Le JDD a sorti aujourd'hui simultanément deux articles sur la direction d'école, l'un exprimant notre désarroi, le second l'illustrant avec la courte relation de la journée d'une directrice d'école de Garches.
J'ai plusieurs choses à exprimer quant à ces deux articles. La première est bien entendu que ce genre de propos est trop rare dans les médias, alors que tous les français sont concernés par l'école. La seconde est que dans le premier article j'ai constaté avec joie que la mission des directeurs d'école est qualifiée de "métier" -le titre de l'article est "Directeur d'école, un métier "épuisant, décourageant"-.
Combien de temps aurons-nous attendu ce type de reconnaissance? Il serait heureux que d'autres quotidiens ou magazines français s'intéressent enfin à notre sort. Nous sommes des "oubliés de la République", comme l'écrivait Olivier Caremelle, ce qui est fort juste. Oui, la mission du directeur d'école est aujourd'hui un autre métier que celui d'enseignant.
En ce sens, je suis d'ailleurs dubitatif quant à une phrase de l'article:
La plupart d’entre eux se sentent noyés sous les tâches administratives et, faute de temps, de plus en plus éloignés de leur mission première : l’encadrement des élèves et l’animation d’une équipe pédagogique.
Notre mission de de directeur d'école n'est plus aujourd'hui "l'encadrement des élèves" au sens strict, ou du moins ce n'est plus uniquement cela, même si 18000 écoles de ce pays ont un directeur sans aucune décharge de direction, qui doit donc remplir sa mission en dehors de ses horaires d'enseignement... quand il le peut, car comme je l'ai déjà décrit dans de nombreux billets de ce blog, il est impossible de faire deux métiers en même temps, et celui de directeur se fait forcément en lésant les élèves.
Il nous faut choisir: encadrer les élèves, et donc ne plus avoir la lourde responsabilité de la direction d'école, ou devenir directeur à plein temps car il n'est plus possible de faire autrement. L'exemple donné par le JDD dans le second article est d'ailleurs à ce titre frappant: notre collègue de Garches a une dizaine de classes, elle a donc une demi-décharge, soit deux jours par semaine... et elle n'y arrive pas puisqu'elle est contrainte de remplir sa mission en dehors de ses heures normales de travail. Ce que ne dit pas l'article, c'est que cette directrice ne touche pas d'heures supplémentaires, alors qu'elle fait certainement 2 heures de plus quotidiennement pour venir à bout de toutes les tâches qui lui incombent. Qu'en est-il des dix-huit mille directeurs sans aucune décharge, qui doivent faire grandir et instruire une trentaine d'élèves, et accomplir leur mission de direction en sus? Comme si de plus cela était facile après une journée entière de classe... et moi qui travaille en maternelle, je peux vous garantir qu'à 17h le bonhomme qui tape ces lignes n'est pas beau à voir.
La journaliste du JDD -Adeline Fleury- dit à peu près bien ce qu'il en est, même s'il est difficile d'être exhaustif dans un article si court. Mais ce n'est pas son objectif. Nous la sentons qui admet la difficulté de notre métier, je l'en remercie. D'autant qu'elle boucle son billet avec entre autres cette petite phrase:
Le ministère ne devrait sûrement pas laisser en l’état un dossier qui concerne le fonctionnement quotidien de près de 50.000 écoles.
Nous sommes tous d'accord, Mme Fleury, la situation est intenable. Mais je n'ai pas votre optimisme. Je ne suis en aucun cas persuadé que des décisions importantes seront prises en ce qui nous concerne par M. Peillon qui, pour se "hâter lentement" et ne froisser personne, va prochainement à mon avis... ne rien faire. Nous en saurons plus le 30 octobre prochain après la rencontre du GDID au ministère de l’Éducation nationale. Mais quoiqu'il advienne, Mme Fleury, j'aurai lu votre article avec plaisir et quelque soulagement, tout en regrettant que vous soyez pour l'instant la seule dans les médias à qui importe notre métier décrié et ignoré, alors qu'il est si nécessaire, si particulier, et si riche.
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