mercredi 19 février 2014

Le mercredi au soleil...


Un clair soleil d'hiver frôle ce matin mon clavier. Un léger rayon de poussière s'en élève, révélé par une lumière particulière, un peu froide, éloignée de celle de l'été. Il y a néanmoins comme une sensation printanière.

Comme ma commune d'exercice n'est pas passée aux nouveaux rythmes scolaires, c'est un de mes derniers mercredi matin au calme. Il faut que je les savoure, ces instants dont le nombre va s'amenuisant de semaine en semaine. Des instants de simple récupération, où je peux retomber sur mes pieds, sans cris dans les oreilles, sans excitation.

Du coup, je me pose la question: comment vais-je organiser mon temps l'année prochaine? L'emploi que j'en fais pour mes élèves, malgré ma volonté de rester le plus proche possible de leurs besoins, est aujourd'hui fatigant pour tous. J'ai toujours voulu travailler le mercredi matin, en lieu et place du samedi matin, espérant éviter cette rupture qui faisait du jeudi matin un "petit lundi" et m'obligeait à moult contorsions pour faire retrouver à mes petits de quatre et cinq ans le calme nécessaire à l'acquisition de compétences ou de connaissances. J'ai donc beaucoup d'espoir dans ce changement de rythme. Mais je ne voudrais pas tomber dans le travers d'ajouter une couche supplémentaire à la réelle fatigue de mes élèves. Car l'école maternelle, contrairement à ce que certains voudraient bien croire, n'est pas un long fleuve tranquille constitué de temps de sieste et de récréations. Les enfants y travaillent, y travaillent beaucoup, et même si le rythme des activités est calculé pour alterner temps calmes, temps de travail, temps de mouvement, nos petits élèves y sont presque constamment sollicités que ce soit par leur enseignant ou un camarade. Le bruit aussi est très présent. Surtout si la classe est nombreuse, c'est le cas chez moi. Difficile donc pour un enfant de trouver un moment pour se retrouver, pour se relaxer, pour rêver seul et se construire. Pour l'enseignant, c'est impossible.

Le malheur, c'est qu'une classe dont l'enseignant aussi est fatigué ne peut que fonctionner moins bien. Il me faut donc trouver pour l'année prochaine un fonctionnement qui nous rende ce qui nous a été pris il y a quelques années, soit le temps de prendre notre temps.

J'ai deux possibilités: soit je considère le mercredi matin comme une matinée "normale" de travail et je la calque sur les quatre autres, en me fiant à l'idée que les journées étant raccourcies d'une heure mes élèves y trouveront leur compte; soit je conserve l'idée de rupture du mercredi matin et j'en profite pour y organiser des activités qu'au cours des dernières années j'ai été obligé de quasiment sacrifier, comme nombre d'activités manuelles.

Dans la première option, je reste avec mon actuel emploi du temps, aux matinées contraignantes mais qui déjà allège les fins de journée pour des enfants qui n'en peuvent plus passées 15 heures et sucent leur pouce à qui mieux mieux. Et finalement j'alourdis peut-être une semaine déjà difficile et longue. Sans compter que mes élèves seront pour beaucoup d'entre eux encore sollicités par les nouvelles activités périscolaires.

La seconde option me permettrait de transformer la rupture du mercredi matin en un temps de découverte, de manipulations, un temps allégé des fortes contraintes des autres matinées. Je retrouverais peut-être le plaisir qu'étaient auparavant nos samedis matin, où les enfants accouraient deux fois plus vite tant ils en appréciaient l'organisation plus légère, souvent une matinée un peu "à la carte" qui leur donnait le temps de vivre et autorisait chacun à grandir à son rythme. Moi-même je venais l'esprit tranquille et joyeux. Il faut aussi que je me ménage moi-même, cela n'aiderait personne que je me zombiefie encore plus rapidement qu'aujourd'hui, d'autant que je n'ai plus vingt ans et que ça s'aggrave chaque année. Si mon expérience augmente, mon énergie diminue en proportion, et je dois rester raisonnable. Cela vous parait futile? Vous verrez après trente-cinq ans de métier!

En bref, je dois veiller à l'intérêt de mes élèves, mais aussi au mien. Je dois savoir profiter de l'opportunité qui m'est offerte pour améliorer non pas les apprentissages, mais les conditions d'apprentissage, ce qui n'est pas la même chose.

Bon, j'ai encore le temps d'y réfléchir. Mais la seconde option me semble plus séduisante. Peut-être d'ailleurs serai-je également plus disponible pour mon travail de directeur d'école à chaque fin de journée... J'y crois? Je vais essayer en tout cas.

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