lundi 25 janvier 2016

Petit dirlo 3 classes...

J'ai eu une journée horrible. Mes élèves étaient abominables, couraient, criaient, se battaient... j'en passe et des pires. Même leur boulot a été lamentable. Une journée catastrophique, qui m'a laissé lessivé, sur les rotules, exsangue.

Après, je suis allé dans mon bureau. Pas le choix, j'ai mes élèves toute la journée tous les jours, sauf une journée par mois. Donc pour faire mon travail de directeur, c'est avant, ou après. J'ai reçu un courriel de mon IEN. Inutile de vous dire que je n'y ai compris que couic. Je n'arrivais même plus à lire.

Alors je suis parti. Je suis rentré chez moi en voiture, en essayant de rester éveillé. Je n'ai même pas allumé la radio, je ne pouvais plus supporter le moindre bruit. Chez moi il fait chaud, il fait doux, c'est calme.

Hier, j'ai écrit un billet dans lequel j'exprimais tout mon optimisme quant à l'avenir des directeurs d'école. Parce que beaucoup de choses sont en bonne voie. Il y a quelques semaines j'ai écrit un autre billet dans lequel j'exprimais que je ne pouvais plus continuer et que j'allais lâcher la direction d'école. Ce n'est pas antinomique. L'idée, c'est qu'effectivement je ne peux pas continuer ainsi. Est-ce que c'est une question d'âge? Est-ce que je n'ai plus le feu sacré - si je l'ai eu un jour - ? Toujours est-il que je ne peux plus aujourd'hui faire en même temps classe à 25 loupiots excités et exigeants, et assumer proprement ma mission de directeur d'école. Je vais finir par en crever, parce que je me bouffe chaque jour que Dieu fait.

Alors, que vais-je devenir, moi, petit dirlo trois classes? Je n'ai finalement, des deux missions que j'assure quotidiennement, que les emmerdements, et plus aucun plaisir. Et quand j'écris "aucun", c'est vraiment ça. Qu'est donc devenu ce métier? A être dirlo d'une petite école je ne gagne rien, je ne fais que perdre: mon temps, mon énergie, ma santé. Des sous? Blagueur!

Il me faudra donc bien choisir dès le prochain "mouvement", comme je l'ai déjà écrit. Soit reprendre un poste d'adjoint, soit rester directeur. Dans cette alternative, il faudrait que le métier de directeur d'école prenne dès septembre prochain une autre dimension. Pas des clopinettes, hein? Mais je crains fort que ma position de tout petit dirlo n'intéresse que très peu le ministère. Nous sommes vraiment nombreux à ne diriger qu'une petite entité. Qu'allons-nous devenir? J'ai peur. Franchement. Parce que malgré tout je l'aimais bien, cette mission. Avant.

2 commentaires:

  1. Bon courage. De temps en temps un arrêt est nécessaire, pour revenir avec l'envie (même si ça repart vite! ;-) ).
    3 classes, trop peu de décharge: n'y a t-il pas possibilité au mouvement de demandé une direction d'école avec plus de classes?
    L'environnement n'est s'en doute pas le même qu'ici en RP où la concentration d'écoles est très importante...
    N'empêche: si beaucoup de directions redemandaient ensemble un poste d'adjoint, il y aurait matière à réfléchir pour la-haut, non? Toujours possible de revenir ensuite à ce poste une fois qu'il a évolué.
    Peut-on, pour soi-même redevenir adjoint avec un certain nombre de missions que l'on aime bien quand même? La fatigue change la vision, d'où un besoin de repos.
    Très gros courage!

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  2. Si les enfants sont les fusibles de la société, alors ils sont en train de sauter !
    Vous n'êtes malheureusement pas le seul à devoir gérer l'agitation, la violence, le bruit ... Trop d'élèves sont incapables de se concentrer plus de quelques minutes.
    C'est aussi vrai dans les crèches, les centres de loisirs ... ne parlons pas du collège où je n'irais enseigner pour rien au monde alors que la mission doit être passionnante.
    Que vivent ces enfants chez eux pour être en si mauvais état ? Ils sont certainement à plaindre, mais en attendant, ils nous usent littéralement.
    N'être "que professeur" sans direction ? Pas forcément plus simple quand on a la fâcheuse manie de travailler du chapeau pour tout et rien, comme bon nombre d'entre nous. Et puis, dépendre d'une direction d'école moins favorable que ce que l'on aurait fait soi même ne doit pas être évident.
    Prendre une direction à temps plein et se voir remettre en cause sans arrêt tout simplement parce que l'on veut faire appliquer les textes n'est pas non plus l'idéal ..
    Alors que faire ?
    Gagner au loto et partir dans les iles !
    Devenir bibliothécaire ! Ho oui ! Dans un vrai silence !
    Quand j'ai débuté, une directrice proche de la retraite me disait que sur la plage, elle cherchait toujours la place la plus éloignée des groupes d'enfants : je la comprends désormais, après 21 ans d'enseignement et 11 ans de direction !
    La retraite me semble le nirvana ... Je n'aurais pas la chance d'en profiter avant de longues années.
    Si c'est votre cas, n'hésitez pas !
    Bon courage à vous.
    Gaëlle


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