Le ministère de l’Éducation nationale nous a gratifiés il y a quelques jours d'un compliment passé inaperçu, et pour cause! Il était bien caché dans le communiqué de presse qui a suivi les élections des représentants des parents d'élèves aux Conseils d'école.
Pour la première fois le ministère a utilisé à plein la puissance de l'internet et de l'outil ECECA mis au point l'année dernière, et a pu communiquer avec une remarquable célérité les résultats de ces élections. Il faut les en louer, la saisie effectuée en temps réel par les directeurs d'école a ainsi trouvé sa raison d'être. Sauf que... à peine ouvert le programme a été fermé, et ceux de mes collègues qui pour une raison technique insurmontable n'ont pu y accéder -panne de réseau, panne d'ordinateur, ou autre impondérable- se sont retrouvés le bec dans l'eau. C'est d'autant plus drôle que le cas n'avait pas été prévu dans les DSDEN. L'envoi des résultats par voie postale qui était de mise les précédentes années n'ayant plus lieu d'être, personne ne sait quoi faire... Bien évidemment je n'étais pas concerné, ayant la malchance de faire partie d'une Académie en "année d'archivage", et ayant donc dû faire le boulot en double, internet et voie postale. Le ministère précise tout de même que les données sont provisoires, et que 6% de celles-ci sont dans les limbes. J'ai bien peur qu'elles y restent.
Nous avons donc pu lire, en "chapeau" de ce communiqué de presse, la phrase suivante:
Les directeurs d’école et les chefs d’établissement se sont fortement investis pour la bonne organisation de ces élections et la remontée des résultats.
Je dois préciser d'emblée que je ne suis pas d'accord, car je doute fortement que les chefs d'établissement se soient tapés le boulot eux-mêmes, contrairement aux directrices et directeurs d'école qui eux n'ont pas de secrétariat. Mais admettons. Cela reste une façon détournée mais claire de nous remercier de notre investissement, et c'est si rare qu'il serait malséant de trop faire la fine bouche. J'ai cherché le communiqué de presse de 2014, et j'y ai bien constaté l'absence totale de référence à notre mission. Alors pourquoi ce soin soudain?
Je ne crois pas au hasard. Je suis persuadé que la menace que le GDiD a faite connaître au Secrétariat général de l’Éducation nationale fin septembre d' "altérer le déroulement en supprimant les bureaux de vote au profit du vote par correspondance", pour reprendre les mots d'un article haineux du "Café pédagogique", a fait un effet désagréable au ministère. Il faut dire que depuis des années le GDiD a pu prouver sa volonté d'avancer, son soutien aux réformes nécessaires et à la "rénovation", tout en marquant néanmoins ses réserves et sa singularité. Alors cette réaction soudaine a pu surprendre et inquiéter de la part de la seule association nationale de Directeurs d'école de notre pays, que l’Éducation nationale préfèrerait certainement garder "de son côté", pour peu qu'il y en ait un. D'autant que le ministère est parfaitement conscient de la lassitude des directeurs d'école de ne pas voir sur la terrain la réalisation concrète de la simplification administrative ou l'application réelle du référentiel-métier. Le GDiD veut et ne veut que la reconnaissance pleine et entière de notre mission, avec les prérogatives et les éventuels avantages que cela sous-tend, il ne serait pas souhaitable pour nos gouvernants de s'en faire un ennemi comme peuvent l'être les centrales syndicales qui par idéologie bloquent toute discussion.
