mercredi 21 septembre 2016

Comment ne pas être en colère?

Voici un billet fort vulgaire, mais exaspéré.

Je suis directeur d'école en maternelle. Mon école a trois classes. Cela signifie que j'ai dix jours de décharge de service par an. Cela signifie aussi que j'ai ma classe à plein temps. Vingt-six élèves. Et j'ai cette année une classe de merde.

Cette expression vous choque? Désolé. Mais avec deux niveaux, un certain de garçons violents (et quand j'écris "violents" je reste aimable), une majorité d'élèves mal élevés, couvés donc qui ne rangent rien (c'est maman qui fait), égocentriques au possible voire même d'un égoïsme surprenant à cet âge, trois élèves obéissants sur vingt-six, j'en passe et des meilleures... C'est normal à cet âge? Non. Je sais maintenant pleinement pourquoi les deux collègues qui les ont subis en Petite et Moyenne sections en ont autant bavé les deux dernières années. C'est ma pire classe depuis quinze ans. Je vais en chier un max' cette année.

Mon boulot n'est pas simple. Je dois gérer mon école, et gérer ma classe. Pas l'un après l'autre, non, ce serait trop simple, mais en parallèle. Quand un papa furax débarque, qui se sépare violemment de sa compagne, je suis obligé de gérer en même temps que je tente d'accueillir mes élèves qui pleurnichent (jamais vu ça en Grande section) avec bienveillance. Joli mot, la bienveillance. Je suis pleinement dedans depuis toujours, par principe mais aussi par expérience. Mais je dois avouer que je ressens une certaine exaspération.

Alors quand je reçois ENCORE un courriel de merde, me réclamant une mesure de MERDE, en exigeant une date de MERDE, pour la troisième fois parce qu'ils n'avaient écrit que des conneries les deux premières, oui alors MERDE ! Ils sont bien à l'abri dans leurs bureaux, qu'ils y restent, parce que face à face ils en entendraient pis que pendre de leurs injonctions à la con. Ces gens-là croient-ils vraiment que je n'aie que ça à faire? Ils se foutent de ma gueule ouvertement, oui. Parce que ce n'a pas été faute de leur rappeler, ces dernières années. La "simplification administrative"? Va te faire l'en l'aire! Rien à taper. Marre des ces étages de bureliers (merci Zézette épouse X) qui n'ont aucune conscience sinon celle de leur propre importance et n'ont jamais eu ni de classe ni d'école à gérer. Je n'en peux plus. J'en ai marre.

Si je tiens encore c'est uniquement par habitude et expérience, mais je me ferais une petite merde (colonne vertébrale, cancer...) que ça ne m'étonnerait pas tant je suis à bout de tout. J'ai failli me casser la gueule dans les escaliers de l'école l'autre jour, entre ma classe bouillonnante et mon bureau exigeant, je n'allais pas assez vite pour voler certainement. Que ne suis-je tombé, je serais peinard à l'hôpital.

3 commentaires:

  1. Tiens bon ! Ton billet me fait pleurer tellement je m'y reconnais. La classe, les élections de parents dont tout le monde se fout mais que tu dois mettre sous enveloppe pour la semaine prochaine, les PPMS et exercices incendie, les équipes éducatives hyper urgentes à convoquer, les solutions à trouver tout seul, sans psy, sans RASED parce qu'il y a longtemps qu'il n'y en a plus, sans AVS, parce que la MDPH a fermé le robinet, le conseil d'école à préparer, l'EVS à trouver d'ici deux jours,le téléphone, les parents toutes les cinq minutes, les collègues demandeurs et toujours la classe que l'on fait de plus en plus mal.
    Mais tout le monde s'en fout et les mails continuent de tomber, les demandes toujours plus énormes. Que faut-il faire pour être enfin entendus ?
    Je t'envoie un petit peu de mon courage pour t'aider à y retourner demain, car te lire m'a fait tellement de bien, je te dois bien ça. Amitiés.

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  2. juste pour te soutenir, te retenir dans les escaliers.

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  3. Bon courage à toi.
    je me retrouve tout à fait dans ta situation, et encore moi je n'ai pas à me plaindre comparé à toi : directeur de 4 classes maternelles, j'ai une journée par semaine pour la direction, et j'ai quand même la tête dans le guidon depuis un mois.
    On sait bien que vers novembre ça se tasse un peu et on pourra enfin commencer à réfléchir pleinement sur sa classe, sur ces élèves qui nous posent tant question.
    Va prendre l'air aujourd'hui, ça fait du bien.
    Pleins de bonnes ondes positives

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