J'ai comme dans l'idée que la plupart d'entre vous sont perdus dans l'accumulation de textes qui nous pendent au nez ces derniers et prochains temps. Je ne parle pas des programmes destinés à nos élèves ni de la réorganisation du collège, mais bien des textes qui vont changer nos parcours professionnels, nos carrières, notre rémunération, ou notre statut.
Nous sommes fonctionnaires, à ce titre nous ne dépendons pas uniquement de l’Éducation nationale mais également du Ministère de la Fonction publique, tenu actuellement par Mme Marylise Lebranchu. Celle-ci travaille depuis de longs mois sur une réorganisation et une simplification de nos métiers. Ce n'est certainement pas un mal tant les grilles indiciaires, statuts et autres indemnités sont devenus d'une complexité qui ferait rigoler si personne ne s'y perdait.
Si nous prenons l'exemple de ce qui me concerne au premier chef, soit la mission de directeur d'école, nous pouvons préciser que nous sommes actuellement et techniquement des fonctionnaires de catégorie A, chargés de mission d'enseignement et en plus d'une mission de direction d'école; en tant que directrices ou directeurs nous percevons deux indemnités, l'ISAE et l'indemnité de direction qui varie selon le nombre de classes que nous gérons; nous avons également des points d'indice en plus en quantité variable selon le nombre de classes. Autant dire que même au sein de notre mission de direction il y a autant de rémunérations différentes qu'il y a de dirlos! Ce qui à gérer doit être un beau foutoir, et je pense aux courageux et courageuses secrétaires et chefs de service qui s'en occupent...
Notons également que l'ISAE du primaire est le tiers de celle du secondaire, ce qui est historique mais pour autant mérite largement d'être changé afin qu'il y ait équivalence à une époque où la qualification des uns comme des autres est strictement identique. Je ne parlerai pas des concours ou des diplômes spécifiques comme l'agrégation ou le doctorat qui normalement amènent à enseigner en "prépa" ou en fac, et dont je considère qu'il peuvent - légitimement? - entraîner une rémunération spécifique; on peut le discuter, mais ce n'est pas mon propos.
Le projet PPCR (Parcours Professionnels, Carrières et Rémunérations) a comme optique de simplifier les grilles de rémunération et de les unifier du plus qu'il est possible au sein de chaque catégorie de fonctionnaires (A, B, C) en commençant dès janvier 2016 pour la catégories B, et les textes seront rétroactifs. Cette simplification va vers le haut, les ratios d'avancement sont modifiés, les primes et indemnités sont progressivement et en partie pour l'instant intégrées au salaire, ce qui signifie concrètement une revalorisation - certes modeste - mais surtout un avancement plus rapide dans les échelons et une revalorisation des retraites. Ce n'est pas rien, le plan est ambitieux et progressif. Pour les enseignants et directeurs d'école, de catégorie A, les premières mesures entreraient en vigueur en janvier 2017 et janvier 2018.
