lundi 30 décembre 2013

Réflexions d'hiver...


Ce blog profite aujourd'hui d'un nouveau costume, plus sobre, et je l'espère plus lisible. Peut-être avec l'idée que la nouvelle année qui se profile sera celle des directeurs d'école. Je l'ai écrit, je ne crois plus au père Noël, mais les premiers changements annoncés par M. Peillon sont à mes yeux suffisamment et subtilement importants pour que l'avenir se présente sous de meilleurs auspices: la porte est ouverte, engouffrons-nous y! C'est notre seul espoir d'obtenir dans quelques années définitivement un statut particulier et ce qui s'y attache en termes de moyens pour accomplir sereinement notre mission.

Avant de passer en 2014, je profite de ces vacances pour tenter de me reposer, mais je continue mes lectures quotidiennes quant à notre double mission, celle d'enseignement et celle de direction d'école. C'est fou ce que je regrette parfois d'avoir les yeux en face des trous quand je lis certaines choses, articles de presse, notes de blogs... C'est encore et toujours le grand n'importe quoi.

Tenez, par exemple... Notre ministre réitère ses recommandations pour l'école maternelle, ce qu'il appelle des "bonnes pra­tiques" pour faci­li­ter l'application de la réforme des rythmes sco­laires dans les écoles maternelles. Avec de jolies photos, cette fois... C'est mignon, c'est charmant, mais cela ne fait pas vraiment avancer le schmilblick. J'en ai parlé dans un précédent billet, de ces recommandations, alors je m'auto-cite:

J'ai longtemps hésité après lecture: devais-je en rire ou en pleurer? Après toutes ces années passées à trimer en maternelle, entendre ce genre de discours me semble à la limite de l'offense. Car en somme que nous demandez-vous? D'être attentifs à nos élèves et de veiller à leur bien-être scolaire.... bref de faire notre métier. Ce que je fais quotidiennement, six heures par jour et quatre jours par semaine en dépit de mon titre ronflant de "directeur d'école" qui ne signifie pas grand chose tant il n'est pas reconnu par votre propre ministère. Oh, je le sais bien, je suis un ancien, j'ai connu une école maternelle proche des besoins des enfants, je persiste à conserver des habitudes qu'on a pourtant voulu me faire perdre pour aujourd'hui vouloir les rattraper, et je suis conscient que l'école actuelle, avec de jeunes enseignants peu, pas ou mal formés, ne sait plus ce qu'est l'enfance et encore moins la petite enfance.

J'aurais beau jeu d'expliquer à notre ministre que ce temps périscolaire qui allonge les journées d'école est une ânerie, pour ne pas dire autre chose, quand on l'impose à des enfants entre trois et cinq ans qui aimeraient surtout qu'on leur foute la paix. L'école maternelle sera à la rentrée de septembre 2014 la première à "bénéficier" -entre guillemets, car j'ai un doute- de nouveaux programmes. J'espère que ceux-ci sauront faire l'équilibre entre le grand n'importe quoi que j'ai connu dans les années 1980 (mais qui avait ses avantages) et le tout-apprentissages/évaluations des années 2000. J'aimerais surtout qu'on dispense mes pitchounes de journées à rallonge, eux qui sucent leur pouce en s'endormant à la fin des heures de classe.

Un autre exemple du grand n'importe quoi que je peux lire au sujet de l'école, c'est le dernier billet de Sébastien Rome sur Mediapart. Je soutiens Mediapart dans son combat pour faire appliquer à la presse en ligne la même fiscalité que pour la presse papier déjà largement subventionnée par les fonds publics, même je ne partage pas -loin de là- la plupart des analyses de cet organe de presse; mais Mediapart a tout autant qu'un quotidien comme Présent le droit de publier ses opinions, la liberté d'expression ne se partage pas. Mais de là à publier du néant... Sébastien Rome, ci-devant directeur d'école dans l'Hérault et multi-récidiviste de la déclaration lapidaire qui ne veut rien dire sur tous les supports (il écrit partout, cet homme-là), nous inflige le juste constant constat que rien ne va pour les directeurs d'école, en réclamant que surtout rien ne change. Pire, il se fait dans les Cahiers Pédagogiques le chantre des vieilles lunes autogestionnaires des pires syndicats gauchistes qui ont amené l'école à l'état lamentable que nous connaissons aujourd'hui, en gémissant que

Des améliorations des conditions d’exercices sont nécessaires ? Plus de temps de décharge de classe, une meilleure indemnisation financière et un avancement dans la carrière plus rapide sont des mesures nécessaires, mais contribuent toutes à éloigner les directeurs des classes et donc, une fois devenus quasi-patrons, de prendre la voie pentue qui prépare une école libérale sans mettre les freins.

Ah, la peur ancestrale de la prétendue "école libérale"... Quand ce lis ce dernier mot en général je jubile. L'école "libérale", pour M. Rome, c'est celle qui veut qu'il y ait un "chef", vieille obsession de ceux qui pètent de trouille quand on leur demande des comptes:

Cette vision de l’école va à l’encontre de la culture du premier degré issue des mouvements coopératifs, mutualistes, d’éducation populaire, loin de la culture de la hiérarchie. Ainsi, si la directrice est la chef de l’école pour les enfants, les parents, les partenaires de l’école, voire l’inspection, elle n’est pas la chef de ses collègues. Elle donne une âme à l’équipe et au projet d’école, elle anime.

Que personne sur le terrain ne réclame particulièrement que les directeurs d'école deviennent les supérieurs hiérarchiques de leurs adjoints, qu'il n'en soit aucunement question dans les négociations actuelles, semble échapper à Sébastien Rome, qui agite le spectre de cette prétendue épée de Damoclès pour fiche la trouille aux enseignants du primaire. Dans quel but? On se demande. Mais j'ai tellement l'habitude de ce discours qu'aujourd'hui il m'indiffère. D'autant d'ailleurs que chaque sondage syndical dans les écoles aujourd'hui montre que les enseignants préfèreraient avoir leur supérieur hiérarchique dans l'école à leurs côtés plutôt que dans une inspection éloignée qui se fout de leurs problèmes quotidiens. Mais baste, ce n'est pas le sujet pour M. Rome, qui se balance royalement de ce que pensent ses collègues au profit de ses lubies de gauchiste attardé dans l'attente du Grand Soir. Pour M. Rome la solution est simple, et me rappelle les meilleures pages des magazines concoctés dans leur sombre arrière-boutique par les centrales syndicales les plus rétrogrades de notre pays:

On souhaiterait plutôt la simplification administrative, la confiance et plus d’autonomie pédagogique laissée au conseil des maitres et au conseil d’école.

On? Qui est ce "on"? Moi, l'autonomie laissée au Conseil des maîtres, autonomie qui existe déjà en grand partie et depuis quinze ans montre ses -courtes- limites, elle me fait bien rigoler. Par expérience. Et un directeur d'école qui écrit ça au mieux se leurre lui-même, au pire se fout du monde: l'autogestion a toujours été une vaste blague pour soixante-huitards attardés (pas étonnant que ça plaise à Mediapart). Non, Sébastien Rome se pose des questions, mais ne propose aucune solution car il veut conserver un statu quo catastrophique. Il y prend même du plaisir, le bougre!

