En quelques jours cette semaine ont fleuri dans les médias -radios et quotidiens- de nombreux articles quasi similaires sur les difficultés des directeurs d'école. J'écris "quasi similaires" car à part quelques-uns -comme celui-ci, pour lequel le journaliste a fait l'effort particulier de se renseigner, ce dont je le félicite-, tous les journaux ont repris quasiment in extenso une dépêche AFP calquée sur un communiqué de presse du SE-Unsa. On appelle ça de l'information?
Cette floraison automnale est tout de même une double bonne nouvelle. D'abord parce qu'il est rare que la question de la direction d'école fasse l'objet d'un quelconque article dans les médias. Ensuite parce que dans le cas présent le SE-Unsa a parfaitement joué sa partie. Certes je ne suis pas d'accord avec les revendications assez vagues du SE-Unsa, qui semble abandonner l'idée de réclamer un statut pour les directeurs d'école, mais je suis assez honnête pour rappeler que cette centrale syndicale est la seule à nous avoir signalé que Vincent Peillon refusait d'aborder le sujet, et d'autre part la seule à envoyer des fusées en clamant que ne pas vouloir traiter cette question était suicidaire pour le ministre de l’Éducation nationale.
Effectivement -combien de fois l'ai-je écrit ici?-, vouloir "refonder" l'école en imaginant qu'une quelconque réforme de l'école primaire pourra se faire sans les directeurs est une pure bêtise.
Le SNUipp doit se sentir un peu morveux d'avoir laissé le SE-Unsa se tailler un tel succès (je rappelle que ces deux centrales syndicales sont nées du même père, le défunt et non-regretté SNI). D'autant plus que le SNUipp fait depuis quelques semaines un effort méritoire pour se rapprocher des directeurs d'école, avec des propositions somme toute intéressantes, plus intéressantes en tout cas que celles du SE. Pour l'instant tout du moins, puisque le GDID doit rencontrer le SE-Unsa et le SGEN-Cfdt le 24 octobre prochain, soit une semaine avant l’entretien du GDID au ministère de l’Éducation nationale. Nous verrons alors sur pièces ce qui ressortira de la discussion. Mais actuellement c'est le SNUipp qui va le plus dans mon sens. Il faut croire qu'ils ont fait en partie chez eux le ménage que je réclamais depuis longtemps en virant de leurs conseils syndicaux quelques vieux retraités qui avaient conservé un peu trop d'attachement à une école communisante largement périmée.
Aujourd'hui il y consensus pour dire que la situation des directeurs d'école n'est plus tenable et qu'il est absolument indispensable de régler la situation. Le GDID n'y est pas pour rien, ce qui ne signifie pas qu'il faille baisser les bras, bien au contraire. Car les solutions proposées sont diverses, et certaines continuent à n'être que des cautères sur une jambe de bois. Tant que les directeurs d'école n'auront pas une reconnaissance institutionnelle particulière qui leur permette d'acter ou de diriger sereinement leur école de façon autonome et responsable, l'école primaire française ira à vau-l'eau. Tout le monde le sait, même le ministre Vincent Peillon, tout le monde le dit, sauf le ministre Vincent Peillon. Et si ce n'est pas clair pour lui, il faut trouver le moyen de le lui faire comprendre. Il s'est assis sur un baril de poudre en voulant nous écarter des décisions qui seront prises, il va désormais lui falloir éteindre la mèche.
Malheureusement, ce florilège d'articles récents ne constitue qu'un feu de paille. Il y aura toujours un fait-divers particulièrement sanglant ou pervers pour remplir les journaux et faire oublier notre situation largement dénoncée ces derniers jours. Il ne faut donc rien lâcher. Le GDID ne lâche pas, mais il faut absolument que les directeurs des écoles primaires de France prennent le relais. Nous avons une occasion historique, si nous la laissons passer nous serons doublement responsables de l'enlisement de notre situation. Doublement car nous sommes déjà largement responsables d'avoir continué vaille que vaille, en dépit des difficultés, à accomplir notre mission du mieux que nous pouvions, ce qui entérine depuis des lustres l'idée que puisque ça fonctionne quand même il n'y a aucune raison ni aucune urgence à changer quoi que ce soit. Vous savez comme moi que sur le terrain nous sommes exsangues. Nous devons le faire reconnaître. Alors profitez de votre premier Conseil d'école de l'année pour y faire un petit laïus en direction des familles, du DDEN et des élus, sans le faire entrer dans le compte-rendu -je vous suggère d'inclure dans l'ordre du jour une rubrique "perspectives de l'école publique"-. Contactez votre Maire, le Conseil municipal, votre député. Contactez votre quotidien régional. Bref démenez-vous un petit peu, il y va aujourd'hui, je crois, de notre bien à tous. Et bon courage.
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