dimanche 10 mars 2013

Bienvenue en enfer !


Le "protocole d'accord" signé en 2006 par le seul SE-Unsa avec le ministre de l'époque Gilles de Robien, en échange de l'abandon de la grève administrative qui durait depuis sept ans, aura été vécu à l'époque par beaucoup de directeurs d'école, et par moi, comme une forfaiture.

Sept ans après, si je suis objectif, il n'en reste pas grand-chose, juste l'avancée -réelle- de la décharge d'une journée accordée aux écoles de quatre classes. Le reste a disparu dans les poubelles de l'histoire mouvementée d'un ministère centralisateur, méprisant, et inefficace.

En revanche, en 2013, la charge de travail des directeurs d'école s'est elle considérablement amplifiée, et la considération qui devrait leur être due n'est plus que portion congrue.

Les programmes informatiques de gestion internes se sont généralisés: la fameuse Base Elèves est désormais la règle partout, et l'ahurissant programme Affelnet est en voie de l'être. Ces deux programmes élaborés en interne par l’Éducation nationale, et qui ne sont utilisables qu'en ligne, sont les exemples types de ce que les programmeurs informatiques essayent en général d'éviter: lourdeur, laideur, absence de convivialité... Ils sont quasi incompréhensibles, et à moins d'une longue pratique il vous faudra cliquer vingt fois dans tous les sens pour obtenir le moindre résultat. Inutile de dire que le simple temps de saisie des informations demandées est ahurissant! Et je ne rappellerai pas à mes collègues qui ne le savent que trop que souvent le programme est inaccessible: trop de connexions simultanées, ou système en panne, ou mise à jour en cours, etc, en général bien entendu au moment où vous trouvez quelques instants pour l'utiliser.

Pour les néophytes, je préciserai qu'Affelnet est destiné à préparer le passage au collège de nos chers CM2. Auparavant utilisé tant bien que mal par les secrétariats des collèges, leur usage nous est soudain dévolu, comme si la direction d'école élémentaire n'avait que ça à faire. Je soulignerai également que la transmission de cette responsabilité aux directeurs d'école s'est faite au grand soulagement des collèges qui trouvaient le système lourd... Dois-je en rajouter?

Bien entendu, aucun moyen supplémentaire n'a été donné aux directeurs d'école pour cette gestion supplémentaire. La direction d'école déjà submergée, partagée entre son bureau et ses tâches innombrables, les familles et les élèves, doit assumer une tâche lourde de plus sans aucune contrepartie. Notre ministre a beau jeu de dire qu'il ne nous oublie pas, nous n'en voyons guère l'illustration sur le terrain.

D'autant que la prochaine rentrée verra encore nos devoirs amplifiés. Nous devrons assurer sans faillir la gestion des Activités Pédagogiques Complémentaires (APC) et leur articulation avec les Temps d'activité qui seront proposés par les municipalités, ou avec le départ des écoles d'une partie de nos élèves dont les parents n'auront pas accepté qu'ils les suivent. Jolie gestion, qui nous promet un sympathique salmigondis, chers collègues directeurs et directrices d'école, sans bien entendu être plus aidés puisque la plupart d'entre nous devrons également encadrer les APC. On va bien se marrer!

Le GDiD, suivi par de nombreux syndicats, réclame aujourd'hui l'exonération totale de l'encadrement des APC par les directeurs d'école, qui pour la plupart aux heures où elles se feront doivent assurer une partie de leur travail administratif. En ce qui me concerne, n'ayant aucune décharge, ce n'est certes pas pendant les heures où j'ai mes trente élèves que je peux m'amuser à tenter de travailler sur Base Elèves ou préparer une réunion comme en faire le compte-rendu. Mais allez faire comprendre ça aux hauts fonctionnaires de l’Éducation nationale qui n'ont aucune idée de ce qu'est une école et n'ont jamais vu un enfant.

Quand je pense à notre mission de direction d'école, je ne peux m'empêcher de penser aux jeunes directeurs et directrices, qui n'ont reçu pour la remplir aucune formation pratique, et qui souvent de plus débutent dans le métier. Il y a largement de quoi être dégoûté. Bienvenue en enfer!

Aujourd'hui plus qu'hier, et ce n'est pas peu dire, il est urgent de définir précisément la mission des directeurs d'école, de la reconnaître, de lui accorder les moyens de son action, de la rémunérer convenablement. Cela pour moi passe nécessairement par un statut du directeur d'école. C'est aussi ce que réclame le GDiD.

Monsieur le Ministre, Monsieur Peillon, vous aviez déclaré devant la Commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale que vous engageriez des discussions à notre sujet dès le premier trimestre 2013. Ce trimestre arrivera à sa fin dans une quinzaine de jours, et nous ne voyons rien venir. Allez-vous tenir vos engagements?

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