Le malaise de la direction d’école n’est peut-être que sa définition, son sens étant la recherche constante de l’équilibre en milieu instable. La direction d’école peut-elle avoir un autre sens ?

Mieux vaut lire ça qu'être aveugle. Un peu masochiste, non? Oui, enlise-moi dans la boue, couvre-moi d'immondices! Ouiiiii... Se complaire dans la fange n'est certainement pas pour moi une vision d'avenir de la mission du directeur d'école.

Puisqu'en j'en suis là, je dois encore une fois dénoncer ce qu'on veut m'imposer comme un progrès ou une amélioration dans mon travail de directeur, les EVS "aide à la direction". Vaste escroquerie aussi, dont j'ai déjà abondamment parlé, ce qui me permet de m'auto-citer une fois de plus:

Les EVS ne servent à rien dans les écoles, je parle en connaissance de cause, sinon à entériner l'idée que le métier de directeur d'école serait uniquement et purement administratif, une sorte de super-secrétariat d'école au service des enseignants. C'est ce que nous serine le SNUipp depuis des lustres, qui nie -comme les syndicats d'extrême-gauche- ce qui aujourd'hui constitue les majeures et les meilleures parties de notre mission, celles qui motivent encore la plupart d'entre nous, soit l'organisationnel et la communication. Or ces deux tâches ne peuvent pas être déléguées! Personne d'autre que le directeur d'école, dont la connaissance globale de son école est unique, ne peut la représenter auprès d'une municipalité ou d'un organisme partenaire comme le Conseil général avec lequel nous avons de plus en plus souvent affaire. Personne d'autre que le directeur d'école ne peut représenter l'institution ou l’État auprès des familles. Personne d'autre que le directeur d'école ne peut organiser son établissement dans le respect des règles de sécurité et des textes officiels. Si le travail simplement administratif nous prend quelques heures, notre rôle d'organisateur et de communiquant nous prend 60 à 80 % de notre temps et de notre énergie. 80 %, c'est largement le cas dans ma petite école maternelle. Je ne suis pas le seul à dire, mais peut-être le criai-je plus fort, que les EVS traînent souvent comme des âmes en peine dans les écoles faute de travail à leur mesure, ou sont employés à des tâches qu'ils ne devraient pas remplir, et remplacent par exemple des ATSEM dont ils n'ont pas les droits, le salaire, et l'efficacité. Je le répète, les EVS ne servent à rien, qu'on crée plutôt quelques milliers de postes d'enseignants pour nous décharger -je ne le suis pas du tout- et la charge administrative disparaitra rapidement de nos préoccupations. Je veux qu'on me donne du temps pour la gérer, mais du temps à moi, pas celui d'un autre qui n'y panne que couic et dont de toute façon je devrai vérifier et rectifier le travail.

Les EVS sont au mieux une aide précieuse pour le fonctionnement global de l'école, je n'en disconviens pas, comme le fonctionnement de la BCD et autres tâches qui allègent celle des enseignants. Qu'on les appelle donc EVS "aide à l'école", mais certainement pas "aide à la direction". Quand j'entends et lis partout aujourd'hui que les EVS sont une solution aux problèmes des directeurs d'école, je vois rouge! C'est un mensonge, pur et simple, une façon commode de dévaloriser la mission de direction, qui pourrait ainsi être accomplie par n'importe quel sous-emploi payé au lance-pierre. Allez-y, continuez, refusez d'admettre que directeur d'école est aujourd'hui un vrai métier, et l'école persistera à s'enfoncer, à la grande surprise et à la grande confusion de ceux qui comme M. Rome cité plus haut font leur fond de commerce de leurs œillères et de leur refus de se confronter à la réalité.

Allez, c'est bientôt la Saint-Sylvestre... Je vous ferai mes vœux à ce moment-là. Je ne sais pas s'ils seront universels...

lundi 23 décembre 2013

A la tienne, Jacques.


Je te souhaite de bonnes fêtes, Jacques Risso. Même si -j'imagine- tu en as lourd sur le cœur, que cela ne t'empêche pas de fêter Noël et la nouvelle année avec ceux qui t'aiment et que tu aimes. Je pensais que peut-être la raison aurait pris le dessus dans notre administration aveugle, mais manifestement son humanité ne dépasse pas les besoins du fonctionnement bureaucratique.

Cette histoire lamentable m'abasourdit encore. Quatre mois que je n'arrive pas à comprendre pourquoi on t'a suspendu de tes missions d'enseignement et de direction. Cette horreur de "principe de précaution" s'exerce avec raison lorsqu'une personne présente un danger imminent ou latent pour ses élèves... Mais toi? Tu représentais donc un tel danger? Quand je reprends depuis la début de fil de ce qui t'est arrivé, je ne vois qu'une prétendue affaire de harcèlement qui n'est clairement qu'une foutaise, un dossier tellement vide qu'il me donne une idée de l'infini, et surtout une haine incompréhensible de la part de deux personnes dont la personnalité m'interroge. Deux personnes qui ont voulu rendre justice par eux-mêmes, croyant certainement rendre service à l'institution. Il est effarant de penser que des individus puissent impunément utiliser le système de leur propre chef à leur profit. Nous ne sommes pourtant pas dans une série télévisée, ou dans une cour de récréation où deux enfants joueraient à Zorro.

L'administration a fait parait-il son enquête. Étonnant que ce dossier dont le néant est éclatant ne leur ait pas pété à la figure. Jamais tu n'aurais dû être suspendu, et quand bien même tu aurais dû être rétabli dans tes fonctions après très peu de temps. Je pensais que l'IGEN le demanderait au ministre avant Noël. Il faut croire qu'il ne savent pas comment extirper l’Éducation nationale de ce bourbier infâme. Car il est devenu évident pour ceux qui pouvaient avoir encore un doute qu'on a voulu, sans ordre, abattre un homme libre qui savait exprimer ses opinions et son humour. On a voulu te faire taire... Tes dessins manquent à tout le monde, Jacques.

Je veux te rassurer: nous ne te lâcherons pas après les fêtes. Nouvelle année ne signifie pas "nouvelle donne". Nous serons encore plus à tes côtés pour te soutenir et t'aider à te sortir de cette injustice effarante. Demain soir je boirai un coup à ta santé, que j'espère bonne malgré les épreuves, et un autre à ton prompt retour parmi nous, dont je ne doute pas. A la tienne, Jacques.

mercredi 18 décembre 2013

Le temps des fantasmes...


La période qui précède immédiatement Noël a toujours été un moment difficile pour les enseignants du primaire, qui sont aussi fatigués que leurs élèves. Ils ont l'impression de piétiner dans leur enseignement, broient du noir, perçoivent tout du mauvais côté de la lorgnette... Bref, arriver aux vacances de Noël est chaque fois une délivrance.

Cette année ne déroge pas à la règle. Je le vois bien dans les commentaires qui partout fleurissent suite aux décisions prises par le ministre de l’Éducation nationale quant à la direction d'école.

D'un côté nous avons ceux qui peut-être s'illusionnaient en imaginant un statut juridique de directeur d'école leur être servi sur un plateau. De l'autre ceux qui conservaient une vision claire de ce que ce gouvernement pouvait nous proposer mais ne comprennent rien aux décisions prises. Tous s'estiment bien à tort déçus ou lésés.

Je ne réitérerai pas le discours de mon précédent billet, mais je peux le résumer: les moyens offerts sont faibles et proportionnels à la capacité budgétaire de l’État aujourd'hui; le GRAF est un premier pas vers un statut pour les directeurs d'école. Le verre est donc à moitié plein, c'est à nous maintenant, directeurs d'école sur le terrain, de travailler avec le GDiD et les syndicats pour le remplir à ras bord. Nous arriverons à un statut différencié et de pleins moyens pour assurer notre mission, mais il faudra encore quelques années. Ce qui n'interdit pas de comprendre ce qui nous est enfin offert... même si ce n'est pas un cadeau mais seulement un début de juste appréciation de la difficulté de notre métier si particulier.

De nombreux fantasmes éclosent néanmoins dans le cerveau des collègues fatigués. Comme le contenu du GRAF n'est pas encore défini -il le sera en 2014-, d'aucuns se voient laissés pour compte, abandonnés au bord du chemin par un contingentement de ce grade et des conditions d'accès dont on ne connait pas encore les contours.

Il est clair que des choix devront être effectués, mais ceux-ci devront nécessairement tenir compte des règles de fonctionnement de la fonction publique. Non, tous les directeurs d'école n'auront pas immédiatement accès au GRAF. Oui, cet accès passera nécessairement par un traitement en CAPD, qui logiquement obéit à des règles précises qui limitent le népotisme et le fait du prince. Ceci permet d'imaginer que l'accès se fera certainement dans un premier temps, pour ce qui concerne les directeurs d'école, en fonction du nombre d'années déjà effectuées dans la mission. Y aura-t-il nécessité d'un avis favorable -précisant donc la façon de "servir" des agents concernés- de la hiérarchie immédiate, soit des IEN? C'est une question en suspens. On peut facilement imaginer que les syndicats s'élèveront contre une décision de ce genre, ce qui serait parfaitement compréhensible quand on voit la façon dont certains IEN considèrent leur fonction; je fais bien entendu allusion à la situation actuelle ahurissante de Jacques Risso... entre autres.

Il est inutile de fantasmer, de se raconter des histoires, ou de se faire peur, voire de faire peur à autrui. Tant que les négociations n'auront pas eu lieu, seules les centrales syndicales et le ministère peuvent avoir une idée de ce qui est admissible ou non. On peut évidemment en discuter, prévenir les dangers, imaginer des solutions. Ce serait même une excellente chose de précéder les discussions à venir, et je ne doute nullement que le GDiD et les syndicats s'y emploieront rapidement. Mais imaginer le pire ou propager de fausses nouvelles est contre-productif.

Je profite de ce billet pour signaler deux choses à mes lecteurs:
1) d'abord -une fois n'est pas coutume- un article du SNUipp de l'Aude sur l'avenir de la direction d'école, article très intéressant de par son ton dépassionné et ses explications claires, même si je n'en partage pas la teneur, et surtout pas les conclusions habituelles;
2) le SGEN enfin se mouille, en réclamant dans une lettre ouverte de son secrétaire général un changement de statut pour l'école, avec des mots remarquables dont j'épouse totalement la forme et le fond:

"Dans le premier degré, l'absence de statut juridique de l'école oblige à en déléguer le pilotage aux municipalités, au collège ou à une administration trop lointaine. Il est nécessaire de construire un statut juridique de l'école, afin de lui donner, ainsi qu'aux collègues qui y travaillent, de l'autorité et de la légitimité face à leurs partenaires institutionnels."

Il ne faut jamais désespérer...

samedi 14 décembre 2013

Le temps des questions...


Après les annonces faites jeudi par M. Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, je sens de nombreux collègues directeurs désorientés, et qui ne savent quoi penser. Faut-il se réjouir? Faut-il se lamenter? Les syndicats communiquent peu, et semblent également pour certains ne pas savoir sur quel pied danser. Je vais essayer de clarifier tout ça.

Le GDiD a fort intelligemment il y a quelques années voulu séparer ce qu'il appelle "l'être" de "l'avoir". En gros, l'idée était que la reconnaissance institutionnelle devait et ne pouvait que précéder la reconnaissance en terme de moyens. C'était puissamment raisonné. Et c'est également ce qu'a voulu faire le ministre dans ses propositions, en cette période budgétairement difficile. Je n'aborderai pas ici la question de la façon de faire des économie structurelles, ce n'est pas le propos de ce billet et j'ai déjà abondamment donné la solution.

M. Peillon crée donc un Grade à accès fonctionnel, ou GRAF, dans lequel seront versés les directeurs d'école ainsi semble-t-il que les Conseillers pédagogiques. Les questions sont nombreuses car aucun détail sur ce grade ne nous est donné par le ministère: combien d'agents y accèderont-ils, dans quelles conditions, quelle en sera l'échelle de rémunération... ? Pour l'instant nous n'en savons rien, mais l'important est ailleurs. La création de ce GRAF, pour la première fois, distingue les directeurs des autres professeurs des écoles.

Nous venons de très loin. Depuis des décennies les directeurs pointent les difficultés grandissantes de leur mission; depuis des décennies ils démontrent quotidiennement qu'ils font un métier spécifique qui n'a plus rien à voir avec la direction d'école il y a seulement trente ans. Avons-nous été accompagnés dans cet appel? Très peu. Quelques syndicats (SE-Unsa, SNEP-Faen...) sont depuis longtemps conscients du problème et essayent de travailler dans le sens de la reconnaissance. Mais il a clairement fallu la création du GDiD pour que la revendication d'un statut pour les directeurs d'école prenne corps et précède les revendications sur les moyens. Car les réticences étaient nombreuses, et la majorité des centrales syndicales était opposé à ce qu'on reconnaisse la spécificité du métier de directeur d'école. Combien de fois, depuis quinze ans, avons-nous entendu parler de "caporalisme", de "petites chefs"? Afin de contrer cette idée, les syndicats n'ont eu de cesse de mettre en avant les "moyens" nécessaires à l'accomplissement de notre mission, moyens certes importants mais dont la revendication permettait fort opportunément d'occulter la dimension particulière de notre travail et la nécessité de le reconnaître institutionnellement et juridiquement.

Car la GRAF, s'il n'est pas un statut, s'en approche fort grâce aux discrets outils qui l'accompagnent. La carrière des directeurs d'école va devenir spécifique avec une formation particulière, une validation des acquis de l'expérience, des points d'ancienneté pour les années de direction... De plus, la mission va désormais être mieux définie avec des textes réglementaires précis, opposables, qui vont nous armer clairement vis à vis de la société civile et de notre propre administration.

C'est politiquement très finement joué de la part de M. Peillon. Car dans ses propositions rien n'est en l'état "refusable" par les syndicats, même s'ils voient certainement clairement que ce début appellera rapidement une suite. S'il n'y a pas création d'un corps particulier de directeurs d'école, rien ne s'y opposera par la suite tant techniquement la définition de ce que va être le directeur d'école maintenant en est proche. Est-il de toute façon opportun de créer un nouveau corps dans l’Éducation nationale? Ce ministère est déjà un tel foutoir... Et il existe déjà un corps de chefs d'établissement, dans lequel passent chaque année avec succès de nombreux directeurs d'école qui s'orientent vers le secondaire. Il faut dire qu'il n'y a que très peu de différence entre le travail d'un principal de collègue et celui de directeur d'une grosse école. Ah si, tout de même: le dirlo est tout seul et fait ce qu'il peut, alors que le chef d'établissement est bien accompagné d'une intendance, d'un secrétariat, etc. L'idée de transformer les directeurs des écoles importantes en chefs d'établissement ne me semblerait pas délirante, bien au contraire.

