mercredi 16 avril 2014

Mauvais feuilleton dans le Vaucluse...


Assistons-nous aujourd'hui à la triste fin d'un mauvais feuilleton? Ce que j'avais appelé dans un billet de ce blog "l'affaire Risso" semble arriver à sa conclusion, épilogue désagréable et inconfortable pour son principal protagoniste qui ne méritait pas ça, mais épilogue hélas logique si on se rapporte à la situation des directeurs d'école aujourd'hui.

Jacques, qui signe ses dessins et caricatures JAC et nous fait sourire depuis si longtemps, a donc été accusé par l'institution de n'avoir pas su gérer une douteuse affaire de harcèlement qui serait survenue dans l'école qu'il gérait depuis plus de vingt ans, vingt années de direction sans tache et assorties de rapports d'inspection élogieux. Le DASEN (Directeur Académique des Services) du Vaucluse, nouvellement nommé en septembre, a suivi logiquement les réquisitions de ses services, sans connaître ni se renseigner plus avant sur le dossier d'accusation. Dossier qui s'est rapidement avéré truffé de pièces qui n'avaient rien à voir avec l'accusation portée mais plutôt avec les activités picturales de JAC, qui dénonçait régulièrement en particulier les difficultés des directeurs d'école aujourd'hui. Les responsables en étaient semble-t-il une IEN et un adjoint au DASEN qui -sur ordre du précédent DASEN ou de leur propre chef?- s'étaient ingéniés à monter un dossier à charge comprenant tout et n'importe quoi, y compris des pièces portant atteinte à la liberté d'expression des fonctionnaires.

Il était normal que se lèvent alors de nombreux boucliers. Syndicaux avec l'investissement immédiat de FO-Vaucluse, associatifs avec les protestations du GDiD, professionnels avec les collègues de Jacques Risso, directeurs ou enseignants qui ont tout de suite mis en doute la qualité du dossier d'accusation, amicaux et populaires avec en particulier et hélas la scission du village de Rustrel.

J'imagine que l'IEN du secteur ne s'attendait pas à de telles réactions. Joli résultat! Qui mieux que des éloges de la part de notre hiérarchie commune mériterait certainement une mise à l'écart. Nous verrons. Rapidement la défense de JAC a été organisée et répartie entre action syndicale et comité de soutien, défense qui a finalement mais récemment abouti à la quasi disparition de ce dossier ridicule dont l'histoire de harcèlement s'était d'elle-même semble-t-il effondrée, et au retour de Jacques dans le giron du métier, mais temporairement éloigné de son village et de sa direction d'école, à la condition de son renoncement à une action en justice qu'il avait lancée.

J'utilise beaucoup de conditionnels et je prends des gants pour ce résumé lapidaire de l'affaire qui nous a tous secoués depuis le début de l'année, car finalement de l'extérieur j'en sais peu de détails. Heureusement pour Jacques qui peut ainsi conserver une part d'intimité malgré le retentissement national du harcèlement dont lui a été réellement victime. Mais il faut ne pas oublier que tout cela a commencé à la fin août 2013! Ce qui fait de longs mois de défense et de doute. Je ne voudrais pas avoir connu cela.

Jacques pouvait penser être désormais blanchi, et reprendre normalement sa mission dans son village de Rustrel dès septembre prochain, d'autant que les tensions semblent s'y être apaisées -laisseront-elles des séquelles?- et que la municipalité a récemment changé. Était-ce souhaitable? Ce n'est pas à moi de faire ce choix, et je peux comprendre qu'après plus de vingt ans dans la même commune on n'ait pas forcément envie de la quitter. Mais c'était sans compter sur la perversité d'un système qui s'ingénie à broyer les directeurs d'école. Nous ne sommes rien dans l'organigramme de l’Éducation nationale sinon de mignons esclaves bons à exploiter et tout aussi bons à jeter lorsque cela arrange notre administration. Jacques Risso en est la meilleure illustration hélas, qui s'est vu récemment signifier un blâme malgré les épreuves qu'il a subies. Qui dit blâme dit évidemment retrait de fonction, et c'est ce qui vient d'arriver et d'être confirmé d'une part par l'obligation faite à Jacques de participer au mouvement en tant qu'adjoint -sa mission de direction lui est retirée- et la parution marquée "vacante" du poste de directeur de l'école de Rustrel dans la liste des postes au mouvement dans le Vaucluse, comme vous pourrez vous-mêmes le constater en consultant le fichier .doc de cette page.


Évidemment, on sait que des erreurs apparaissent souvent sur les listes de postes, erreurs qui sont souvent rectifiées par des documents ultérieurs. Mais peut-on réellement croire que ceci en est une? Ce serait s'illusionner.

Le comité de soutien à Jacques Risso demande aux enseignants du Vaucluse ou à ceux qui arrivent dans le département de ne surtout pas demander le poste, par principe évidemment parce que quelqu'un y sera forcément nommé d'office pour la rentrée. Mais il s'agit de sauver l'honneur de JAC et pour le milieu enseignant de marquer sa désapprobation des méthodes utilisées par une administration aveugle contre un simple petit fonctionnaire de terrain qui jamais n'a démérité. Je ne peux que soutenir cette demande, c'est pourquoi je la relaie ici.