Mais parlons des directeurs d'école, puisque je suis directeur d'école, et après tout c'est certainement pour ça que vous lisez ce billet, chère ou cher collègue de misère! L'idée de créations d'un "grade" spécifique fait pleinement partie du projet PPCR, et pas uniquement pour les directeurs d'école, certains autres fonctionnaires sont concernés au même titre que nous. Il va être créé un Grade d'accès Fonctionnel (GrAF) dont feront partie les directeurs d'école, et peut-être les Conseillers pédagogiques. Cela a été rappelé il y a quelques jours dans un courrier que Mme Vallaud-Belkacem a adressé à Christian Chevalier, secrétaire général du syndicat SE-UNSA:
" ... la création d'un grade d'accès fonctionnel, qui pourrait notamment être accessible aux enseignants qui exercent des fonctions de directeur d'école, participera également de cette logique de convergence. "
Mme la Ministre évoque la convergence entre le primaire et le secondaire, avec l'augmentation du ratio d'accédants à la hors-classe, et également l'augmentation de l'ISAE:
" ... Dans cette continuité et dans le cadre de l'enveloppe catégorielle triennale 2015-2017, je souhaite poursuivre le rapprochement du montant de l'ISAE et celui de l'indemnité de suivi et d'orientation des élèves (ISOE) dans le second degré. "
Ce qui nous intéresse au premier chef, comme tenants de la gouvernance des écoles, c'est bien entendu la création du GrAF. Cette création, son cadre, qui y accédera, son échelle de rémunération, tout cela sera discuté dès le mois prochain dans le cadre du projet PPCR. Ce fut long, mais on y arrive. Car n'oublions pas qu'il s'agit bel et bien, n'en déplaise aux esprits chagrins et aux déprimés, d'une reconnaissance statutaire de notre métier, qui déjà fait l'objet d'un texte spécifique soit le "référentiel-métier" dont beaucoup d'entre nous hélas ignorent la portée de ce texte opposable, voire même son existence dans certaines académies qui ont tout intérêt à traîner les pieds, quand ce ne sont pas quelques IEN qui préfèrent l'ignorer pour des raisons de pouvoir qui m'échappent. On met sa virilité où on peut. Moi j'ai passé l'âge de montrer ma quéquette pour voir qui a la plus longue.
Je suis profondément reconnaissant au GDiD du travail de fond qu'il a engagé depuis quinze ans, et surtout de la conviction qu'il a su emporter de ses partenaires depuis cinq ans. Sans son travail sans fin et sans état d'âme, les directeurs d'école ne seraient certainement pas aujourd'hui reconnus comme des interlocuteurs valides et responsables, comme des professionnels au service de la réussite des élèves. Si je commence à percevoir un peu de rose dans un avenir qui se présentait morose, c'est bien au GDiD que je le dois. J'ai le ferme espoir de prendre ma retraite dans peu d'années en étant reconnu administrativement comme localement pour mes compétences. Certes c'est déjà le cas pour mon IEN, qui est quelqu'un de bien, pour mes parents d'élèves, pour la municipalité et les services avec lesquels je travaille depuis quinze ans. Mais il me manquait cruellement une reconnaissance institutionnelle qui enfin pointe son nez, avec son cortège de droits et de prérogatives.
C'est ainsi également que le GDiD a su profiter de son entregent pour signer, avec les partenaires fidèles que sont le SE-UNSA, le SGEN-CFDT et le SIEN-UNSA, une "Charte" de bonnes relations et de confiance entre directeurs d'école et IEN. C'est une manière de reconnaître que nos rôles sont complémentaires pour la bonne administration de l'école et la réussite des élèves. Cette charte qui peut aussi nous soulager de certaines obligations supplémentaires trop lourdes quand on doit cumuler les rôles d'enseignant avec charge de classe et de directeur d'école, sera présentée au Ministère dans quelques jours, et certainement mise en avant par la Ministre et notre haute hiérarchie qui doivent bien être contents de nous voir nous dépatouiller pour également de notre côté améliorer la gouvernance de l'école. Restent freins syndicaux, pesanteurs administratives locales, réticences de quelques recteurs ou DASEN ou IEN qui ne voudront pas en entendre parler... A nous de convaincre, voire de nous imposer si nécessaire, en commençant évidemment par nous approprier les textes et surtout le référentiel-métier trop ignoré.
Je suis confiant, je vois les choses bouger, elles vont se concrétiser rapidement car il faut pour ce gouvernement devancer les prochaines élections présidentielles avec des textes et protocoles inattaquables. Cela ne devra pas bien sûr en rester là, la pesanteur de notre mission de direction en termes de temps ou de complexité ne peut subsister. Il faut encore simplifier nos tâches pour éviter paperasses inutiles ou redondantes, et tant d'autres choses. Il faut faudra certainement nous battre localement pied à pied. Mais nous sommes sur la bonne voie pour que dans peu d'années la mission de directeur d'école devienne une mission enviable qu'on recherchera pour son intérêt et non par pis-aller.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire