Comme toute directrice d'école, comme tout directeur d'école, vous êtes consciencieusement à votre poste de nombreuses journées à l'avance, en fin de mois d'août, pour préparer au mieux la rentrée de vos élèves et vos collègues. Ces journées permettent de paisiblement organiser les répartitions d'élèves si quelques-unes étaient en suspend, de distribuer le matériel livré à l'école, de reprendre contact ou rencontrer nos partenaires et les personnels -ATSEM, Municipalité, services techniques...-, de gérer quelques problèmes inattendus... le tout en toute quiétude et à votre rythme.
Ce travail, le ministère ne le reconnait pas. Votre présence, le ministère s'en fout. La seule façon qu'il a de reconnaître notre investissement fut il y a quelques années de nous octroyer une journée officielle de pré-rentrée qui comptait dans notre temps de service. Il fut même un temps béni, et c'est le directeur de maternelle qui parle, où nous en eûmes deux, ce qui permettait à nos IEN de consacrer quelques heures à une importante réunion de directeurs afin de nous faire part des dernières nouveautés institutionnelles.
Cette heureuse époque est finie. Désormais cette journée de pré-rentrée qui reconnaissait implicitement le travail des directrices et directeurs d'école, tout autant que celui de la majorité de nos adjoints qui eux aussi sont souvent présents en fin de vacances, est supprimée. Les syndicats qui arguaient contre toute réalité qu'il était inadmissible de nous faire venir à l'école fin août ont eu raison du dispositif. Le microscopique Snalc et la puissante FSU ont réussi à faire se coucher le ministre de l’Éducation nationale devant leur récrimination. C'est le quotidien "Le Monde" qui nous l'annonce.
Je n'avais pas d'idée particulière sur M. Hamon, à qui j'ai souhaité ici-même la bienvenue il y a peu. Même si j'étais très méfiant quant à ses accointances passées avec l'extrême-gauche. Le vernis n'aura pas tenu longtemps, laminé par la serpillère. Je comprends pourquoi M. Delahaye est parti: entre un ministre lavette sermonné par un président de la République aux abois -"Pas de vagues, mon cher, pas de vagues!"- et des syndicats minables qui ne représentent qu'eux-mêmes (et ils s'en vantent, les bougres, ils sont contents d'eux-mêmes!), il était certainement préférable de prendre ses cliques et ses claques plutôt que de cautionner l'incautionnable.
C'est la colère qui me saisit. Je n'aurais jamais imaginé que si rapidement se dévoilerait le visage honteux du renoncement et de l'abandon de l'intérêt de l'école au profit des lubies syndicales. La belle image que voilà, qui va encore déteindre sur nous autres pauvres enseignants et directeurs d'école sur le terrain qui avons déjà si mauvaise presse, et sommes quotidiennement les victimes des familles abandonnées au bord du trottoir par un gouvernement totalement incapable. Je suis catastrophé de devoir une fois de plus expliquer l'inexplicable, excuser l'inexcusable, auprès d'une municipalité si attentive à mes besoins et de parents d'élèves qui ne comprennent plus rien. Ou court l'école? A la catastrophe. Où va l'école? Dans l'abîme.
Je suppose que comme moi vous serez à votre poste toute la dernière semaine d'août, ou presque. Sachez que cette journée de pré-rentrée qui ne sera plus là il vous faudra la rattraper d'une façon ou d'une autre, puisque c'est la mode des absurdes comptes d'apothicaire. Quand? Mais vos mercredis après-midi, bien entendu, entre deux animations pédagogiques ou autres réunions qu'il deviendra impossible de mettre ailleurs. Oui, sachez-le, le ministère refuse de tenir compte de votre temps de présence avant la rentrée officielle. Que vous soyez effectivement là et que ce soit grâce à ça que les écoles primaires françaises continuent de tourner, le ministère s'en bat l’œil. Vous n'avez pas de directeur-adjoint comme les principaux de collège ont un principal-adjoint, vous n'avez pas de secrétariat comme les principaux de collège ont un secrétariat, vous vous tapez tout le travail tout seul, que vous ayez 60 ou 300 élèves... ou pire. Vous n'aviez déjà pas le temps de remplir correctement votre mission? Vous en aurez désormais encore moins. Voilà le résultat et la réussite d'une direction conjointe ministère-syndicats de la politique éducative française. Merci la gauche, merci la FSU. L'école qui crève vous salue bien.
Merci pour ce coup de gueule.... Je suis tout à fait d'accord.
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