Enfermés à clef depuis mardi matin dans le grand salon doré de l'hôtel de Rochechouart, au 110 de la rue de Grenelle, les édiles de l’Éducation nationale, ainsi que les représentants syndicaux et ceux du GDiD, doivent décider de l'octroi ou non d'un statut aux directeurs d'école de France.
La foule est nombreuse rue de Grenelle, la voie a été bloquée par les autorités depuis lundi afin de permettre aux fidèles de suivre le conclave sur place. Tous épient la cheminée de laquelle sort la fumée qui indique si la décision a été prise: bleue pour l'octroi, rouge quand les édiles n'ont pas réussi à se mettre d'accord.
Il y a plusieurs décennies que la question est en suspens. Notre reporter a discuté avec de nombreux directeurs et directrices présents sur place, et beaucoup refusent encore d'y croire. Quelques-uns sont agenouillés sur le trottoir et prient pour que l'esprit républicain descende sur les décideurs rassemblés. Parfois des chants et des prières, passionnés mais retenus, s'élèvent dans le froid vif de la matinée. Nul doute qu'ils sont nombreux également devant leur téléviseur, à attendre une décision si importante pour leur avenir.
Rappelons qu'il y a quatre scrutins quotidiens. La difficulté est que tous les protagonistes enfermés dans le grand salon doré arrivent à se mettre d'accord sur les termes du statut. Depuis hier matin déjà trois scrutins ont eu lieu, et à chaque fois c'est une fumée rouge qui est sortie de la cheminée. Le silence rue de Grenelle était impressionnant, seuls quelques soupirs se faisaient entendre.
"Cela fait si longtemps que nous attendons", nous dit Samuel,"alors quelques heures de plus ou de moins... Mais ça donne un coup au cœur à chaque fois!"
Mais la foule frémit, l'heure du premier scrutin de la matinée est arrivée. Les directeurs épient la cheminée. Rouge? Bleue? C'est une fumée bleue! Une directrice s'effondre en larmes, soutenue par ses collègues. Un directement répète continuellement, l'air éberlué: "J'y crois pas! J'y crois pas!" Beaucoup sourient, un directeur improvise une gigue sur le trottoir.
Une fenêtre s'ouvre sur la façade de l'hôtel. Alain Rei, président du GDiD, apparait, suivi du secrétaire Pierre Lombard en larmes, et hurle en souriant: "Habemus Statutum!"
C'est un hurlement de joie qui secoue alors les vitres de la rue de Grenelle! Ils l'attendaient depuis si longtemps, c'est comme un vent de libération qui parcourt la foule. Devant nous un directeur tombe à genoux et lève les mains vers le ciel en pleurant: "Enfin! Enfin!"
Bon... on peut rêver, non?
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