Maintenant, que peut-on dire de toute cette affaire? J'en tire quatre conclusions qui ne vont pas plaire à tout le monde, mais tant pis j'assume, comme d'habitude.

Tout d'abord le dossier originel visait à condamner JAC pour sa libre expression sur son site personnel et ses petits dessins accusateurs qui ne décrivent que la réalité du terrain. De ce point de vue c'est une faillite d'une administration qui se voudrait exemplaire mais n'aime pas qu'on dénonce ses nombreux travers ou son incompétence, et préfère la censure à la liberté. Mais Jacques Risso reprendra-t-il ce travail? J'en doute, je le comprends, je compatis sincèrement à ce que notre hiérarchie ait tout de même quelque part réussi à briser un homme honnête.

Ensuite l'administration voulait pour Jacques un blâme et un retrait de fonction. Jacques a reçu un blâme et se voit retirer sa mission de direction. C'est donc à mes yeux une faillite syndicale cinglante, malgré l'investissement personnel louable et fort de l'ancienne secrétaire générale du syndicat FO du Vaucluse. Je ne m'en réjouis pas. Et je remercie pour son travail le comité de soutien de Jacques qui l'a tant soutenu et continue à le faire en dépit de ses possibilités limitées ou de la place qui lui a été laissée.

Puis pointe à mes yeux, malgré que nous soyions sensés vivre dans une démocratie, l'évidence de la nécessité de l'anonymat lorsqu'on veut pointer du doigt les ratés et les perversités du système. J'ai personnellement connu des affres similaires à Jacques dans une autre vie, pour des raisons semblables, c'est bien pourquoi vaille que vaille je veillerai à maintenir du mieux que je peux mon anonymat pour que ce blog persiste. Certains savent mon identité, je les remercie humblement de leur discrétion.

Enfin se pose la question de la position des directeurs d'école au sein de l'administration de l’Éducation nationale. Nous ne sommes rien, je l'ai écrit plus haut, s'il en fallait une illustration la voilà pleine et entière. Corvéables à merci, tout autant bons à jeter lorsque le fruit est pressé. Nous n'avons aucune existence institutionnelle ni légale, nous sommes de bons esclaves d'inspecteurs qui n'hésiteront pas à nous exploiter ou à nous sacrifier pour leur plus grand profit. Méprisés et dénués de possibilités d'initiative, tiraillés entre municipalité, collègues, élèves et administration, nous ne pouvons concrètement pas faire grand chose pour aider les enfants qui nous sont confiés et leurs familles. Est-ce cela que veut la Nation? Qu'elle persiste alors à nier notre mission, et je garantis que rien  ne changera de l'efficacité de notre école, que ce soit dans le nombre de ceux qui la quittent sans qualification comme des tests internationaux. Mais si la situation réellement n'est pas satisfaisante et doit être changée, alors il est temps de reconnaître le métier de directeur d'école pour ce qu'il est comme son importance, et de nous donner les moyens de notre action.

dimanche 13 avril 2014

Six anecdotes...


Suite à mon précédent billet, voici six anecdotes personnelles, qui illustreront peut-être l'image désastreuse de l'enseignement en général, de l'école primaire en particulier, le peu de considération que nous porte notre institution, et aussi en partie pourquoi je n'ai souvent que mépris pour le monde syndical enseignant.

Concours...

J'ai eu mon baccalauréat de philo, j'en ai appris la nouvelle par ma mère qui m'a téléphoné pendant le repas du centre de vacances où j'encadre ma première "colo" (j'en ferai pendant dix ans). J'ai préparé avant mon départ le dossier du concours de l’École normale, que ma mère n'a plus qu'à déposer. Ce concours, je le passe en septembre, j'y arrive second au classement, et très content de moi j'annonce la nouvelle à ma mère qui me regarde d'un œil dubitatif et légèrement réprobateur:

" - Mais... tu ne feras pas ça toute ta vie? "

Rentrée...

C'est la rentrée des élèves de la nouvelle promotion d' "élèves-maîtres" dont je fais partie. L'école normale n'est pas encore mixte, et comme il fait beau nous nous retrouvons pour faire connaissance sur les marches de l'ENG (École Normale de Garçons), superbe bâtiment du XIXème siècle qui va abriter nos études quelques années. Les élèves de seconde année ont eux déjà fait leur rentrée, et quelques-uns sortent justement des locaux par une autre porte pour aller picoler au café voisin surnommé "l'annexe". L'un d'eux se retourne, nous regarde de loin, comprend qui nous sommes et hurle:

" - Signez pas! C'est un piège! "

Rencontre...

L’École normale est à proximité immédiate du lycée où j'ai fait mes études classiques secondaires. Je croise un jour mon professeur de français/latin/grec de terminale, qui m'interroge:

" - Et vous faites quoi maintenant?
- Je suis entré à l’École normale. "

Mon ancien professeur esquisse un sourire narquois et dit d'un ton gouailleur:

" - Avec vos capacités... Z'êtes bien un sacré feignant! "

Grève...

Je suis jeune enseignant "brigade-stage", je remplace des collègues en formation continue, ce qui dans ces années-là dure de une à trois semaines. Je travaille déjà principalement en maternelle, j'aime ça, je m'y sens chez moi. Le SNI, centrale syndicale qui à l'époque regroupe 80% des enseignants syndiqués -et presque tous le sont, moi pas-, organise une journée de grève et de manifestations. Je ne suis pas d'accord avec le mot d'ordre, je décide donc de ne pas faire grève. Sur tout le groupe scolaire de onze classes je suis seul à travailler ce jour-là.
Le lendemain, la directrice de l'école élémentaire vient voir la directrice de la maternelle pour une raison quelconque, et comme nous nous préparons pour la récréation elle vient nous dire bonjour. Elle serre la main de mes collègues en souriant, puis arrive devant moi... et passe vent debout en disant d'un air froid et l'œil noir:

" - Toi, je ne te salue pas. "

Autre grève...

Bien plus tard, une autre école maternelle dans laquelle je suis à temps plein. C'est la troisième ou quatrième grève de l'année pour un motif quelconque, grève qui sera comme d'habitude sans aucun effet sinon celui de priver mes collègues d'une journée de traitement. Je suis seul à travailler, et j'aperçois avec surprise à l'accueil des élèves un père que je n'avais jamais vu. Je sais qu'il est chef d'entreprise, une PME dans laquelle il travaille douze ou quatorze heures par jour, d'où ma surprise. Bien habillé, belle montre (j'adore les montres!), il arrive souriant avec son fils très fier de venir avec son papa, et je comprends pourquoi il est venu ce matin-là lorsqu'il me serre la main avec vigueur et me dit simplement:

" Merci d'être là! "

 Directeur d'école...

Après quinze années de remplacement et tribulations diverses, je travaille depuis six ans dans la même école maternelle. J'y ai été adjoint trois ans puis ai pris la suite du collègue directeur. Six années de projets constructifs et pleinement réussis axés sur la parentalité dans cette école de Zone Urbaine Sensible dont une partie de la population est en-dessous ou à la limite du seuil de pauvreté. L'école a reçu deux fois durant ces six années une reconnaissance extérieure, d'abord avec le prix de la revue "L'éducation enfantine", puis avec un prix de la Fondation de France.
Avec la nomination de deux nouvelles collègues la guerre entre à l'école. Je décide de partir, car j'estime notre métier suffisamment difficile pour n'avoir aucune envie de me battre. En six années je n'ai été inspecté qu'une fois, la première. J'attends l'inspection que mon IEN m'a enfin promise pour le mois de juin, j'ai besoin de remonter ma note car mon "retard" handicape sérieusement ma promotion. Et puis le travail effectué dans l'école m'autorise à penser que je mérite amplement un rapport d'inspection louangeur.
Je reçois un courrier de mon inspectrice: pour X raison dont je me souviens plus, 

" ...je ne pourrai venir vous inspecter avant la fin de l'année. Je vous remercie de votre implication dans votre école, et vous souhaite de réussir dans votre prochaine affectation. "

samedi 12 avril 2014

Ce métier est-il devenu un métier de m[...] ?


Sondages et études se multiplient depuis quelques mois voire quelques années pour dénoncer pêle-mêle le stress des enseignants ou leur épuisement (le fameux anglicisme "burn-out" qui me hérisse le poil), leur profond sentiment d'insatisfaction et d'inaccomplissement, la difficulté d'un métier impossible à exercer quand on veut faire croire à une population que tous ses enfants sont capables d'étude, l'incompétence d'une institution pléthorique, anxiogène et dépassée, et plus récemment le dégoût profond d'une profession qui ne croit plus en sa mission au point de ne pas vouloir que ses propres enfants s'y consacrent. Le Café Pédagogique s'en est fait l'écho.

Quand j'étais petit, Monsieur l'Instituteur était un personnage. On ne venait le déranger que pour une circonstance grave, et quelle honte alors pour l'élève dont la mère passait à 17h le portail de l'école sous les yeux ébahis des enfants. Jamais il ne serait venu à quiconque l'idée de discuter ses décisions ou ses choix. Il faut dire qu'en plus je fréquentais ce qu'on appelait une "école d'application", proche de l' "École normale", et les enseignants en étaient auréolés d'une gloire certaine et d'une réputation d'infaillibilité qui dissuadaient toute velléité enfantine ou parentale de remettre quoi que ce soit en cause, et surtout pas les compétences des "maîtres" et "maîtresses" qui y enseignaient d'ailleurs d'une manière remarquable -il faut l'écrire-. Je me rappelle encore fort distinctement une des plus grandes hontes de ma vie, celle en CP d'avoir été envoyé "au coin" par la maîtresse parce que, bien que certainement le meilleur élève de la classe, je n'écoutais pas une leçon laborieusement dispensée par un "élève-maître". Jamais je n'y suis retourné de toute ma scolarité. Nous n'aimions pas nos "maîtres" et "maîtresses", nous les idolâtrions littéralement. Jamais, au grand jamais, il ne nous serait venu à l'idée de leur mal parler ou d'en mal parler, même entre nous, surtout pas entre nous car cela aurait été "rapporté"; jamais nous n'aurions eu non plus l'idée de nous moquer de leur physique ou de leur comportement ou d'un défaut de prononciation. Je me rappelle encore avec tendresse l’embonpoint prononcé de mon enseignant de CE1 et CE2, qui loin d'être raillé en imposait à tous, et m'émeut encore -c'est idiot je sais- quand il m'arrive de revoir une photo de classe. Et je me le rappelle s'extirpant de sa 2CV garée devant l'école...

Que dire des directeurs d'alors? Être directeur d'école était l'accomplissement d'une carrière, l'image comme le traitement étaient à la hauteur d'un statut social considéré à l'époque comme supérieur et fort respecté. Mon propre père, pourtant doté de deux doctorats et enseignant dans le supérieur, considérait mes "maîtres" et leur directeur comme des égaux. Pour nous enfants, c'était tout juste si l'aura de nos enseignants ne suffisait pas à éclairer de leur lumière nos pupitres en bois que nous passions chaque fin d'année au papier de verre pour les cirer ensuite, et ne faisait pas briller de mille feux opalescents nos encriers de porcelaine. Oui, je suis d'une génération qui a appris à écrire à la plume, et il ne s'agissait pas à l'époque de débuter l'apprentissage de la lecture en maternelle; je n'ai commencé à tracer des "bâtons" qu'à mon entrée en CP. Là aussi je m'en rappelle fort bien, de ces premiers essais graphiques qui furent pour moi une révélation, j'en ai une photo fort précise inscrite dans le cerveau, je revois mon cahier, les hautes fenêtres inaccessibles, mon pupitre, je sens l'odeur de la fin d'été, j'entends le vent dans les marronniers de la cour.


Je ne voyais jamais le directeur de mon école, et j'en étais très content tant il nous fichait une frousse bleue. Ce brave homme qui n'aurait pas fait de mal à une mouche était pris par ses fonctions formatrices et sa gestion d'école, il restait dans son bureau et ne venait nous voir que pour nous délivrer chaque trimestre nos cahiers de "compositions" -les contrôles ou évaluations d'aujourd'hui- avec les commentaires afférents. Nous étions tétanisés. Nous n'en sommes pas morts.

Les enseignants d'alors méritaient leur image. Quand mai 68 est arrivé et que le copinage s'est installé, cette distance qui comptait beaucoup dans notre vie d'enfant s'est estompé. Fut-ce un bien ou un mal? Nos "maîtres" ne se seraient jamais permis d'intervenir dans nos jeux infantiles, nos parties d'osselets, dans nos concours de billes dont il fallait taper le tête de file avec un "gode" en verre souvent fort ébréché ou une bille de roulement dont la possession assurait à son propriétaire une gloire certaine et une incommensurable envie pour ses condisciples. Aucune intervention, sauf si une -rare- bagarre intervenait. Ils nous respectaient totalement et profondément. Mon école d'application restait une école de quartier, sa population extrêmement diversifiée mixait sans questionnement origines et milieux sociaux les plus divers qui de toute façon ne nous intéressaient pas. Pas question de vêtements voyants ou démarqués, en ce temps-là, la blouse était de rigueur et supprimait toutes les différences. Et puis l'école ne devint mixte que lors de mon passage en CM1, ce qui fut aussi une découverte, mes sœurs étant nettement plus âgées que moi (elles n'étaient pas des filles à mes yeux, elles étaient mes sœurs, ce qui n'est pas la même chose!). J'ai tout de suite adoré les filles, je m'y suis trouvé de nombreux points communs, j'ai tout de suite adoré leurs voix, leurs manières, leurs sourires, leurs jeux... Bon, c'est un autre sujet peut-être.

Je suis nostalgique? Pas de mon enfance. Bien qu'heureuse, ou plus heureuse que celle de beaucoup, je ne la revivrais pour rien au monde. Mais de la façon dont les enseignants étaient considérés dans les années 60, certainement. Comme certainement aussi la façon dont fonctionnait alors l'institution. J'ai lu une décennie plus tard le fameux "Code Soleil" de ces années-là, et même si beaucoup de considérations m'en sont apparues obsolètes, j'y ai trouvé et compris un fond de certitude et d'assurance quant à ce métier qui fut une mission au sens noble du terme, un sacerdoce réel au service des enfants. Je ne perçois qu'aujourd'hui l'amour que nous portaient nos "maîtres". Mais il n'y avait aucune intrusion. Si jamais il ne serait venu à l'idée des enseignants d'alors de remettre en question la façon dont les familles éduquaient leurs enfants, alors qu'aujourd'hui une morale d’État veut prendre le pas sur l'indépendance familiale, combien d'enseignants ou de directeurs d'école se déplaçaient le dimanche pour aider des parents illettrés ou parlant mal le français à remplir certains documents officiels ou leurs feuilles de sécu? J'en ai connu. Plein.

Leurs conditions de travail proprement dites n'étaient pas meilleures qu'aujourd'hui: je peux compter 27 élèves sur ma photo de classe de CE1. Mais ils s'y investissaient certainement d'une façon moins contraignante, avec des programmes clairs et légers, avec une institution qui ne changeait pas les règles tous les deux ou trois ans, avec des inspecteurs qui les respectaient, avec un salaire enfin digne même s'il n'était certainement pas mirobolant. L'enseignement était élitiste? Oui, mais on n'a fait aujourd'hui que reculer cruellement l'âge de la vérité: notre prétendue "démocratisation" actuelle ne change absolument rien à la reproduction des classes privilégiées qui se faisait déjà à l'époque. Pire, je suis persuadé que le fameux "ascenseur social" fonctionnait alors à plein régime, alors que de nos jours il reste bloqué au rez-de-chaussée.

J'ai longuement sur ce blog évoqué les résolutions que nous devons collectivement prendre: casser la monstrueuse pyramide institutionnelle de l’Éducation nationale, donner aux directeurs d'école les moyens de leur mission, alléger nos programmes de toutes les scories accumulées depuis au moins deux décennies, payer les enseignants correctement, etc. Mais cela ne suffira certainement pas à redorer notre blason et à refaire de notre métier ce qu'il fut, soit l'opportunité pour chacun d'améliorer sa condition sociale par le biais de la connaissance et de la compétence. Là où on guidait des enfants vers la maturité qui en faisait des femmes et des hommes responsables, aujourd'hui on massacre, on écrase, on enlise, on enkyste. Non, ce n'est pas vrai, notre école aujourd'hui n'est pas meilleure, elle est pire. Comment ne pas le percevoir quand on est dedans jusqu'au cou? Comment ne pas s'en sentir frustré? Et on s'étonne qu'il n'y ait plus de candidats aux concours? On s'étonne que les enseignants eux-mêmes ne veuillent plus que leurs propres enfants les suivent dans une mission qui devrait être la plus belle du monde? Oui, ce métier est devenu un métier de merde. Et plus tôt je prendrai ma retraite mieux ce sera. Une fuite, mais pas une fuite lâche, car je persisterai je l'espère jusqu'à ce moment à faire le maximum pour mes élèves comme pour dénoncer la perversité du système.

PS: j'ai "piqué" l'image sur le net, ce n'est pas "ma" cour de récré... mais ça ressemblait un peu à ça, en plus grand et tout de plain-pied. J'aime bien le flou de cette photo.

mardi 8 avril 2014

Le calendrier...

Voici le calendrier du Ministère de l’Éducation nationale pour ce qui concerne le "Chantier Métier Direction d'école"... (cliquez sur l'image pour l'agrandir)


dimanche 6 avril 2014

Ce qui me meut...


Certaines attaques, certaines réflexions, certaines réactions et autres questions m'amènent à me demander à quoi sert ce blog, ou plutôt ce qu'il est, et pourquoi je l'écris. Je ne m'étais jamais vraiment donné la peine d'y réfléchir, et après deux ans d'existence -ce qui est déjà long sur internet- il est légitime de tirer un premier bilan.

D'abord ce blog a été créé sur un vide. Effectivement, s'il existe de nombreux sites, forums et blogs d'enseignants, la plupart sont orientés "partage" -informations, aide et assistance...-, "humeur" mais généralistes -enseignement en général, secondaire...-, ou "humour" -billets humoristiques, dessins et caricatures...-. J'en ai référencé quelques-uns dans la colonne de droite. Peu de sites sont des sites d'analyse, ou alors institutionnels donc forcément orientés -sites syndicaux, sites gouvernementaux...-, journalistiques donc souvent lapidaires et mal informés ou franchement orientés eux aussi, ou pédagogiques donc peu adaptés à notre système éducatif français en ébullition depuis quelques années. Beaucoup de ces blogs, sites ou forums sont fort respectables et intéressants, j'en consulte beaucoup et souvent, ce qui me procure une base d'informations diversifiée et beaucoup plus complète qu'on peut l'imaginer quand on croise ce qui nous y est donné: chiffres, points de vue, critiques ou louanges... Mais il n'existe que peu de sites d'analyse indépendants consacrés au primaire, et il n'en existe aucun consacré à la direction d'école depuis la disparition de la Bouteille à l'encre. Sauf bien entendu Le Confort Intellectuel.

D'autre part, il me semblait important voire indispensable de lutter contre un certain nombre d'acteurs de l'information ou de l'enseignement en France pour lesquels il est impensable d'apporter une information structurée et argumentée qui ne soit pas partisane ou bidonnée, ou pâle copie ou resucée d'articles lapidaires de l'AFP ou de communiqués de presse, ou encore issue d'une pensée unique et bien-pensante digne des bisounours. Si on veut connaître la réalité de l'enseignement primaire, celle qui est quotidiennement vécue par les 324000 enseignants du premier degré public dont 48000 directeurs d'école, on ne peut pas se contenter de lire la presse syndicale et encore moins les médias nationaux. Il est nécessaire de creuser la mine d'informations disponibles, de croiser les données, d'exploiter les chiffres... et d'écrire la vérité. Cela, je sais le faire, parce que je l'ai toujours fait même lorsque je ne "bloguais" pas. L'écrire n'en est que le prolongement logique. Et il est si facile de dénicher des informations parfois sensées rester confidentielles... Faites attention à ce que vous écrivez sur le net, en quelque lieu que ce soit!

Bien sûr l'information que je donne est forcément parcellaire. Je ne suis pas un journaliste généraliste dont le fond de commerce serait l'enseignement. Encore une fois je me contente de parler de l'enseignement primaire, mais au travers du prisme d'une expérience longue de trente-cinq années -et seize ministres parmi lesquels deux Lang- dont treize de direction d'école. Autant dire que je suis revenu de beaucoup de choses! Je pourrais dresser un catalogue digne de Mozart et da Ponte des promesses non tenues, des affirmations et revendications syndicales honteuses, des grèves enseignantes absurdes et inopérantes, des réformes avortées, des mensonges des uns et des autres...

Avant d'écrire ce blog et de recevoir par courriel insultes et commisération de la part de ceux que je gêne, j'ai connu nombre de déboires similaires. Ma liberté d'esprit et mon franc-parler ne m'ont que rarement été utiles au cours de ma carrière, bien au contraire. J'ai souvent été mis au banc, déprécié, décrié, par mon administration de tutelle comme par mes pairs. J'ai aussi été apprécié -beaucoup- par ceux avec lesquels je travaillais ou ceux qui faisaient l'effort de me connaître, comme par mes élèves et leurs familles dont certains sont encore en contact avec moi après vingt ans ou plus parce qu'ils savaient la réalité, la quantité et la valeur de ce que je pouvais apporter, le temps que je pouvais y passer, l'investissement que j'y faisais. J'ai toujours assumé mes positions, comme j'ai toujours également su reconnaître mes limites et mes erreurs, et m'excuser lorsque cela était nécessaire. Je reste humain, donc faillible. Mais jamais je n'ai accepté de me taire, ni accepté de prendre pour argent comptant ce qu'on pouvait vouloir me dire ou m'imposer. Les "appareils", les groupements, les pétitions, les grèves, les défilés, les partis, les syndicats, où tout le monde dit et pense la même chose en même temps quitte à frôler l'absurde ou la mauvaise foi, ce n'est pas pour moi et ne l'a jamais été. On m'a taxé d' "antisyndicalisme primaire", et je le revendique tant je doute de l'honnêteté intrinsèque du syndicalisme enseignant français, qui dépend totalement des fonds publics pour son fonctionnement et n'a que depuis peu et pour quelques rares centrales l'idée que le bien public amène parfois à devoir faire des concessions et à travailler dans une vision à moyen ou long terme qui ménage la société dans son ensemble. Le fond du fonctionnement syndical reste hélas dans ce pays l'égoïsme, le clientélisme et le profit personnel. Je ne dois pas être le seul à le penser quand je constate la désaffection quasi générale pour ces syndicats qui connurent à certaines époques pourtant proches des scores d'adhésion soviétiques! Quand j'étais jeune dans le métier il était impensable de n'être point syndiqué... J'étais bien sûr impensable. Je le réécris, j'observe dans certaines centrales une évolution des comportements digne d'éloges, mais combien il m'est pénible d'assister une fois de plus en cette année d'élections professionnelles à l'agitation et au racolage afférents et habituels.

J'ai évidemment eu beaucoup de difficulté à entrer au GDiD. Ce n'est que parce qu'on a su me convaincre que ma parole n'y serait pas contrainte comme de la foncière honnêteté intellectuelle de ceux qui s'y investissaient depuis des années que j'ai finalement succombé à entrer dans une association autre que culturelle. Pour la première fois de ma vie j'ai accepté de participer à une démarche de lobbying, parce que je crois profondément qu'il n'est pas possible de laisser perdurer ainsi la déplorable situation dans laquelle s'enlisent les directeurs des écoles publiques de mon pays.

Cette démarche de lobbying, j'y participe à ma façon, avec ce site. Soyons clairs, je ne fais pas ce blog pour mon propre confort, et je ne suis pas certain que je profiterai avant ma retraite qui s'approche à grands pas des éventuelles évolutions de la mission de direction d'école. Je me bagarre pour ceux qui sont derrière moi, un peu ou beaucoup plus jeunes, qui se retrouvent coincés dans un labeur intenable, ou vont prendre cette mission dans les années qui viennent. Je ne peux pas admettre qu'en 2014 encore les directeurs d'école n'aient aucune existence juridique et institutionnelle, aucune reconnaissance de la société qui les emploie, n'aient pas les moyens ne les fruits de leur action, malgré leur position centrale et leur importance primordiale dans le fonctionnement de l'école et la réussite des élèves.

J'ai de la chance, écrire ne me pose pas de difficulté particulière. J'ai l'idée générale de mon billet, de ce que je vais y exprimer, un plan rapide... Je pose les premiers mots, et le reste vient tout seul. Je ne suis pas innocent, je sais parfaitement que ma façon d'écrire peut choquer, peut faire rire ou simplement réjouir, parce que j'appelle un chat un chat et que je n'ai pas peur des formules rapides ou des généralisations outrées. Mais cela fait partie de la forme, le signifiant doit être efficace pour que le signifié porte. C'est la limite de ce genre d'exercice. Ne croyez pas que je n'en sois pas conscient, et que parfois je ne me reproche pas certaines formulations. Elles font partie du jeu, car c'est certes un jeu, mais un jeu important bien qu'il puisse être cruel que celui d'informer de la vérité et de contrer l'absence de réflexion ou pire les idées toutes faites.

Je n'espère qu'une chose, et c'est bien pour cela que je tâche à rester anonyme du mieux que je le peux, c'est que je pourrai encore longtemps assurer cette veille sanitaire. Du moins jusqu'à ce que les directeurs d'école soient enfin reconnus à la mesure de leurs compétences et de l'importance de leur mission pour la Nation. Après... je pourrai me reposer, ou même peut-être exercer pendant un an ou deux mon métier que j'aime dans la sérénité enfin obtenue.

samedi 5 avril 2014

Je ne suis pas un numéro, je suis un homme liiiibre....


Vous avez peut-être remarqué qu'il est possible de faire des commentaires à mes billets. Ce blog n'étant une tribune que pour son auteur, c'est à dire moi-même, il est bien évident que je filtre avec allégresse ceux qui me parviennent, ce qui me permet de vous épargner la lecture d'imbécilités diverses et d'andouilleries variées, ainsi que les propos de ceux qui ne pannent que couic à ce que j'écris, ou m'insultent copieusement parce que j'ai égratigné leur amour-propre -ou du moins l'endroit où ils le placent-. Internet est ainsi fait. Je reçois aussi par courriel de nombreux reproches et qualificatifs divers qui vont de "salaud" à "abruti", en passant par "sale type", et d'autres grossièretés que je préfère m'abstenir de vous faire partager pour conserver à ce blog une certaine tenue. J'en ai encore reçu un tout à l'heure, qui "ne me salue pas". J'en fais de même.

Les adjectifs qui tentent de me qualifier sans me connaître ne me touchent en aucun cas, j'y suis  totalement imperméable, et en conséquence je tiens donc à vous rappeler amicalement que si mes propos sur ce blog vous déplaisent vous n'êtes en aucun cas obligé de venir les lire. La tribune que je me suis créée il y a maintenant deux ans n'a qu'un seul objectif, celui de soutenir dans la mesure de mes faibles moyens la cause des directeurs d'école qui, pour leur labeur quotidien accompli avec abnégation au plus grand profit des enfants de ce pays, méritent mieux que l'inexistence institutionnelle et légale qui est la leur aujourd'hui, et devraient se voir donner les moyens de leur difficile mission. Parallèlement, je soutiens avec ferveur le GDiD pour lequel je ne suis rien mais qui poursuit le même objectif avec des meilleurs résultats que moi.

Je vous conseille donc de remettre ce blog à sa place, qui est minime, de vous abstenir d'y venir si ce que j'écris ne vous plait pas, d'y venir régulièrement au contraire si les propos que j'y tiens correspondent à vos idées -vous êtes nombreux, je le sais-, et enfin de ne JAMAIS vous laisser dicter ce que vous devez faire ou penser par des gens qui ne veulent pas forcément votre bien, mais plutôt en général le leur propre. Je n'ai pour ma part aucune ambition personnelle, aucune rancune, aucune volonté de pouvoir ni paranoïa. Je suis un homme libre, je me suis toujours efforcé de le rester, je le reste.

Directeur d'école irrité...


Irrité, oui... En colère, furieux... Mécontent. Pour trois raisons.

D'abord j'ai vécu une semaine de travail épouvantable. Entre changement d'heure et arrivée du printemps, mes élèves étaient dans un état déplorable, incapables de se concentrer, bavards et excités, trente petits vampires de cinq ans qui ont sucé mon énergie heure après heure de lundi 8h30 jusqu'à vendredi soir. Cela fait partie du métier, évidemment. Mais comment concilier la nécessaire totale disponibilité de l'enseignant dans ce cas là avec la mission difficile du directeur d'école sans décharge? J'avais bien entendu en plus une semaine chargée, avec Équipe de Suivi de Scolarisation, Équipe Éducative, etc... J'ai quitté l'école vendredi soir dans un état d'épuisement rare. J'étais cuit, et j'ai traîné la patte jusqu'à ma voiture, pour rentrer chez moi boire une bière en me demandant combien de semaines, de mois, d'années, je devrais encore vivre cette situation absurde.

Une autre bonne raison d'être irrité, c'est l'affaire Jacques Risso. J'en ai abondamment parlé, je ne reviendrai pas sur la façon dont une administration toute puissante peut tenter de briser un homme, ni sur la façon dont des supérieurs hiérarchiques sensés rester proches du terrain mais imbus d'eux-mêmes peuvent en toute impunité exercer sur un agent expérimenté et sans reproche les pressions les plus ignobles, en cultivant le mensonge et les pratiques illégales. Cette affaire Risso devait être terminée, un accord avait été passé avec l'administration, un modus vivendi avait été trouvé. Non seulement l'institution ne respecte pas sa parole, pourtant publique puisque donnée devant des représentants syndicaux, en refusant de purger le dossier de Jacques Risso de documents litigieux qui devaient être jetés à la poubelle, mais voilà que le syndicat FO qui jusqu'à présent défendait Jacques bec et ongles fait désormais tout pour que l'affaire traîne un maximum. Effectivement, ce syndicat tente de gouverner le collectif qui s'était bâti autour de Jacques pour lui enlever son autonomie, lui supprimer possibilités de parole et d'action. On imagine facilement que, les élections professionnelles approchant à grands pas, FO veuille garder sous le coude des munitions pour se faire de la publicité. Mais au prix du règlement définitif d'une histoire lamentable qui n'a déjà que beaucoup trop duré?

La troisième bonne raison de ma colère, c'est le débarquement lamentable de Vincent Peillon. Ah ils peuvent être contents les quelques collègues imbéciles qui n'ont cessé de réclamer son départ pour les raisons les plus égoïstes! C'est le magazine L'Express qui exprime le plus clairement la façon minable dont a été viré le seul ministre de l’Éducation nationale qui depuis Lionel Jospin il y a plus de vingt ans ait réellement tenté de réformer cette monstrueuse institution qui reste le premier employeur d'Europe. Aujourd'hui tous les médias viennent nous raconter à longueur d'articles à quel point Vincent Peillon a été un bon ministre. Que ne l'ont-ils écrit avant? Certes Vincent Peillon fut plusieurs fois maladroit, certes sa déclaration d'intention de se présenter aux européennes fut une erreur. Je n'ai pas épargné cet homme sur ce blog. Mais j'ai aussi vu et dit ses tentatives réelles de nettoyer le diplodocus, comme sa volonté claire d'avancer sur de nombreux dossiers laissés en souffrance depuis deux décennies par ses prédécesseurs, celui de la direction d'école en tête évidemment. Alors comment accepter la façon dont un Président de la République castrateur lui a plusieurs fois savonné la planche, en commençant par l'annonce stupide de ces fameux 60000 postes, puis en annonçant lâchement le recul d'un an de l'application obligatoire des nouveaux rythmes scolaires. Joli cadeau fait à la droite française, qui s'en est emparé à cœur joie! L'Express l'exprime fort bien:

"... l'Elysée a saboté la réforme portée par son ministre. Et ne lui a laissé aucune chance. La droite s'est engouffrée dans la brèche, en faisant de Peillon sa cible. La loi sur la réfondation de l'école républicaine? Un texte amputé de ses mesures plus fortes, sous la pression du Snes. Insuffisant pour frapper l'opinion. Au fond Vincent Peillon aura réparé les blessures du sarkozysme: il a rétabli la formation des enseignants, lancé les écoles supérieures du professorat, et toiletté prudemment les décrets de 1950 sur le statut des profs, ce que la droite n'avait osé faire."

J'ai souhaité dans mon précédent billet la bienvenue à M. Hamon, notre nouveau ministre. Il semblerait que celui-ci, selon la volonté de notre nouveau Premier Ministre, veuille continuer l’œuvre de son prédécesseur et boucler de nombreux dossiers qui étaient sur le point d'être réglés -ce que prouverait d'ailleurs le maintien au Ministère d'une grande partie de l'équipe de M. Peillon, à commencer par M. Lejeune, adjoint au Directeur de cabinet-. Tant mieux. On ne change pas les chevaux au milieu du gué. Mais je n'en ai pas moins un fort ressentiment, en particulier contre les minables "gilets jaunes" qui viennent d'ailleurs de se saborder eux-mêmes avec force règlements de comptes, et contre M. Ayrault ou le Président de la République qui n'ont pas su -ou pas voulu- accompagner le vrai réformateur qu'était M. Peillon. Pour convenances politiques, pour ne fâcher personne, pour gouverner de façon "normale"... Comme si l'état de la Nation réclamait un Président ou un gouvernement "normal"! Deux années perdues, deux années gâchées. Car tant que les textes en gestation n'ont pas paru, rien ne change, rien n'a changé, et moi sur le terrain comme la majorité de mes collègues directeurs d'école ou enseignants je continue à souffrir quotidiennement de l'absurdité du système.