Si les syndicats voient clairement l'orientation prise dans les propositions de M. Peillon, pour autant ils préfèrent ne pas les commenter, et se contentent logiquement d'en pointer les insuffisances en termes de moyens. Il faut dire que leur position n'est pas facile. Tous les sondages montrent qu'aujourd'hui la profession enseignante dans sa grande majorité fustige la position intenable des directeurs d'école, leurs responsabilités insurmontables, leur travail incommensurable. Tous les enseignants du primaire admettent aujourd'hui qu'être directeur d'école est un choix infernal, une position compliquée, sans reconnaissance, sans droits et sans moyens. Dire le contraire serait pour une centrale syndicale suicidaire, d'autant que la puissance d'internet aujourd'hui permet de contrer immédiatement ce genre de position, d'en démontrer l’absurdité et d'en démonter le mensonge. Je ne me prive pas de le faire, d'autres non plus comme le GDiD qui s'y emploie quotidiennement depuis bientôt quinze ans. Les syndicats n'ont donc pas le choix, ils doivent admettre que le changement est nécessaire. Mais certains comme le SNUipp ou FO ne se sentent pas obligés de communiquer à ce propos. Et comme pour l'instant les moyens financiers ne suivent que très peu, il leur semble opportun d'axer là-dessus leurs critiques, en nous jouant comme toujours du pipeau sur l'air de "tout ça pour ça".

Ne nous y trompons donc pas: ce que M. Peillon nous propose aujourd'hui est bien un changement majeur dans la reconnaissance de la direction d'école. Non, ce n'est pas un statut, pas encore, mais c'en est extrêmement proche, et c'est nettement plus que ce que je pouvais espérer dans les conditions actuelles. Je suis surpris, voire épaté, que Monsieur le Ministre ait réussi à entrebâiller si délicatement la porte, qui ne demande désormais qu'à s'ouvrir en grand. Je l'en félicite d'autant plus que je n'y croyais pas. Mais le fait est acquis.

Il reste évidemment maintenant à définir les contours de la chose, contours qui restent flous pour l'instant mais ne tarderont pas à se préciser. Il reste également à donner à notre mission les moyens qui lui sont nécessaires. Il est vrai que les quelques aménagements indiciaires que le ministère nous propose sont un peu humiliants, mais peut-être faut-il y voir la marque d'une prise de conscience, un moyen de nous dire "oui nous savons que vous n'êtes pas payés à la mesure de ce que vous faites, mais pour le moment nous ne pouvons pas faire mieux"... J'ai envie de le prendre de cette façon. D'autant que c'est plutôt de temps que nous avons besoin, et de ce point de vue le ministre nous propose tout de même un plan sur trois ans pour améliorer le régime des décharges -y compris pour les petites écoles! C'est là une vraie nouveauté et une vraie prise de conscience!-. Certes ce n'est pas Byzance, mais en période de vaches maigres c'est un effort qu'on peut légitimement souligner.

Il reste du boulot. Chers collègues, nous ne sommes pas sortis de la mouise. Mais on nous tend une branche pour nous aider à nous extirper de la fange. Pour ma part je la saisis même si elle est très mince. Et je remercie celui qui nous la tend. Je continuerai à défendre la nécessité de moyens accrus pour le métier de directeur d'école, bien entendu. Les APC par exemple me restent en travers de la gorge, comme l'aide personnalisée en son temps. Mais faire la fine bouche me parait incongru alors qu'enfin mon métier est reconnu. Merci donc, M. Peillon, merci à vos équipes qui ont été attentives aux voeux et propositions du GDiD qu'elles ont rencontré de nombreuses fois. Nous ne nous en tiendrons pas là, bien sûr, mais nous pourrons désormais discuter avec confiance car nous savons que vous savez écouter et comprendre. Et puis, M. Peillon, en toute franchise, que d'évolution depuis votre malheureuse intervention d'octobre 2012...

mercredi 11 décembre 2013

Direction d'école: la nouvelle donne...


Le Ministre de l’Éducation nationale donnera demain jeudi 12 décembre les premières conclusions des négociations qui ont débuté le mois dernier, et qui concernent en particulier les directeurs des écoles publiques françaises.

Si on abstrait la création éventuelle d'un GRAF, ou Grade à accès fonctionnel, dont on ne connait pas les détails (échelle de rémunération, responsabilités, conditions d'entrée, etc) mais qui est une claire reconnaissance du métier spécifique de directeur d'école, la donne change néanmoins en ce qui concerne le régime indemnitaire ou de charge d'enseignement. Je vais être clair: ça change très peu, si peu d'ailleurs que je ne vois pas vraiment en quoi ces "évolutions" minimes vont amener notre charge de travail et notre rémunération au niveau de ce que pratiquent d'autres nations.

J'ai tout de même préféré rectifier et mettre à jour, ou plutôt refaire et compléter, le tableau synoptique que je vous avais proposé il y a quelques mois. Vous y trouverez désormais plus de renseignements. J'ai par exemple ajouté le nombre d'écoles concernées, ou la charge liée aux APC. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.


Je rappelle que j'avais dû inventer la notion de PIT, ou Part Incompressible de Travail. Pour un directeur d'école, le PIT est la charge liée à la mission de direction, charge qui ne change pas -ou très peu- en fonction du nombre de classes; qu'on ait une, deux ou huit classes, le directeur d'école est amené à opérer un certain nombre de manipulations. En revanche, la charge augmente en fonction du nombre de classes pour beaucoup d'autres aspects du métier, il en est donc tenu compte dans le bas du tableau. Ce qui amène à vérifier que dans le système actuel un certain nombre de directeurs d'école sont lésés, parfois largement, en temps disponible pour leur mission, temps qu'ils sont donc amenés à nécessairement prendre sur leur temps personnel.

De même, on peut constater que le régime indemnitaire de la direction d'école, si ridicule soit-il, varie fortement encore selon la taille de l'école concernée. Certains directeurs sont plus lésés que d'autres sur ce plan, ayant quasiment la même charge que d'autres collègues pour une indemnité nettement moindre. Au passage, je signale que je considère ce régime indemnitaire comme une horreur; il serait largement temps de donner aux directeurs d'école un traitement qui prenne leur mission en compte. Le GRAF amènera-t-il cette évolution nécessaire?

Il existe donc actuellement dans notre pays, pour ce qui concerne la direction d'école, des configurations plus favorables que d'autres, comme des configurations pires! Il s'agit là d'un mélange de temps accordé à la mission et de régime indemnitaire. Avoir 2,3,8, 9 ou 13 classes, c'est être dans une configuration technique compliquée dans laquelle on peut dire que le directeur fait beaucoup de travail sans être rémunéré correctement. A l'inverse, les configurations les plus favorables sont celles des écoles à 5 et 10 classes, dans lesquelles le directeur opère dans des conditions de travail convenables. Je dis bien "convenables", car c'est évidemment loin d'être la panacée. Je ne voudrais pas faire croire que les directions d'école à 5 et 10 classes soient les champs élyséens. Mais il vaut mieux être directeur d'une école à cinq classes que directeur d'une école à neuf classes...

dimanche 8 décembre 2013

Le tango du SNUipp...


Combien de temps encore subsistera le SNUipp tel que nous le connaissons aujourd'hui? Né en 1992 du défunt SNI-pegc, fruit d'une scission avec ce qui deviendra le SE-Unsa, le SNUipp regroupe depuis cette époque deux courants antagonistes, UA (Unité et Action) et EE (École Émancipée). Le mariage de la carpe et du lapin, en somme. Mais aujourd'hui ça va mal!

Nous nous en doutions, évidemment. Depuis de nombreux mois nous observions de la part du SNUipp un tango chaloupé de grande tenue: un pas en avant, un pas en arrière, une volte-face... Nous attendons désormais de la part du meneur le baiser de la mort qui mettra fin à la danse.

Car le SNUipp est en perte de vitesse. Les adhérents fuient à grande allure ce syndicat incapable de choisir une ligne de conduite stable et qui louvoie sans détermination entre les idées réformistes et le jusqu’au-boutisme des centrales d'extrême-gauche. Bref, le SNUipp ne sait plus où il en est. Si cela vous intéresse, un excellent article du Monde met à ce sujet le doigt là où ça fait mal.

Pour ce qui concerne les directeurs d'école, nous avions constaté de la part du SNUipp un rapprochement il y a quelques mois avec l'idée que la situation de la direction d'école méritait mieux que le statu quo. Le syndicat avait même du bout des lèvres proposé une idée de "certification", notion certes vague mais qui changeait du pur et simple habituel refus de considérer les directeurs d'école autrement que comme des "enseignants comme les autres". Le GDiD avait sans succès tenté d'en savoir plus, car un rapprochement même sommaire avec le SNUipp aurait été d'excellent augure avant les discussion et négociations qui se tiennent actuellement. Mais cette idée de "certification" a disparu avec la chute des feuilles. L'automne, en dépit de l' "université" de la même saison du syndicat, n'est pas une période propice pour le SNUipp.

Évidemment, les autres centrales syndicales bénéficient en partie des atermoiements du SNUipp. Les plus réformistes passent du côté du SE, les plus réfractaires au changement se précipitent chez FO, qui a la mérite d'avoir une ligne claire, à défaut de conscience des réalités du fonctionnement de l'école.

Bref, la question est aujourd'hui de savoir dans combien de temps auront lieu les obsèques du SNUipp. Je ne verserai pas une larme à cette occasion, tant le SNI-Pegc d'abord puis le SNUipp m'auront cassé les pieds depuis trente-cinq ans -il faudra à l'occasion que je vous raconte deux ou trois anecdotes sur la capacité de nuisance de ces gens-là, comme sur leur tendance au clientélisme et au népotisme-. J'avoue qu'à ma retraite, si le SNUipp n'existe plus et les directeurs d'école ont un statut, je pourrai partir sinon totalement heureux du moins partiellement soulagé et rassuré quant à l'avenir du système scolaire primaire.

samedi 7 décembre 2013

C’est un peu court, jeune homme !


"Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu !… bien des choses en somme."
Cyrano de Bergerac

Monsieur le Ministre, ce sont les mots d'Edmond Rostand qui me vont venus spontanément à l'esprit lorsque j'ai parcouru votre prose récente sur l'école maternelle. Je vous avoue avoir lu ce texte d'un œil distrait tant j'en attendais peu... mais quand même! J'ai longtemps hésité après lecture: devais-je en rire ou en pleurer? Après toutes ces années passées à trimer en maternelle, entendre ce genre de discours me semble à la limite de l'offense. Car en somme que nous demandez-vous? D'être attentifs à nos élèves et de veiller à leur bien-être scolaire.... bref de faire notre métier. Ce que je fais quotidiennement, six heures par jour et quatre jours par semaine en dépit de mon titre ronflant de "directeur d'école" qui ne signifie pas grand chose tant il n'est pas reconnu par votre propre ministère. Oh, je le sais bien, je suis un ancien, j'ai connu une école maternelle proche des besoins des enfants, je persiste à conserver des habitudes qu'on a pourtant voulu me faire perdre pour aujourd'hui vouloir les rattraper, et je suis conscient que l'école actuelle, avec de jeunes enseignants peu, pas ou mal formés, ne sait plus ce qu'est l'enfance et encore moins la petite enfance. Je discutais peu avant avec un ancien parent d'élève, nostalgique de la maternelle dont la dernière enfant est aujourd'hui en CP, et qui me disait combien il regrettait l'attention que nous portons à nos élèves comme à leur famille, combien il regrettait nos méthodes de travail attentives à la réussite de chacun d'entre eux, combien il regrettait le dialogue quotidien instauré dans la confiance, combien il regrettait notre "positivité", combien il regrettait le soin que nous prenons à respecter le rythme de chacun de nos élèves...

Monsieur le Ministre, j'ai un profond respect de l'institution. Profondément je me crois au service de la Nation, au nom de laquelle depuis trente-cinq ans je fais des pieds et des mains pour que les enfants que l'on me confie deviennent des élèves compétents et instruits. Ce malgré un système scolaire bouleversé qui aujourd'hui clairement ne fonctionne plus que sur le terrain. Quotidiennement des milliers d'enseignants du primaire se décarcassent pour leurs élèves, en dépit des instructions comminatoires, et/ou redondantes, et/ou antagonistes, qui tous les deux ou trois ans nous tombent sur la tête sans que jamais personne ne nous demande notre avis. Comme directeur d'école, je suis il faut le dire particulièrement bien placé pour percevoir les aberrations comme les failles du système. Sans état d'âme je peux les dénoncer, je suis proche de la retraite, que je prendrai dès que je le pourrai tant aujourd'hui le système fonctionne cul par dessus tête. Je veux vous l'écrire ici, Monsieur le Ministre, jamais l’Éducation nationale n'a été plus aberrante que depuis 2008, l'instauration de nouveaux programmes et la suppression du samedi matin qu'aucun enseignant du primaire ne réclamait.

C'est pourquoi j'espérais beaucoup de votre "refondation". Mais j'en attendais peu. On peut avoir de l'espoir tout en restant conscient des réalités du système. Que pouvais-je supposer, en plus en période de vaches maigres, d'un ministère aux effectifs pléthoriques dont les cadres supérieurs ont une telle ignorance du fonctionnement réel de leur école? Qu'il s'agisse de votre entourage immédiat, Monsieur le Ministre, comme de la DGESCO ou des rectorats, voire même des DSDEN, nul cadre n'a jamais pratiqué le métier qui est le mien. Aucune de ces personnes, certainement estimables par ailleurs, n'a jamais eu à enseigner les nombres décimaux à de jeunes enfants, ou à essuyer les fesses d'un bambin de quatre ans. Moi je l'ai fait, au cours d'une carrière qui m'a vu enseigner à des galopins et des coquines de deux à onze ans de toutes nationalités, de toutes origines, de toutes couleurs de peau. Alors devoir considérer le texte que vous nous avez proposé comme la solution à tous nos maux me fait mal, Monsieur le Ministre, il nie l'énergie quotidienne que je mets à assurer le confort affectif de mes élèves et à leur apporter connaissances et compétences.

D'autre part, Monsieur le Ministre, je suis avec consternation les négociations actuellement menées avec les partenaires syndicaux et qui concernent les directeurs d'école. Vous avez eu la sagesse de consulter auparavant d'autres organes, comme le GDiD par exemple, qui a certainement insisté sur des aspects de la direction d'école que vous ne soupçonniez pas. Vous en avez appris un peu, puisque vous proposez d'accorder aux directeurs d'école un grade spécifique, qui est enfin une vraie reconnaissance de ce métier très particulier qu'est la direction d'école. A défaut d'un statut définitif, c'est déjà un pas énorme, et j'en prends acte, je ne voudrais pas que vous croyiez que je sois inconscient de ce qu'il représente. Mais Monsieur le Ministre, cela ne peut suffire.

Depuis plus d'une décennie le GDiD réclame un statut pour la direction d'école. Au cours des années il a su affiner sa revendication, et a pu séparer l' "être" de l' "avoir": la reconnaissance institutionnelle était primordiale, les détails de fonctionnement passant au second plan. Malheureusement aujourd'hui vous procédez comme si chaque concession que ferait le ministère était un cadeau accordé aux directeurs d'école. Monsieur le Ministre, croyez-vous donc que nous tournions les pouces, un sourire béat aux lèvres?

J'aimerais tant que vous soyez au milieu de nous, ne serait-ce que quelques heures, sollicité par un de mes élèves qui vous réclamerait de lui refermer le bouton de son pantalon, assourdi par le bruit ambiant d'une classe de maternelle de trente élèves, assis aux côtés d'un enfant en difficulté sur une manipulation mathématique, à rester coi devant un enfant perturbé qui se met à hurler sans raison, ou à tenter de faire passer le fauteuil d'une petite handicapée entre deux tables dont les chaises sont mal rangées... Cela, Monsieur le Ministre, c'est mon quotidien, car j'ai charge d'enseignement à plein temps. Oui, je n'ai plus que deux classes, j'en avais cinq il y a peu d'années. Les effectifs de l'école vont remonter car un nouveau quartier surgit de terre, mais en attendant...

Je peux parler en connaissance de cause. Lorsque j'étais encore déchargé d'une partie de mon temps d'enseignement, il n'y a guère que cinq ans, j'avais une journée entière pour travailler à ma mission de direction d'école. Croyez-moi, Monsieur le Ministre, je ne dormais pas dans un fauteuil en attendant que le temps passe. Je pouvais en revanche beaucoup donner: à mes collègues bien sûr, mais surtout aux familles. Je sais combien elles ont pu en être reconnaissantes, les marques que j'ai reçues sont indéfectibles. Aujourd'hui, je suis contraint de faire un choix. Dois-je privilégier ma mission de direction, ou ma classe? J'ai pris la seconde option, mes élèves passent avant tout, et je sais qu'eux-mêmes comme leurs parents m'en sont gré. Je suis un enseignant présent, pleinement disponible et attentif.

C'est donc ma mission de direction qui en prend un coup. Je vais vous faire un aveu, Monsieur le Ministre: les injonctions de ma hiérarchie ou du ministère aujourd'hui, je m'en balance. C'est un terme un peu vulgaire, mais qui décrit bien la réalité. Après six heures de classe, je ne suis plus vraiment disponible pour assurer la direction de l'école. Heureusement mon expérience me permet de prioriser ce qui se présente, et j'assume pleinement ce qui est le plus important: la "petite gestion" de l'école, mes collègues -car j'inclus mes ATSEM dans ce terme-, la sécurité des personnes et des locaux, et les familles. Le reste? A moins de quitter chaque jour l'école encore plus tard que je le fais déjà, ce au détriment de mon temps libre et de ma santé, je ne vois pas comment je pourrais l'assumer. D'autant qu'en toute franchise je n'en ai plus l'énergie ni même, vu comme je suis traité, l'envie. C'est grave ça, perdre l'envie. Ce n'est pas ma faute, à force d'être conspué tant par l'institution que par les médias, après trente-cinq ans on finit par se lasser. C'est peut-être aussi, je dois l'admettre, une question d'âge. Ce qui m'amène à penser qu'aujourd'hui le ministère doit choisir entre l'expérience et l'énergie, entre ancienneté dans la carrière et jeunesse dans le métier. Pourquoi irais-je me tuer pour le salaire de misère que je touche?

Certains de mes lecteurs vont hurler, mais j'assume mes propos: oui, pour la fonction que m'occupe, pour mes deux métiers exercés simultanément, pour les responsabilités qui sont les miennes et les compétences qu'elles réclament, pour mon ancienneté dans la carrière, je touche un salaire de misère. La France se fout de moi. Quand je dis à mes parents d'élèves ce que je gagne ils sont effarés; sans avoir des métiers prisés tous à peu près sont mieux payés que moi. Devrais-je taire la honte de l’État?

Au moment où j'écris ces lignes, et me demande quand même si je n'exagère pas un peu, je découvre un article du Nouvel Observateur qui va dans mon sens, en s'appuyant sur une étude récente. En ce qui concerne le traitement des agents de terrain de l’Éducation nationale, ce sont des faits que vous ne pouvez ignorer, Monsieur le Ministre, les rapports de l'OCDE font foi de mes propos depuis de nombreuses années. Le journaliste du magazine cité nous fait même la faveur de nous en indiquer la raison, celle -évidente- d'une gestion catastrophique de votre ministère et des salaires mirobolants détournés par une armée mexicaine de cadres incompétents dont la connaissance de l'école pour le plus expérimenté remonte à l'époque de ses propres culottes courtes. Tout ce que j'ai déjà maintes fois dénoncé dans les pages de ce blog.

Certes vous n'en êtes pas responsable, Monsieur le Ministre. Mais vous êtes tout de même le mieux placé pour résoudre le problème. Ne serait-il pas temps, au lieu de trop vous attarder sur certains sujets, de nettoyer vos écuries d'Augias? Si aucun de vos prédécesseurs, dont le portrait orne peut-être les couloirs de l'hôtel de Rochechouart, n'a daigné se confronter à la question par opportunisme, crainte ou fainéantise, peut-être pourriez-vous être le vrai rénovateur de ce mastodonte. "50% de la dépense éducative va à des frais de gestion et de structures", peut-on lire dans l'article du Nouvel Observateur. N'y aurait-il pas là largement de quoi assouvir les besoins de votre politique? Car je persiste à vous penser sincère, Monsieur le Ministre, je crois que vous voulez vraiment "refonder" l'école, quoique ce verbe m'indispose dans les circonstances présentes.

En lieu et place, vos propositions négociées actuellement avec les syndicats frisent le ridicule, n'ayons pas peur des mots. Quelques pansements sur une jambe de bois. Mais le pire de ce que vous pouvez proposer concerne les "petits" directeurs d'école dans mon cas. J'ai expliqué plus haut le fonctionnement que ce système ahurissant m'oblige à adopter, faute de temps. Avec une charge d'enseignement totale, et tout ce qui y est afférent -préparation de classe, réunions diverses-, je dois en plus assurer une mission complexe de directeur d'école. Dans votre extrême amabilité, vous condescendez à le reconnaître, ce qui est un bienfait encore une fois je le reconnais. Mais pour autant je n'aurai pas plus de temps pour l'assumer. Non, je me trompe, vous me libérez princièrement de six heures d'APC, pour m'en laisser trente sur les bretelles. Car Monsieur le Ministre, vous réforme des rythmes scolaires a ceci de comique qu'au lieu d'alléger mes journées de travail, comme parait-il ce serait le cas pour mes élèves, elle l'alourdit avec une gestion supplémentaire. Je vous en remercie, je n'en demandais pas tant. Oui, pour être bien compris, je précise que c'est de l'ironie.

