samedi 27 octobre 2012

Une hirondelle ne fait pas le printemps...


Le mercredi 24 octobre dernier, M. Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, a fait une déclaration au sujet de l'avenir de la direction d'école devant la Commission des Affaires culturelles et de l’Éducation de l'Assemblée nationale, déclaration qui évidemment a fait un certain bruit auprès des directeurs d'école ainsi qu'auprès des syndicats, qui s'en sont -certainement trop tôt- fortement réjouis, alors que les directeurs d'école du GDID et certaines centrales étaient d'ores et déjà prêtes au rapport de force. M. Peillon a donc en quelques mots lénifiants cassé une dynamique qui pouvait lui être néfaste. Mais qu'en est-il réellement?

M. Peillon répondait à deux questions, dont l'une en particulier avait été posée par M. Frédéric Reiss, député du Bas-Rhin bien connu des lecteurs de ce blog pour un rapport qui à l'époque où il était sorti avait fait beaucoup de bruit, M. Reiss y réclamant une reconnaissance claire de notre métier.

Voici la vidéo -courte, 4'35 mn- de ces interventions, mise en ligne par votre serviteur: Frédéric Reiss, Virginie Duby-Muller, Vincent Peillon.


Dont acte. Mais une hirondelle ne fait pas le printemps, et trop s'enthousiasmer reviendrait peut-être à croire en des lendemains qui chantent, alors qu'il ne s'agit peut-être que de surlendemains, et encore très hypothétiques. Discuter n'est même pas promettre, et si on peut penser que M. Peillon est sincère, il ne faudrait pas non plus prendre ce philosophe de formation pour ignorant de la portée de quelques mots judicieusement et opportunément placés.

Car que dit M. Peillon, en somme? Que des discussions s'engageront en janvier prochain avec le GDID et les syndicats quant à notre avenir. Pas moins certes, mais pas plus non plus. Or la Loi d’orientation aura déjà été a priori votée... et les directeurs d'école ne seront pas dedans. Donc point de statut, qui réclamerait une armada de décisions législatives fortes, mais une vague "certification", idée avancée par le SNUipp qui, dépassé par les évènements et les avancées obtenues par le SE-Unsa et le GDID, tente de se raccrocher aux branches. Je regrette de le faire savoir à M. Peillon, mais les directeurs d'école ne sont pas des enseignants spécialisés, ils exercent aujourd'hui un nouveau métier qui est celui de directeur d'école, métier qui diffère totalement de celui d'enseignant. Ce métier doit être reconnu non comme une possible opportunité mais comme une mission qui n'a plus rien à voir avec une mission d'enseignement, car elle fait appel à d'autres compétences et amène d'autres responsabilités. C'est cela que le GDID devra faire comprendre à Monsieur le Ministre lors de la rencontre qui aura lieu le 30 octobre. Car j'imagine mal ce que quelques sucettes octroyées par notre administration pourraient changer à notre inexistence juridique ou institutionnelle, à nos rapports compliqués avec une hiérarchie souvent impérieuse ou des principaux de collège qui ne sont pas plus compétents que nous. Je comprends mal ce que cela pourrait changer aux responsabilités légales ou face à la Justice qui sont devenues les nôtres. J'imagine tout aussi difficilement ce qu'une "certification" pourrait nous apporter face à des adjoints parfois ingérables, face à un public ou des élus locaux pour lesquels rien ne serait changé. J'ai du mal à voir également de quelle façon nous pourrions être réellement valorisés à la hauteur de la mission que nous remplissons actuellement et du sérieux avec lequel nous l'accomplissons, financièrement d'abord, mais aussi aux yeux des familles comme à nos propres yeux. Délaissés nous sommes, délaissés nous resterions.

Il ne faut pas nier l'avancée que démontrent les propos de M. Peillon. Le GDID a, en un peu plus de dix ans, gagné la bataille des idées. Elle était loin d'être facile, les réticences syndicales -moqueries, insultes, dédain- et les obstacles que les centrales mirent dans nos roues furent nombreux. Mais les directeurs d'école n'ont jamais baissé les bras, et aujourd'hui plus personne ne nie que notre mission soit primordiale pour le fonctionnement de l'école publique. Il ne faut pour autant pas croire que tout soit terminé, loin de là. Nous ne voulons pas être distingués parmi les enseignants, nous ne voulons pas être primus inter pares, nous voulons un statut particulier et clair qui nous permette d'exercer sereinement une mission qui n'est plus une mission d'enseignement mais un métier spécifique.

1 commentaire:

  1. Pas de printemps pour moi. Je crois que ma fin de carrière se résumera à un long hiver rude et rigoureux, quelque soit les gouvernements.
    Nos ministres se suivent et se ressemblent, surtout dans les effets d'annonce que l'on ne voit guère se réaliser sur le terrain.
    Si je bossais comme cela, je crois que je me ferai très vite rappeler à l'ordre par la hiérarchie : "Vous n'êtes pas très efficace, Madame, il faudrait se ressaisir !"

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