L'excellent blog "L'instit Humeurs" nous en parle dans son plus récent billet: la "Fête des Profs" tente une percée en France, à l'instigation de l'association SynLab, "un laboratoire citoyen de recherche-action focalisé sur le développement des compétences émotionnelles, sociales et civiques dans les systèmes éducatifs du monde francophone".
Les réactions sont peu diverses chez nous: moquerie, désintérêt, haussements d'épaules... Pourtant cette fête existe dans de nombreux pays, elle y est même une fête officielle; c'est le "National Teacher Day" aux États-Unis au mois de mai; c'est le 10 septembre en Chine; c'est le 15 octobre au Brésil depuis 1963; c'est le 5 septembre en Inde, le 5 octobre au Canada, le 9 mars au Liban... Vous en trouverez une liste sur cette page.
Pourquoi cette réaction en France? Je pense qu'il faut y voir l'effet de décennies de dénigrement systématique de la part d'un monde politique haineux, qui au cours du temps a réussi à convaincre la population que les enseignants sont... vous savez comme moi les adjectifs dont on nous affuble.
Pourtant, pourtant, tous nous gardons en mémoire un ou deux professeurs, un ou deux instituteurs, dont nous conservons un souvenir ému. Celui-ci m'a aidé, celui-là m'a soutenu, celle-ci m'a passionné... Combien d'entre nous ont suivi une voie professionnelle parce qu'un enseignant particulier était éblouissant? Combien sommes-nous ici devenus enseignants parce qu'un prof ou un instituteur a su nous montrer le meilleur de sa mission?
Et puis, il y a nos propres élèves, ceux qui quinze ou vingt ans après avoir quitté notre classe nous recontactent par le biais d'internet pour nous dire à quel point nous avons été importants pour eux. Cela m'est arrivé plusieurs fois: "... ça a été ma plus heureuse année d'école...", "... vous m'avez fait aimer la géométrie...", "... vous étiez toujours souriant, même quand je faisais une bêtise...". Il y a cette grande et fine blonde d'une vingtaine d'années qui m'a sauté au cou la semaine dernière alors que je faisais mes courses, et qui se rappelait des choses que j'avais oubliées, alors que l'avais eue comme élève en Grande Section quinze ans auparavant. Il y a ceux qui reviennent, régulièrement, pendant des années, vous dire un simple bonjour avec un grand sourire à l'heure de la sortie des classes. Il y a ceux qui sont fiers de venir procéder à l'admission de leur propre enfant, et alors même que vous ne les reconnaissez pas sont ravis de votre surprise lorsque vous découvrez leur nom sur la fiche d'inscription: ils ont été vos élèves, et après vingt-cinq années vous amènent avec une totale confiance leur propre progéniture. Là, j'avoue que la première fois que ça m'est arrivé, ben ça m'a fichu un sacré coup de vieux! Mais quel bonheur.
J'espère que ce greffon festif prendra en France. Pas pour recevoir un cadeau, je n'aime pas les cadeaux et je m'en tape. Mais pour nous remettre du baume au cœur, nous rappeler la beauté de notre métier, nous dire à quel point nous pouvons être importants dans la construction d'un être humain. Nous en avons besoin, j'en ai besoin.
Post-scriptum: je dédicace ce billet à M. Gilles, mon instituteur de CE1 et CE2, Gérard Poupée celui de CM2, Messieurs Charve et Vindy au collège... et tous les autres dont les noms m'échappent, hommes et femmes qui ont activement participé à ma construction individuelle, petite peste égoïste et grand casse-pied en recherche de reconnaissance que je fus. Je ne le dédicace pas à la salope intégrale qui fut ma prof de maths en 6ème.
Pourquoi cette réaction en France? Je pense qu'il faut y voir l'effet de décennies de dénigrement systématique de la part d'un monde politique haineux, qui au cours du temps a réussi à convaincre la population que les enseignants sont... vous savez comme moi les adjectifs dont on nous affuble.
Pourtant, pourtant, tous nous gardons en mémoire un ou deux professeurs, un ou deux instituteurs, dont nous conservons un souvenir ému. Celui-ci m'a aidé, celui-là m'a soutenu, celle-ci m'a passionné... Combien d'entre nous ont suivi une voie professionnelle parce qu'un enseignant particulier était éblouissant? Combien sommes-nous ici devenus enseignants parce qu'un prof ou un instituteur a su nous montrer le meilleur de sa mission?
Et puis, il y a nos propres élèves, ceux qui quinze ou vingt ans après avoir quitté notre classe nous recontactent par le biais d'internet pour nous dire à quel point nous avons été importants pour eux. Cela m'est arrivé plusieurs fois: "... ça a été ma plus heureuse année d'école...", "... vous m'avez fait aimer la géométrie...", "... vous étiez toujours souriant, même quand je faisais une bêtise...". Il y a cette grande et fine blonde d'une vingtaine d'années qui m'a sauté au cou la semaine dernière alors que je faisais mes courses, et qui se rappelait des choses que j'avais oubliées, alors que l'avais eue comme élève en Grande Section quinze ans auparavant. Il y a ceux qui reviennent, régulièrement, pendant des années, vous dire un simple bonjour avec un grand sourire à l'heure de la sortie des classes. Il y a ceux qui sont fiers de venir procéder à l'admission de leur propre enfant, et alors même que vous ne les reconnaissez pas sont ravis de votre surprise lorsque vous découvrez leur nom sur la fiche d'inscription: ils ont été vos élèves, et après vingt-cinq années vous amènent avec une totale confiance leur propre progéniture. Là, j'avoue que la première fois que ça m'est arrivé, ben ça m'a fichu un sacré coup de vieux! Mais quel bonheur.
J'espère que ce greffon festif prendra en France. Pas pour recevoir un cadeau, je n'aime pas les cadeaux et je m'en tape. Mais pour nous remettre du baume au cœur, nous rappeler la beauté de notre métier, nous dire à quel point nous pouvons être importants dans la construction d'un être humain. Nous en avons besoin, j'en ai besoin.
Post-scriptum: je dédicace ce billet à M. Gilles, mon instituteur de CE1 et CE2, Gérard Poupée celui de CM2, Messieurs Charve et Vindy au collège... et tous les autres dont les noms m'échappent, hommes et femmes qui ont activement participé à ma construction individuelle, petite peste égoïste et grand casse-pied en recherche de reconnaissance que je fus. Je ne le dédicace pas à la salope intégrale qui fut ma prof de maths en 6ème.
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