Ainsi aujourd'hui, les directeurs des petites écoles, qui n'ont déjà aucun temps pour leur mission, en ont encore moins. Moins que rien... on se croirait chez Raymond Devos. A la différence que cela n'a rien de comique. Si encore mes collègues d'écoles plus importantes étaient mieux traités. Mais la quantité de travail enfle avec le nombre de classes, de collègues, de personnels, d'élèves. Je ne crois pas qu'avec vos propositions un directeur d'école quelconque y trouve son comptant.

Mais on me fait des grands signes depuis le trottoir opposé: effectivement, vous proposez d'augmenter les indemnités des directeurs des petites écoles pour compenser en quelque sorte ce désagrément d'être obligé d'encadrer les APC. Voilà qui me fait une belle jambe, je n'aurai même pas de quoi acquérir une paire de bas avec les 15 € mensuels supplémentaires que je toucherai peut-être. Et toujours pas une minute pour faire mon métier de directeur d'école.

Comment voulez-vous dans ces conditions, Monsieur le Ministre, motiver vos personnels? Moi, ce n'est pas grave, comme je vous l'ai dit je suis proche de la retraite. Mais croyez-vous vraiment trouver des enseignants prêts à se consacrer totalement à leurs élèves comme ceux de ma génération ont peut-être été les derniers à le faire? Croyez-vous vraiment trouver des directeurs d'école dévoués à leur tâche comme aujourd'hui ceux de ma génération sont peut-être les derniers à l'être? Une Nation, Monsieur le Ministre, ne peut faire l'économie d'une éducation efficace et équitable. Sans y mettre les moyens, vous n'obtiendrez jamais qu'un pâle succédané, une copie imparfaite de ce que pourrait être l'école telle que nous l'imaginons. Les directeurs d'école de France ont besoin de temps pour accomplir leur devoir, et tant que vous ne leur en aurez pas donné, vous n'obtiendrez pas vraiment les résultats que vous escomptez, quelle que soit la réforme que vous voudrez appliquer. Ce n'est en rien une menace, Monsieur le Ministre, ce n'est que la triste réalité. Tout restera branlant, inachevé, insatisfaisant, car malgré tous nos efforts nous ne pourrons faire plus que ce que déjà nous avons bien du mal à tenter de faire aujourd'hui. Quelle est cette expression? Ah, oui: "la plus belle fille du monde..."

jeudi 5 décembre 2013

Et Jacques, alors ?


Avec tous les présents soubresauts de l’Éducation nationale et les négociations qui me concernent au premier chef, comme professeur des écoles et directeur d'école, il ne faudrait tout de même pas oublier certaines choses plus importantes que d'autres. Un collègue du Vaucluse, ce cher Jacques Risso qui avec ses petits dessins a égayé beaucoup de mes longues veillées à préparer ma classe du lendemain, est toujours suspendu de son poste de directeur d'école, comme de sa fonction d'enseignement, depuis la fin août. Plus de trois mois d'un procès à charge qui n'en finit pas, plus de trois mois d'un salmigondis indigeste qui empêche un collègue, un ami, de faire son travail. Plus de trois mois de tergiversations, de racontars, de rumeurs, de pièces à charge qui disparaissent et réapparaissent au gré du vent. Plus de trois mois de méchanceté et de bêtise qui bouffent un honnête homme qu'une administration aveugle a voulu étouffer. Il serait peut être temps d'y mettre fin. Même si je sais que jamais Jacques Risso ne pourra oublier ce qu'on a voulu lui faire, même si je sais que jamais Jacques Risso ne pourra oublier ce qu'on a voulu faire de lui.

Oui, Jacques a reçu du soutien. Oui, Jacques n'a pas été abandonné. Heureusement. Que resterait-il de lui aujourd'hui si la profession, et au-delà, ne s'était pas levée pour l'accompagner sur ce chemin ô combien difficile? Depuis que cette suspension a été si légèrement prononcée je n'ai cessé de me mettre à sa place. Impossible évidemment. Mais simplement l'imaginer a été déjà une épreuve. Quand on a donné sa vie à son métier, et ceux qui comme moi depuis longtemps enseignent à des enfants entre trois et dix ans savent ce que je veux dire, une suspicion devient un supplice. Je ne veux pas faire de Jacques un martyr. Je veux tout bonnement exprimer qu'on a voulu, par méchanceté, par rancœur, par orgueil, abattre un honnête homme.

Une forte mobilisation a eu lieu. Des femmes et des hommes se sont levés, ont voulu accompagner Jacques dans cette épreuve. Certains pouvaient s'investir plus que d'autres, chacun l'a fait à sa mesure. Merci.

Le web s'est levé aussi: blogs, forums, sites professionnels, ont relayé le scandale. Merci.

Parmi les soutiens que Jacques a reçu, il y a les soutiens syndicaux de FO, que je souligne avec d'autant plus de facilité que j'ai su dire ailleurs ce que pour d'autres raisons je pense de ce syndicat. Pour Jacques, cette centrale a été, est exemplaire, et digne du mandat que les enseignants lui ont donné. Merci.

Le GDiD a aussi beaucoup travaillé pour Jacques, plus secrètement, et à d'autres niveaux. Il n'est certainement pas étranger à l'intervention de l'IGEN. Merci.

Car l'IGEN est intervenu. Ce dossier, devenu trop "chaud" pour la DSDEN du Vaucluse suite à la forte mobilisation qui a suivi la suspension de Jacques, a été finalement pris en main directement par le ministère. Une enquête a été menée, dont à défaut d'en connaître les détails, qui doivent heureusement rester secrets pour respecter les personnes, nous connaîtrons bientôt les résultats. Je ne souhaite qu'une chose: la réintégration inconditionnelle et rapide de Jacques Risso dans ses fonctions d'enseignant et de directeur d'école, qu'il n'a jamais cessé d'être en son fors intérieur. Et j'aimerais tellement que Jacques passe Noël rasséréné, conforté. Jacques, nous sommes, nous restons avec toi, de tout cœur. Et nous avons confiance.

mercredi 4 décembre 2013

PISA quatre fromages...


La grande tambouille française prend ses aises dans les médias. PISA par ci, PISA par là... Tout le monde s'est bien excité en amont sur les prévisibles résultats de l'enquête "Programme for International Student Assessment", le PISAiolo en chef Vincent Peillon déminant avec dextérité le terrain avant l'assaut des cuisines par les politiques; tout le monde en aval s'excite dessus en y allant de son commentaire le plus idiot, l'ancien PISAiolo en chef Luc-Marie Chatel dégoisant avec une mauvaise foi confondante... et demain on passera à autre chose, peut-être pas les rythmes scolaires qui commencent à lasser le pékin, mais je fais confiance aux médias pour nous dénicher un bon salmigondis franco-français, entre deux chocolats et trois bouchées de foie gras.

