La période qui précède immédiatement Noël a toujours été un moment difficile pour les enseignants du primaire, qui sont aussi fatigués que leurs élèves. Ils ont l'impression de piétiner dans leur enseignement, broient du noir, perçoivent tout du mauvais côté de la lorgnette... Bref, arriver aux vacances de Noël est chaque fois une délivrance.
Cette année ne déroge pas à la règle. Je le vois bien dans les commentaires qui partout fleurissent suite aux décisions prises par le ministre de l’Éducation nationale quant à la direction d'école.
D'un côté nous avons ceux qui peut-être s'illusionnaient en imaginant un statut juridique de directeur d'école leur être servi sur un plateau. De l'autre ceux qui conservaient une vision claire de ce que ce gouvernement pouvait nous proposer mais ne comprennent rien aux décisions prises. Tous s'estiment bien à tort déçus ou lésés.
Je ne réitérerai pas le discours de mon précédent billet, mais je peux le résumer: les moyens offerts sont faibles et proportionnels à la capacité budgétaire de l’État aujourd'hui; le GRAF est un premier pas vers un statut pour les directeurs d'école. Le verre est donc à moitié plein, c'est à nous maintenant, directeurs d'école sur le terrain, de travailler avec le GDiD et les syndicats pour le remplir à ras bord. Nous arriverons à un statut différencié et de pleins moyens pour assurer notre mission, mais il faudra encore quelques années. Ce qui n'interdit pas de comprendre ce qui nous est enfin offert... même si ce n'est pas un cadeau mais seulement un début de juste appréciation de la difficulté de notre métier si particulier.
De nombreux fantasmes éclosent néanmoins dans le cerveau des collègues fatigués. Comme le contenu du GRAF n'est pas encore défini -il le sera en 2014-, d'aucuns se voient laissés pour compte, abandonnés au bord du chemin par un contingentement de ce grade et des conditions d'accès dont on ne connait pas encore les contours.
Il est clair que des choix devront être effectués, mais ceux-ci devront nécessairement tenir compte des règles de fonctionnement de la fonction publique. Non, tous les directeurs d'école n'auront pas immédiatement accès au GRAF. Oui, cet accès passera nécessairement par un traitement en CAPD, qui logiquement obéit à des règles précises qui limitent le népotisme et le fait du prince. Ceci permet d'imaginer que l'accès se fera certainement dans un premier temps, pour ce qui concerne les directeurs d'école, en fonction du nombre d'années déjà effectuées dans la mission. Y aura-t-il nécessité d'un avis favorable -précisant donc la façon de "servir" des agents concernés- de la hiérarchie immédiate, soit des IEN? C'est une question en suspens. On peut facilement imaginer que les syndicats s'élèveront contre une décision de ce genre, ce qui serait parfaitement compréhensible quand on voit la façon dont certains IEN considèrent leur fonction; je fais bien entendu allusion à la situation actuelle ahurissante de Jacques Risso... entre autres.
Il est inutile de fantasmer, de se raconter des histoires, ou de se faire peur, voire de faire peur à autrui. Tant que les négociations n'auront pas eu lieu, seules les centrales syndicales et le ministère peuvent avoir une idée de ce qui est admissible ou non. On peut évidemment en discuter, prévenir les dangers, imaginer des solutions. Ce serait même une excellente chose de précéder les discussions à venir, et je ne doute nullement que le GDiD et les syndicats s'y emploieront rapidement. Mais imaginer le pire ou propager de fausses nouvelles est contre-productif.
Je profite de ce billet pour signaler deux choses à mes lecteurs:
1) d'abord -une fois n'est pas coutume- un article du SNUipp de l'Aude sur l'avenir de la direction d'école, article très intéressant de par son ton dépassionné et ses explications claires, même si je n'en partage pas la teneur, et surtout pas les conclusions habituelles;
2) le SGEN enfin se mouille, en réclamant dans une lettre ouverte de son secrétaire général un changement de statut pour l'école, avec des mots remarquables dont j'épouse totalement la forme et le fond:
"Dans le premier degré, l'absence de statut juridique de l'école oblige à en déléguer le pilotage aux municipalités, au collège ou à une administration trop lointaine. Il est nécessaire de construire un statut juridique de l'école, afin de lui donner, ainsi qu'aux collègues qui y travaillent, de l'autorité et de la légitimité face à leurs partenaires institutionnels."
Il ne faut jamais désespérer...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire