste signaler que je n'avais pas personnellement à faire face à toute cette masse de travail souvent inutile. A mon niveau, j'ai "gelé" mes preps au niveau de mon salaire....

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  5. Dirlo déchargé à 50% en Eclair du côté de Marseille, je suis complètement d'accord avec vous. Je n'ai pas le temps et je ne veux pas prendre du temps supplémentaire pour des injonctions "fantaisistes" qui sont trop souvent "infantilisantes" et qui ne me servent pas dans la gestion quotidienne bien au contraire .....

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  6. Je suis d'accord avec cet appel àla résistance contre une administration aveugle qui nous noie d'enquêtes et demandes redondantes comme inutiles. Personnelle ment je ne fais plus non plus remonte aucun CR et d'ailleurs l'IEN ne les demande pas depuissa circulaire de rentrée. Sur lesfeuilles de déclaration d'accident je barre "responsable d'établissement" ou chef d'établissement pour écrire "directeur d'école". Je uis prêt à une action car ça suffit.


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  7. Tout à fait d'accord avec toi et jusqu' à la moindre virgule. Un jour, les petits chefs devront rendre des comptes.

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