Si on peut tirer quelque enseignement de ce comparatif de l'OCDE, c'est que pour y avoir de bons résultats il est préférable d'être une petite nation -même minuscule, le Liechtenstein est excellemment placé-, à la population peu nombreuse et très homogène, à l'image familiale forte et incontestée qui fait la part belle à une éducation cadrée... Pour comprendre ça, franchement, il n'est pas besoin d'évaluations internationales. On peut constater également qu'il est nécessaire d'avoir un système éducatif structuré et peu pyramidal -tout le contraire de chez nous donc-, des enseignants de terrain très bien formés bénéficiant d'une formation continue de qualité -tout le contraire de chez nous donc-, et surtout des établissements autonomes auxquels est accordée une confiance sans limite... tout le contraire de chez nous donc.

Il est étonnant de voir à quel point les résultats de la France à PISA sont bons. Il est de bon ton d'écrire ou de brailler à tous les vents qu'ils sont catastrophiques, mais nous n'avons franchement pas  à rougir de la participation de nos élèves de quinze ans à ces tests. Il suffirait de peu de chose pour que nous reprenions une des premières places qui est en réalité la nôtre. Bien sûr me direz-vous -suivant en cela les commentaires des "spécialistes" de la question qui se sont arrêtés à ce symptôme-, les laissés-pour-compte du système sont nombreux. Pour reprendre la métaphore culinaire, je pourrais rétorquer que, dans les émissions de cuisine qui fleurissent sur nos écrans plats, les cadors martèlent continuellement que pour faire de bons plats il faut de bons ingrédients: "de bons produits, vertuchou!" Il est clair qu'on ne fera jamais de polytechnicien dans certains lieux tant qu'on y concentrera des tombereaux d'élèves sans repère, sans limite, sans culture, sans discipline, sans parents, sans... (je sens que je vais me faire taxer des adjectifs les plus horribles). Ce n'est pas non plus en clamant d'un ton indigné qu'il faut mettre les enseignants les plus compétents dans les écoles les plus horribles (et comment vous les y forcerez, hein?).

Comme il est difficilement envisageable de déporter les populations les plus fragiles de notre hexagone dans les quartiers les plus riches, et vice-versa, pour y favoriser la mixité sociale, comme nous pouvons également difficilement faire abstraction du fait que nous sommes plus de 65 millions (Liechtenstein: 36000 âmes), nous devons donc agir sur les leviers qui sont à notre portée: former les enseignants, raser la pyramide institutionnelle -en plus ça fera des économies-, et donner aux écoles et établissements l'autonomie qui leur est nécessaire pour adapter totalement leur enseignement à leur public, dans un cadre librement consenti de projets spécifiques choisis par l'équipe enseignante. Pour cette autonomie, il est évidemment nécessaire que les directeurs d'école soient des "chefs d'établissement" (ou une autre appellation si celle-ci vous défrise) indépendants et reconnus, à l'autorité morale suffisamment forte pour accompagner sans état d'âme leur équipe sur la voie de la réussite des élèves. C'est ce que fait la Nouvelle-Zélande par exemple, qui laisse à ses écoles une autonomie qui laisse rêveur, avec des injonctions réduites au minimum mais des exigences de résultat fortes.

Nous sommes sur la bonne voie en donnant aux directeurs d'école un "grade à accès fonctionnel", première étape d'une reconnaissance et d'une autonomie qui devront être autrement plus fortes. Mais il faudra plus d'ambition si on veut dans quelque années un PISA quatre fromages donc typiquement français d'une qualité autre que ce qu'on tente aujourd'hui de nous faire ingurgiter. Les enseignants français sont travailleurs et efficaces -oui, contrairement à ce qu'on lit partout-, fidèles, attachés à la réussite de leur élèves; ils sont les piliers d'un système éducatif qui peut devenir un exemple pour le monde entier, à condition certainement d'en avoir réellement la volonté et la vision.

dimanche 1 décembre 2013

Allez, on adhère, bordel!


Le GDiD a de la force parce que nous sommes nombreux. Plus nous serons, plus nous serons forts! Adhérez, ré-adhérez, vérifiez que vous êtes bien adhérent! Le GDiD a bseoin de sous pour rembourser les bénévoles du bureau qui se déplacent beaucoup sur Paris en ce moment, et pour gérer ses différents sites. Allez, bon sang, 20 € ce n'est pas la mer à boire! Et ça peut rapporter beaucoup: aujourd'hui un grade à accès fonctionnel (oui, c'est grâce au GDiD), demain... CLIQUEZ!

PS: s'cusez le gros mot du titre de ce billet, c'était juste pour attirer votre attention.

Le jour des clowns!


Ce n'est qu'un petit billet que je vous fais aujourd'hui, mais je tiens à vous faire connaître ce qui vient d'illuminer ma journée en déclenchant ce matin chez moi une crise d'hilarité. Aaaah que ça fait du bien de se marrer!

Ouvrant le courrier électronique de mon école -oui, un dimanche, on ne se refait pas-, j'ai découvert d'abord avec stupéfaction puis avec un bonheur grandissant un envoi du SNUipp. Cela fait longtemps que la communication de cette centrale syndicale suscite chez moi des joies ineffables, et le courriel de ce matin ne faillit pas à la règle. Je vous cite son exergue:

"Les premières discussions avaient débouché sur des propositions bien insuffisantes. Le SNUipp-FSU l’avait fait fermement savoir. C’est notamment la grève du 5 décembre, lancée par le SNUipp-FSU, qui oblige aujourd’hui le ministère à faire de nouvelles propositions notamment sur la direction d’école."

Le SNUipp, totalement dépassé par des négociations sur la direction d'école qu'il ne maîtrise pas malgré ses rodomontades, ne sait plus à quel saint se vouer. Après avoir clamé des années durant que les directeurs d'école étaient des enseignants "com' les zôtres", le syndicat constate avec stupeur que le lobbying intensif du GDiD depuis des années porte aujourd'hui ses fruits, avec l'aide du SE, du SGEN, de la CFTC et d'autres, et que les directeurs d'école auxquels est aujourd'hui proposé un GRAF, ou "grade à accès fonctionnel", vont être reconnus et leur mission distinguée de celle de l'enseignant lambda comme un métier spécifique. Stupeur et tremblements au SNUipp!

Il est de bon ton dans un cas comme celui-là d'appliquer dans toute sa plénitude la célèbre maxime de Jean Cocteau: "Puisque ces mystères me dépassent, feignons d'en être l'organisateur." C'est ce que fait aujourd'hui la centrale susnommée, qui monte fièrement ses petites épaules qu'elle porte à la hauteur de ses grosses chevilles, agite ses petits poings, et prend à son compte le travail des autres en s'appropriant les propositions du ministère.

Joli coup, le SNUipp n'en fait pas d'autre, qui est avouons-le de bonne guerre. De là à ce que prochainement le SNUipp reconnaisse définitivement l'importance et l'intérêt du GDiD il n'y a qu'un pas syndical que je n'hésite pas à franchir, et j'attends avec impatience et jubilation le jour où les membres du bureau du GDiD seront invités à intervenir à l'université d'été du SNUipp. En attendant ce jour, je remercie cordialement les instances du SNU d'avoir égayé mon début de journée. Deo gratias!