samedi 25 avril 2015

Mon papy...

Si j'avoue aujourd'hui mes trente-six ans de métier, c'est évidemment que mon âge est en rapport. Entré à l’École Normale à dix-huit ans, j'en accuse cinquante-quatre sur la balance de la vie. Mais même après toutes ces années à travailler avec de jeunes enfants, il m'arrive encore d'être touché par une déclaration d'amour inattendue.

J'ai dans ma classe une petite fille de famille pluri-culturelle. Une partie de ses proches vit en Afrique du Nord, une autre outre-Atlantique. Elle devait hier prendre l'avion pour traverser l'océan et rendre visite à de la famille qu'elle ne connait pas, et pendant quelques jours je l'ai sentie inquiète, de façon surprenante pour cette petite très sûre d'elle et d'ordinaire fort joyeuse. J'ai beaucoup pris de temps pour la rassurer, lui expliquer son voyage; j'ai montré à toute la classe sur un de nos ordinateurs -merci Google Maps!- le trajet qu'elle aurait à faire depuis l'école, ainsi que quelques bâtiments emblématiques du lieu où elle allait. Bref j'ai tâché de faire de mon mieux.

Elle m'a alors dit qu'elle n'avait pas, ou plutôt qu'elle n'avait plus de papy. Je l'ignorais. Elle m'a alors sorti cette phrase que je ne suis pas près d'oublier, dans laquelle elle mettait toute son affection et sa reconnaissance, et ce que je crois seule une enfant de six ans était capable d'exprimer:

- Mais toi tu es mon papy de Grande Section!

Il y a de ces instants où trois mots suffisent à vous récompenser d'années de dévouement. Même si, j'en ris encore, c'était aussi une façon de me dire que je n'avais plus vingt ans. J'avoue que j'ai rarement aussi bien accepté d'avoir vieilli.

Le directeur d'école maternelle que je suis est entré de plain-pied dans ces vacances avec pas mal de fleurs éclatantes dans le cœur.

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