D'où, à mon sens, cette petite phrase explicite que nous avons pu lire dans le communiqué de presse. Elle est pleine de sous-entendus, cette locution: "Oui, nous vous avons entendus. Oui, nous vous comprenons. Oui, nous savons les obstacles qui sont mis sur votre route, et nous faisons au mieux pour les enlever." Mais un compliment ne fait pas une action, c'est d'initiatives consistantes, tangibles, réalistes, dont nous avons besoin. Rapides aussi, car le temps est inexorable dans son déroulement. Le dégoût et la fatigue que beaucoup d'entre nous ressentons ne sont pas imaginaires, nous sommes nombreux à abandonner notre difficile mission, et je suis persuadé que le départ d'une directrice ou d'un directeur d'école chevronné est une perte cruelle pour l’École. Perte d'expérience, perte de compétence, que rien ne pourra combler. On veut que notre école fonctionne au mieux des intérêts de nos élèves, on veut des animateurs pédagogiques locaux capables de motiver et mener des équipes comme d'entraîner des municipalités dans leur action, ce n'est pas en fourguant à des enseignants débutants la charge de la direction d'une école qu'on y arrivera, quels que soient leur entregent, leur compétence ou leur implication. Pourquoi abandonner au milieu du gué des dizaines de milliers de directeurs fortement impliqués?
On ne fera pas l’École du XXIème siècle avec des phrases.
Je dois préciser d'emblée que je ne suis pas d'accord, car je doute fortement que les chefs d'établissement se soient tapés le boulot eux-mêmes, contrairement aux directrices et directeurs d'école qui eux n'ont pas de secrétariat. Mais admettons. Cela reste une façon détournée mais claire de nous remercier de notre investissement, et c'est si rare qu'il serait malséant de trop faire la fine bouche. J'ai cherché le communiqué de presse de 2014, et j'y ai bien constaté l'absence totale de référence à notre mission. Alors pourquoi ce soin soudain?
Je ne crois pas au hasard. Je suis persuadé que la menace que le GDiD a faite connaître au Secrétariat général de l’Éducation nationale fin septembre d' "altérer le déroulement en supprimant les bureaux de vote au profit du vote par correspondance", pour reprendre les mots d'un article haineux du "Café pédagogique", a fait un effet désagréable au ministère. Il faut dire que depuis des années le GDiD a pu prouver sa volonté d'avancer, son soutien aux réformes nécessaires et à la "rénovation", tout en marquant néanmoins ses réserves et sa singularité. Alors cette réaction soudaine a pu surprendre et inquiéter de la part de la seule association nationale de Directeurs d'école de notre pays, que l’Éducation nationale préfèrerait certainement garder "de son côté", pour peu qu'il y en ait un. D'autant que le ministère est parfaitement conscient de la lassitude des directeurs d'école de ne pas voir sur la terrain la réalisation concrète de la simplification administrative ou l'application réelle du référentiel-métier. Le GDiD veut et ne veut que la reconnaissance pleine et entière de notre mission, avec les prérogatives et les éventuels avantages que cela sous-tend, il ne serait pas souhaitable pour nos gouvernants de s'en faire un ennemi comme peuvent l'être les centrales syndicales qui par idéologie bloquent toute discussion.
D'où, à mon sens, cette petite phrase explicite que nous avons pu lire dans le communiqué de presse. Elle est pleine de sous-entendus, cette locution: "Oui, nous vous avons entendus. Oui, nous vous comprenons. Oui, nous savons les obstacles qui sont mis sur votre route, et nous faisons au mieux pour les enlever." Mais un compliment ne fait pas une action, c'est d'initiatives consistantes, tangibles, réalistes, dont nous avons besoin. Rapides aussi, car le temps est inexorable dans son déroulement. Le dégoût et la fatigue que beaucoup d'entre nous ressentons ne sont pas imaginaires, nous sommes nombreux à abandonner notre difficile mission, et je suis persuadé que le départ d'une directrice ou d'un directeur d'école chevronné est une perte cruelle pour l’École. Perte d'expérience, perte de compétence, que rien ne pourra combler. On veut que notre école fonctionne au mieux des intérêts de nos élèves, on veut des animateurs pédagogiques locaux capables de motiver et mener des équipes comme d'entraîner des municipalités dans leur action, ce n'est pas en fourguant à des enseignants débutants la charge de la direction d'une école qu'on y arrivera, quels que soient leur entregent, leur compétence ou leur implication. Pourquoi abandonner au milieu du gué des dizaines de milliers de directeurs fortement impliqués?
On ne fera pas l’École du XXIème siècle avec des phrases.