jeudi 9 octobre 2014

Le grand foutoir...


Je suis en colère contre l’Éducation nationale.

Il fut une époque où on nous foutait la paix. Les écoles tournaient tranquillement, ronronnaient certainement un peu, mais vaille que vaille fonctionnaient. Quelques ministres ont tenté de secouer le cocotier pour qu'il donne de meilleurs fruits, avec plus ou moins de talent, plus ou moins d'intelligence, et un petit peu de résultat.

Puis sont arrivés les "réformateurs". Lesquels? Tous. Une obsession de ces quinze dernières années: il faut "réformer" l'école, ou la "refonder", ou ce qui vous passe par la tête.

Quand un État centralisateur se mêle intimement de ce qu'il ne comprend pas, cela apporte une jolie somme d'effets pervers. Qu'on ne vienne pas me raconter que ce soit un hasard si depuis quelques années les agressions envers les enseignants se multiplient, jusqu'au meurtre. Plus personne ne comprend rien à l'école, les enseignants y compris. J'avoue moi-même ne plus rien saisir ce qui se passe dans les arcanes d'un ministère qui multiplie à l'envi les bourdes les plus inconcevables, la dernière en date ayant été de laisser aux recteurs le choix des dates de la "consultation" sur les programmes ou le "socle commun" -oui, je multiplie les guillemets, mais comment faire autrement avec cette palinodie de vocabulaire abscons?-.

Ce sont les directeurs d'école qui ont dû annoncer aux familles que leur enfant n'aurait pas classe une demi-journée... Les dents ont grincé, mais la plupart des familles nous aime bien, alors elles ont fait contre mauvaise fortune bon cœur en prenant une demi-journée et en râlant un peu, justement dois-je dire. Voilà qu'à la suite de divers référés les tribunaux administratifs récusent les recteurs dans plusieurs académies. Joli résultat, bel effet, les recteurs sont ridiculisés et le ministère aussi. Mais ce sont les directeurs qui de nouveau doivent informer les familles que... euh... vous comprenez... Qu'on se fasse engueuler sur le terrain la Ministre s'en tamponne le coquillard, les recteurs inatteignables dans leur tour d'ivoire également.

Après un pré-rentrée absurdement repoussée alors que tout le primaire est sur le terrain largement avant, après des "ABC de l'égalité" allègrement balancés aux oubliettes (tant mieux d'ailleurs, le bébé était trop moche), après une commission des programmes qui joue à la tournante... voilà le comble de l'absurdité érigé en règle quotidienne de fonctionnement d'un ministère totalement désagrégé.

Quand je suis entré dans la carrière, ce n'était peut-être pas jojo, mais ça fonctionnait. Il y avait plein de remplaçants qui remplaçaient, plein d'enseignants qui enseignaient à des classes aux effectifs raisonnables, les salaires étaient corrects, la formation continue bien que peu folichonne existait. Aujourd'hui ce n'est même plus la Bérézina (novembre 1812), c'est l'Amazone.

J'aimerais qu'on me dise quand un minimum de logique arrivera dans la tête ébahie de ces gens là. De nombreux directeurs d'école auraient préféré faire cette consultation sur les 108 heures. Les directeurs voudraient d'ailleurs qu'on leur laisse le choix d'organiser ces 108 heures comme ils l'entendent, sans qu'un IEN leur piétine les godasses pour savoir ce qu'ils y font et quand, et à la minute s'il vous plait. Et en règle générale, les enseignants et leurs directeurs d'école voudraient qu'on leur foute la paix et qu'on les laisse tranquillement gérer leur école à leur idée, parce que personne d'autre ne pourra jamais le faire mieux qu'eux, qu'il soit parent ou ministre ou recteur ou directeur de la DGESCO ou IEN ou DASEN ou camion-benne. Parce que continuer ad libitum à payer les conneries d'autrui, ça commence à bien faire.

Je suis un alcane acyclique -blague de chimiste... je suis saturé-, et je suis en colère. Mauvais mélange.

1 commentaire:

  1. Au hasard d'une balade de blog en blog de collègues je tombe sur votre texte et ... que c'est bon de lire qu'on est pas seule à penser ce que l'on pense ...
    C'est pas mon truc la chimie mais pour un peu je me sentirais moi aussi une certaine proximité avec un alcane acyclique. Salutations collègue !

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