lundi 9 juillet 2012

Un mot du SNE quant à la "concertation"...


J'ai déjà évoqué ici mes doutes quant à la "concertation" proposée par M. Peillon. Or je découvre aujourd'hui une "lettre de démotivation" datée du 27 juin du SNE-FGAF, syndicat dont j'ignorais totalement l'existence, lettre dont j'aurais quasiment pu écrire chaque mot.

Je ne suis pas syndiqué, ne l'ai jamais été et ne le serai a priori jamais -j'écris a priori parce que je n'aurai pas l'outrecuidance de penser que je sais de quoi l'avenir sera fait-. Mais lorsqu'un syndicat répond à mes voeux je peux difficilement faire l'impasse.

Je vous donne in extenso la teneur de cette lettre:

Le SNE-FGAF a pris connaissance de la lettre de Vincent Peillon aux enseignants.
À des heures où les médias ne cessent d’insister sur les faveurs accordées au Ministère de l’Education en matière de budget et de priorités, le SNE-FGAF n’hésitera cependant pas à se montrer partagé, réservé et dans certaines circonstances inquiet, sceptique voire indigné par la lettre du Ministre de l’Education.

Le SNE-FGAF ne discute ni la nécessité ni l’urgence d’entreprendre de grandes réformes pour rendre à l’école son rôle d’ascenseur social dans le cadre d’un enseignement exigeant dans ses priorités et ses qualités. La priorité à l’école primaire est une philosophie qui ne peut être discutée dans les circonstances actuelles. Le SNE-FGAF conteste en revanche formellement l’absence d’ordres clairs à donner pour la priorité aux fondamentaux, les réponses « low cost » apportées au traitement des situations de handicap. Les AVSi doivent être considérées comme des rustines et des pansements là où les dispositifs des RASED sont à reconstituer et à redistribuer.
Le SNE-FGAF reste également défavorable, dans le cadre des priorités à donner, à la scolarisation des enfants de moins de trois ans. (A moins bien entendu qu’il ne s’agisse d’une alternative à la rue, mais est-on ici dans le domaine de l’école et de l’instruction ?)
Le chapitre de la formation des maîtres est ambitieux mais on ne peut qu’attendre pour voir : le spectre des IUFM est là et bien là, le SNE-FGAF n’y croit plus après l’échec cuisant de ces instituts de formation.
Pour le reste, on n’est pas couché à examiner chaque travail de recherche et on peut craindre le fameux « faire toujours plus de ce qui ne marche pas » pour l’évolution des pratiques !
Le SNE-FGAF ne note aucune velléité d’augmenter les performances des élèves mais davantage une volonté de niveler par le bas au nom de l’égalité facilement soluble dans l’égalitarisme de rigueur pour bien pensants.
Et toujours pas un mot sur la direction d’école !
Mais que saura-t-on de l’état d’avancement des processus mis en place si aucune évaluation ne doit remonter ? Que tout aille mieux ou plus mal, on ne le saura ou ne le devinera que par la bande ! Le pacte éducatif proposé n’est-il pas fondamentalement vide ?
 
Mais c’est dans le ton général que le SNE-FGAF trouvera matière à s’indigner : avec des formulations dans l’air du temps comme « donner le meilleur de soi, force de dévouement, République, humanité, corps collectif, se rassembler … », on ne trouve qu’une invitation à renoncer à ses intérêts en appuyant violemment sur le levier de la culpabilité. Dans une profession infantilisée et caporalisée au-delà de l’admissible et du compréhensible, cela peut faire des ravages. On voudrait décourager les rares jeunes encore prêts à se lancer dans ce métier difficile et à risques qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Quant aux personnels en place, le SNE-FGAF doute fort qu’ils ne soient pas las et déjà suffisamment blessés par ce genre de discours pour qu’ils ne trouvent pas dans ces assertions une nouvelle sorte de « prise en otage » par les sentiments.
Après trois décennies de perte de pouvoir d’achat, d’autorité et de reconnaissance de toutes sortes alors même que les tâches s’empilaient jusqu’à l’engorgement, on pouvait attendre mieux et plus, beaucoup mieux et beaucoup plus.
 
Le SNE-FGAF participera aux concertations annoncées et ne manquera pas de défendre les valeurs qui sont les siennes : la transmission des savoirs, le respect des personnels, la liberté pédagogique dans le cadre des programmes nationaux, la restitution des moyens humains pour les enfants en difficulté et pour les situations de handicap, un statut pour tous les directeurs d’école et une revalorisation sans condition pour rattraper trente ans de chute et de dégradation des conditions salariales.

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